Enquêter dans les jardins

Le Jardin des Roses

Les parterres au centre

Écarter les roses

Curieux d’explorer l’endroit où vit mon demi-frère, j’ai laissé mes oreilles traîner. Ça et là les rumeurs vont bon train. À mes yeux, les rumeurs sont comme la fine neige recouvrant les chemins, elle masque l’essentiel.

Me comportant naturellement, je me promène comme si je n’avais rien à cacher, comme si ma présence en ces lieux était légitime. Le naturel permet de passer où notre cœur veut aller et le mien est curieux de voir à quoi ressemble les jardins de mon frère, jardins que nombre de cielsombrois prétendent qu’ils sont les plus beaux d’Arven. J’en jugerais bien assez tôt car dans cette oasis de verdure, j’y suis déjà.
Sur mes épaules, nulle cape et nul veston. Si l’air semble froid à la majeure partie du peuple de Sombreciel, il n’est pour moi qu’une brise agréablement revigorante. Je suis habitué au climat de Nightingale et soudain, toutes ces fleurs me semblent incongrues. Des roses poussant ça et là, entretenues sans trop l’être. La vie de ce lieu lui semble propre et intrinsèquement liée à ce chaos soigné.

Pourtant, un massif attire mon œil. Vaste massif s’élançant vers le ciel, rien ne semble pouvoir passer au travers. Les parterres semblent avoir déjà été dérangés et pourtant, la curiosité m’étreint. Les cielsombrois sont réputés pour avoir les idées les plus farfelues qui soit, alors pourquoi n’y aurait-il pas quelconque allée dissimulée ou un autre petit jardin.
Ce demi-frère inconnu me réserve bien des surprises et quelle surprise… En écartant les roses, mon regard se pose sur une pierre tombale. Ici semble reposer une certaine Asma Angham. J’ignore ce qui lui est arrivé mais il n’est pas correct de déranger la sépulture d’un mort.

M’écartant de ma découverte, il me semble nécessaire de dire quelques mots mais si ma pensée est organisée, rien ne sort de ma bouche comme il le devrait. Je bégaie, moi qui ai toujours eu le parlé franc. Par la barbe gelée du doyen Chante-If, que m’arrive-t-il ?
Il est temps de tourner les talons et d’oublier un instant cette étrange découverte, pourquoi donc les mots buttent-ils ainsi sur ma langue ? Par les Dragons que c’est agaçant !