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 Le Cristal de la Discorde

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 Admin ♥ Maître des Ombres

Hiémain de Sylvamir
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MessageSujet: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeDim 13 Oct - 16:04




3 novembre 802
Le Cristal de la Discorde
Où sera la paix ?


  •  Nom des participants : Hiémain de Sylvamir, Castiel de Sombreflamme, Sigvald Nightingale, Svanhilde Nightingale, Mélusine de Séverac (PNJisée), Liam d'Outrevent, Ermelinde Faucheclair, Answald Vifazur, Joséphine Siguardent, Shandor Harpelige.
  • Statut du sujet : Réunion tupperware :geugeu:
  • Date : 3 novembre 802
  • Moment de la journée & météo : Nuit
  • Saison 2, chapitre 2





Dernière édition par Hiémain de Sylvamir le Mar 15 Oct - 16:01, édité 2 fois
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Hiémain de Sylvamir
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeDim 13 Oct - 16:38

Sombre nuit à venir. Ce n'était qu'un pressentiment qui battait de plus en plus à l'esprit de Hiémain, ce soir masqué, car il était le Fils des Ombres, et accueillerait les souverains lésés, comme il l'avait promis voilà trois jours passés. Durant ce temps, il n'avait cessé de songer, mais sur son honneur, il respecterait son engagement. Et pourtant, il craignait que quelque chose n'arrive. Car au delà de faire entrer des étrangers dans la très secrète Cour des Miracles, ce qui le dérangeait beaucoup en soi, il y avait un souffle de magie qui se berçait autour du cristal tant désiré, et ça, ce n'était pas forcément de bonne augure. Vêtu d'une longue cape noir, le visage masqué et la capuche relevée, il attendait la venue de ceux qui seraient les nouveaux détenteur de ce trésor. Ce n'était point l'objet qui intéressait, mais la femme qu'il abritait en son sein. La reine de Nightingale, la femme sacrifiée pour mettre fin au tyran régnant. Et aujourd'hui, l'on venait la réclamer. Qui sait ce qui en découlerait. Peut être était-il tout bonnement impossible de la libérer. Hiémain là dessus n'avait aucune idées, et il n'était pas vraiment certain de vouloir en savoir plus malgré la curiosité latente.

Des bruits dans les escaliers. Combien de personne attendait-il ? Mélusine, sa chère Mélusine. Les Roi de Nightingale et Sombreciel. Et semblait-il un invité, que tout le monde du moins connaissait. Le Fils des Ombres avait eu beaucoup de mal à accepter ce dernier à entrer, mais poussé par quelques arguments, il avait cédé. Dans tous les cas, chacun d'entre eux, à l'exception de Mélusine, avaient eu les yeux bandés et s'étaient fait guider jusqu'à cette tour où ils retrouveraient la vue seulement en ces lieux cachés. Toutes les précautions étaient nécessaires. Lui même ne révèlerait pas son nom. Il serait le Fils des Ombres, le Roi des Voleurs et uniquement lui ce soir. Joséphine était déjà là, présente devant le cristal, le bébé dans les bras. Celui ci ne dormait pas, et semblait presque conscient de la scène qui allait se dérouler devant ses yeux d'enfant.

La porte s'ouvrit. Le souverain des voleurs fit fière allure, et ordonna à ce qu'on rende la vue à ses invités. Enfin, après quelques secondes de silence pesant, lui, le roi en sa demeure, le chef de ces lieux éleva la voix.

« Vos majestés, soyez les bienvenues. Pardonnez moi l'impolitesse de cette arrivée, mais comprenez que les secrets doivent être gardés. Maintenant comme promis, voici le cristal, la reine Svanhilde Nightingale, et l'enfant Sigal. »


Il se décala pour laisser place aux concernés. Il semblait plus à une ombre noire, un faucheur dans la nuit, mais la grandeur de sa prestance n'était nullement contestable. Un mot de sa part, et tout, oui tout pouvait prendre fin. À moins que le pressentiment qu'il n'avait senti plutôt ne vienne se joindre au moment présent...
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Castiel de Sombreflamme
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeDim 13 Oct - 17:07

Le bandeau sur tes yeux pourrait ne pas te rassurer. Mais tu fais confiance à cette silhouette masquée qui vous guide dans la si secrète Cour des Miracles. Peut-être parce qu'à tes côtés, il y a Mélusine, dont tu as tenu la main comme un enfant incertain le ferait avec une grande sœur protectrice. Peut-être aussi parce que tu n'es pas seul. Qu'il y a avec toi, avec vous, d'autres hommes auxquels tu confierais ta vie. Rien de moins. À tes côtés marche ton invisible Familier, qui a refusé de te quitter dans ton périple lorgolien, et il s'efface lorsqu'on retire le bandeau de tes yeux. Vous êtes enfin là. Tu t'inclines devant le chef des lieux – n'est-il pas Roi, comme vous l'êtes vous-mêmes ? Sigvald et toi. Et Liam d'Outrevent, également, qui mérite bien plus ce titre que la divertissante péronnelle qui siège actuellement sur le trône d'Outrevent. Roi des Rebelles, à tout le moins. Tu t'inclines et dès que tu te relèves, c'est pour regarder le cristal. Joséphine. Sigal.

Tu n'es pas calme, Castiel, tu n'es pas ce Roi mesuré que tu n'as jamais été eu, cet homme réfléchi. Avant Sigvald, tu t'élances vers Joséphine, dans un pas presque de course. Tu t'élances vers ton amie d'enfance et tu la serres dans tes bras, plaquant un chaud baiser sur son front. Dire que tu as douté d'elle, alors qu'elle n'a été victime de toute cette mascarade comme vous tous ! Tu lui en as tant voulu, alors que tu faisais exécuter le garde des jardins, mais maintenant qu'elle est là, contre toi, Sigal entre vous, tu ne lui en veux plus. La flamme recommence à brûler, à briller, non plus destructrice, mais réconfortante. Heureuse. « Oh, Joséphine... » Et de ce murmure, tu lui pardonnes. Tu te pardonnes également. Tu te pardonnes alors que tes bras prennent délicatement Sigal de ses propres bras, de sa propre étreinte. Tes yeux noirs qui rencontrent, encore une fois, ses yeux de saphir, de mers agitées, de ciels clairs, et tu faiblis encore pour elle. Castiel de Sombreflamme, tu es tout dévoué à cette enfant, à ce bébé qui est témoin de cette étrange scène. Qui en sait bien plus sur l'univers que vous tous. Le sourire que tu avais perdu revient sur ton visage, qui s'éclaire quand elle gazouille finalement. Te reconnaît-elle ? Ton visage pâle et cerné, mais aux yeux à nouveau vivants ? Réagit-elle à ta présence magique, qu'elle a côtoyé alors qu'elle n'était même pas encore née ? Ta magie chaude et enveloppante, comme un cocon autour de toi ? Le souffle du vent alimente le feu, les flammes, et bien qu'invisible, tu entends distinctement ton Familier ronronner avec force. Un moment de pur ravissement, d'amour inconditionnel, avant que tu relèves la tête et te rappelles que le Roi de Nightingale est également là. Pour son enfant. Un rire presque flûté, enfantin. Incongru venant de toi. « Pardonnez-moi. » Je me suis tant inquiété. Je l'aime tant.

Tu la donnes avec douceur à Sigvald, restant encore quelques secondes énamouré devant ce visage parfait, ces yeux envoûtants. Et tu te détournes. Vers le cristal. Vers Svanhilde. Tu mets un genou en terre, baisses la tête devant la Reine de Nightingale. Tu sais que ta faute n'est pas réparée. Tu ne te pardonneras jamais certaines choses. Tu offres ta nuque à un courroux que tu es prêt à subir venant d'elle.

« Ma Reine. »
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeDim 13 Oct - 17:41

Enfin… Enfin ce jour que tu attends avec impatience, rage, crainte et espoir. Un espoir dont tu as désespérément besoin. Des voleurs, à n’en pas douter, vous ont guidé dans des endroits que tu avouerais volontiers ne pas connaître. Pourtant, tu en as visité des lieux… les yeux bandés ou non, tu pourrais en reconnaître. Mais pas cette fois.
À tes côtés, Castiel, Mélusine et Liam. Il ne fut pas facile de le faire accepter dans cet entreprise mais il avait combattu aux côté de ta Svanhilde, ton aimée. Il avait le droit de voir sa compagne d’armes, de voir la fille qu’il avait aidé à mettre au monde, ton enfant qu’il avait sauvé.

Enfin, votre cheminement se termine, on t’enlève ton bandeau. Tu remarques immédiatement le cristal mais tu remarques aussi ton bébé, ta toute petite. Par les Puissances… Tu ne sais si tu rêves ou non. Mais tu hésites, pétrifié par tu ne sais quel peur. Tu n’as jamais pu avoir ton enfant dans tes bras de ton vivant. Elle ne connaît de toi que l’étreinte d’un fantôme.
Ta gorge se serre, tu fermes les yeux et tu inspires profondément en voyant Castiel s’avancer avant toi. Tu es ravi de voir que Joséphine va bien mais tes poings se serrent malgré toi. Te contrôler, à tout prix, il le faut. Tu n’as pas droit à l’erreur ici. Respirer, être calme mais tes mains tremblent… ton enfant… Castiel s’excuse, te la tend et tu la prends avec mille précaution.
Pour un Roi, tu es piteux, au bord des larmes. Tu berces ton enfant en murmurant de douces paroles, tu lui promets protection, santé et joie avant d’embrasser son front. Tu as oublié le reste, les personnes présentes. Seule t’importe ta fille que tu viens de retrouver et à qui tu ne peux t’empêcher de chanter la berceuse qui t’as, il y a quelques semaines de cela, ravagé l’âme et le cœur.

Tu relèves pourtant la tête quand tu entends Castiel et tu t’avances… Nul courroux en ton regard, nulles ténèbres en toi en cet instant. Ton enfant t’apaise, éloignant les ombres. Debout à ses côtés, tu observes ta bien aimée. Tenant ta fille avec précaution, tu poses seulement ta main sur l’épaule de Castiel et tu serres un peu, de l’égard.

« Relevez-vous mon ami. » Ami… Les mots sont lourds de sens, plus qu’une trêve, ils sont un pardon que tu ne formuleras jamais autrement.

