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 Trahison, disgrâce... [Denise]

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Lisbeth de Brunante
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MessageSujet: Trahison, disgrâce... [Denise]   Trahison, disgrâce... [Denise] I_icon_minitimeLun 9 Juil - 16:40


A destination de Lisbeth, duchesse héritière d'Outrevent



Ma très chère fille.
Je vous apporte, par la présente, une heureuse nouvelle. Vous n'êtes pas sans savoir que vous trouver époux devenait chose pressante. Bien que je n'escompte pas quitter ce monde de sitôt, il importe que vous soyez en mesure de me succéder le jour venu et surtout, que vous donniez un héritier à Outrevent.
Je ne nierai pas que les prétendants étaient nombreux. Faire un choix ne fut pas chose aisée et, au vu des nombreux enjeux de l'union à venir, nécessitait réflexion. Bien que je ne doute pas que vous approuverez l'homme qui m'a finalement semblé le plus à même de vous convenir, je tiens à vous exposer les raisons qui ont motivé mon choix.

Ainsi que je vous l'ai dit, je souhaite vous voir porter un héritier au plus vite. Si ce critère n'était certes pas le plus contraignant, il m'a conduit à préférer un homme jeune et vigoureux, écartant de ce faire les prétendants plus âgés, ce qui, je pense, ne sera pas pour vous déplaire.
À cela, je souhaitais que s'ajoutent des qualités et connaissances réelles. Vous marier au pire des ignorants aurait été une erreur et ne vous aurais guère fait honneur. Aussi le choix de l'héritier d'un domaine, rompu - à une moindre mesure - à l'exercice de l'autorité et instruit des affaires d'un domaine m'a t-il semblé fort judicieux.
Là encore, les possibilités demeuraient nombreuses. Vous vous doutez certainement que nombre de jeunes gens se seraient vus honorés de devenir votre époux.
À dire vrai, ce fut mon dernier vœu qui fut le plus ardu à satisfaire. Je suis parfaitement conscient de votre valeur, ma fille. Vous êtes savante, redoutable combattante et suffisamment forte pour porter les responsabilités qui vous incomberont à ma mort. Je désire cependant que votre compagnon vous soit une épaule solide sur qui vous pourrez compter. Vous êtes une personne assez censée pour ne pas espérer d'amour dans un mariage aussi important. Je souhaite cependant que votre promis et vous parveniez à trouver félicité dans votre union. Pour cela, il faudra que l'homme qui montera sur le trône d'Outrevent à vos côtés obtienne votre respect. Cela lui sera d'autant plus important qu'il lui faudra gagner la confiance de notre peuple et cela ne peut se faire sans passer par la votre. Après maintes réflexions j'ai finalement arrêté mon choix sur un homme que vous connaissez déjà, qui fut compagnon de vos jeux d'enfants, un ami en somme : Louis de Brunante.

J'ai bien conscience qu'il n'est pas de très haute naissance mais cela m'importe peu, pourvu que cette union vous soit profitable et agréable. Il me semble remplir toutes les conditions qui m'étaient indispensables pour accorder votre main. Il me semble inutile de différer trop longtemps cette annonce. J'ai donc l'intention que cela soit dit lors du bal du Solstice qui aura lieu la semaine prochaine. Je ne serais bien sur pas présent mais j'écrirais prochainement au duc de Sombreflamme pour lui demander de le faire en mon nom.

J'aurais bien sur pu vous entretenir de tout cela avant votre départ pour Lorgol mais nos affaires n'étaient alors pas complètement arrangées et J'avais à cœur de ne point vous décevoir par de faux espoirs.
Je ne doute pas que vous approuverez mon choix mais si, pour des raisons qui me sont inconnues, vous aviez des réticences à son encontre, n'hésitez pas à m'en faire part. Tant que vos fiançailles ne sont pas annoncées officiellement, je puis encore me dédire.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter autant de félicité dans le mariage que j'ai eu le bonheur d'en avoir avec votre mère.

