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 (Libre) Déambulations nocturnes

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MessageSujet: (Libre) Déambulations nocturnes   (Libre) Déambulations nocturnes I_icon_minitimeLun 29 Oct - 17:09

- Oh Votre Majesté Impériale nous avons un présent pour vous.

La silhouette fantomatique se rapprochait, se rapprochait. L’Empereur voulait bouger mais ne pouvait pas, emprisonné dans une gangue d’acier fondu qui lui enserrait les mollets et le privait de toute possibilité de fuite. Et puis cette même phrase reprises par les mille et une bouches garnies de crocs qui se dirigeaient vers lui, leurs yeux rougeoyant dans l’obscurité tandis que le sol noirâtre se mettait à fumer, à se recouvrir d’une pellicule de matière gluante et collante, comme une peau géante. Et le souverain de sentir une sensation de malaise au niveau de son œil droit et d’y passer la main. Du sang. Du sang coulait de ses yeux sans que cela l’empêche de distinguer avec de plus en plus d’acuité les bouches et les yeux qui se rapprochaient, se rapprochait. La chaleur envahissait le corps de l’Empereur de façon insupportable, son esprit n’arrivant pas à supporter la vue des abominations qui se rapprochaient de lui et qui chantaient de leur voix souffreteuses. Il ne voulait, ne pouvait pas voir leur cadeau, il savait qu’il n’arriverait pas à encaisser une telle vision quoiqu’il n’ait aucune idée de ce que les démons voulaient lui montrer.

Brusquement une épée apparut dans la main d’Augustus. D’un geste vif il coupa la gangue qui le retenait, son épée magique transperçant le métal comme un couteau à beurre, et se jeta sur ses ennemis qui fuirent en hurlant, terrorisés qu’on leur fasse front plus que par les performances martiales. Et puis au fur et à mesure que les créatures de cauchemar se retiraient, le sol visqueux s’évanouissait lui aussi, et l’herbe y repoussait, verte et en pleine santé. Un sentiment de calme envahissait l’Empereur, qui progressait dans la plaine, entre les hauts arbres et les statues de marbre. Une musique accompagnait ses pas, de plus en plus insistante.

Elle était belle cette musique, douce, apaisante, aux accents de contes oubliés. Le souverain d’Arven déambulait, dirigé par la mélodie sans but ni espoirs, happé par l’indicible. Et finalement de parvenir jusqu’à une jeune femme dont la longue chevelure ruisselante de lumière mettait en valeur l’exquise délicatesse de ses traits. Elle tenait une harpe et c’était d’elle que venait la mélodie. L’Empereur de se rapprocher doucement pour mieux entendre, mieux voir. Et puis leurs regards se rencontrèrent et il fut à nouveau tétanisé. La femme avait des yeux d’un jaune serpentin et son sourire était garni de crocs, sa langue fourchue comme celle d’un serpent. A nouveau l’Empereur ne put tourner les talons, mais cette fois la chose fut sur lui en un bond. Tandis que son visage était dévoré il poussa un long hurlement. Un hurlement qui le fit revenir dans le monde des vivants, précisément dans son lit trempé de sueur. Haletant, soufflant comme dans une forge, il essuya son front dégoulinant avec un mouchoir de soie et se leva.

C’était incroyable. Malgré tous les sorts incroyablement puissants qu’il déployait pour protéger son sommeil, ces songes atroces venaient sans cesse le hanter, au moins trois fois par semaine. A chaque fois des monstres finissaient par s’emparer de lui et le déchiqueter. Et bien souvent ils prenaient l’apparence de cette femme répugnante. Soupir las. Heureusement il était seul ce soir et aucune femme n’avait pu observer sa… défaillance. Sur son passage la porte de sa salle d’eau s’ouvrit et d’un geste de la main accompagné de quelques mots il fit s’humidifier l’air dans la baignoire de porcelaine jusqu’à obtenir une sorte de fine pluie d’eau douce qui la remplit petit à petit. Puis il fit chauffer l’eau et s’y plongea avec délectation, se purifiant de la sueur et des terreurs nocturnes.

