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 Battre le frère tant qu'il est chaud...

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MessageSujet: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeDim 6 Jan - 9:39


Battre le frère tant qu'il est chaud...

Euh, le fer !


  • Noms des participants: Ayden Revrec & Melsant de Séverac

  • Statut du sujet: Privé

  • Date: Juillet 802

  • Moment de la journée : Soirée

  • Saison 1, chapitre 5.

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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeDim 6 Jan - 12:57

    Journée tranquille pour Melsant, qui s'était entrainé durant seulement quelques heures, avant de rendre les armes devant le soleil de plomb. Pour une fois, il avait envie de se promener, de ne pas se battre, de juste profiter du beau temps, et des rues animées de la ville. Ayant vécu longtemps isolé à Sombreciel, loin des agissements plus brutaux d'Augustus, il avait découvert en venant à Lorgol la misère réelle que la tyrannie engendrait... Et la merveilleuse persévérance du peuple, qui malgré les coups durs, arrivait toujours à se relever, à sourire et à garder espoir.
    Cette force-là, Melsant l'enviait, la partageait, s'y fondait avec délice, enlaçant des désirs de rébellion qui n'étaient au départ pas les siens.

    Il avait rencontré Ayden aussi, au milieu de cette foule disparate, et il avait là trouvé un autre frère, un compagnon pour traverser ses aventures, rassurer ses peines, répondre à ses rires. Un ami, qui acceptait ses origines, ses mensonges, et son sale caractère... Et réciproquement, Melsant couvrait ses larçins de bonnes intentions, et admirait le tempérament indépendant du Revrec, qui l'avait amené à survivre, sans craindre l'échec.
    Ce fut donc vers cette figure sympathique que les rayons lumineux le guidèrent, vers le palais impérial.
    C'était là qu'Ayden travaillait, à ce moment, pour ferrer quelques chevaux de noble lignée, mieux traités que les habitants silencieux du château.

      - Je suis Tristan Sombreval, de la Guilde des Guerriers, annonça donc sans gêne Melsant, aux gardes impériaux, qui gardaient les portes des écuries. Je viens voir Ayden Revrec, le maréchal-ferrant.


    Il ne pensait pas une seule seconde se faire rembarrer, et ce ne fut pas le cas : son assurance donnait gage de bonne foi devant les piliers taciturnes de l'entrée. Il n'en aurait surement pas été de même, si le jeune Séverac avait annoncé rendre visite à Lord Augustus. Mais quel danger pouvait-il représenter pour des canassons ? Il s'était bien sur débarrassé de ses armes, même si son corps entier en restait une, bien plus sournoise.
    Les hommes avaient mieux fait d'analyser la menace qu'il constituait pour eux-même, s'ils lui refusaient sa requête, sur un prétexte irraisonné.
    Heureusement donc, il avança sans obstacles dans la cour, pour se diriger vers le batiment superbe d'où s'échappaient des hénnissement fougeux... Non sans quelques regards habiles, observateurs, vers les hautes fenêtres des appartements royaux.

      - Alors, Ay', quand vas-tu enfin lacher ces sabots, pour t'occuper de ton gosier ? Plaisanta Melsant, quand il fut arrivé proche du voleur. Je meurs de soif.


    Puis il examina brièvement les alentours, avec une mour sceptique. Ainsi, Ayden se plaisait ici ? Il était heureux au milieu des bêtes, exploité comme un esclave ? Avait-il vraiment le choix ? Quoiqu'il en soit, Melsant respectait sa décision.

      - T'as l'air fatigué en tout cas ! Si, si, affirma-t-il, en donnant à son compère une grande claque dans le dos, qui le fit trébucher, de surprise, dans le foin puant. Le Séverac éclata de rire, sachant parfaitement qu'à présent, il n'allait pas tarder à le rejoindre : chahuter était avec lui un jeu, et non plus un enjeu comme dans l'arène. Tu tiens plus sur tes jambes !
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeDim 6 Jan - 14:14

J’étais bien, seul dans mon atelier avec mon matériel et ma tranquillité. Ma journée s’annonçait calme à part les imprévus comme les caravanes de commerce. De bons clients qui payaient directement sans râler. Ils étaient toujours pressés de repartir. En dehors de deux ou trois chevaux qu’on m’avait demandé de ferrer aujourd’hui, calme plat ! Ok, c’était mauvais pour les affaires ce calme mais ça ne durait jamais donc, je ne me faisais aucune inquiétude à ce sujet. Seulement, ce fameux calme, c’était sans compter sur la Cour. Tu parles d’une chance. « Être remarqué par la Cour en tant qu’artisan est un honneur. » Honneur mon cul. Ça voulait simplement dire qu’à n’importe quelle heure, on pouvait débarquer dans mon atelier pour me demander de me pointer m’occuper des destriers de ces bons seigneurs. Et bien évidement, c’est ce qui arriva pile au moment où je finissais d’ajuster un fer au cheval dont je m’occupais dans l’immédiat.
De justesse, je me contins en marmonnant un tas de malédictions sur le deux crétins qui venaient de surgir dans mon atelier en parlant assez fort pour que le voisinage entende tout. Ces messieurs de la garde avaient ordre d’être présentable chevaux compris. Il allait falloir ferrer tous les canassons dans la foulée. Bon point dans cette histoire, mon argent était déjà prêt, c’était ma condition… c’était toujours ma seule condition.

Mais ça, c’était ce matin… Là, le soleil tapait dur et je commençais à en avoir marre. J’avais les crocs et j’avais la gorge sèche. Je levais les yeux et passais une main dans mes cheveux, je devais avoir l’odeur du gars qui a dormi dans du foin depuis une semaine. C’est ce moment-là, précisément, que choisit Melsant pour faire son apparition. Celui où je me disais que j’allais tout envoyé promener si on oubliait de me filer à boire, même de l’eau, j’aurais pu l’avaler. Comment donc avait-il réussi à entrer. Bon sang de Séverac, espèce d’imbécile profond.