Votre père,
Lionel, duc d'Outrevent


Combien de fois avais-je déjà relu ces mots, sans y trouver le moindre réconfort et encore moins de satisfaction ? Quelle sombre ironie que cette lettre, attendant sagement sur mon secrétaire à mon retour de Lorgol. Et quelle amère plaisanterie que son contenu. Les derniers mots, surtout, m'ont arraché un rire sans joie. Fiançailles. Promis. Ces mots me semblent vides de sens. Et le choix... Quel choix ? Celui que j'aurais pu faire ou infléchir si seulement cette maudite missive m'était arrivée dans les temps. Mais il est trop tard désormais. L'annonce a été faite. Et tout cela commence à ressembler à une étrange comédie, une pièce de théâtre insensée dans laquelle je me retrouve propulsée. Mais quel singulier divertissement que celui là... Ou tout cela finira-t-il ? Si encore, il s'agissait d'une oeuvre plaisante, importante, quelque chose de grand et de beau, une apothéose possible... Non. Tout au plus s'agit-il d'un vulgaire vaudeville, un spectacle de pacotille tout juste bon à être produit devant le peuple, en plein marché. Moi qui me targue de ces talents de comédienne qui sont mon masque quotidien en cette cour pervertie, me voilà servie au delà de mes espérances.

Je ne sais à quoi m'attendre. Les évènements ont été trop soudains, trop rapides à s’enchaîner. Ils ne m'ont guère laissé le temps de réfléchir ou de penser. A quoi bon, puisque déjà mon avenir est tracé ? Deux actes se sont déjà écrits, en quelques heures à peine. Je crains que ne viennent trop vite les suivants et, avec eux, un dénouement qui m'horrifie par avance.
Cessant un instant de marcher de long en large dans mes appartements, je m'efforce de retrouver un semblant de calme et m'assied dans un fauteuil proche. Quelques secondes s'écoulent, sans que je parvienne à mettre le plus petit semblant d'ordre dans mes pensées. Elles arrivent et s'entrechoquent à toute vitesse, se percutent pour mieux s'imposer à mon esprit, se percutent et se succèdent à un rythme toujours plus rapide. très vite je me relève, et reprend cette marche impulsive qui me conduit à tourner en rond dans chaque pièce, autour de chaque meuble. Et pour la centième fois depuis que je suis arrivée et ai découvert cette enveloppe insolente, je tente de retracer le fil des dernières vingt-quatre heures.

Acte I : L'héroïne se rend à une grande réception, attendue de toute la bonne société où elle s'entend annoncer son mariage avec un homme qu'elle déteste et méprise.
Acte II : Une fois rentrée chez elle, elle découvre que ce mariage imprévu était en tractations depuis de longs mois et qu'à quelques jours, peut être quelques heures près, elle aurait pu tout arrêter.

Le comique de situation est en place. Les personnages ont été mis en lumière. Le tout n'est cependant pas encore assez pimenté. Un zeste d'humour supplémentaire serait nécessaire. Peut-être le héros s'en montrera-t-il capable, surtout qu'il continue d'ainsi feindre l'indifférence quant à cette union qu'il a si bien fomenté. En revanche, le comique de geste serait de trop. Ou tout du moins l’héroïne ne se sent elle pas disposée à se prêter à ce genre d'humour qui constitue pourtant un élément hilarant de ce type de comédie. Mais même sans cela, le burlesque est présent à souhait. Et nul doute que la cour toute entière goûtera avec plaisir à ce divertissement imprévu qui lui offre l’occasion d'oublier les sanglantes tueries du Solstice, rebaptisé par chacun "Bal des Poignards".

Car oui, peut-être serait-il bon de préciser que le-dit promis est actuellement en train de se remettre de profondes blessures. Prélude au troisième acte ou parallèle du second ? Commencement ou achèvement ? Sans doute, d'autres que moi souhaiteraient la mort de cet homme qui a ainsi manipulé mon père pour se faire valoir comme un époux acceptable. Mais j'en suis incapable. Bien que cet homme conspire contre ma liberté, je ne peux me réjouir d'un trépas, quel qu'il fut. Pour autant, je ne lui souhaite pas de prompt rétablissement.

