Ce soir-là, à la Cour des Miracles, se déroulait une scène dont Philosophe se fichait complètement, il avait d’autres projets. Ce soir-là, le voleur du cristal de la Reine a disparu, enlevé par son propre corps, captif de son propre esprit, mis à terre par celui d’un être plus puissant.
Ses pas l’ont éloigné de son précieux refuge et ses empreintes ont été effacées. Plus d’Ayden Revrec, fils de Bellifère, contenant ses envies de sang par des prises de risques stimulantes. Plus de balades en pleine liberté pour oublier.
Dans la tour de Sinsarelle, une femme qui n’en était pas une. Une femme dans des vêtements d’homme. Une femme avec les mains fines et calleuse des maréchaux ferrants. La magie a mis du temps à œuvrer et l’instigateur de ce projet dément n’en a rien raté. Curiosité toute scientifique dureste… Ce corps sera fatigué, il le sait, son propriétaire ne peut s’y faire facilement, ni rapidement.
Dans un lit qui n’est pas le sien, une femme dort dans des vêtements d’homme. Ses vêtements sont sales, usés par un travail éprouvant, elle a de la paille dans les cheveux, de la chaux. Elle n’est pas à sa place.
L’être endormi s’agite, elle se retourne. Quelque chose la gêne, plusieurs en fait. Son nez la chatouille à cause de ses cheveux, mais ils ne peuvent être aussi longs. Ses vêtements trop larges sont dérangeants, elle remonte son pantalon. Pourquoi a-t-elle l’impression d’être touchée par quelqu’un d’autre ? Pourquoi se sent-elle si légère ?
Dans les brumes de son esprit ensommeillé, elle pose les pieds au sol en baillant. Depuis quand ses bottes sont-elles trop larges ? Elle ouvre des yeux ronds en voyant la finesse de ses mains.
Dans la tour de Sinsarelle, un cri retentit pour ensuite être étouffé.