Tu retires ta main de son épaule pour la poser sur le cristal et tu murmures. « Je veillerai sur notre fille jusqu’à mon dernier souffle. Tu m’entends mon aimée je le sais. Je n’abandonnerai jamais espoir de te retrouver et de te ramener. Je te le jure. » Tu renfermes ta fille dans le précieux écrin de tes bras avant de poser ton front sur le cristal, de l’embrasser même avant de reculer.

Tu salues Joséphine et lui sourit même légèrement, content de la voir en bonne santé.
Tu t’inclines face au Fils des Ombres, autant que ta fille te le permet, conscient que tu n’as fait montre d’aucun respect face à lui et son hospitalité.

« Toutes mes excuses Fils des Ombres, j’ai manqué de respect à votre égard. Pardonnez le chagrin d’un père, d’un frère, d’un amant et d’un Roi. »

Tu ne mentiras jamais sur tes sentiments à l’égard de ta sœur. Tu affronteras tous les regards sans faillir pour Sigal et Svanhilde.
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Liam d'Outrevent
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeLun 14 Oct - 4:53

Je…

Je ne suis pas sûr d’avoir fait le bon choix.

Alors qu’on m’enlève mon bandeau et que mes yeux, en premier lieu, se posent sur le cristal, alors que Castiel Sombreflamme se jette sur une femme qui tient son enfant, je me questionne. Pourquoi suis-je là ? Ne me suis-je pas emporté auprès de Sigvald ? Quelques pas, calmes et lents. Je m’approche. Les reflets du cristal me renvoient l’image déformée et changeante de cette femme endormie.

Svanhilde… Les souvenirs… Non… Les sensations me reviennent. Lors de cet événement qui a tout changé, lors du mariage de Chart et Gaëtane. Ces sentiments si forts, cette peine immense… Et puis nos luttes, ensemble ou l’un contre l’autre. Nous n’avons jamais été d’accord sur tout. Nous n’avons jamais été d’indéfectibles amis, des amants, ou quoi que ce soit de ce genre.

Mais nous avons été des alliés. Elle a pu compter sur moi, et j’ai pu compter sur elle. Ce lien, bien plus fort que celui des amis, ne peut être rongé par l’hypocrisie, par la trahison ou l’oubli. Nous avons été liés, nous sommes liés, ce lien est réel, fort, palpable, rassurant, si différent de l’amour, l’amitié, la haine, la famille… Non… Nous ne sommes rien de cela et ne le seront sans doutes jamais. Mais nous sommes alliés, et le serons jusque dans la tombe.

Aujourd’hui, je suis là pour elle, pour sa famille. Mais en contemplant son visage calme et serein, je me questionne. Désire-t-elle vraiment être réveillée ? Qu’avons-nous à lui offrir, sinon plus de luttes encore ? Elle retrouvera sa fille et son amour, et j’espère ainsi qu’elle sera heureuse… Mais après ? Arven est en lutte, Arven est dévasté, Arven souffre… Et j’irais même plus loin, Arven n’est plus. Les duchés autrefois rassemblés par Eilenn sous ce nom se sont scindés. Ils ne sont plus que les Royaumes indépendants qu’il avait un instant cessé d’être sous le règne des Impératrices. Tout cela est fini, pour le pire ou pour le meilleur, seul l’avenir nous le dira.

Svanhilde, as-tu encore la force de vivre ? As-tu encore la force de lutter ? As-tu encore la force de supporter sur tes frêles épaules qui ont déjà tant souffert le poids de toute la confiance que les gens vont vouloir te donner en te voyant de retour, toi la Sauveuse des Royaumes, la Sacrifiée au nom de la Liberté ?

Aujourd’hui, je tremble, posant mes yeux sur ce Roi agenouillé au pied de ton Cristal, sur ce frère qui te contemple et promet de te ramener à la vie, éperdu d’amour et de peur devant cet enfant qu’il tient au creux de ses bras. Je n’agirais pas, car ce n’est pas mon rôle, car je ne voudrais pas que mes doutes viennent faire obstacle à ton bonheur, à ta joie de retrouver ta famille. Sache, dans ton profond sommeil, que si tu revenais à la vie, je continuerais à être celui sur qui tu pourras compter et te reposer pour affronter le monde à tes côtés. Sache que je serais là, autant que tu l’as été en faisant preuve d’autant de courage, en sacrifiant ton âme pour faire tomber le Tyran. Je serais là si tu as besoin de mon aide. Je te respecte au-delà du possible. Je respecte ta force et tes choix, autant que je respecte ton silence et ton sommeil.

Je me retourne avec Sigvald vers le Fils des Ombres. Je lis dans sa manière de se tenir immobile et froid cette inquiétude qui étreint mon cœur. Ô toi, Fils des Ombres, qui es-tu donc, derrière ces traits qu’on ne parvient jamais vraiment à discerner, derrière cette stature imposante, derrière ce masque de pénombre ?... Qui êtes-vous, quels sont ces si nombreux secrets que vous renfermez dans votre Cour introuvable ? Tant de légendes circulent sur votre passé, sur votre présent, sur votre avenir… Il est si dur de discerner la vérité dans toutes ses arabesques d’histoires entrelacées. On raconte tant de choses… Et je tiens devant moi l’être au monde qui doit être le plus informé de tout cela… Qui es-tu donc, pour être si calme et distant, si sûr de toi, toi qui a devant toi le Feu, la Glace et l’Acier ? Toi qui détiens dans ta tour dissimulée rien moins que Svanhilde Nightingale et sa toute jeune fille…

Tant de secrets vivent en ces lieux, tant d’histoires ancestrales… Je crois que je ferais mieux de ne même pas chercher à les connaître, pour mon propre bien. J’incline la tête avec respect.


« Merci à vous de rendre cette femme à son mari, cette fille à son père. C’est ensemble qu’ils doivent être, quoi que cela puisse signifier. »
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Joséphine Siguardent
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeLun 14 Oct - 15:26

Les larmes s'étaient taries depuis le temps, mais pourtant, elles menaçaient toujours de couler, malgré le fait que tu étais persuadée de n'avoir plus rien à verser. Tant de tristesse, tant d'émotions avaient fait de toi une si faible créature craignant à la fois de retrouver tes proches mais envieuse de les revoir sein et sauf. C'était finalement tout ce qui comptait pour toi, au delà de la peur d'avoir déçu, de n'être qu'un fardeau ou un simple poids inutile. Il t'importait seulement de les savoir en vie et bien pour être comblée dans ton cœur meurtri et blessé. Comme tout le monde, tu n'avais échappé à cette douleur, et bien que ta famille soit presque entièrement en vie, le doute ne cessait de s'insinuer. Une fois que l'on connaissait cette peur, l'on n'avait qu'en tête l'idée de la voir reparaitre.

Ce soir serait un tournant, un grand événement dans le plus profond des secrets. Et curieusement, tu faisais partie des conviés. En réalité, tu étais avec Sigal la première sur place, accompagnée par cet homme à la posture imposante et dont l'aura n'avait fait que te mettre en respect. Il était le Fils des Ombres, le maitre de cette ville désormais. Le maitre d'un réseau bien plus grand qu'un seul pays. Il était le Roi des Voleurs, et méritait cette royauté au même titre que tous les souverains couronnés. Tu n'étais là toi, que pour Sigal, pour porter cette enfant que tu remettrais à son parent, à Sigvald. Par les Puissances, que tout cela te semblais loin. Lui qui était mort, lui que tu avais aimé aussi, le voilà revenu à la vie pour prendre en main son royaume et sa descendance. Sigal, douce Sigal, enfant d'espoir et de lumière, par sa seule présence, elle parvenait à apaiser tous les maux, et pour l'avoir veillé des mois durant, tu avais beaucoup d'appréhension ce soir pour t'en séparer. Elle allait te manquer. Son sourire, ses boucles blondes et ses yeux d'azur, son calme et sa douceur, l'innocence de son coeur. Un bébé resplendissant qui méritait néanmoins de retrouver les bras de son père, celui qui la cherchait depuis si longtemps. Tu ne te révolterais pas, tu n'en avais pas le droit. Tu voulais que Sigal soit heureuse, vive entière, et pour cela elle ne le pourrait que dans les bras d'un père. Et peut être... d'un mère.

Ton regard vient à se tourner vers cet immense cristal. Svanhilde, reine, mère... était-elle vraiment morte au fond de son tombeau glacé et cristallisé, prisonnière dans une beauté éternelle ? Tu n'aurais su le dire. Et peut être en un sens ne le voulais tu pas, car elle avait mérité le repos. Dire que tu avais détesté cette femme... quoique le mot n'était pas tout à fait exacte. Sous un masque de haine envers ses décisions, tu avais caché une jalousie bien féminine, ce qui avait entravé votre relation au point de faire de vous deux inconnues pourtant alliées dans la même organisation, toi sous ses ordres. Et curieusement, c'est à toi qu'elle confia Sigal, à toi de veiller sur elle. Tu l'avais fait, non par amour de loyauté envers la jeune femme, mais pour une tout autre raison que tu n'avais jamais su expliquer. Peu à peu tu semblais prendre conscience de tout cela, et voyait en Svanhilde autre chose que cette femme nimbée de ténèbres et que tu n'avais jamais supporté côtoyer. Aujourd'hui pourtant, tu contemplais sa sépulture, sa tombe, son corps à jamais préservé, et tu espérais pour elle la paix, enfin. Même si... même si pour toi, il paraissait inadmissible que cette douce enfant que tu aimais puisse vivre sans une mère à ses côtés. Vivre, mourir, tu ne savais que souhaiter pour l'avenir. Ton regard retombe sur Sigal, tu déposes un baiser sur son front, elle te sourit et tu ne peux que lui rendre.

Tout se fige, même ton cœur, lorsque arrivent enfin les invités souverain. Tu vois Mélusine, tu vois Sigvald, mais ton regard se perd sur Castiel. Et tu trembles d'appréhension oui, car c'est le Roi que tu crains d'avoir trahi. Non, tu l'as trahi, car tu n'avais su surveiller Sigal pour des futilités. Et pour cela oui, tu t'en voulais, plus que de raison, et tu aurais compris que jamais il ne te pardonne cet affront. Et tu le vois venir à toi, tu as peur, tu fermes les yeux, menace de verser à nouveau des larmes pour t'excuser sans grande conviction, et finalement, tu ressens l'étreinte chaude, si bienvenue, si... calme. Oui les larmes coulent, mais silencieuses elles sont, devant ce spectacle que tu n'oses croire. Cette voix emplie de pardon... cela ne se peut. Ta voix en retour est incertaine, coupée par un sanglot mal étouffé.