Qu'il soit parvenu ainsi à se faire accorder ma main me dépasse... Trouver une échappatoire me semble impossible... Et pourtant... Comment imaginer que je puisse devenir l'épouse de ce rustre, ce primaire. De ce va-nu-pied, sans guère plus de valeur que le dernier des roturiers, ce paysan, ce matin aux mains calleuses et abîmées dont la rugosité a blessé mes paumes. Ce traître à son sang qui a renié éducation, rang et obligations pour s'en aller vadrouiller en mer. Cet ignorant, ce fuyard qui ne sait certainement rien des difficultés qui accablent notre fière Arven et sera le premier à ramper devant la tyran pourvu qu'il puisse en obtenir un bénéfice supplémentaire.

L'envie de hurler ma fureur est là, tapie en mon coeur. Je me contiens cependant. Le risque d'être entendue serait trop grand. L'envie de partir immédiatement pour Outrevent me tenaille. Seule une longue chevauchée solitaire au milieu de mes terres serait à même d'évacuer en partie cette colère qui m'emplit. Et en attendant, je continue d'arpenter mes appartements sans trouver le moindre apaisement. Au point de n'avoir pas remarqué la défection de mes domestiques, peu désireux de demeurer à proximité, de peur de voir ma rage retomber sur eux. Yseult elle-même est partie dans le palais, prétextant une quelconque course à faire. Aussi les légers coups frappés à ma porte ne purent attirer mon attention, pas plus que son ouverture ou ces légers pas, s'approchant à demi de moi. Me rendant soudainement compte de la silhouette arrivée près de moi, je grogne, sans même me retourner :


- Qui est là ?

Que m'importe que mon comportement ne soit, à cet instant, pas digne de mon rang. Qui que soit l'intrus qui s'est permis d'entrer sans la moindre autorisation, il ne mérite ni respect ni amabilité. Et les mériterait-il que je ne serais certainement pas capable d'en faire preuve à cet instant.
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MessageSujet: Re: Trahison, disgrâce... [Denise]   Trahison, disgrâce... [Denise] I_icon_minitimeLun 10 Sep - 5:59

Un coeur blessé peut faire mourir tout bonheur alentour.


Le bal. Les souvenirs, les cris. Les visages meurtris. Lisbeth, son frère. Tout le monde, les assassins. Pourquoi, et comment. Tout es flou, tout est effrayant... J'ai mal au ventre, et mon coeur se serre. Je souffre et je tremble. Comme déboussolée je ne sais quoi faire ni quoi dire. Mais qu'importe, l'important c'est Lisbeth. Ma douce amie désormais seule face à ce drame. Mon amie dont je n'ai pas de nouvelle et pour qui je m'inquiète. L'idéal est bien évidemment de me rendre dans ses appartements, mais pourquoi faire? Comment allais-je pouvoir réagir? N'est-il pas également dans le devoir d'une bonne amie de savoir se tenir à sa place lorsqu'il le faut. Le faut-il, en ce moment? Je ne saurais le dire. Cependant j'ai peur, pour elle, pour moi. L'homme qui avait eu sa main, qui était-il. Comme dans un rêve fantaisiste je ne pouvais pas croire la moitié des choses que j'avais vu ou entendu. Peut-être en vérité, voulais-je simplement voir mon amie pour me rassurer moi-même. Comme si j'avais besoin de l'entendre de sa bouche. Les mots sonnant trop faux dans la bouche d'un autre seule l'intéressée me dirait la vérité. J'étais effrayée, et pourtant je me décidais. D'un regard absent je fixais Geneviève et lui faisais part de mon absence afin de rendre visite à la duchesse d'Outrevent. Acquiesçant silencieusement mes paroles je me dirigeais vers la porte, déposant un baiser sur le visage de ma fille.