Quelques instants plus tard il était vêtu de robes pourpre et or portant son emblème, son épée enchantée reposant au fourreau, à sa ceinture, et enveloppé d’une longue cape d’un rouge très foncé aux incrustations précieuses, une fourrure épaisse aux épaules et au cou. Il était trois heures du matin et l’Empereur éprouvait le besoin de se dégourdir les jambes, quitte à affronter la froidure qui régnait à l’extérieur. Soudain il se retourna vers la gauche, fixant un point de l’espace sans rien de particulier. Si ce n’est que Ban, son familier, s’y trouvait caché, invisible. Et muet aussi. Il ne transmettait pas d’émotions ou de pensée à son maître et vice versa, les deux prédateurs plongés dans un mutisme mélancolique. Sa cape ondulant derrière lui, l’Empereur traversa le palais, les rares serviteurs affairés à cette heure de la nuit s’inclinant sur son passage sans interrompre leur labeur. Il aimait le palais la nuit. Silencieux, majestueux, puissance endormie qui pouvait à tout moment éclater en effervescence frénétique, cœur névralgique de cet empire dont il avait la charge, qui battait doucement.

Plusieurs fois des gardes lui proposèrent une escorte, mais il déclina de plus en plus sèchement au fur et à mesure qu’on essayait de lui coller aux chausses une compagnie d’hommes d’armes. Comme si une horde d’assassin allait surgir précisément ce soir pour lui décoller la tête de son logement. Et puis quand bien même, n’était-il pas immortel, invincible pour un agresseur humain ? Le mage le plus puissant du monde ? Que viennent les assassins, il attendrait. Soupir amusé. Evidemment il ne se disait cela que parce qu’il n’y avait presque aucun risque qu’il se passe quelque chose ce soir. Il avait peur de disparaître et il le savait. Peur amplifiée par son espérance de vie infinie. Perdre plus tôt ce qu’on finirait de toute façon par abandonner n’était pas si terrible, mais se voir enlever ce que l’on pourrait garder éternellement… quand cette chose était la vie cela, une telle perspective finissait par vous tenir éveillé.

Finalement l’Empereur et son familier invisible parvinrent aux jardins du palais. Le maître des lieux inspira profondément, respirant les senteurs florales, le miel et le pollen sucré diffusant leur douceur en lui, l’odeur de l’herbe fraîchement tondue s’insinuant dans ses narines. Il avait plu en début de soirée et tout était encore recouvert d’une légère couche de rosée. Eclairé par la pleine lune, le tableau était féérique. Qu’il aimait être le souverain de tout cela, tout posséder, tout contrôler, songea Augustus, immédiatement approuvé par son familier en esprit, lui aussi étant à sa manière un seigneur.

Naviguant entre les haies et les décorations de marbre, l’Empereur se rendit compte que la zone florale de son rêve, celle dans laquelle il y avait cette femme serpentine, s’était inspirée de ces jardins. D’un pas vif et quelque peu troublé il parvint dans la zone ouest, une zone qui imitait à la perfection une clairière forestière. Personne. Sa Majesté Immortelle ne put retenir un soupir de soulagement tandis que le loup blanc, toujours invisible, émettait un rire moqueur dans son esprit. Reprenant sa marche sans but, il parvint à un petit kiosque aux hautes colonnes ioniques disposées en cercle.

Le souverain s’assit sur un banc et flatta distraitement le dos de son familier, qui s’était rendu visible de nouveau, son pelage blanc semblant être d’une pureté encore supérieure au marbre qui entourait le mage et le loup. Mais le premier, Augustus, n’était pas tout à fait à son aise. Sans rien en montrer il concentra les énergies magiques et eut un très léger, infime, murmure. Son loup se redressa et se tendit, fixant un buisson en grognant.

- Sortez immédiatement ou vous risquez bien de prendre feu.

Il y avait une vie humaine très proche, dissimulée derrière ce buisson ou non loin. Un assassin ? Seul ? Quelle incroyable présomption.
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MessageSujet: Re: (Libre) Déambulations nocturnes   (Libre) Déambulations nocturnes I_icon_minitimeLun 29 Oct - 21:37

C'est la folie, la peur et sûrement l'inconscience qui ont guidé tes pas, mais ce soir, tu n'es pas dans la suite du Duc de Sombreciel. Il ne t'a pas appelé de la soirée et lorsque tu es passée, silencieux fantôme, devant sa chambre, il t'a semblé évident qu'il n'aurait pas besoin de tes services avant le lendemain milieu de journée, au moins. Retenant ta faible respiration, tu as troqué ta robe blanche, celle qu'il t'impose, celle que tu hais tant, pour une robe de lin plus épaisse, tu as attrapé un châle que tu as entouré sur tes frêles épaules, et, prenant garde de ne faire aucun bruit, tu as quitté la suite de ton maître. Pour aller où ? Tu le ne sais, mais tu étouffes dans la chambre qui t'es réservée, la peur que t'inspire ton maître a formé peu à peu un nœud dans ta poitrine et tu suffoques. Tu luttes contre l'angoisse qui monte en toi chaque fois, contre la pression qui s'accumule et que tu n'es pas de taille à supporter, à encaisser et encore moins à vaincre. Tu as besoin d'air, tu as besoin de respirer.