    - Par tous les canassons d’Augustus ! T’es devenu complètement marteau ? Et puis qu’est-ce que tu crois… Moi aussi j’ai soif ! Mais qu’est-ce que tu fiches dans le coin ? Par moment, je me demandais qui se fichait pas mal de la vie entre lui et moi…

Je le regardais jeter un œil partout où il le pouvait en tirant la tronche que je lui connaissais si bien quand il désapprouvait quelque chose. Là-dessus, je me pris une claque dans le dos qui m’envoya tête la première dans le foin puant des canassons de la garde de Lorgol. Vraiment… tu parles d’un frère de sang. Me sortant de là en bougonnant et marmonnant et en tentant de retirer le foin de ma tignasse emmêlée, je lui lançais un regard assassin. Enfin… pas si assassin que ça, ça méritait juste vengeance.
Je me relevais et lui filais un grand coup dans l’épaule en guise de salutations. S’il était taillé pour le combat, moi, j’étais taillé pour la fuite et l’esquive même si mon travail avait fait de mes muscles autre chose qu’un sac de nœuds mal noués.

    - Si j’ai l’air fatigué, t’as l’air de rudement t’emmerder pour venir me chercher ici. Et puis comment tu savais que j’allais travailler dans le coin. J’ai été prévenu que ce matin. J’sais pas comment tu fais Sombreval mais un de ces quatre, va falloir qu’on cause toi et moi. Je le regardais dans les yeux, bras croisé, la gorge toujours aussi sèche. T’as parlé de boire il me semble, t’attends quoi Tristan, une invitation impériale ?

Par moment, j’avais envie de le tuer et puis à d’autres, comme aujourd’hui, j’étais heureux d’être tombé sur lui un jour. Gardiens de nos secrets, dans le fond, j’aurais pas pu trouver mieux. Mais on formait un drôle de duo, ça, ça trompait personne. C’était pas demain la veille que les gens arrêteraient de se poser des questions sur cette amitié saugrenue.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeLun 7 Jan - 15:05

    Devant l'air faussement outré de son ami, Melsant s'esclaffa une nouvelle fois... Comme s'il s'attendait à autre chose, de sa part ! En dépit de toute logique, la présence d'Ayden le rassurait, le rendait joyeux. Il ne comprenait toujours pas pourquoi ni ce qu'il avait fait pour mériter une telle amitié, mais il était infiniment reconnaissant à la fatalité d'avoir fait se croiser leurs routes. Jamais il n'aurait cru, en quittant Sombreciel et ses nobles compagnons, hypocritement agréables, qu'il trouverait dans une écurie, au bas de l'échelle sociale, un homme qui lui servirait de confident, et de soutien : quelqu'un avec qui il pouvait être lui-même, quel que soit le nom employé pour le définir.

      - Une invitation impériale, c'est précisément ce que j'attends ! S'exclama Melsant, réellement amusé que son compagnon ait pu caser des mots si justes, au travers d'une boutade. Et il le savait bien. Il le connaissait... Le Séverac ne lui cachait rien. Par dépit, je me contenterai de la compagnie du Maréchal Ferrant.


    Avisant un tabouret, étrangement disposé non loin du champ d'oeuvre du Revrec, Melsant y prit place, en sortant de son mince gilet de cuir une gourde pleine d'un liquide translucide qui ressemblait fort à de l'eau... Mine de rien, le guerrier surveillait sa condition physique, et savait reconnaitre et soigner les symptômes de son corps : avec cette chaleur, et les combats à venir, mieux valait qu'il ait l'esprit sain. D'autant plus à l'intérieur du palais, où une occasion pouvait se présenter à chaque minute, de monter un peu les échelons de sa longue quête.
    Il en avala donc une gorgée goulument, presque par défi, avant de la tendre à son ami - vieux réflexe qu'il avait gardé de son rang, de toujours se servir en premier : au moins, Ayden pouvait constater qu'il ne s'agissait pas de poison.

      - Je te retournes la question, d'ailleurs ! Je savais que tu serais là, car tu es toujours là, ces derniers temps... Qu'est-ce que tu fous ici ? Demanda brusquement le jeune homme, prenant une expression inquisitrice, espiègle. Les palefreniers ne sont pas réputés pour avoir de grosses économies... Si je ne te connaissais pas, je dirais qu'il y a une fille derrière une telle assiduité à cette tâche.


    Bien sur, Melsant savait qu'Augustus, bien que radin par nature, payait gracieusement les soins à ses chevaux, ou qu'un refus se payait encore plus cher. Cependant, il était curieux d'observer sur son camarade l'effet de sa pique... Depuis qu'ils trainaient ensemble dans les rues de Lorgol, les femmes n'avaient jamais été leur principal intérêt. Pourquoi ne pas l'aborder là, alors, dans la puanteur des écuries, dégoulinant de sueur sous le soleil brulant.
    Le moment ne pouvait pas être mieux choisi.
    Le faible support sur lequel le combattant se tenait couina de protestation, peu habitué surement à porter un occupant si pesant.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeMar 8 Jan - 5:32

Faux frère… Aujourd’hui, j’avais envie de le tuer. Je n’étais pourtant pas belliqueux mais là, je lui aurais volontiers collé mon point sur le nez si nous n’étions pas si proches. Je finis par hausser les épaules, c’était peine perdue. Et puis de toute façon, j’aurais donné ma vie pour ce crétin. Nous étions comme des frères et quoi qu’il arrive, ce serait à la vie et à la mort. Ça pouvait paraître idiot mais c’était ainsi. J’avais mon honneur et mes causes, chacun sa façon de voir le monde. Nous n’étions peut-être pas du même monde à l’origine mais maintenant, ça n’avait aucune sorte d’importance. Il avait ma confiance, j’avais la sienne.
Je levais les yeux au ciel quand monsieur de Séverac prétendit attendre une invitation impériale. Double crétin ! Se contenter du maréchal ferrant… je lui en foutrais moi du maréchal ferrant. Pas que je n’étais pas fier de mon travail mais pour moi, ce qui me faisait vraiment vibrer, c’était le vol, le larcin, les causes que je défendais. Ce travail n’était qu’une couverture qui payait aussi. Pour un homme de mon rang, je n’étais pas censé vivre aussi bien… Résultat, je cachais mes facilités en facilitant la vie d’autres gens.