Toute cette histoire amenait en effet à une réflexion sur ma propre vie. Que m'arriverait-il si quelqu'un découvrait ma liaison? Que se passerait-il si jamais le père de Nereïa était clamé au peuple? Ma vie était dangereuse, et sûrement bien plus que celle de Lisbeth. Et c'est pour cela que je prenais peur, voyant l'état de la vie actuelle de mon amie je me demandais ce qu'il allait advenir de la mienne si jamais... Avec des si, bien évidemment on peut refaire le monde, cependant, tout change tellement vite ces derniers temps que les si n'en sont plus en un claquement de doigts. Ma vie est un lourd fardeau actuellement, et j'en ai peur. Peur de ce que je fais, ce que je risque. Je me demande s'il ne serait pas mieux pour ma fille de ne plus jamais revoir son père biologique. Mais vivre une vie loin de mon amant, obligée d'être collée tel un objet de foire à mon mari qui ne me porte aucun intérêt si ce n'est m'exposer comme une poupée... Impossible, tout est impossible ! Et c'est aussi effrayé qu'on peut l'être que j'avance vers les appartements de mon ami. Tellement obnubilée par ma propre vie chaotique j'en oubliais un instant le point de départ. Et sans conviction, plutôt même avec une grande crainte, je traversais les lieux comme un fantôme sans que personne ne me remarque. De simples salutations silencieuses, rien de plus. Les gens murmurent, les gens parlent. Depuis le bal tout est différent, plus personne n'est en confiance. Et le bal me rappelle cette annonce, ce de Brunante, mon amie... Cette mascarade à laquelle je n'avais pu avoir le fin mot, et pas même parler à mon amie afin de la comprendre.

Que pouvait-elle bien ressentir? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir au fond d'elle en cet instant. Près des appartements lui étant réservés je croisais Yseult. Sortant de mes pensées je m'avançais vers elle afin de lui parler et préparer le terrain. Une manière indirecte de se rassurer et voir que mon amie va bien. Mais c'est évidemment autrement que cela se passa. Face à moi se tenait une femme avec un visage triste et inquiet. Tordu par ces différentes émotions je lisais sur ses lèvres la peur de voir sa maîtresse se perdre parmi toutes ses nouvelles; ses actes. Me voulant rassurante je lui disais que tout allait s'arranger. Rien n'est définitif, et Lisbeth est forte. C'était un peu de l'auto-persuasion, il faut l'avouer. Et reprenant ma route encore moins assurée je m'approchais de sa porte. Désormais à quelques mètres de la vérité, je prenais un instant pour observer le paysage. A mes côtés une fenêtre laissant entrevoir les jardins extérieurs, magnifiques, mais si faux. Un peu comme notre vie pour le moment, un parfait mensonge. Nous pourrions croire que la nature est bien aussi magnifique qu'ils nous la présente, cependant chaque jour des gens la travaille, l'embellisse. La nature ne suffit pas, le simple ne suffit pas. Tout est si différent de chez moi... Tout me manque tellement. Cette habitude de tout faire de façade et absolument rien en profondeur. Ici il est difficile de savoir le vrai du faux. Tout le monde agit dans l'ombre, personne ne montre son vrai visage. Comment se retrouver; comment avoir des amis dans ce pays?

J'entendais les pas de Lisbeth, aussi lourd que le poids de ses maux. Discrètement je frappais à sa porte. Lorsque je n'entendis pas de réponse, je pris le risque de rentrer quand même. A pas de loups, je me glisse derrière la porte et je vois son visage meurtris. Mon coeur se serre et les larmes s'arrêtent juste avant mes yeux. Quelle idiote fais-je d'avoir cru que tout pourrait bien se passer. Lorsqu'elle parle, sa voix est dure. Elle est en colère, elle est blessée. Timidement, fixant le sol n'osant pas la regarder je disais :

C'est Denise, Lisbeth...

Mes mains tremblent et mon regard se lève. J'affronte le sien d'un air plus désolé que jamais et je prends à nouveau la parole :

Excuse-moi.... J'aurais du venir plus tôt.

Amie indigne et quelque peu égoïste. Ce monde déteint sur chacun d'entre nous et sans même nous en rendre compte nous devenons comme eux, pensant à nos intérêts d'abord sans voir si nous allons blesser ou toucher quelqu'un autour. Il fallait changer ça, conjurer le sort. C'était à moi et ma vraie nature de prendre le dessus, et pour cela, je me devais d'être là pour mon amie, à n'importe quel prix...
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MessageSujet: Re: Trahison, disgrâce... [Denise]   Trahison, disgrâce... [Denise] I_icon_minitimeMar 11 Sep - 3:55