« Castiel, mon Roi, je suis tellement désolé si vous saviez. »


Tu te perds quelques instants encore dans ses bras chaleureux avant de lui laisser Sigal. Et si ton cœur semble se déchirer, il se reforme lorsque tu vois le sourire si apaisé de ton souverain. Oui, cette enfant était magique, elle guérissait par ses seuls sourire. Elle te manquerais... tu relèves les yeux, croise le regard de Sigvald, cet autre Roi, que tu avais aimé, mais que tu ne pourrais jamais avoir pour toi, et tu le comprenais. Un salut humble fend ta posture à son intention. Et doucement tu recules, adressant un dernier sourire à Sigal. En retrait, tu rejoins Mélusine, et tu ne peux que lui prendre la main. Tu as besoin de soutien... oh combien tu ne le mesurais pas encore.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 15 Oct - 5:35

Je préférais et de loin, oublier… la journée complète. Philosophe allait me le payer, je le jure, il allait le payer mais on avait un marché, même si je n’avais plus très envie de m’y plier. J’allais le massacrer, qu’importe le moyen, j’allais lui faire la peau. Même s’il amusait très franchement de mes envies de meurtres. Quoi qu’il en soit, Answald étant un voleur et moi aussi, il n’y avait qu’un moyen pour nous d’entrer à la Cour des Miracles, moi et seulement moi. Pas même Philosophe dans mes jupes ne pouvait le faire.

Prends ça dans les dents !

Je me faufilais donc dans l’entrée invitant Answald à me suivre mais pas sans lui avoir bandé les yeux. Si je n’avais pas fait ça et que le Fils des Ombres l’avait appris, j’allais avoir d’autres problèmes et ça n’était pas le moment.

J’ignorais tout ce qui se jouait à l’instant même et d’ailleurs, quand je débarquais avec Answald, Philosophe de nouveau dans mes chaussures vu que le reste du chemin lui était connu, j’hésitais à avancer.

Merde… merde et re re MERDE !

Je retirais précipitamment le bandeau d’Answald mais alors que je tentais de rebrousser chemin vite fait, Philosophe m’en empêcha, reprenant ma place instantanément. Pas de suite possible. Était-il au courant que j’avais volé le Roi de Sombreciel ? Qui était là ? À l’instant ? Que Mélusine était présente et le savait fatalement, qu’elle savait qui j’étais ? Que le Fils des Ombres risquait de ne pas apprécier que j’ai introduit un inconnu dans la Cour ?
J’allais y passer… J’allais vraiment y passer et par les Puissances, pour la première fois depuis longtemps, j’avais la trouille de ma vie, une peur bleue de ne pas sortir de là en vie. Oubliée la soirée, réellement, je ne pensais qu’à une chose, me tirer d’ici vite fait bien fait. Mais je ne le pouvais pas, j’étais piégée…

*Du calme ! – Que je me calme ? Tu plaisantes ? Je suis dans la merde ! Jusqu’au cou ! Par ta faute ! La tienne uniquement Philosophe. Mais tu t’en fous évidement… Toi, tu peux pas crever dans mes jupes !*

Aucune réponse, je le savais. Au moins ne s’avance-t-il pas, au moins ne m’expose-t-il pas mais pour combien de temps… Tout ce qu’il restait à espérer, c’est qu’Answald ne fasse pas quelque chose de stupide et n’avance pas.

Que la Chance me vienne en aide ou j’allais avoir un gros problème. Nom d’un dragon, Castiel n’était pas réputé pour sa capacité à pardonner… Pas du tout réputé pour ça. Je risquais ma peau et ce foutu dragon n’en avait rien à cirer.
Oh oui… j’avais une trouille monstre et j’en aurais perdu mes moyens si ça n’était pas Philosophe qui contrôlait mon corps.
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Answald Vifazur
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 15 Oct - 11:08

Quelle merveilleuse journée ! Cette Ermelinde est tout simplement géniale, je… Je crois qu’au fond, je l’aime. Après toutes les demoiselles de passage que j’ai séduites pour une nuit ou deux seulement, je crois que cette fois ci, j’ai trouvé une femme avec qui j’aimerais partager... Plus de temps. Peut-être même une vie entière, qui sait ? Alors que je la suis dans le noir complet à travers les ruelles pavées de Lorgol, son parfum enivrant et le son de ses chaussures heurtant le sol sont mes seuls repères. Délicieux repères.

Mais bientôt, nous arrivons à la tour. Pendant un instant, je m’habitue à la vive lumière qui vient heurter mes yeux un moment plongés dans le noir. Il y a du monde ici, ce n’était pas prévu. Ermelinde reste immobile, silencieuse, je ne sais pas vraiment ce qu’elle attend, mais je ne peux compter sur elle pour faire les présentations. Beaucoup de monde. Ce ne sera pas possible d’être discret… Mais maintenant qu’on est là, inutile, non, impossible de faire demi-tour. Et je sais parfaitement ce qui arrive aux gens qui découvrent des secrets qu’ils ne devraient pas connaître... Un sourire vient naître sur mes lèvres, c’est un de ces instants d’adrénaline et de risque qui font trembler mon âme… Un de ces instants où d’une minute à l’autre, je pourrais passer de vie à trépas. Je n’ai pas peur, non. Je suis même très excité par la situation.

Je m’avance, fait une petite révérence en baissant la tête. Ma longue veste de mage ne fait pas pâle figure malgré les riches vêtements des hôtes présents. Je suis voleur de profession, à l’origine, je sais me vêtir, par les Puissances ! En tout cas, je ne sais pas qui sont ces gens, mais il doit bien y avoir ici un ou deux vicomtes ou barons, peut-être même un comte, qui sait ? Je suppose qu’il s’agit là de quelques hauts membres de la Guilde. Il me faut être rapide, efficace.


« Messieurs dames, navrés d’interrompre cette petite réunion. Answald Vifazur, pour vous servir, Mage de Dragonvale, voleur de profession. Ermelinde Faucheclair ici présente voudrait me présenter en tant que potentiel membre de la Guilde. Je peux me targuer d’excellentes capacités. Mais ne serait-ce pas là la Reine de Nightingale ? Je me trompe ? »

Je ne leur laisse même pas le temps de répondre, ma tirade ne pourra que semer la confusion quelques secondes et m’obtenir un répit tout juste suffisant pour approcher le cristal. Peut-être que cela redirigera leur attention suffisamment longtemps sur celle qui a trahi la Cour des Miracles en faisant pénétrer ici un inconnu… Le toucher, juste le toucher…

Le contact est froid au creux de ma paume alors que je me penche légèrement au-dessus de l’endormie. Je ferme les yeux, soulagé, j’ai atteint mon but, je n’en veux pas plus. Svanhilde Nightingale. Qui mieux qu’elle pourrait aider les Dragons à se libérer ? Qu’importe si je meure aujourd’hui, qu’importe même si cette action aura été vaine. J’aurais tenté de le faire. J’aurais tenté de libérer celle qui a tout changé, celle qui s’est offert à Sage. Elle mérite d’être libre, mais surtout, sa liberté pourrait tant apporter à la race Draconique, là où je ne suis toujours pas parvenu à trouver la moindre relique. Je suis aujourd’hui désespéré de parvenir à mon but, Svanhilde, et je décide en ce jour de te transmettre mon flambeau. Je ne sais si ton cœur te portera à accomplir les actions que je pense justes, mais toi seule et les Dragons sont capables de le faire. Dragons, que la Liberté soit vôtre. J’y ai œuvré autant que j’ai pu.

Ma main à plat sur le cristal, les yeux fermés, je me concentre. La Magie surcharge l’air, les Flux sont partout autour de moi, je les sens virevolter autour de mon esprit, emplir l’espace. Une note grave s’échappe de ma gorge, alors que mon corps résonne, traversé par ce flux de Magie comme par un instrument à corde frappé en plein cœur. Je sens des Familiers dans cette salle, je sens des Mages que je n’avais même pas repéré plus tôt… Mais surtout, je me sens débordé, incapable de contrôler ce que j’ai enclenché. Et comme à chaque fois que ce genre de choses m’arrive, je n’essaye pas un seul instant de luter. Je me laisse totalement aller. Advienne que pourra. Mes yeux brillent de bonheur sous leurs paupières closes.

Je tente alors de ramener le cristal et son contenu dans le passé. Je tente de toutes mes forces, de toutes les fibres de mon âme, de retrouver cette sensation qui m’étreint quand mon pouvoir personnel se manifeste. Je tente de retrouver le cœur, l’âme de la trame temporelle que je parviens par moment à saisir, à modifier… Et j’y parviens. Au sommet de ma concentration, j’ai oublié mon corps et toute la salle alentour. Je ne sais même plus ce qui s’y passe. Je n’écoute plus rien, ne voit plus rien, ne sens plus rien. Je pourrais être en train de chanter que je n’en saurais moi-même rien. Je suis dans un autre monde, un monde de sensations étranges et inconnues du commun des mortels. Je me concentre sur le passé, je me concentre sur la vie, je me concentre sur la vision de Svanhilde avant la Chute, sur celle que j’avais vu à son entrée à l’Académie, que j’avais croisé par la suite. Je me concentre sur ces images, et derrière le spectre de ma transe, je ressens quelque chose de très différent, une image, une aura déformée, des sentiments peut être, des idées… C’est indescriptible… Je ne pourrais jamais mettre des mots sur cette vision qui m’étreint.

Mais rien ne se passe, rien ne vient… Je… Je ne comprends pas. Je me heurte comme à un verrou… Non… Même pas un verrou… Juste… Juste du vide. Je ne comprends pas… C’est comme si… Comme si ce cristal était… Hors du temps. Hors de la trame temporelle. Ailleurs… Dans un autre espace… Ou… Ou je ne sais pas… Je transmets toute l’énergie que j’ai canalisée, toute la force que j’ai ressentie, toute l’ambition et l’énergie que je possède. Je… Ne… Veux… Pas… Echouer !

Rien y fait. La Magie semble se perdre… Se noyer… Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Je ne peux mettre des mots sur ces ressentit… Je perds mon souffle de vie, je veux réussir… Mais rien. Et puis, désespéré, j’abandonne.