    - Étouffe donc toi avec ton invitation impériale et avec un fer à cheval crétin de Sombreval. Je maugréais mais ça n’avait rien d’inhabituel. Alors, c’est le soleil de plomb qui t’a sorti de tes combats ?

Même en réfléchissant bien, je ne comprenais pas trop cet engouement. Je n’avais jamais aimé me battre et encore moins être formé. Pour un homme originaire de Bellifère, j’étais mauvais représentant de mon Duché. Cela dit Melsant avait bien d’autres motivations. Chacun prend un chemin dans sa vie et l’un comme l’autre, nous n’avions pas prévu d’arriver là où nous étions, j’en étais persuadé.
Je regardais Melsant coller ses fesses sur le tabouret qui devait accueillir normalement la demoiselle qui venait regarder mon travail en cachette. Pauvre tabouret. Pas le même gabarit à supporter. Je me saisis de la gourde sans m’offusquer du fait qu’il buvait en premier, j’avais l’habitude. Pas très prudent de sa part cela dit mais je le lui avais déjà et tout ce qu’il avait trouvé à me répondre, c’était rien. Il avait haussé les épaules en levant les yeux au ciel. Comme quoi, nous nous ressemblions bien plus qu’au premier abord.
J’avalais de travers quand il se mit à parler. Toujours ici ? Il se moquait de moi là ? Comme si j’avais envie de passer mon temps dans les écuries du palais…

    - Je fais mon travail Tristan. Je repris une gorgée en lui rendant sa gourde. Tu crois que ça m’amuse de me balader hors de mon atelier et de repousser mes autres obligations ? Sérieusement. Je bougonnais quand il poursuivit comme si je n’avais rien dit. D’ailleurs, je bougonnais deux fois plus quand il eut fini de parler. Une fille ? Non mais tu plaisantes là. Tu sais ce que ça donne, tu m’as déjà vu à l’œuvre. Alors non, pas vraiment non. Des baffes, pourquoi avais-je ajouté ce pas vraiment…

Les femmes… grand sujet à problème dans mon cas. J’étais gauche, maladroit, ridicule en présence d’une femme qui se montrait intéressée et mon sens de l’observation n’étant absolument pas tourné vers le sexe opposé, je ne remarquais jamais rien les concernant si ce n’était les bijoux. Déformation professionnelle sans conteste. Je n’étais accessible que lorsque j’avais bu à plus soif et je n’étais jamais le premier à faire le pas décisif vers le bon temps qui s’en suivait. Piètre Don Juan, je ne comprenais pas les femmes et si je devais me faire apprécier de l’un d’elle, je ne saurais même pas comment faire.
J’étais sans doute l’homme le plus mauvais en la matière de tout Lorgol et à dire vrai, je m’en fichais comme de mon dernier larcin.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeMar 8 Jan - 23:28

    Plus que jamais, les changements qui avaient affectés Melsant se montraient lorsqu'il cotoyait Ayden. Quand il était encore un Séverac, il n'aurait pu permettre à quelqu'un d'une classe sociale inférieure à la sienne de lui parler sur ce ton... Et là, chaque insulte de son ami l'amusait, au contraire. Il savait qu'il l'énervait, et pour cela, il acceptait gaiement une rétribution, aussi osée soit-elle. Après tout, à force de cotoyer les gens du peuple, se glissait en lui la pernicieuse idée que tous les hommes étaient égaux.
    Il était difficile de remettre en question son entière éducation, et pourtant, il lui était impossible de nier les impressions qui le faisaient douter. Même si ses parents n'étaient pas des nobles très hautains et affirmés, ils maintenaient un certain rang, un certain rythme de vie... Et Melsant n'était plus certain que celui-ci lui convenait.

      - Ouais, le soleil et l'envie irrépressible de t'ennuyer, répondit-il avec un sourire moqueur, en voyant qu'Ayden commençait à bouillir intérieurement. Le prochain tournoi n'est que dans quelques jours... Rien d'extraordinaire, un bourgeois qui veut animer le mariage de sa fille. Je doute que les invités aient grand chose d'intéressant à offrir...


    Sous-entendu : à être dérobé. Melsant savait qu'Ayden assistait en grande partie à ses joutes pour pouvoir détrousser quelques spectateurs trop concentrés sur le combat pour s'en rendre compte. Le guerrier haussa les épaules. Finalement, sa condition d'appartenance à la Guilde l'obligeait à se montrer à quelques évènements bien rémunérés... Alors, comme son ami Maréchal Ferrant, il se pliait à la demande de l'emploi. Il ne tenait pas à être suspicieux en utilisant la fortune de son origine, il se forçait donc à gagner sa vie en tuant pour le plaisir.
    Pour le plaisir de ses clients, mais le sien également. Si Ayden n'était pas amateur de sang, Melsant, lui, n'imaginait pas son quotidien dépourvu de quelques bons coups, réciproques pour ne pas être sans défi.