Ô cet insidieux sentiment de trahison... L'amer goût de la fourberie perpétrée par un homme à mon encontre. Pire encore : l'inaltérable impression d'avoir été vendue par mon propre père. Je sais pourtant qu'il n'en est sans doute rien et tout dans cette lettre clame le désir que mon père a eu de faire, par ce mariage, mon bonheur. Il est peu de femmes qui pourraient en espérer autant. Mais cette pensée est bien loin de m'apaiser. Comment accepter l'inacceptable ? Cette mésalliance qui me fait horreur. Ce futur époux dont le seul nom m'emplit de colère.
Ô l'ironie de ces quelques mots : "Après maintes réflexions j'ai finalement arrêté mon choix sur un homme que vous connaissez déjà, qui fut compagnon de vos jeux d'enfants, un ami en somme : Louis de Brunante.". Ami. Compagnon. Aucun de ces termes ne peut désigner l'homme qui vient, par ses ambitions, de prétendre à ma main. Et jamais je n'aurais eu la tentation d'ainsi le qualifier. S'il est vrai que nous nous connaissons depuis l'enfance, il n'a pour autant jamais été de ceux que j'appréciais. Sa suffisance, son arrogance d'alors avaient déjà le don de m'insupporter. Moi qui ne rêvais que de rejoindre les jeux de Liam, je me voyais obliger de jouer les petites hôtes attentives devant lui. Et même enfants, nos disputes étaient aussi fréquentes que houleuses. Il ne s'agissait pas seulement de simple chamailleries d'enfants en désaccord sur leurs jeux.

L'écho de ces souvenirs, d'un temps où je pouvais aimer mon frère, sans pudeur, sans risques ni crainte de le voir mort le lendemain, m'arrache un regret. Tout était alors si simple... Nul besoin de mentir ni de dissimuler ce que je pensais. Des guerriers aux domestiques, tous s'amusaient de l'enfant que j'étais alors, insouciante et curieuse. Aujourd'hui, seule l'intimité de ma suite m'offre la possibilité d'épancher ma douleur et mes doutes quand je ne peux pas aller rejoindre mes terres. Que me restera-t-il de tout cela si mon dernier refuge se voit corrompu par la présence d'un époux ? En quel lieu pourrais-je aller évacuer mes incertitudes sans le risque d'être découverte comme rebelle et soeur aimante ?

Peu à peu, à la consternation a succédé la colère. Une colère immense, dont la violente intensité ne me dispose guère a plus de considération qu'il n'en est nécessaire. Je m'étonne même d'être encore capable de formuler une phrase cohérente tant ma fureur s'est exacerbée en à peine quelques heures. Et cette rage que je ne comprend ni ne contrôle ne fait qu'augmenter encore à chaque minute, à chaque lecture.

Mais elle ne mérite pas de la subir. Pas elle. Denise... La douceur de sa voix, l'excuse implicite qu'elle contient sont un baume apaisant sur la blessure à vif de mon âme. Car bien plus que mon intégrité, c'est ma liberté qui est menacée. Et cette seule pensée m'est insupportable. Qui mieux que mon amie pourrait comprendre la douleur poignante qui me transperce ? Elle qui vit depuis tant d'années aux côtés d'un homme qu'elle abhorre ? Son sort n'est-il pas mille fois pire que le mien, prisonnière qu'elle est d'un mari violent et possessif, amoureuse d'un homme qui jamais ne pourra être sien ? Je pourrais - je devrais - montrer davantage de calme en sa présence, me souvenir que je ne suis pas la plus à plaindre en cet empire corrompu. Mais en cet instant, l'égoïsme seul me pousse. J'ai mal et je ne veux pas écouter les voix qui me crient que ma souffrance n'est rien en comparaison d'autres.

Un instant nos yeux se croisent. Et les remords que je lis dans son regard me blessent. Elle n'a nulle raison de se sentir coupable. Sa venue, si peu de temps après notre retour d'Euphoria est une preuve d'amitié inestimable. Il n'est nul retard dont elle ait à se justifier. Et surtout pas devant moi qui me suis si peu interrogée sur son propre ressenti après le cauchemar sanglant qui s'est déroulé sous nos yeux. Me détournant, incapable de soutenir son regard plus longtemps, je finis par m'asseoir sur un fauteuil non loin, murmurant à mi-voix :


- Comment faites-vous ?