Tu remontes aussi discrète qu'un souffle, les couloirs du château, vides à cette heure tardive. Parfois, des éclats de rire ou des voix parviennent à tes oreilles, mais elles sont atténuées par les épaisses portes qui assurent l'intimité des gens se trouvant dans ces pièces. Et quand bien même, tu n'as que faire des ragots des nobles se trouvant ici -de même qu'eux ne portent que peu d'intérêt à ce qui intéresse le petit peuple.

Tu risques gros pour cette fuite, mais tu n'en a cure à cet instant. C'est la mer qui vibre en toi, l'appel du large, tous les vents marins qui te pousse à passer devant les quartiers des serviteurs où tu ne passes que rarement à présent. Le matin très tôt pour te restaurer, le soir très tard quand tu le peux. Pour retrouver quelques personnes avec qui tu t'ai vaguement liée durant tes premiers jours au palais avant d'entrer au service du Duc de Sombreciel. Tu laisses aussi les cuisines derrière toi, et par un passage que seules les lavandières connaissent, tu te retrouves dehors. Tu contournes les écures et la salle d'armes pour te retrouver dans les jardins.

Ici, tout te hurle que ta place n'est pas là. Tu ne devrais pas être ici. Mais tu n'en a cure. Tu vois les étoiles. Tu vois le ciel, parsemé de quelques nuages paresseux, mais surtout, tu vois les étoiles et dans ta poitrine, ton cœur bat d'émotion. Les fragrances des fleurs autour de toi t'envahissent et t'enivrent, tu as la tête qui tourne. La nuit est fraîche et demain, tu seras épuisée, mais tu t'en fiches:cet instant est le tien. Tu t'enfonces dans ces jardins que tu ne verras sûrement jamais autrement que par cette nuit claire. Tu sais que le Duc pourrait te condamner à mort, ou pire s'il apprenait cet escapade. Tu relègues cette pensée dans un coin de ton esprit.

Tu regardes, émerveillée, la beauté des jardins et tu admires les jardiniers qui font probablement un travail gigantesque pour garder cela aussi propre, beau, touchant. Parfait. Tu peines à croire qu'Augustus, cet homme que pourtant tu crains presque autant que ton maître alors que tu n'en connais que les échos, les rumeurs, alors que jamais tu ne l'as vu ; tu peines à croire qu'il a ordonné quelque chose d'aussi beau. Tu as la gorge nouée alors que tu déambules, ou peut-être le parfum capiteux et entêtant des fleurs troublent tes sens ? Tu finis par t'installer à même le sol, serrant ton châle autour de ta gorge et tu te perds dans la contemplation des étoiles. Ce sont les mêmes que dans ta contrée, et pourtant... elles ne signifient rien ici, ou tellement peu. En Ansemer, un étoile, c'est un point de repère essentiel. Qui sait lire le ciel sait se déplacer dans les océans. Qui sait lire le ciel sait s'y retrouver, c'est que ton père te disait. Ton esprit divagues, tu pense à ton frère tant adoré dont tu n'as plus jamais eu de nouvelles depuis ton départ. Que ne donnerais-tu pas pour le revoir à cet instant précis ? Rire avec lui, l'écouter te raconter ses incursions en mer, ses combats imaginaires contre des monstres marins qui n'existent que dans les contes. Sans t'en rendre compte, un murmure t'échappe, aussi discret que cet insecte là qui rampe pour trouver pitance. Et pourtant, une voix te sort de ta torpeur.

Une voix. La voix. Celle de l'Empereur. Menaçante.

Terrifiée, tu rabats tes cheveux devant ton visage, tu te relèves et te montres devant Augustus. Tu ne diras rien. Tu ne pourras pas répondre à ses questions et tu crains pour ton sort. En toi, tu cherches une voix que tu as perdu depuis trop longtemps, un quelconque moyen pour te sortir de ce mauvais pas. Mais rien.