    Néanmoins, un autre thème occupa sa curiosité, en voyant l'hésitation du Revrec à l'évocation d'une demoiselle... Tiens, tiens. Au départ, il n'avait énoncé cette hypothèse que pour blaguer, sachant très bien les tendances peu avenantes de son camarade dans ce domaine. Mais son attitude semblait cacher quelque chose... Quelque chose qu'il ne réalisait peut-être pas lui même, trop peu habile à ce genre de jeux.
    Melsant, quant à lui, n'avait jamais vraiment éprouvé de difficultés dans ce domaine. Il avait même plutôt bien profité de son statut, tant que son titre ne stipulait pas de prendre une épouse. Trop de belles femmes, trop d'opportunités... Que désormais, il se refusait. Il avait décidé de se consacrer totalement à sa quête, écartant tout ce qui pourrait l'en distraire : et les demoiselles avaient une facheuse tendance à lui compliquer la vie.
    Il fronça les sourcils, ne quittant pas Ayden des yeux, réellement intrigué par son comportement et sa réponse vaseuse.

      - Tu manques d'entrainement, c'est clair, approuva-t-il, en se retenant cette fois de ricaner, pour ne pas vexer le voleur maladroit. Ce n'est pas une raison pour ne pas essayer.


    Le tabouret grinça quand Melsant s'y mit plus à l'aise, cherchant une position confortable pour réfléchir, tout en observant la cour au dehors. Des valets et des servantes papillonnaient ça et là, transportant du linge, de la nourriture, garnissant le palais tandis que le peuple d'Arven souffrait de misère.

      - Je suis sûr que beaucoup te trouveraient à leur goût... Tu n'es pas obligé de parler ! Ajouta-t-il, en s'écroulant complètement de rire, repensant aux bégayements d'Ayden, face à une des serveuses de leur taverne favorite... Cette soirée, où Ayden lui avait montré pour la première fois son talent, avait été un des moments les plus mémorables de leur relation, pour Melsant. Quel est son nom ? Je ne peux pas t'aider si tu ne veux rien me dire ! Insista le Séverac, en calmant ses gloussements, pour ne pas agiter les chevaux.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeJeu 10 Jan - 5:28

Il m’arrivait souvent d’oublier que Melsant était un noble. Je devrais m’en souvenir, je le savais mais je n’y arrivais pas tout simplement parce qu’on avait fait assez de choses ensemble pour que ça me sorte de la tête. Je crois que la seule chose qu’ignorait Melsant à mon sujet était mon ignorance profonde en ce qui concerne mes origines. Étais-je vraiment le fils de mon père ou bien étais-je le bâtard que je pensais être. En réalité, je me voyais mal le lui dire alors que moi-même, je n’en savais rien et que je n’avais rien pour confirmer ou infirmer. Il y avait des choses avec lesquelles il ne fallait pas jouer.
La réponse qu’il me donna me fit sourire. Pour m’ennuyer, il n’était jamais le dernier. Rien de très surprenant puisque j’en faisais autant. Je tendis pourtant l’oreille quand il reprit la parole. Mon intérêt retomba pourtant très vite. Trop de risques pour pas grand-chose, autant ne pas prendre le risque.

    - Je vois… Encore ces gens qui étalent une fortune qu’ils n’ont pas vraiment. Évidement, je n’allais pas relever plus que nécessaire. J’étais maréchal ferrant et j’étais dans les écuries d’Augustus. Pas la peine de pester trop fort, soyons sérieux. M’en veux pas si je fais l’impasse mais je risque de ne pas apprécier l’ambiance. Autrement dit, rien à voler, pas la peine de se coltiner une pleine platée de nobles.

J’aimais voler oui mais je connaissais les limites. Le fait qu’on m’ait déjà surpris ne m’enchantait pas et me faire prendre ne me tentait pas non plus, surtout pour une misère. Dans le fond, j’étais un voleur de nuit. De ceux qui se balade sur les toits, qui passent par les fenêtres et se font oublier. Pour voler en plein jour, il fallait qu’il y ait une telle foule qu’on puisse se glisser dedans et disparaître, ainsi, personne ne soupçonnait rien. Mais les tournois, quand c’était pour un tel événement, ça n’avait rien d’intéressant.
J’avais du mal à comprendre comment Melsant pouvait tant apprécier les combats. Oui, on apprenait aux nobles à se battre, pour faire bonne figure ou bien pour la guerre en dernier recours mais Melsant appréciait vraiment le combat. J’espérais juste pour lui qu’il ne tomberait jamais sur plus fort et plus brutal. C’était mon ami malgré nos différences et je me sentirais obligé de venger cet imbécile parce que j’étais ainsi.

Quand il avait commencé à parler de fille, je m’étais retranché vite fait mais pas assez vite. Il avait vu quelque chose ou entendu du moins. Je n’aimais pas ça. À tous les coups, il allait se mettre à se payer ma tête tout en ne cessant pas de parler en sous entendus ridicules. Et comme je l’avais deviné, c’était parti. Tu n’as qu’à essayer et j’en passe, j’attendais la suite.
Le tabouret grinça et je grimaçais. Qu’il tâche de ne pas me le rendre en miette au moins. Quand je grimaçais à nouveau, c’était pour autre chose. Que beaucoup me trouvaient à leur goût, je le savais déjà. Que je puisse réagir était autre chose. Il me fallait une bonne dose d’alcool pour faire exploser ma maladresse. Et puis voilà maintenant qu’il me demandait son nom. J’avais envie de le mettre en bas de ce fichu tabouret.

    - Tristan… Si pour approcher une femme sans m’emmêler les pieds, les mains et la langue, je dois passer mon temps imbibé, n’y compte même pas. Je sais que j’ai l’air bête mais n’en rajoute pas. Et puis je ne suis pas intéressé. Elle est juste curieuse de me voir travailler. D’où le tabouret… Il n’était pas idiot, moi pour le coup par contre… Je n’ai pas besoin d’aide vu que je ne suis pas intéressé et réciproquement. Mais j’vais quand même te donner son nom pour que tu me fiches la paix. Elle s’appelle Ariadne et permets-moi de te dire que je fais la conversation pour deux.