Pour ainsi continuer à sourire et vivre quand il n'est plus de liberté possible ? Quels moyens as-tu trouvé pour affronter chaque jour ta vie avec dignité ? Pour ne pas t'effondrer à la pensée de cet amant constamment menacé d'être découvert ? Comment fais-tu pour conserver toute ta douceur, toute ton attention à mon égard quand tu as déjà tant d problèmes à gérer de front ?
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MessageSujet: Re: Trahison, disgrâce... [Denise]   Trahison, disgrâce... [Denise] I_icon_minitimeMar 18 Sep - 7:12

Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, il n'y a que des choix qui un jour où l'autre nous feront poser question.



Un visage meurtri quelques peu tiraillé. Lisbeth n'a pas ce sourire qui lui va si bien. Elle n'a pas cette lueur dans ses yeux, cet espoir que tout redevienne beau. Celui qui l'a fait avancer, la rend fière de son frère. Celui qui la rend belle et heureuse malgré sa vie, qui l'aide à se lever chaque matin. Elle n'a plus cette chaleur qui émane d'elle, à la place une froideur glacée d'un coeur brisé et mal-mené. Lisbeth est pourtant forte, et je parais faible à ses côtés. Ma vie n'est pas souvent joie et bonheur; mais lorsqu'elle est à mes côtés je parviens pourtant à rester sereine. Comme si de son aura sortait une douce odeur d'abricot frais, qui quelque soit votre nature, quelques soient les circonstances vous soulage et apaise votre coeur. Mais pas aujourd'hui, pas en cet instant. Son coeur est blessé et son visage tordu d'émotions. Un pincement au coeur me prend lorsque son visage croise le mien.

Suis-je donc une si mauvaise amie que ça? Déjà qu'il nous est primordial de ne rien laisser paraître de notre amitié en public, je suis donc fidèle à ce poste. Même en cachette, dans notre intimité je ne saurais être là. N'est-il pas important de ne pas blesser ses amis, de les protéger? Chart ne cesse de répéter qu'il n'est pas digne de mon amour, que face à son frère, face au roi il ne peut me protéger. Il se torture l'esprit avec ça sans cesse et aujourd'hui je comprends ce qu'il ressent. Je suis là, face à mon amie dévouée mais pourtant impuissante. Je me sens mal et affreusement désolée. Mais la voix de Lisbeth me sort de mes pensées. Il me faut quelques secondes pour percuter chacun de ses mots. Je la regarde dans les yeux, et les larmes coulent sans que je ne puisse les retenir. Mais voyons Lisbeth que crois-tu? Que ma vie est facile et que ma façade ne me tue pas de l'intérieur? Comment crois-tu que je supporte chaque jour d'être touchée par un homme que je ne supporte pas, ne voulant que son frère. Vomir en silence à l'abris des regard, pleurer dans un coin sombre pour ne pas être repérée. Peut-être même parfois se faire mal pour avoir le droit d'afficher une douleur, même si elle n'est pas celle qui fait le plus mal. Et puis je comprends, je comprends que tu ne sais pas, tu ne crois pas. Tu es comme ta filleule, Lisbeth, aussi innocente et pure qu'une enfant. Tu as toujours vu l'espoir en ton frère, le verre à moitié plein. Aujourd'hui tu es dans une phase difficile, trop de choses te tombent dessus et tu ne sais pas comment t'en sortir. Tu te sens trahie et comme enfermée dans une boite, mais ne t'en fais pas. Ca ira..

Ca ira de mieux en mieux et tu retrouveras ta joie. Parce que tu as ça en toi, et que tu t'en sortiras, tu n'es pas condamnée Lisbeth. Ton âme n'est pas damnée alors sauve-toi tant qu'il est encore temps. J'essuie mes dernières larmes silencieuses et j'affiche un sourire assez mince mais rempli de sincérité. Je te regarde droit dans les yeux et te dit les seules choses que mon coeur autorise, celles qui t'aideront à avancer, et non pas ma vérité. C'est aussi ça être ami, savoir faire passer l'autre en priorité, au détriment de sa propre santé.