Le lien est brisé. Le son parvient d’un coup sec à mes oreilles, la lumière revient dans mes yeux. Je m’écroule sur le sol, épuisé. Une larme perle sur ma joue. J’ai échoué. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’être heureux, autant que perdu. Ce que j’ai ressenti aujourd’hui, cette transe, toutes ces choses… C’était une expérience si impressionnante, si inoubliable… Et je remercie à jamais les Puissances et les Dragons de m’avoir permis de la vivre. Je soupire, avant de partir d’un grand rire incontrôlé et bruyant. Je suis agenouillé sur le sol, j’ai du mal à respirer, et je ris, je ris de mon sort, je ris de joie et de bonheur, je ris de tous ses sentiments qui m’ont traversé et ont brouillé un moment mon âme, je ris de cette douce sensation de folie qui étreint mon cœur et mon esprit à cet instant.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 15 Oct - 11:49

Tu ne sais pas les tenants et aboutissants de cette rencontre, mais tu n’en as guère besoin. Si Hiémain estimait qu’il devait recevoir des gens n’appartenant pas à la Guilde, il devait avoir une excellente raison. Tu n’en sais, au fond, que le strict minimum : qu’il serait dans la salle où le Cristal était gardé, et que nul ne doit venir les déranger. Que tu dois t’assurer de leur quiétude, mais aussi endosser si besoin en est, comme tu l’as déjà fait bien des fois lorsque la nécessité s’en faisait sentir, le rôle de Fils des Ombres. Les plus hauts représentants de la Guilde ne doivent pas savoir qu’il n’est pas auprès d’eux, afin que personne ne vienne interrompre ce qui a lieu dans le plus grand des secrets.

Et pourtant, bien que tu aies été habitué à ne pas contredire le Fils des Ombres quand il prenait une telle décision, tu ne peux t’empêcher de ressentir une certaine méfiance. Tant de gens qui ne sont pas dans la confidence des secrets de votre Tour présents en son sein même, cela n’augure rien de bon à tes yeux. Et plus que tout, tu ne peux pas laisser la vie du Fils des Ombres à leur merci. Tu es malheureusement demandé ailleurs, et tu as du prendre la place de Hiémain, pour instaurer un peu d’ordre, alors que les conciliabules des éminences de la Guilde t’irritent. D’autant que cette réunion improvisée pour discuter de la réorganisation de Lorgol et qui n’aurait jamais du se tenir sans le Fils des Ombres n’a pas même d’intérêt. Tu te lèves, déclarant que tu as à faire, et que vous vous retrouverez plus tard. Pas tout à fait un mensonge, mais pas l’entière vérité. Ces rassemblements, parfois informels parfois pas, t’épuisent, à vrai dire, avec ses débats interminables, qui n’aboutissent bien souvent à rien.

Et il faut dire que la curiosité sur la scène qui se joue en ce moment même autour de ce Piège de Cristal t’habite grandement, couplée avec un peu d’appréhension bien que tu te refuses à le reconnaître. Tu te dois de t’assurer que nul désagrément n’arrive, bien que Hiémain soit à même de se défendre seul. Prenant un passage dérobé, tu entras donc discrètement dans la salle, sans bruit et à l’insu de tous. Tu sais qu’Aglaé t’accompagne, bien que tu ne la voies pas, tu la sens à tes côtés. Tu te figes un instant, observant les gens présents. Oh, tu n’en connais aucun personnellement, mais tu sais qui ils sont, sans exception. Et tu te dis qu'il n'est pas dans leur intérêt que qui que ce soit apprenne leur présence ici, en un même lieu. Le Roi de Sombreciel, l’Exilé d’Outrevent, la famille royale de Nightingale… Et ton propre Roi, de toute évidence, bien que personne ne connaisse son identité ici, à peu de choses près. Mélusine et Joséphine, aussi, apparaissent dans ton champ de vision, mais elles ne sont que peu, en comparaison avec le reste de l’Assemblée.

Ta stupéfaction suffit pour qu’Aglaé, uniquement visible de toi, s’avance au milieu d’elle, et s’approche du cristal. Le rire et la curiosité qui l’habitent te font instantanément tourner le regard vers l’endroit où elle se trouve. Aglaé, je t’interdis de faire ça. Ne monte pas sur ce Cristal. C’est dangereux, et pour toi, et pour celle qui se trouve à l’intérieur. Tu connais assez bien ton familier, mais sa grande taille te fait parfois oublier qu’elle est si jeune, et surtout si facétieuse. Elle se résigna, mais n’oublia pas l’idée. Au lieu de ça, elle… lécha le Cristal. AGLAÉ, NON ! Ça n’est pas une glace ! Arrête donc ! Tu ne sais pas quelle magie est à l’œuvre, et tu ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Tu t’étais attaché à elle, depuis qu’elle t’était apparue, et tu aimais les conversations que vous aviez, et ce qu’elle était en mesure de t’apprendre sur la magie en toi.

Ton familier maîtrisé, dans la mesure du possible, tu reportes ton attention sur la scène en contrebas, et constatant que tout se passe pour le mieux, tu t’apprête à revenir sur tes pas – quitte à laisser Aglaé là pour qu’elle soit tes oreilles et tes yeux, en priant pour qu’elle ne se dévoile pas. Tu en as d'ailleurs la ferme intention, jusqu’à ce qu’un intrus entre et se comporte comme s’il était chez lui. Un instant abasourdi, tu compris rapidement qu’il essayait de vous envouter avec ses mots – tu étais toi-même un grand habitué de cela, et on ne pouvait te tromper longtemps à ce jeu. Son manège, toutefois, t’empêche de bouger. Tu sens le flux magique qui provient de lui, et tu estimes dangereux d’agir à l’instant, sans savoir ce qu’il manigance.

Ce n’était pas de l’avis d’Aglaé qui, bien qu’elle ait attendu la fin de sa transe, le mordit, apparaissant aux yeux de tous l’espace d’un instant. Réprimant un juron pour ne pas te faire remarquer, ce qui ne devait pas être difficile étant donné que tous venaient de voir une girafe apparaître et disparaître sous leurs yeux. Tu décides de ne rien faire pour le moment, sortant tes armes de leurs cachettes, prêt à intervenir rapidement grâce à ta magie personnelle de manière à ce que personne ne puisse contrer tes gestes – de manière naturelle du moins.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 15 Oct - 14:57

Néant.

C'est un mot qui effraie, qui obsède, qui oppresse – et pourtant. Le néant est confortable. Reposant. J'y savoure le calme absolu qui naît de l'absence totale et irréversible de toute pensée, de toute émotion, de tout sentiment. Le néant m'est doux, après le tumulte saccadé de l'existence, après les rêves brisés et les espoirs fauchés, après les trahisons et les sacrifices de ma vie d'avant. Je me suis affranchie de tout, de l'espace et du temps – à Sage j'avais demandé la mort, il m'a donné le néant. Le vide, total, absolu, infini – le repos, éternel, loin de toute source de tourment.

Et j'y suis bien.

On veut m'en tirer pourtant – aux frontières de ma conscience, là où le monde existe encore, loin, très loin de moi – oh, si loin, je les sens qui m'appellent, qui me réclament, qui me harcèlent. Homme ou Dragon, je ne sais pas toujours réellement duquel il s'agit, mais ils se succèdent, sans tenir compte de mon souhait, de mon désir exaucé. J'ai demandé le repos, je veux l'oubli – que l'on m'oublie, et que j'oublie le reste du monde. Je suis bien trop usée, bien trop fatiguée, éteinte et épuisée par l'ampleur de ce que j'ai dû sacrifier, pour supporter d'affronter tout cela encore, de saigner à nouveau de blessures qui auraient dû depuis longtemps cicatriser. N'ai-je donc pas suffisamment pleuré ? Ne peut-on donc me laisser me reposer ? Sigvald mort dans mes bras, la Confrérie sacrifiée pour lutter contre le tyran, mon nom et ma maison méprisés, mon royaume honni et mon honneur bafoué, n'ai-je pas tout donné et au-delà, le prix de chaque victoire n'a-t-il donc pas été payé, dans sa plus cruelle et totale intégralité ?

Ce soir sera couronné de larmes de sang.

Je le pressens. Je suis loin, endormie, hors d'atteinte, inaccessible – et pourtant, dans ce lieu de magie où l'on m'a enfermée après m'avoir dérobée, je les sens qui s'acharnent, qui s'obstinent, à vouloir ce que je ne veux pas leur accorder. Je veux simplement que l'on me laisse en paix, je veux simplement oublier – je ne veux plus être vivante, ô Sombre Mère ! Vivre encore c'est pleurer à nouveau, sentir battre mon cœur c'est risquer toujours plus de malheur, rouvrir les yeux c'est risquer de détruire tous ces souvenirs heureux. Je ne veux plus vivre, que les Puissances m'en soient témoin – ne plus rien ressentir, c'est ne plus sentir pousser ces épines qui meurtrissent mon âme depuis l'enfance, c'est... confortable. Facile. Évident. Tout détruire, avant d'être piétinée, bousculée, massacrée par ce trop-plein tourbillonnant qui vibre et s'enflamme dans chacun de mes souffles. Ne voient-ils donc pas combien vivre ne me sert à rien, ne savent-ils pas que je suis déjà morte, au plus profond de moi ?

Je n'attends plus que la fin.