Crétin définitif… Si j’en savais autant, c’était forcément qu’elle m’intéressait un tout petit peu sinon, je ne saurais rien du tout. Elle fallait bien que je me renseigne un peu non ? Elle venait souvent me voir travailler. Le minimum, c’était quand même s’en apprendre un peu sur elle pour pouvoir communiquer mais Melsant allait se monter le bourrichon, c’était tout vu.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeJeu 10 Jan - 21:38

    Comment ça, il ne viendrait pas le voir se battre ? Melsant aurait du être vexé, surement, non ? Mais bon, il comprenait son ami, et c'était bien la raison pour laquelle il l'avait prévenu : il savait que les effusions de sang n'étaient pas des raisons suffisantes pour l'attirer hors de sa forge. Et puis, plein d'orgueil, le Séverac se disait qu'il n'y avait pas non plus énormément de suspense dans ses exhibitions, puisqu'il finissait toujours pas remporter ses joutes : il n'avait pas tord, même s'il aurait du prendre garde à se montrer plus modeste, au cas où, un jour, il tombe sur plus fort que lui - ou plus malin, comme cet Idriss envieux qui trafiquait les armures. En même temps, le guerrier passait ses journées, entières souvent, et parfois le soir, à s'entrainer, encore et encore, inlassablement.
    Ainsi, il était prêt, et dès que l'occasion se présenterait, il n'hésiterait pas à se hisser aux côtés d'Augustus. Il ne mourrait pas avant, de ça, il en était absolument certain, et ferait tout pour.

    Si Ayden avait du mal à envisager sa passion, lui-même ne partageait en rien ses tendances de voleur : jamais Melsant n'aurait eu l'idée, ou osé, substituer à quelqu'un sa bourse ou ses bijoux, dusse-t-il être le marchand le plus odieux de Lorgol. Il préfèrait régler ses conflits par un affrontement direct, et non des fourberies détournées... D'ailleurs, le mental ne suivant pas, le noble déguisé n'aurait surement pas été très habile et discret à la tâche.
    Mais si ce genre d'occupations satisfaisaient le Revrec, alors, il en était heureux pour lui, et n'aurait jamais songé à l'en empêcher, malgré les premières interrogations qu'il s'était posé à ce sujet, et dont il lui avait fait part, au début de leur rencontre.

    Bref, il n'allait pas lui en vouloir de ne pas le supporter pendant un tournoi, au contraire. Il apprécierait mieux de se concentrer sur son adversaire, que sur son compagnon qui tirait la gueule en essayant de tirer autre chose de la pauvre bourgoisie, sans succès.
    De quoi gâcher son plaisir, presque.

      - T'en fais pas, on s'retrouvera à la taverne juste après, pour fêter ma victoire ! Déclara-t-il, sans tolérance de refus, cette fois. J'offrirai ma tournée, ajouta-t-il avec un clin d'oeil extrèmement prétentieux, probablement pétri dans l'inconscience que lui conférait sa force et sa jeunesse.


    Les spectacles de ce genre avaient beau être redondants, et peu prestigieux, ils payaient bien, heureusement. En ces temps difficiles, Melsant avait vite saisi la valeur de l'argent, qu'il n'avait jamais ressenti aussi fort lorsqu'il se prélassait dans ses domaines de Séverac.
    Il avait au moins cette conviction là en commun avec Ayden, et chacun à sa manière y contribuait.
    Pour ce qui était des femmes, néanmoins, là encore, leurs différences les rapprochaient.

      - Aha ! S'exclama Melsant, en signe de victoire, quand le Maréchal Ferrant finit enfin par lui livrer un nom - nuancé par le reste de son discours. Ariadne... C'est pas mal, c'est doux. J'espère qu'elle l'est aussi... Y'a des cinglées, tu sais, je ne voudrais pas que sur toutes ces belles filles, tu choisisses une sorte de harceleuse perverse.


    Il ne voulait pas se montrer pessimiste à présent que Ayden s'était confié à lui, mais franchement, une fille qui le matait en train de travailler et ne décrochait pas un mot, ça lui aurait fiché la trouille un peu, à lui. Les gens perturbés mentalement avaient le don de mettre le Séverac très mal à l'aise, et il ne voulait pas que son ami commence à se jeter dans une histoire de cette sorte.
    Mais d'un autre côté, quelle que soit cette demoiselle, cela ferait du bien à Ayden de se décoincer, de se détendre.

      - Que je te fiche la paix ? Tu es vraiment trop naïf... Je te laisserai tranquille quand tu seras curieux de voir sous ses jupons, toi ! Sourit le fier combattant, en se frottant les mains. Si parler ne marche pas, tu devrais passer à l'action. Certaines filles sont plus physiques et moins timides qu'on le croit.


    Melsant de Séverac était un grand romantique.
    Plein de sensibilité.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeVen 11 Jan - 12:55

Melsant pouvait bien faire son effarouché... il savait que je n'aimais pas les combats même si en vérité, un jour, je serais sûrement forcé d'apprendre une chose ou deux. En attendant, je m'esquiverais. Je n'avais aucune envie de faire chou blanc dans les poches des riches en plein jour. Melsant aimait les joutes, les batailles, le sang. De mon côté, j'aimais voler, j'aimais la nuit et la discrétion. Nous n'étions pas vraiment du même moule tous les deux et pourtant nous étions amis. Tant de choses nous opposaient mais nous étions amis et confidents. J'aurais mis ma vie entre ses mains sans hésiter une seule seconde mais ses joutes... non merci. Je trouvais ça parfaitement inutile et surtout dangereux. Pour un noble, je trouvais qu'il aimait faire couler le sang, il se serait sans doute bien entendu avec mon frère. Bellifériens, Cielsombrois, même combat pour le sang. Je faisais un peu tache dans le tableau.
Le principal dans le fond c'était que l'un et l'autre, on ne s'encombrait pas. On ne se comprenait pas toujours, c'est sûr mais ça ne nous empêchait pas d'être ami. Parfois, la bizarrerie de la chose me sautait aux yeux et à d'autres moments, je ne m'en formalisais pas le moins du monde.