Si ce n'est ce regard pénétrant que tu sens posé pour toi.
Et tu ne peux réprimer un frisson.
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MessageSujet: Re: (Libre) Déambulations nocturnes   (Libre) Déambulations nocturnes I_icon_minitimeMer 31 Oct - 4:00

Pendant un instant fugace, l’Empereur voit en la belle jeune femme sortie du buisson autre chose que ce qu’elle est. Il y voit la femme de son rêve, cette maudite souvenance de son passé qui ne cesse de le hanter. Et ses yeux de flamboyer, animés par la rage, vrillant un regard hanté par mille fantômes accumulés au cours des siècles écoulés sur l’intruse imprudente. Radagast le loup blanc, sentant l’état d’esprit de son sorcier, se rapproche de la femme en émettant des grognements prédateurs. Puis, soudain, l’Empereur se reprend. Cela n’a duré qu’un très bref instant, comme un battement de cœur, et quand le souverain retrouve son expression impassible c’est comme si rien ne s’était passé, et les réminiscences de l’envahissant cauchemar s’en aillent définitivement. Ou du moins, elles ne le hanteront plus aujourd’hui. Sa Majesté Augustus retient avec peine un soupir las et évalue sa visiteuse, s’engonçant imperceptiblement dans sa cape de fourrure.

Au premier abord il ne trouve aucun intérêt à cette femme, quoique d’une indéniable joliesse, issue manifestement de la roture. Que peut-elle bien faire dans les jardins impériaux ceci dit ? Ce n’est pas qu’ils soient réservés à l’Empereur ou à ses gens mais malgré tout la présence d’une femme ordinaire y est considérée comme déplacée à bien des égards. Pendant un instant le monarque se demande si ce n’est pas une noble déguisée en train d’ourdir une machination quelconque, qui devait rencontrer un informateur anonyme et… il a un sourire amusé qui ne manquera pas, sans doute, de surprendre l’intruse. Même après ces siècles à la cour, il aimait à imaginer des scénarios complexes pour expliquer les choses les plus insignifiantes. Parce que bien sûr cette jeune femme l’est, insignifiante. Elle est tétanisée et on sent bien en la regardant qu’elle ne joue pas la comédie. L’Empereur s’agace en lui-même. Pourquoi est-elle si terrifiée ? Bien sûr Augustus a eu un petit instant d’absence et avait interpellé la jeune femme de façon quelque peu cavalière, mais elle s’était cachée, à la base. Cela lui déplaisait. La majorité du peuple, la grande majorité, le soutenait, et il préférait inspirer la vénération que la crainte.

Radagast, sentant l’agacement et le désintérêt du magicien, se rendit invisible et alla poursuivre sa promenade ailleurs, sous le regard un peu ahuri de la jeune femme qui devait être peu habituée aux manifestations surnaturelles. Cela fit sourire l’Empereur, qui aimait les réactions de surprise des gens face à sa magie. Il y avait une chose que les ans n’avait pas changé et qui allait totalement à l’encontre de sa position officielle : il était encore amoureux fou de la magie. Ce pouvoir, ces secrets ésotériques… la chasse au mage était nécessaire tant pour lui procurer des pouvoirs de plus en plus puissant et lui permettre de rester à la tête de l’état que pour éviter des rivaux gênants, mais il n’y prenait aucun plaisir.

- Quelle charmante apparition, fit-il enfin, à cette heure avancée de la nuit. Il est rare de voir qui que ce soit dans cette section des jardins et plus encore une jeune femme. S’il m’est permis de m’enquérir de cela, quel est votre nom, jolie dame ?

Un long silence. Aucune réponse. L’Empereur sent monter une certaine colère en lui et son visage commence à perdre son air aimable. Il était toujours plaisant de voir une belle femme au matin mais quand celle-ci vous dédaignait, vous l’Empereur d’Arven, cela devenait rien de moins que profondément énervant. Puis, examinant l’autre avec plus d’attention, Augustus remarque qu’elle semble paniquée quoique silencieuse. Il ne comprend pas.

- Hé bien enfin mademoiselle, je ne vais pas vous manger, ne soyez donc pas si terrorisée. Que se passe-t-il ? Vous vous êtes introduite dans les jardins du palais sans avoir l’autorisation d’être admise dans celui-ci ? Cela ne vaut qu’une amende voyons, et encore vous n’êtes manifestement animée d’aucune intention malveillante et je vous ferais raccompagner sans heurt, parlez donc !