Parce qu'être l'Oracle de la Confrérie Noire a complètement profané toute l'innocence que j'ai jamais pu avoir dans ces temps bénis si rapidement enfuis de l'enfance. Comment donc peuvent-ils croire qu'avoir droit de vie et de mort ait pu me laisser indemne, que je ne porte pas à chaque pas le poids terrible de ces vies fauchées pour que les enfants d'Arven un jour puissent s'épanouir, que mes bras baignés du sang des innocents peuvent avoir le droit d'étreindre ma fille, si pure, si belle ? Comment peuvent-ils s'imaginer qu'être Duchesse puis Reine de Nightingale ait été facile, que je n'ai pas fait chaque nuit d'affreux cauchemars mettant en balance la vie de mes sujets ? Tant de responsabilités, pour une enfant aussi jeune, pour une femme aussi faible, c'était trop, bien trop pour moi, et mes épaules ont fléchi sous le fardeau – comment peuvent-ils penser que j'aurais été une bonne reine, capable de guider et d'instruire mes héritiers ? Comment ? Je n'aurais fait que précipiter Nightingale dans l'abîme et déshonorer encore un peu plus le nom que je porte. Ce nom que je partage avec Sigvald – ô brûlure, ô infâme et atroce mutilation qu'il est, ô vestiges sanglants de mon cœur dévoré tout entier par sa simple existence – Sigvald, tu m'as crucifiée. Ô mon frère, tu as été le seul, l'unique et l'éternel, celui auquel j'étais prête à tout donner, celui pour lequel j'aurais tout sacrifié, tout abdiqué – pour toi, j'étais prête à changer la face du monde, mais voilà, tu as choisi de me fuir, de m'abandonner, tu as cessé de lutter, tu t'es offert à la lame qui t'a fauché – mon frère, je t'ai fermé les yeux, et ça m'a détruite. Soufflée ma flamme, éteint mon brasier, j'ai cessé d'être la championne de la lumière pour devenir le héraut des ténèbres, ton absence m'a plongée dans les tréfonds de l'abomination qui se cache en chacun de nous, tu m'as montré ce que l'humanité a de plus noir, cette intense cruauté du désespoir. Crois-tu que te voir à nouveau pourrait accomplir autre chose que raviver le sel de cette plaie ? Crois-tu donc que te voir encore ne me plongerait pas dans le chaos du remords, de la honte ? Crois-tu que je puisse assumer d'avoir tué notre fils par ma faiblesse, d'avoir trahi ton amour – cet amour, ô mon frère, ne vois-tu pas qu'il me ravage au point de me voir lui préférer le trépas, tant je suis indigne de toi ? Mon frère, ne vois-tu donc pas que le trône de Nightingale est tien, que la couronne est à toi, et que c'est pour cela que tu as été choisi par Père quand il t'a trouvé sous ses pas ? Je ne suis rien d'autre qu'une esquisse ratée, qu'une création bancale, qu'une erreur qui n'aurait jamais dû exister, aussi, qu'on me laisse reposer, combler les manquements de mon existence par la fin totale de toute pensée, l'extinction de mon souffle, l'arrêt de mon cœur torturé. Je vous porte en vous comme des épines fichées au centre de mon âme, et vous vous arrachez les lambeaux de mon être – cessez donc, cessez, je ne le puis plus supporter, vous êtes en train de me détruire, de saccager tout ce qui restait de moi, toute la bonté que j'avais su préserver – il ne reste rien, plus rien désormais, qu'une coquille vide et profanée, habitée seulement par l'amertume de la souffrance et du deuil. Laissez-moi partir. Sage, laisse-moi sortir, et que ma vie soit tranchée. Sombre Mère, la Confrérie n'est plus – qu'une partie de mes cendres repose en sa Tour désertée. Sigvald, oublie-moi – laisse-moi partir, élève cette fille si belle, si pure que tu m'as donnée alors que je ne l'ai pas méritée, élève-la loin de mon souvenir et de la noirceur qui accompagne mes pas.

Oubliez-moi.

Et pourtant ils sont là.

Un Roi sans couronne, je l'ai perçu, je sais qu'il m'a volée, emportée loin des jardins où je me reposais. Je sais qu'il est mien, bien sûr – l'un de mes sujets, Gallien, habité par cette ardeur glaciale qui est la nôtre, cette droiture des glaciers, cette âme forgée dans le gel de nos cœurs. Un roi caché, un roi des ombres, le Roi des Miracles bien sûr, ce roi des voleurs et des nomades qui veille sur moi depuis mon enlèvement, un roi qui porte bien des couronnes mais dont aucune ne ceint son front. Je le connais. Je sens son toucher léger, dans le réseau de magie qui vibre autour de moi – incertain, hésitant. Ô, sombre roi des gitans, ouvre les yeux, décide et tranche : vois l'être maudit que je suis, défigurée par l'ardeur des combat, ravagée déjà par les cicatrices que je porte – regarde-moi, ô Roi, et achève-moi. Je ne mérite que le trépas.

Le Roi de mes songes, bien sûr. Où donc serait-il à part ici, à continuer son appel, ce cri lancinant qu'il m'adresse chaque nuit, dans chacun de ses souffles, à tout moment ? Ce Roi qui m'a tant pris, et tant donné, ce Roi qui m'a protégée, lui aussi, alors que je ne souhaitais que l'oubli – ce Roi auquel j'ai donné ma fille, ce Roi auquel j'ai donné Nightingale, ce Roi auquel j'ai donné mon pardon. Castiel, Roi de Sombreciel, oublie-moi – cesse donc de rechercher en moi ce que je ne pourrai jamais t'apporter. Comme ta chaleur me blesse – ô Sombre Mère, comme son feu me brûle. Sigal dans ses bras, ma fille dans ses mains – et son rayonnement qui m'atteint, me bouleverse, me dévore de ses flammes, tant ce sentiment si intense me ravage. Je ne veux pas d'amour autour de moi, je ne veux pas d'indulgence pour ma personne, nul attachement – Castiel, souverain d'Ibelène de plein droit, héritier d'un royaume bien plus grand que le mien ne le sera jamais, oublie-moi, laisse-moi partir, frappe-moi de ta lame comme tu l'as déjà fait en me prenant mon aimé. Va-t-en. Je ne veux plus que tu penses à moi. Va-t-en, pars, oublie-moi – et que tes nuits ne me portent plus l'égarement de tes songes.

Qui d'autre ensuite que le Roi de mon être ? Évidemment, lui aussi me porte ces requêtes, ces demandes que je refuse d'entendre. Sage, tu enfreins ta promesse, pourquoi me forces-tu à voir tout ce qui se passe dans cette pièce envahie de visages familiers, pourquoi donc ainsi t'acharner sur moi ? Je ne veux pas voir Sigvald, je ne veux pas me souvenir – non, ça fait trop mal Sage, ne me laisse pas penser à lui – à sa présence, à son sourire, à la froideur de ses prunelles, à la chaleur de ses mains, au son de sa voix, à son rire un peu rauque, à la poésie de son âme, à la force de son cœur, à l'ardeur de sa flamme, au goût cuivré de son sang sur mes lèvres quand il a expiré à mes pieds, à la cruelle morsure de son absence, à tout ce qu'il m'a donné pendant toutes ces années et que je n'ai jamais mérité, au corps froid de notre fils qui gît dans son tombeau, à tout ce qu'il m'a consenti et que j'ai honteusement dénaturé et trahi. Je ne veux pas son amour, je ne veux pas qu'il pense à moi – oublie-moi, mon frère, élève notre fille et oublie-moi ! Je suis tellement, tellement indigne de toi, et de tout ce que tu voudrais encore m'offrir. Oublie-moi, et donne à une autre la tendresse de tes sourires – je ne veux plus que partir.

N'aie pas l'audace d'oser, Prince d'Outrevent, Roi des Rebelles, Liam au cœur bien né ! Tu as vu de moi ma plus grande faiblesse, tu as accueilli en ce monde le fils que j'ai tué, tu as tenu entre tes mains sa dépouille fauchée avant d'avoir respiré, tu l'as déposé dans le caveau de son père au plus noir des ténèbres. Tu as vu ma plus grande faute, ma plus grande impiété, le sacrilège le plus détestable que j'aie jamais perpétré. N'ose même pas m'offrir le soutien que je perçois émaner de toi, cette compréhension instinctive de mon combat, de ma détresse, de mon désespoir – n'ose même pas ! Je ne le mérite pas ! Contente-toi de veiller sur Arven et ses enfants pour lesquels je me suis coupé les ailes, et cesse de vouloir m'apporter ta sollicitude et ton respect – rien, jamais, ne pourra racheter l'ampleur du crime que j'ai commis en sacrifiant mon propre fils, l'enfant de l'homme qui m'avait tout donné. N'ose même pas, Prince de la Liberté – tout ce que je peux demander de toi, c'est le tranchant de ton épée, et un mortel baiser.

Elle, elle n'est pas reine, ni même princesse, ni même noble – mais elle a régné sur mes ennemis, et je n'ai toujours reçu d'elle que son mépris. Une femme forte, une femme fière, droite et déterminée, une femme d'une envergure que je n'atteindrai jamais, une femme remarquable, digne, respectable, passionnée et fiable – une femme de cœur, d'amour, d'honneur. Une femme qui a su m'accorder très tôt le mérite que j'avais droit d'exiger – son mépris était amplement légitime. Oh Joséphine, ta compassion me ravage, tant elle porte de faux-semblants et d'indulgence immérité, ouvre les yeux, regarde-moi, rappelle-toi qui je suis, et ce que j'ai fait. Rappelle-toi le sang qui accompagne chacun de mes pas, qui ratifie chaque décision, chacun de mes choix – rappelle-toi le tort que je t'ai causé, et veille à ce que ma fille soit élevée loin de mon souvenir. Fais en sorte qu'ils m'oublient !

Qu'est-ce donc là ? Encore un presque roi, un roi sans couronne, roi des pavés et des poussières, un roi caché, dissimulé, trompeur, un roi qui ne l'est pas encore mais le sera peut-être un jour – un roi magicien, et je sens les effluves de son pouvoir tourbillonner dans l'air autour de nuit, colorant le réseau magique des présents d'une nouvelle couleur, d'une nouvelle saveur, d'une nouvelle odeur. Cette curiosité juvénile, celle d'un Familier, je la sens qui m'entoure et qui m'appelle – ô, jeunette, ne me regarde pas, je ne le mérite pas, qu'on me laisse reposer, qu'on m'oublie et que l'on cesse de me persécuter ! Qu'elle emmène son mage loin de moi, qu'elle le protège de ma nuisance – que les merveilles de Dragonvale ne soient pas souillées par ma mémoire, et que –

Oh, Douce Mère, qu'est-ce donc ? Qui ose ? Qui ose s'immiscer ainsi dans la sérénité de mon repos, dans la profondeur de mon sommeil ? Ah, je sens sa magie qui me cherche, voudrait m'attirer, me retenir – le pouvoir de Sage me maintient hors de portée, mais je sens son esprit effleurer le mien, s'emparer de mes songes, de mes rêves, de mes cauchemars, saisir l'essence de mon être, la vraie nature de mon âme – oh comme je hurle, Douce Mère, dans la profondeur de ce silence éternel qui m'entoure et me protège, comme je hurle ma rage de me voir ainsi harcelée, envahie, sollicitée, alors que je n'aspire qu'au repos, qu'à l'oubli, qu'à la paix. Dragonvale n'a-t-elle déjà pas assez souffert de ma présence pour que l'un de ses enfants ne vienne me relancer jusqu'ici ? Pourquoi cette curiosité morbide, ces tentatives malvenues – pourquoi, oh pourquoi cette adoration des Dragons qui vient se jeter à mon visage, de si loin ? Sage, qu'as-tu fait, pourquoi cet homme vient-il me tourmenter, pourquoi ? Ai-je donc mérité la torture avant d'être achevée ?