Je souris à sa remarque. Évidement qu'on se retrouverait après et si en plus c'était sa tournée...

    - Mais dis-moi... Tu comptes être généreux comme ça souvent ? Une tournée ? T'es sûr que tu te sens bien ? T'es pas souffrant là par hasard ? Et puis ne fais pas ton vexé, tu sais que les joutes, c'est pas mon truc surtout s'il n'y a rien à faire pour moi. Souris Tristan, on boira quand même ! De quoi faire rager un peu Melsant au passage. J'adorais le faire rager.

D'ailleurs... il pouvait parler à me voir toujours travailler ici. Après tout, il passait son temps à combattre pour de l'argent. C'était un peu gonflé de sa part mais encore plus de m'avoir fait la remarque. Je pouvais pas lui en vouloir, j'aurais fait pareil en fait. En revanche, quand il se mit à palabrer à propos d'Ariadne, je décrochais.

    - Et c'est là que ta franchise te ferait manger un râteau. T'es parfois con tu sais ? Si elle, c'est une harceleuse, moi, je suis un combattant de premier ordre. Elle bosse ici pour... mince comment il s'appelle déjà ? Je me concentrais deux secondes histoire de retrouver tout ça. Castiel de Sombreflamme ! C'est à son service qu'elle est je crois.

Je ne savais pas à quoi pensait précisément Melsant mais si j'avais su, je crois que je lui aurais mis mon poing sur le nez. Par moment, ce type me faisait de la peine tant il était doué en relation humaine. Dire qu'il osait me faire la leçon...

    - Hey Sombreval ! Si tu continues, tu finiras la tête dans le foin ou du foin sur la tête. T'es un vrai tombeur toi hein ? J'suis sûr que les femmes t'adorent quand tu leur parles jupons pas vrai ? J'ai peut-être l'air d'un parfait crétin quand une femme m'approche mais au moins, je tiens ma langue. Je ne disais pas que j'étais le mec le plus respectueux qui soit mais quand même... Parfois, je me demande si t'es vraiment humain.

Je me dirigeais vers les chevaux et je rassemblais mon matériel. Je n'avais plus grand chose à faire, je m'asseyais finalement sur un sceau retourné. Par moment, j'étais à deux doigts de le cogner. Je voulais certainement en apprendre plus sur Ariadne mais vu le temps qu'elle mettait à approcher, si j'agissais comme le conseillait Melsant, elle fuirait plus vite que ses jambes ne pourraient la porter.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeSam 19 Jan - 1:51

    Bah oui il était généreux ! Aurait-il pu s'offusquer. Mais bon, depuis qu'il était arrivé à Lorgol, il était surtout pauvre, et il avait eu du mal à s'habituer. Maintenant que les combats payaient bien, il pouvait se permettre de retrouver quelques unes de ses vieilles habitudes sans éveiller les soupçons - car il s'agissait toujours de ça : rester discret, sans trop l'être.

      - Oh, mais si t'as pas envie, j'te force pas ! Renchérit Melsant aux moqueries de son ami, les dents un peu serrées. Tu peux rester en compagnie plus charmante de tes cannassons...


    Et de cette mystérieuse fille, dont il ne parlait qu'à moitié. Le Séverac avait touché juste et il le sentait... Il ne restait plus qu'à le faire avouer à Ayden, et lui arranger le coup. Chose qui n'allait pas être si facile, vu comme le maréchal ferrant était réfractaire à toute technique brutale, ou toute manière de drague tout court.
    Elle bossait donc pour Castiel de Sombreflamme. Melsant fronça les sourcils. Il l'avait vu s'entrainer, la semaine précédente, dans l'arène : sa vie de banquets lui allait bien mieux que celle des combats. Castiel était entourée d'une étrange réputation, depuis le dernier mariage au palais, et bien avant, sa réception qui avait tourné au massacre. Melsant, qui n'appréciait pas non plus sa position vis à vis de lui à Sombreciel, secoua la tête.

      - Laisse tomber, aux mains de ce dérangé, elle ne va pas tarder à perdre la raison comme lui... Soupira-t-il, pour bien montrer au Revrec sa désapprobation. Rien que de penser aux rumeurs qu'il avait entendu sur ce qu'il se passait en son domaine, Melsant en frissonnait. La folie étreignait clairement l'âme de ce Duc. D'ailleurs, ça m'fait penser, il parait qu'il va y avoir une nouvelle union à la cour bientôt. L'héritière d'Outrevent, Lisbeth, avec un marin.


    Enfin, pas un marin, puisqu'il était d'une noble lignée, mais bon, le Séverac se comprenait. En quoi cela les intéressait-il ? Et bien, le guerrier était curieux, tout simplement, et il voyait là peut-être l'occasion de se glisser parmi les gardes officiels : après tout, la sécurité allait surement être renforcée, pour qu'il n'y ait plus de débordements.
    Il secoua la tête, perdu dans ses pensées, pour revenir au sujet premier, et plus gai, de leur discussion.

      - En effet, j'me débrouillais pas trop mal, à l'époque ! Rigola-t-il, en prenant la boutade d'Ayden comme un compliment. Après tout, avant qu'ils se rencontrent, il avait eu pas mal de conquêtes : étaient-elles vraiment attirées par ses belles paroles, ou plutôt par son titre ? Melsant ne voulait pas connaitre la réponse, au fond. Bien sur qu'elles aiment parler de leurs vêtements, y'a pas grand chose d'autre qui intéresse une femme, alors c'est la meilleure façon de les leur enlever !


    Merci Melsant pour cette magnifique leçon de machisme, encore une fois - il en avait beaucoup comme ça, en stock. Pour lui, les demoiselles étaient contraintes à s'occuper de leurs affaires : lessive, cuisine, les tâches ménagères leur incombaient naturellement. Son opinion s'était néanmoins adoucie à ce propos, depuis qu'il mettait la main à la pâte, et aussi depuis qu'il réalisait que ce n'était pas le quotidien qu'il souhaitait réellement pour ses soeurs adorées.