Comme vous l'avez toujours fait, mon amie. Vous allez digérer cette dure nouvelle, chercher le positif dans tout ça, même s'il est pour le moment impossible de le discerner de la noirceur. Vous allez le voir et lui sourire, lui donner tous vos espoirs pour vous en sortir, et comme la femme forte que vous êtes, vous vous en sortirez. Telle une d'Outrevent.

Sur ces mots je lui souris à nouveau et je pense à ce que j'aurais vraiment du lui répondre si j'avais du être honnête. Je pense à ce vide qui grandit dans mon coeur en l'absence de mon aimé. Je pense à cette sensation d'être sans cesse violée, torturée par un homme qui est pourtant mon époux. Je vois la douleur d'un mensonge, le poids qu'il a sur une vie. Je vois la difficulté d'être mère et les sacrifices qu'il en coûte. Je vois Chart, et je réalise que même faible, l'espoir de vivre avec lui un jour subsiste en moi. Un peu comme un dernier espoir, le dernier souffle d'un mourant, celui qu'on voudrait nous faire rendre vivant. Espérer à s'en tuer, espérer à en mourir. Il ne me reste que ça, et un jour ce sera ton tour Lisbeth d'Outrevent. Je suis perdue dans les noires abysses du temps, emprisonnée face à ses choix qui ont ruiné ma vie. Autour de moi mon destin me joue des tours, et il se plait à me montrer ce qu'aurait été ma vie. Chaque nuit les mêmes rêves d'évasion, devenus cauchemar et torture avec le temps. Je souffre Lisbeth, à un point que tu ne peux imaginer puisque moi-même je ne saurais le décrire. Tu m'as fait verser une larme aujourd'hui, et pourtant de mon corps, se sont des lames d'acier qui glissent. Je ne suis plus qu'un grand vide et froid glaçon d'amertume et de haine. Je n'éprouve plus réellement d'amour, simplement je me bats pour survivre. Mais même si demain mes rêves étaient exaucés, je ne sais pas si je pourrais les supporter, alors à quoi bon continuer...? Et bien pour les autres, pour Nereïa, pour Chart, pour Lisbeth. Pour l'exemple, pour l'espoir, pour un sourire je dois me battre pour une cause qui n'est plus mienne. Le bonheur de Lisbeth sera définitivement éteint si je lui dis tout ça alors je me tais, et choisis mes mots, la regardant dans les yeux je lui souris, un peu fatiguée. Quelques mots sortent de ma bouche, comme un vent d'espoir, une lueur dorée.

Vous vous en sortirez...
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MessageSujet: Re: Trahison, disgrâce... [Denise]   Trahison, disgrâce... [Denise] I_icon_minitimeMar 18 Sep - 8:18

Tu sais Denise, je ne me suis jamais imaginé que j'épouserais l'homme que j'aime. Je n'ai jamais cru, pas même alors que je n'étais que la cadette, qu'un jour viendrait où seul l'amour guiderait mes pas. Nous sommes de trop haute naissance pour cela. Dès l'enfance, des mariages sont envisagés pour nous. Alliances stratégiques, preuve d'amitié ou simplement échange contre un peu d'argent. Cela fait partie du monde dans lequel nous évoluons. Et je savais que mon tour viendrait. Que ce jour approchait.

Tu sais Denise, je t'en avais parlé. De ces rumeurs qui couraient dans les couloirs de Souffleciel. Tout domestique a une propension aux racontars. Mais les nôtres ont assez de respect envers nous pour ne pas colporter de bruits à tort et à travers. Aussi, je savais que ce qui se disait était vrai bien que mon père ne m'ait encore rien assuré. Seuls les mots "héritier" et "lignée" revenaient un peu plus souvent qu'à l'ordinaire dans son discours. Peut-être te souviens-tu de cette lettre dans laquelle je l'avais évoqué. Tu es la seule à qui j'ai fait part de cela. Liam lui-même n'en savait rien - j'avais trop peur que cette annonce ne le détourne de son but.