Je ne peux plus.

C'est trop.

Aide-moi...

Ma prière a été entendue. Je la sens qui s'éveille. Du plus profond de moi. Cette autre moi-même, cette autre sacrifiée, cette autre victime d'un sort bien cruel qui sur elle s'est acharné. Cette autre mère dénaturée, cette autre mage indigne, cette autre femme aimée quand elle aurait voulu n'être qu'oubliée, cette autre reine couronnée d'épines et de tourments. Oui, elle s'éveille, et combien je me fonds en elle, mariant son essence à la mienne, ses souvenirs aux miens, nos deux cœurs unis – sa honte et mes remords, sa peine et mon chagrin, sa rage et ma fureur, ses larmes et mon sang – l'une et l'autre, ensemble, pour ne plus former qu'une seule et unique, le fantôme massacré de ce qui aurait pu être et ne sera jamais, le héraut de l'apocalypse en marche désormais, le spectre désolé d'un courroux qui promet massacre, vengeance et cruauté.

Et le cygne se met à chanter.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 15 Oct - 15:01

Assez.

C'en est assez – pourquoi la chercher encore, pourquoi cette torture, n'a-t-elle pas assez souffert en son temps, doit-elle encore pleurer à présent ? Astrée en peine, Astrée au cœur brisé d'avoir tué son enfant et trahi la magie pour assurer sa survie à l'humanité – ô, combien Astrée se plaît en Svanhilde, combien la Reine d'Ibélène se fond parfaitement en la Reine de Nightingale, tant leurs âmes chaotiques se parlent et se répondent dans leur lugubre mélodie tissée de deuils, de solitude et de trahison. Deux reines détruites, deux reines brisées, deux marionnettes aux fils cassés, deux poupées aux yeux fermés pour tirer du sommeil la Reine Noire de la Rose Écarlate – et voilà qu'Ordalie chante en sortant du fourreau, voilà que le Courroux du Destin s'insurge, et que la magie sonne et résonne, clame et s'enflamme, vibrante dans l'air, souveraine par sa puissance et sa gloire. La Reine Noire est forte, la Reine Noire est implacable, et ce soir Ordalie a soif de sang pour étancher sa douleur. Derrière elle, le cristal est vide désormais – Svanhilde n'y est plus, Svanhilde a disparu, dévorée par les ténèbres, offerte à la nuit, et Astrée en elle soutient sa prière, sa quête d'oubli.

Terrible et sauvage, elle pose son regard voilé sur chacun des présents, écrasant de sa magie les esprits qui l'entourent, portant sur eux le poids de sa couronne d'or qui étincelle dans la lueur des torches. Et quand elle parle, sa voix charrie la fureur des airs, la violence de l'orage, la sauvagerie des tempêtes, alors que le chant du cygne aux plumes d'encre continue d'emplir la pièce close.

« Aucun de vous n'a de droit sur moi – aucun de vous ne peut rien exiger d'elle. Aucun de vous ne peut rien obtenir de nous – nous sommes la voix du chaos, la prière du désespoir, la funèbre supplique de la mort elle-même qui ne désire plus que l'oubli. La Reine d'Ibélène s'est effacée il y a bien longtemps déjà, et la Reine de Nightingale ne veut plus exister – nous sommes, elle et moi, la Reine Sacrifiée, et nous avons été invoquées ce soir au prix du sang. Ordalie apaisera notre courroux et nos tourments – vous n'avez plus aucun droit sur nous, à présent. »

La lame se lève, dans la lueur des torches, et au loin, dans les brumes des montagnes d'Ibelin, un Dragon solitaire crache son angoisse et ses doutes à la face de la Lune, pleurant la perte de son Calice. Ordalie appelle le sang. La Reine Noire est libre, la Reine Noire vit et respire – et Ordalie réclame le prix du sang.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMer 16 Oct - 17:44

Fils des ombres, il reste à leur bord, secret, silencieux, alors que se déroule sous ses yeux des retrouvailles émerveillées d'émotions. Curieusement, Hiémain ne parvenait pas à ôter de son cœur cette incertitude que le prenait de près, et malgré l'instant chaleureux et intime de chacune des personnes présentes, il avait un doute quant-à ce qui pouvait arriver. Sans pouvoir le nommer. Rien, juste une boule au cœur. Il ne s'était pas formalisé de leur manque de respect envers lui. Ce soir, le roi des Voleurs avait décidé de faire preuve de clémence pour ces Rois malheureux qui retrouvaient la prunelle de leur yeux. Il rendit à Castiel de Sombreflamme son salut, le seul qui avait prit le temps de le faire, mais aussi le premier à s'élancer vers la nourrice et le bébé. Pour le reste, les deux autres étaient resté pantois, encore en proie à leur étonnement et l'émotion fulgurante qu'il pouvait voir dans leur yeux. Un instant, il se demanda ce que l'on pouvait voir dans les siens. Il n'était que l'ombre, le protecteur, celui qui restituait au delà du fait de voler. Il n'était finalement pas un intime avec la scène, mêle si il s'agissait là de sa reine. Il ne le reniait pas, et respectait cela. Sigvald l'était tout autant. Mais pourtant, pour Hiémain, ce n'était qu'un titre qu'il pouvait leur attribuer, mais non se considérer comme leur sujet. Car depuis longtemps, il n'était plus seulement Gallien, il était l'ombre, le veilleur, le Roi des voleurs. Il régnait sur la plus grande assemblée d'Arven, il protégeait ces hommes et ces femmes, gitans, voleurs, enfants de bohème et toutes personnes qui juraient allégeance au Fils des Ombres. Il était le Roi sans couronne, mais pourtant bien un Roi, qui rassemblait à sa suite de fidèle sujet qu'il ne souhait que guider. Par delà les frontières, par delà les royaumes, il gouvernait sur ces gens, tout en leur apportant ce qu'il pouvait. Un homme en qui croire, un Roi des Miracles. Et curieusement, Hiémain qui assumait parfaitement ce rôle, qui avait prit la suite de l'ancien Roi, en venait encore à se demander si il était bien digne de toutes ces personnes qui comptait sur lui. Car il n'était qu'un homme. Un homme qui ne savait même plus au fond qui il était... Oh oui, il les enviait parfois, toutes ces gens.

Il guette les invités, il guette aussi l'enfant, et le cristal. D'un œil neutre, il observe de sa place, sans dire un mot. Il laisse faire, car c'est ainsi qu'il en a décidé. Il a autorisé tout cela, il n'est donc plus maitre de ce qui pouvait arriver après. Le gazouillis de l'enfant Sigal résonne dans le silence personnel de ces âmes en peine qui peu à peu retrouvent la brillance et leur superbe. Était-ce grâce à lui ? Était-il vraiment le maitre de ce miracle. Il préfère ne pas se poser la question, et se contente d'observer. Ils sont trois ce soir à ne pas être grands acteurs, mais pourtant important dans l'instant. Lui, Roi des Voleurs, qui offre ce présent. Mélusine, héraut du miracle, guide de leur pas dans la nuit. Joséphine, gardienne de l'enfant, sa protectrice. Tous trois avaient eu leur rôle, ils ont désormais quitté la scène, c'est à d'autres de jouer. Mais rien n'empêchait de rester observateur, et c'était exactement ce que faisait Hiémain, les bras croisés, les yeux passant de l'un à l'autre d'un air plus que discret, invisible, et puisque personne ne faisait attention à lui, il surveillerait.

Nul commentaire ne passe à son esprit curieusement vide alors qu'il observe ce spectacle devant lui. Du Roi de Sombreciel agenouillé au pied de la Reine dans son cristal au Roi de Nightingale aux bras occupés par sa fille rayonnante, il ne pense rien, sinon peut être qu'il est heureux pour eux, d'être parvenu à faire revenir à eux le bonheur qu'ils attendaient. Mais pouvait-on parler de bonheur lorsque l'on voyait la splendide Svanhilde prisonnière de son cristal, encore et toujours pour d'obscures raisons qui ne devaient concerner qu'elle. Qui n'avaient concerné qu'elle plutôt. Car était-elle réellement en vie aux tréfonds de son tombeau de verre ? Ses pensées s'interrompirent, il tourna le regard vers l'héritier d'Outrevent. Il l'aurait presque oublié. Non pas que Hiémain n'ait jamais apprécié le chef des Rebelles, il respectait par ailleurs sa Guilde et ses actions, mais le Roi des Voleurs n'avait pas été connu pour avoir octroyé son aide à la rébellion. Par ailleurs, ce n'était pas non plus le tyran qui en avait bénéficié. Comme toujours, le Fils des Ombres s'était laissé le droit de décider de sa propre allégeance. Et n'avait finalement pas eu le temps de formuler son choix final. Au fond, ce n'était pas bien grave. Cependant, ce n'était pas peu d'intérêt qu'il portait pour Liam, mais bien une réserve à son égard. Il n'aurait jamais dû être présent ici ce soir. Mais Hiémain avait cédé. Ainsi soit-il, il assumerait.

« Nul besoin de me remercier Liam d'Outrevent. Il en était ainsi fait. »

Si simple, si froid. Il en va souvent ainsi, lorsqu'il revêt la parure du Roi des Voleurs. Ou peut être était-ce vraiment Hiémain, qui au fond de lui n'était pas si chaleureux. Il ne l'avait jamais été vraiment en vérité. Mais plus encore ce soir, il se devait de garder le secret si important de son identité aux profanes de la cour comme aux étrangers. Pourtant, il pensait parfaitement ses mots, et n'exigeait aucunement de Liam des remerciements qui n'avaient pas lieu d'être. Ce n'était pas à lui de dire merci après tout. Et peut être pas non plus aux deux autres qui ne faisaient que récupérer ce qui leur appartenait de droit. Mais le Fils des Ombres s'était déjà excusé de cet acte qu'il avait commis, et en assumait l'entière conséquence.

Sigvald Nightingale, sans doute le Roi le plus atteint par cette situation. Hiémain le regarde, droit dans les yeux, sans que personne ne puisse croiser les siens. Il ne juge point cet homme, il pourrait presque même compatir à sa douleur qu'il croit sentir. Comment cela se peut-il ? Lui qui n'avait jamais réellement fait preuve d'empathie, le voici regardant, d'égal à égal cet homme dont il avait essuyé la peine. Miracle ? Par les Puissances, que ces mots cessent...