      - C'est toi qui est bizarre, mon vieux, à te prendre la tête pour une qui veut pas te parler, apparemment, alors que y'a pleins de filles à la taverne aussi jolies, j'suis sûr ! Insista-t-il lourdement, refusant de croire qu'il puisse avoir tord. En tout cas, je crains plus la rage de Castiel quand il saura que t'essayes de lui piquer un de ces jouets, que tes menaces sans suite ! Ajouta-t-il, en essayant cette fois de le dissuader.


    Melsant n'avait pas vraiment peur du Duc, mais il se méfiait quand même de ces sales tours... Rien de bon ne ressortait jamais des discussions sur ce personnage impossible à définir.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeSam 19 Jan - 8:56

En compagnie de mes canassons... Et si je lui collais des baffes à mon meilleur ami guerrier ? Voilà qui était une idée charmante et plaisante mais pas très intelligente. Si je manquais cruellement de capacité en combat, je ne manquais pas de ressources. Il n'empêche que je n'avais pas envie de ronchonner plus que nécessaire.

    - C'est que tu mordrais presque quand t'es contrarié, t'es mignon Sombreval. Je souris pour l'enquiquiner avant de laisser tomber l'affaire.

À écouter Melsant, cette fille était en sursis. Je ne connaissais pas franchement ce Castiel de Sombreflamme et je n'en avais rien à faire. De plus, je n'étais pas intéressé par elle, elle me regardait bosser, il n'y avait strictement rien mais Melsant semblait croire le contraire. Ce type ne pouvait pas voir une femme autrement que comme une partenaire potentielle. Par moment, je le plaignais.

    - Écoute, cette fille ne m'intéresse pas, mets-toi ça dans le crâne Tristan. Elle est gentille, elle est jolie et viens me voir travailler ? Ça s'arrête là. Tu penses avec quelle partie de ton corps ? Quant au mariage, je le savais, j'avais été chargé de m'occuper de tous les chevaux avant l'événement, au cas où. Aucun intérêt d'après moi mais j'étais payé alors... Tu sais que tu mérites parfois des baffes ou mieux, de te manger une poutre sur la tête ? Les femmes ne se résument pas à ça, tu devrais pourtant savoir qu'elles sont parfois aussi capable que nous. Crois-moi, j'en ai vu à l’œuvre alors si tu gardais tes commentaires ? Là dessus, mes opinions divergeaient des siennes et ça ne risquait pas de changer. Le pire, c'était qu'il le savait !

Parfois, je me disais que mon ami n'était pas franchement commode. Entre son amour des combats et sa vision des femmes, il y avait de quoi nous engueuler souvent. Mais nous étions amis et il fallait croire que ces différents n'étaient pas suffisant. D'ailleurs, je continuais à l'écouter et je levais les yeux au ciel.

    - Qui t'a dit qu'elle ne voulait pas me parler ? Cette fille est muette Sombreval... Elle est muette, elle ne peut pas parler. Et pour son maître, figure-toi que moi aussi j'ai pensé qu'il ne valait mieux pas trop qu'il sache qu'elle venait me voir bosser pendant son temps libre. Le truc, c'est que j'ai aucune envie de la privé de cette distraction. Franchement, tu ferais quoi à ma place petit génie ? Tu l'empêcherais de profiter un peu de la vie alors qu'elle est coincée ici ?

Je savais qu'il n'avait pas tort mis ça n'était pas dans mes habitudes de dissuader quelqu'un et encore moins quelqu'un qui avait besoin d'un passe-temps. Cette fille n'avait rien de dangereux quant à son maître, aucune idée de qui il était vraiment, j'avais un peu de mal à m'intéresser à ce qui se passait à la Cour si ça ne concernait pas mon travail. Ceci dit... j'avais entendu pas mal de rumeur sur ce gras-là mais quant à savoir si c'est vrai...
Je m'étirais avant de le regarder. Je savais qu'il s'inquiétait un peu pour mon cas et je l'en remerciais mais si ça lui suffisait comme raison pour tenter de me coller dans les bras d'une femme ce soir et de me noyer dans l'alcool... Je n'étais pas vraiment pour mais pas vraiment conter non plus. C'était assez compliqué. J'aurais voulu pouvoir me démerder seul avec une femme mais ça ne marchait pas comme ça. J'avais des scrupules, c'était ainsi, je n'avais pas la vision des femmes qu'avait Melsant et il ne pourrait rien y changer. Oui, j'étais bizarre , on me le répétait assez souvent.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeLun 21 Jan - 8:11

    Malgré son évident désaccord avec Ayden, Melsant le comprenait... En quelque sorte. Et il respectait son choix... En partie. Bien sur, ils n'avaient pas été élevés de la même manière, et il aurait été utopiste de croire qu'ils pouvaient s'entendre sur tout. Néanmoins, ils ne faisaient que plaisanter de ces différentes, et ne se disputaient pas réellement. Ils trinqueraient le soir venu avec autant d'enthousiasme que s'il avait trouvé un compromis.

      - Toi en tout cas, c'est sur que tu n'agis pas beaucoup avec cette partie de ton corps ! Rétorqua le guerrier, en s'amusant de l'air offusqué du maréchal ferrant. Oui, peut-être qu'il était un peu rustre, et obtus, mais en tout cas, au moins, il ne martyrisait pas les demoiselles comme certains nobles imbus de leur pouvoir. Probablement parce qu'il les imaginait fragile, ce qui enlevait certes du charme à ce trait de caractère. Une muette...