Finalement les gestes de la jeune femme firent sens dans l’esprit du monarque. Elle était muette ! Mais elle l’entendait. C’était troublant car la plupart du temps on naissait sourd muet mais pas muet ou sourd. L’Empereur sentit une certaine curiosité poindre. En une époque oubliée, lui avait été un vulgaire gamin des rues et il avait vu le sort réservé aux muets dans les classes populaires. C’était un sort terrible, fait de brimades et de coups, d’humiliations répétées et constantes, un déni de la condition d’être humain fait à l’individu affligé de ce handicap. Et pourtant elle se tenait là, visiblement en bonne santé si l’on exceptait ledit handicap.
- N’ayez pas peur mademoiselle, je comprends. Cependant je me demande si… restez ici je vous prie, vous allez peut être éprouver quelques sensations curieuses mais il ne faut pas que vous me craigniez, je souhaiterais simplement… voyons voir.

L’Empereur ignorait ce qui le poussait à ce geste de compassion. Ce n’était certes pas son genre de venir au secours des veuves et des orphelins, mais la nuit l’avait durement éprouvé et il se sentait plus d’affinités avec cette servante aux mains usées par les travaux du palais – il venait à peine de le remarquer mais elle était sans doute blanchisseuse – qu’envers les nobles qu’il fréquentait en permanence. Il y avait une spontanéité certaine chez les gens du peuple et cette expression apeurée qu’elle lui servait depuis qu’elle était sortie de ce buisson lui déplaisait. Cela offensait sa vanité autant que son amour propre et il désirait montrer à la jeune femme que son Empereur n’était pas si monstrueux. Et puis, bien sûr, les nobles sous estimaient trop souvent l’importance du petit personnel de palais qui entendait tout et savait tout. Se faire des admirateurs parmi ces gens était utile et permettait d’être au courant de tout. Augustus eut un sourire charmeur en pensant à toutes ces considérations.

Puis il fit quelques gestes obscurs en murmurant, tissant une toile magique autour de la jeune femme, invisible pour elle évidemment mais qui aux yeux du sorcier, était lumineuse comme un feu de camp. Il visualisa les organes internes de la blanchisseuse, et concentra son regard spirituel au niveau de la gorge de la jeune femme. Il eut un petit mouvement de recul. Les cordes vocales avaient été horriblement mutilées par un corps brûlant. Sans aucun doute par un marchand d’esclave ou par… L’Empereur eut pitié de la jeune femme pendant un instant et se demanda si elle n’avait pas été victime de ce que dans la rue, il y a quelques siècles, on appelait les Gaveurs. La pratique était aussi simple que lâche et abjecte. Des groupes de malandrins sortaient à la nuit tombée et opéraient des rapts sur des jeunes femmes de la roture. Ils les torturaient abominablement pour les briser, les gavant de produits brûlants pour les empêcher de crier, les utilisaient comme jouets sexuels pendant plusieurs mois avant de les laisser détruites et agonisantes dans la rue.

Le jeune Florias Ardent avait toujours éprouvé un mépris sans borne pour ces lâches qui agressaient des jeunes femmes à six contre un. L’Empereur Augustus, lui, bouillit intérieurement de colère en songeant à ces rats abjects et lâches qui se terraient toujours dans son empire. Lui ne tuait et ne torturait que quand c’était nécessaire et jamais il ne s’abaisserait à de telles ignominies. Excepté contre une femme bien précise mais… elle, elle aurait les moyens de se défendre n’est-ce pas ? La lâcheté, voilà bien ce qu’il exécrait. Prononçant quelques mots de pouvoirs, il canalisa des vrilles de magie qui s’introduisirent dans l’esprit de la jeune femme, en changeant la composition, maniant avec dextérité les composantes complexes de l’esprit humain. Puis il sourit, satisfait. Et sa voix mentale s’éleva dans l’esprit de la jeune femme, à la fois puissante et douce.

°Si tout va comme je le pense, vous devriez pouvoir m’entendre et me répondre par la pensée. N’ayez pas peur je ne peux pas lire vos souvenirs ou m’introduire dans vos secrets, c’est simplement un monde de communication qui remplace la parole vocale. Maintenant peut être pourriez-vous me dire qui vous êtes ?°

L’Empereur était très satisfait de lui-même quoiqu’il n’en montrât rien. Le sortilège de télépathie, il l’avait étudié il y a des siècles quand il était encore à l’académie et il ne l’avait jamais utilisé parce que complexe et peu pratique, sans vraie utilité concrète. Mais finalement… il ne put s’empêcher d’avoir un sourire rayonnant, adressé autant à la jeune femme qu’à son propre génie. Sourire tempéré par l’envie de châtier les responsables de cette mutilation grossière et sans but qui profitaient de la bonté d’Arven et la trahissaient de la façon la plus fourbe.
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