« Ils vous sont pardonnés Sigvald Nightingale. Et pardonnez moi plutôt - et vous aussi Castiel de Sombreflamme - du mal qui vous a été causé. Il n'y a que vous je pense pour pouvoir veiller sur elles. »

Sur ces mots, il adressa un regard à la petite Sigal, et sous les ombres de sa cape, il sourit. Douce enfant baignée de lumière qui savait par un sourire faire retrouver l'ordre au chaos.

Son regard s'éloigne... il y a quelque chose... Hiémain relève vivement les yeux, et sa main se porte à la lame à son flanc. Un homme apparaît alors, visiblement bien sur de lui... qui est-il ? Comment... comment peut-il être là ? Le regard du Fils des Ombres dévie alors à la suite vers la pénombre de la porte, où une jeune femme tente de se cacher. Ainsi donc, l'une des leur à osé les trahir. La fureur de Hiémain s'emporte, mais il n'a pas le temps de répondre que ce... Answald se tourne vers le cristal. Quel malheur compte t-il apporter sur la Cour des Miracles ? Le Roi des Voleurs ne peut laisser faire ça, mais l'instant de transe dur si peu de temps, et avait pourtant paru si long... Que... que voit-il ? Ses yeux osent-il les jouer des tours ? Le Roi se stoppa, interloqué, voir même choqué sur le coup d'avoir vu une petite girafe apparaître devant le cristal, et finalement disparaître, dispensant au passage une morsure bien sentie à l'intrus qui tomba au sol, épuisé. Il venait d'utiliser la magie... Hiémain était certain de cela. Il ne plongea pas son regard dans le reste de la pièce. Il savait qui avait désobéit à ses ordres pour venir observer la scène. Mais il ne punirait pas Shandor, car il aurait sans doute besoin de lui.

Assez vivement, il n'attend pas que le jeune mage se relève pour le saisir au col et le trainer. Lame de sa dague sortie, il menace un instant de lui trancher la gorge.

« Pauvre fou. Croyais tu pouvoir survivre ainsi en entrant à la Cour des Miracles ? »

La voix murmure, lècherait presque les oreilles telle une brulure d'un feu ardent. Ah, l'arme glisse doucement le long de cette jugulaire, il suffirait d'un coup sec pour... mettre fin à la vie de cet idiot. Cela serait sans doute le sort qu'il réserverait à cette traitre si elle n'avait pas encore fuit. La fureur du Fils des Ombres pouvait être fort et sans pitié quand son territoire était bafoué. Il élève alors à nouveau la voix, s'adressant au silence derrière lui. Mais il sait le sait toujours là. Son ombre.

« Shandor ! Tu sais de qui tu dois t'occuper. Laisses la en vie pour l'instant. »

Ô oui la colère.

Mais sa colère n'était rien comparée au courroux naissant dans la pièce. Par les Puissances, qu'avait fait ce mage ? Avait-il réveillé... pire que la Reine de Nightingale ? Oh que oui. Il le sentait au plus profond de lui, Hiémain avait la certitude que les ténèbres venaient de s'emparer de cette tour, en la personne même de la Reine Noire de la Rose Écarlate. Il a l'impression de la connaître mais... c'est le Roi Blanc, c'est Obéron qui réagit vivement à la présence d'une autre pièce, et dont les sentiments chargés de haine viennent se répercuter en son cœur. Il veut réagir, lui dire d'attendre, mais le Roi Blanc ne peut laisser ainsi les innocents périrent.

Alors Hiémain le laissera agir. Mais il craint oui, il craint que le Roi Blanc ne se mette que trop en danger. Ô mon ami, par pitié veille à te protéger...
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Le Roi Blanc
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMer 16 Oct - 17:45

C'est tiré par la présence une rage intense que le Roi Blanc se montre. Il sait, oui il sait très bien de qui elle vient. Reine Noire, tant de haine, tant de colère, Svanhilde et toi n'êtes qu'un, et je peux voir les pleures communs de vos deux âmes unies. Je vois la blessure, comme je vois toutes les peines des hommes d'Arven. Il voit cette déchirure, il la voit suinter. Et Ô combien Obéron voudrait aider. Mais il sait... ce ne peut être à lui de soigner la plaie. Il n'est point le Roi de cette Reine. Et il n'est pas celui qui possède les mots pour la calmer. Et pourtant, il se doit d'essayer.

Aucune main ne vient se poser sur le fourreau de Vérité. La Clairvoyance de la Justice restera à sa place, car le Roi n'est pas une menace. Il n'a jamais eu l'intention de l'être. Il n'est pas l'arme qui tranche au vif, il n'est pas le sang de la haine et du désespoir. Non, il est le guide de la lumière, le champion de l'espoir, la main apaisante des âmes errantes. Était-ce donc là les pleures qu'il avait entendu au travers de Hiémain, ces tristes suppliques, ces sentiments éloignés qui ne désiraient qu'une chose, la paix ? Oh oui... il les a perçu. Reine Noire, calmes ta colère, personne ne vous veut de mal, et tu le sais ?

Le Roi Blanc de la Rose est le seul d'entre ses alliés présents. Il voit pourtant le Fou Noir se nimber de ténèbres à l'appel de sa Reine. Qu'importe si il doit faire face pour tenter de calmer le courroux, il est prêt à éviter la mort de plus d'un innocent ce soir. Car la Rose n'est pas l'ennemie des Hommes.

Il pourrait tant dire, la prier de se calmer, de remettre à d'autres heures la haine et la peine, mais... il ne se sent pas le droit de le dire. Il est là, pour surveiller, et intervenir sur le besoin y est. Mais par les Puissances, il ne peut parler à la Reine alors que celle ci ne déverse pas encore tout à fait sa haine sur la vie humaine. Pourra t-il seulement cependant lever le bras avec Vérité contre une amie, une alliée ? Pourra t-il se mesurer au courroux d'Ordalie, dont la puissance dépasse sans doute la sienne par l'imposante stature qu'elle impose ? Il en doute. Mais sera prêt.
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Answald Vifazur
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeJeu 17 Oct - 2:58

Une morsure de girafe.

Je n'en revenais pas. Venais-je vraiment de me faire mordre par une girafe ou était-ce une illusion issue de ma transe ? Je crois que je ne saurais jamais le dire.

Une voix vient siffler à mes oreilles des propos de menaces bien réels... Cela m'étonne en fait même qu'il ne m'exécute dans l'instant. La température a aussi radicalement chuté, et je crois que je suis en train de me changer en glaçon. Dans un coin de ma tête, je suis en train de d'essayer d'établir un lien avec Armure, même si la concentration est assez difficile en cet instant de déboire. Surpris, je me rend compte que ce lien est déjà établi... Il m'observe. Aucun mots ne seront donc nécessaires pour le mettre au courant de l'action. S'il désire que je vive, il sait parfaitement ce qu'il a à faire.

Mais déjà une autre... Chose détourne l'attention de l'ombre qui est venue se jeter sur moi... Je frissonne. Ce qui vient de se réveiller n'est pas la Reine de Nightingale... C'est un concentré de Magie noire, équipée d'une énorme épée à deux mains, qui a bien l'intention de réduire en poussière tous ceux qui croiseront sa route. Je suis stupéfait, et ne comprend pas ce qui m'arrive. Armure, lui, offre tout son attention à la scène, je crois qu'il serait capable de me laisser mourir pour savoir ce qui se passe ici, tant je ressens son intense curiosité. Il sait des choses que je ne sais pas, c'est tout à fait certain... En tout cas, je reste optimiste, c'est une petite victoire : Je viens de participer au réveil d'une chose tout à fait néfaste pour l'humanité. Voila qui les occupera un peu le temps que les Dragons trouvent les reliques grâce à leurs écrins.

Mon rire devient de plus en plus fort, je ne parvient guère à m'arrêter. Je reste accroupi sur le sol, incapable d'un geste quelconque. Dans mon crâne, Armure m'enjoint de ne pas bouger, d'observer. C'est au tour de l'ombre qui m'a violemment menacé de se transformer sous mes yeux inquiets et et heureux tout à la fois de pouvoir offrir cette vision à mon Maître Dragon. Après le discours de la Reine Sacrifiée, je comprend que cette ombre qui se change en lumière est une autre pièce de la Rose Ecarlate... La Reine Noire et le Roi blanc sont réunis en ce lieu... Peut-être n'ai je en fin de compte pas réveillé la bonne personne... Il me semble que la Rose Ecarlate et les Dragons n'ont jamais été en de bien bons termes, quelle que soit la légende que l'on veuille bien croire.

Aurais-je le courage d'agir ? Aurais-je le courage de tenter d'éliminer l'une de ces deux pièces ce soir, quitte à y perdre ma vie ? Pour l'instant, seule l'injonction d'Armure retient mon geste, mais cela ne m'empêche pas de tenter de reprendre ma concentration, laissé seule dans mon coin, à côté du cristal. Magie... Toi qui circule, étouffante, en ce lieu confiné... Vient à moi ! Laisse toi diriger... En mes veines, en mon corps, je sens le Flux circuler, repousser le froid glacial que m'impose l'une des personnes de cette salle, ce froid qui était en train de me tuer sans que je m'en rende même compte à cause de ma transe et de mes émotions... Je sens ce frémissement, cette chaleur, bien plus semblable à ce que je connaît d'ordinaire que ce que j'ai éprouvé en touchant le cristal. Mes mains se portent sur les manches de mes dagues...

Il est plus que temps de se battre.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeJeu 17 Oct - 5:26

Tu es là pour ta fille, tu es là pour ta sœur… Toi le Roi de Nightingale, tu es là uniquement pour ces raisons-là. Tu n’as rien à perdre puisqu’on t’a tout volé mais à présent que tu as ton enfant dans tes bras et que tu la sens en sécurité près de toi, tu te sens mieux. Les ténèbres s’éloignent et tu t’excuses auprès du Roi sans couronne face à toi.
Jamais tu ne te serais attendu à voir un mage que tu avais déjà vu, qui t’étais connu de nom passer comme s’il était chez, comme s’il était en terrain conquis, oser faire de la magie aussi ouvertement, aussi stupidement. Idiot, imbécile… Tu ne peux rater la girafe, un autre mage est dans les environs, Selar te le montre. Plus tard, pas ici, par maintenant. Answald Vifazur va devoir payer pour ce qu’il vient de tenter de faire. Comment a-t-il pu oser ?! Le danger, n’en a-t-il aucunement conscience ? Ne sait-il pas qui se trouve dans cette pièce ou a-t-il à ce point confiance en lui ?
Mais toutes ces questions resteront lettre morte car le cristal tremble, la magie tremble, l’air en est chargé. Tu en frissonnes.