    Le Séverac aurait pu sortir tout un tas de blagues vaseuses à ce sujet, et un lot de reproches aussi, mais cette déclaration le laissa juste songeur. Il savait maintenant, pour avoir trop cotoyé cette misère qui sévissait sur la ville, que les fillettes ne perdaient pas la voix sans raisons, et qu'il y avait derrière cet handicap des atrocités qu'il n'était même pas capable d'évoquer.
    Le pire était que ces maltraitances étaient courantes, connues de tous, mais gardées dans un secret hypocrite, écoeurant.

      - Ta vie m'importe plus que la sienne, avoua le Séverac, d'un soudain sérieux, presque emprunt de tristesse.


    C'était sans doute affreux à déclarer, mais c'était la vérité. Ils ne pouvaient rien faire pour une servante, qui, dans sa condition, risquait surement de mourir le lendemain, ou plus tard. Par contre, ils se serraient les coudes entre eux, pour survivre, parce qu'ils avaient la chance d'être plus libres. Un instant, Melsant envisagea de perdre Ayden, et il frissonna, malgré la chaleur ambiante.
    Quelle que soit cette demoiselle, et aussi méritante fut-elle du plaisir que lui offrait le Revrec, elle ne vaudrait jamais le sang de son ami.

      - Bon, t'as bientôt fini ou quoi ? Ils m'ont l'air bien ces fers, s'impatienta-t-il plus joyeusement, essayant de détourner la conversation sur un sujet plus heureux. Tu sais, à être trop consciencieux et perfectionniste, ça te donne un genre bizarre... On pourrait croire que t'es de ceux qui aiment les hommes. Surtout devant son désert de relations avec des femmes. Le Séverac fit une mine faussement méfiante, en guise de dernière pique avant de s'en aller et de le laisser travailler en paix. J'ai dis à la Grosse Berthe qu'on y serait au coucher du soleil, alors je vais préparer mon équipement pour demain, et on s'y rejoint après.


    Melsant se releva enfin, dans un dernier grincement, et épousseta rapidement ses épaules, engluées de sueurs. Encore un jour passé trop vite, dans la ville de son ennemi juré. De quoi serait fait le suivant ? Ils allaient profiter ce soir en tout cas, comme si c'était le dernier, comme chaque moment qui semblait prêt à basculer dans le chaos. Tout pouvait arriver, en un claquement de doigt d'Augustus, ou un battement d'aile de dragon.
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MessageSujet: Re: Battre le frère tant qu'il est chaud...   Battre le frère tant qu'il est chaud... I_icon_minitimeLun 21 Jan - 11:52

Si je ne pensais pas qu’avec cette partie de mon corps ? Effectivement… Ou plutôt, disons que j’étais bien obligé d’en faire abstraction vu ma maladresse flagrante avec les femmes. Melsant le savait mais il n’était pas forcément obligé de tout savoir à ce sujet. Il en rigolait bien assez comme ça. Je n’allais pas lui donner d’autres raisons de se payer ma tête.

    - Encore heureux, un de nous deux est au moins capable de réfléchir avec sa tête. C’était une pique gentille, c’était une habitude de toute manière.

Je savais mieux que quiconque qu’il n’était pas le pire des hommes envers les femmes. Nous ne serions pas amis dans le cas contraire. Un peu de respect ne faisait pas de mal mais Melsant restait le type même du gars qui voit une femme à la maison et certainement pas à faire autre chose. Il aurait adoré mes sœurs, je n’avais pas le moindre doute.
Mais à la mention de la muette, je hochais la tête. Oui, une muette. Ariadne était une fille qui n’avait pas de bol et qui osait seulement s’approcher, je n’allais pas l’éjecter sous prétexte que son maître risquait de me tomber sur le coin de la figure. Je savais que Melsant aurait préféré que je m’abstienne mais il savait que je ne m’abstiendrais pas de la laisser dans son coin.

    - Je sais Tristan, t’inquiètes donc pas, j’lui ai pas sauté dessus alors relax, son maître ne doit même pas savoir qu’elle vient me voir bosser alors reste tranquille. C’étais touchant de sa part de s’en faire à ce point pour moi mais il avait des raisons de s’inquiéter, sans conteste.

Si lui arrivait à déclarer ça ainsi… J’avais plus de difficulté. En effet, j’étais le défenseur de presque toutes les causes perdues, y compris les miennes. Mais je ne ferais rien pour risquer ma peau, ça, c’est évident. Je n’étais pas particulièrement pressé d’en finir avec la vie.
Pourtant, si j’étais menacé, je ne ferais rien pour le mettre en danger. Aucun risque pour que Melsant soit mêlé à mes histoires, je ne lui ferais pas une chose pareille. J’assumais mes propres ratés ou plutôt, je me débrouillais pour m’y soustraire sans que personne n’y soit mêlé.

Là-dessus, il enchaîna sur autre chose, la conversation le dérangeant plus qu’il ne le laissait paraître. Il râlait sur mon acharnement au boulot mais en tête temps, je préférais être sûr plutôt que de devoir revenir encore. En revanche, sa remarque me resta en travers de la gorge.

    - Sombreval, garde tes remarques sur ces moitiés d’homme tu veux. Ne me compare pas à… ça. Tu m'insultes ! Aucune tolérance sur le sujet, c’était bien la seule chose que mon Duché avait réussi à me coller dans la tête. Un homme et une femme, une femme et un homme mais en aucun cas deux hommes. On n’avait pas idée d’en arriver à ce genre de choses. C’est ça oui, va donc à la taverne, je te rejoins quand j’aurais fini et tu me dois un verre pour cette insulte. D’ailleurs pour ta gouverne, si je contrôle mon travail, c’est pour être sûr de ne pas devoir revenir trop souvent.

Bon, je m’étais peut-être un peu emporté mais c’était une chose sur laquelle je restais susceptible et de mauvais humour. Quoi qu’il en soit, je serais à la taverne le soir même, comme promis. Je regardais Melsant partir tout en pestant encore un peu sur la malheureuse comparaison. Comment pouvait-on supporter ce genre de choses… Ou pire, le faire !
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