Tu sais Denise, je l'aurais accepté. L'homme que mon père s'apprêtait à choisir pour moi. J'avais tout envisagé. Qu'il puisse être loyal au tyran, âgé, violent même. L'espace d'une seconde, je m'étais même laissée saisir par la terreur à l'idée que je sois fiancée à Chart. Il n'est que le cadet des Saldenow et aurait pu représenter un excellent parti. J'ai pleuré, silencieusement, contre mon oreiller, quand mon esprit est parti dans cette direction. Parce qu'alors j'ai songé qu'à mon tour, je devrais accepter un homme que je n'aime pas et qui ne m'aime pas non plus. Tout aussi piégé que moi par cette union de circonstance.

Oui.
Tout cela, tu le sais déjà.

Mais comment te dire l'ampleur de ma douleur ? Comment t'exprimer quelle plaie blesse mon coeur alors que toi-même tu subis toute l'horreur possible ?

Je ne reparlerai pas de l'annonce qui a été faite. Par un inconnu. Un duc à l'esprit dérangé qui s'est fait une joie d'être le messager. Je ne reparlerai pas de la stupeur qui fut mienne ni de ma déception de voir que même pour un tel jour, mon père ne se déplaçait pas.

Tu ne connaissais pas ton époux quand il est venu te cueillir dans tes chers jardins, toi jolie fleur à peine éclose. Tu avais tous les espoirs possibles à son encontre. Ô combien ont-ils du être déçus... Et pourtant, tu as su trouver une source de bonheur malgré tout.
Mais moi ? Que puis-je espérer ? Je connais l'homme auquel je suis désormais destinée. Et je sais que rien de bon ne peut advenir par lui. Ce n'est qu'un pleutre. Un lâche qui fuit ses responsabilités et ira se prosterner aux pieds du tyran si cela peut lui apporter quelque bénéfice. Je n'ai nulle illusion pour venir adoucir mon dépit. Nulle attente à avoir en ce qui concerne mon avenir, enchaînée au lit de ce marin sans manières. Je ne lui connaissais qu'une seule valeur. L'honneur. Et il l'a bafoué en venant demander ma main, en venant prétendre à mon duché maintenant mon frère écarté de la succession.

Qu'en penses-tu, toi ma douce amie ? Que penses-tu de cet homme qui, par ses terres, est presque ton vassal ? De cet homme qui, je te l'assure, a pour moi autant d'animosité que j'en ressens à son égard mais a tout même fomenté cette union qui me révulse ?

Seules les larmes viennent accompagner ma colère pour le moment. Et je sens en moi enfler un grondement sourd. Un grondement qui parle de trahison, d'ambition. Un grondement qui réclame vengeance. Il n'est que faible écho en moi mais je le sens croître à chaque seconde qui passe depuis que j'ai posé les yeux sur cette maudite lettre.

Comprends-tu mon amie ? Toutes ces choses que je voudrais te dire et que je serais pourtant bien incapable d'exprimer à haute voix. Je dois te paraître bien faible à ainsi me laisser abattre par une nouvelle que je savais approcher à grands pas. Je voudrais tant pouvoir t'expliquer quelle désillusion m'habite. Et je m'en sens incapable. A voir tes yeux s'emplir de larmes, à entendre la foi qu'il y a dans ta réponse, ce sont à mes paupières que viennent en perler juste avant de devenir torrent le long de mes joues. D'un simple geste, je te tends les mots honnis qui sont venus ferrer mon destin. Autant que tu les lises après tout. Que tu comprennes à quel point il n'a tenu qu'à un fil que je puisse influer sur mon destin. Et d'une voix morne, étreinte des sanglots qui me secouent, je tente de prononcer quelques mots. De t'expliquer.


- Je... Je hais ce... marin.

Comme il y a de mépris dans ce terme de marin qui pourrait pourtant désigner dans ma bouche les fiers aventuriers qui partent en exploration. Ou encore ceux qui risquent chaque jour leurs vies sur les eaux imprévisibles pour alimenter en poisson nos tables. Mais il n'est rien de tout cela. Il n'est que ce gamin dont chaque visite m'emplissait d'ennui à l'avance et qui prenait plaisir à m'agacer continuellement par ses remarques et ses sourires en coin.

- Nous nous sommes toujours détestés.
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Trahison, disgrâce... [Denise]

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