Le cri de Selar retentit au même moment où tu entends Sage, au même moment où il tente de sauver ce qui peut l’être, toi et ton enfant, au même moment où il sent les barrages que tu as érigés s’effondrer les uns après les autres.
En face de toi, nulle sœur, nulle aimée, nulle amante… Il n’y a qu’une Reine Sombre, une Reine Noire à l’image de ton cœur. Sage tente de te parler, de te calmer mais rien n’y fait. La température a chuté dans la pièce, tu ne te contrôles que très légèrement. Tu aperçois comme dans un rêve le jeune mage emmener une femme. Sans doute la traîtresse.

Mais rien ne t’importes ici présent, rien ne vaut la peine, rien si ce n’est cette femme qui occupe le corps de celle dont tu ne pourras jamais te séparer. Tu étais prêt à attendre, à la rejoindre quand l’heure serait venue et une sombre entité te vole aussi cette chance ? Que la Vie et la Mort joue ton destin aux cartes… ta fille est en sécurité à présent dans les bras de Castiel de Sombreflamme. Tu viens de lui confier ton enfant de ton propre et tu te redresses, plus droit et plus froid que jamais, plus sombre aussi que ton cœur ne l’a jamais été. Le cri de Selar, perçant, retentit à nouveau pour ponctuer le chant du cygne de Svanhilde. Elle est encore là, quelque part.

Tu aperçois le Fils des Ombres, métamorphosé, radieux. Mélusine qui se trouvait là a troqué son visage magnifique pour la folie et l’arc. La Rose Écarlate… La menace est réelle. Tu le sais. Bien… très bien. Tu avais juré… encore une promesse que tu ne tiendras pas.

L’inconnu Fils des Ombres est le Roi des Blancs, Obéron. Astrée la Reine Noire, la sacrifiée s’est incarnée en ta bien-aimée. Et le Fou Noir, champion de l’absurde a trouvé refuge dans l’âme de Mélusine… Rhéa.
Trop de têtes couronnées, avec ou sans symboles. Ce soir, tu ne seras ni Roi de Nightingale, ni père, ni amant, ni mage, ni assassin, ni orphelin. Ce soir, tu seras tout cela à la fois car tu as besoin plus que jamais d’être un et entier avec les ténèbres qui sont les tiennes.
Sans vergogne tu ignores les injonctions de Sage, ses requêtes. Peut-être perdra-t-il un autre calice ce soir mais tu sais à présent quels sont les sentiments de Svanhilde. Seul moyen de t’atteindre.

Ô Sage… cela ne changera rien. Tu avances vers Astrée, Reine Sacrifiée, dardant sur elle tes prunelles de glace, ignorant volontairement le danger. À tout moment tu risques d’être fauché.

« Astrée ! Svanhilde ! Assez ! Je suis, moi aussi un sacrifié ! Victime de la Mort et de la Vie, jouet du Destin, fétu de paille ballotté par le Temps ! Tous ils m’ont pris quelque chose. Tous ! » Ta voix est forte, ta voix est glaciale, ta voix est noble. « Je suis un enfant abandonné ! Je suis un assassin sans victimes ! Je suis un mage sans maison ! Je suis l’amant d’une disparue ! Je suis mort et je suis revenu ! Je suis père d’une fille sans mère ! Je suis Roi d’un territoire ravagé ! Puissances, Dragons, Rose Écarlate… » La rage et le ton monte. « Pour qui vous prenez-vous ? Nul d’entre vous ne pourra jamais prétendre être un bien pour un mal ! Je me fiche de vos destinées, de vos projets. Nul ne méritera jamais ma considération. J’ai abandonné Svanhilde en mourant une fois, elle a sacrifié sa vie pour Arven et aujourd’hui elle sacrifie sa paix pour un respect que je ne mériterai jamais. Jusqu’au bout je suis responsable de la mort de mon fils et de sa douleur… et je lui pardonnerai tout pour toujours et à jamais parce qu’elle est la seule à mériter mon pardon. Mon âme n’est pas belle, mon âme n’est pas pure… Je suis un enfant du sang, un enfant de l’ombre, le fils du carnage. Gérez donc vos ténèbres sans elle car plus que jamais elle mérite la paix et j’aurais dû le comprendre. Astrée, vous ne protégez rien, vous détruisez son âme comme j’ai détruit son être. Ravager pour affronter ? Jamais ! Plus jamais ! Svanhilde est mienne et je suis sien. Il n’y a pas plus digne qu’elle pour détenir ma vie. »

Et tu restes là, fixant la Reine Sacrifiée et crainte car plus jamais tu n’auras peur d’affronter quoi que ce soit. Tu poursuivras Astrée en personne s’il le faut pour que Svanhilde récupère la paix qu’elle a réclamée et cela même si pour cela tu dois la perdre à jamais. Mais tu ne laisseras rien, non, rien se mettre en travers de ta route. Liam avait raison, comprendre ce qui est important… ironique quand on sait que le Fou Noir en personne lui a murmuré ces mots.
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Castiel de Sombreflamme
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeJeu 17 Oct - 23:55

Une main sur ton épaule, un léger serrement, et des mots qui savent toucher ton cœur.

Ami.

Ce mot sonne dans tes oreilles, résonne, et tu te relèves, les yeux emplis de gratitude. Ami. Cet homme que tu as déjà tué, du fil de sa propre lame, cet homme dont tu as détenu la couronne, la femme et la fille. Ami, Sigvald Nightingale. Tu hoches légèrement la tête et recules de deux pas, laissant l'homme seul face au cristal. L'homme qui aime. Et tout était si beau, si magnifique – le Roi des Rebelles qui salue le Roi des Voleurs, qui lui-même s'excuse aux Rois de Sombreciel et de Nightingale. Quelque chose de magique, dans cette assemblée, dans ces hommes assemblés autour d'une femme, pour une fillette, sous les regards de deux atres femmes.

Tout était si beau jusqu'à ce que le péon s'avance.

Un gamin à la veste minable, passée d'au moins deux modes. Un même pas encore un homme, malgré le poil sur son menton – et tu es bien drôle de déclarer cela à propos de quiconque, Castiel de Sombreflamme. Ses mots résonnent, et peut-être est-ce que parce que tu as toi-même le pouvoir d'envoûter, de faire flancher, de convaincre, mais tu y es insensible. Tu ne fais que laisser tes yeux noirs courir sur sa silhouette présomptueuse et un rictus moqueur change ton sourire, le tord. Qui est donc cet impertinent qui s'adresse à vous comme si vous n'étiez que des paysans ? A-t-il seulement conscience d'à qui il parle ? Ou son imbécillité apparente le limite-t-elle à débiter des inepties sans sens ? Son accent belliférien t'écorche affreusement les oreilles et tu vas lui lancer un quelconque sarcasme, un quelconque commentaire, quand le gueux s'avance vers le Cristal.
Et le touches.
Tu ne sais ce qui se passe. Peu importe ce que c'est, tu sens la... chose, vibrer. Trembler. Jusqu'au fond de ton cœur. De la magie. Le crétin a bien dit qu'il était mage. Subitement, ta propre magie réagit – un sursaut de colère et tu t'avances pour l'écarter du Cristal. Il ne doit pas être là – il ne doit pas l'approcher. Pas le temps que le Roi des Voleurs est plus rapide à s'emparer de l'intrus et à mettre sa lame sur sa gorge. Tu n'as même pas remarqué la brève apparition d'un bien étrange animal, ton attention toute tournée vers le mage voleur. Ætheris rôde. Le Familier de l'inconnu n'est pas là – ô souvenir vif, soudain, des mâchoires de la panthère broyant le faucon de Sigvald. Ton Familier pourrait, saurait. Une nouvelle fois. Encore. Il est insaisissable. Il y en a un autre. Un autre ? Ta question reste en suspends. Un mage. Un autre mage dans cette pièce déjà saturée de magie, où les flux, les courants, sont si forts, piquants, qu'ils vibrent dans l'air. Une magie qu'on pourrait trancher du fil de l'épée, tant elle est épaisse. Meurtrière.

Une magie qui explose.

Svanhilde. Astrée.

Tu te retournes vers l'immense puissance magique qui sort du Cristal, l'ombre Noire et puissante. Tu ne fléchis pourtant pas. Tu restes ébahi, abasourdi, devant cette apparition. La Reine Noire. Enfant d'Arven, tu connais la Légende la Rose Écarlate – et tu vois ici sa Reine Noire. Terrible Reine vengeresse, sacrifiée. Svanhilde et Astrée, deux âmes dans le même corps millénaire. Tu es écrasé sous sa puissance, sa prestance, et jusqu'au fond de toi, tu sens la chose se débattre. Vouloir sortir. Et à cette pièce se joignent Roi Blanc et Fou Noir, le Roi des Voleurs et Mélusine, ta Mélusine. Tu ne trembles pas. Tout ton corps est aux aguets – et ton esprit écrasé est lié à celui de tous ceux ici présents. Sigvald te confie Sigal et tu la prends naturellement, les yeux toujours fixés sur la Reine Noire. Prête à tous vous châtier pour l'avoir dérangée. Svanhilde désirait qu'on la laisse en paix. Tu baisses la tête vers Sigal, dont le visage habituellement heureux a pris une expression peu assurée. Elle s'apprête à pleurer. Et toi, toi qui est terrifié par cette Noire apparition, par tous ces êtres qui en cachent d'autres, par ce qui te tiraille au fond du ventre... tu berces Sigal.

Tu tournes le dos à la Reine Noire, au Roi Blanc, au Fou Noir, à tes amis et ces étrangers, pour bercer cette enfant. Pour chantonner, d'une voix que tu as claire au chant, quelconque berceuse cielsombroise. Tu n'entends même pas ce que tu dis, tu sais seulement que tu chantes. Pour que le bébé ne pleure pas. Pour que les larmes n'ourlent pas les yeux de Sigal. Tu t'éloignes même d'eux. La rage t'emplit, pourtant, et tu sens la chaleur de ta magie brûler en toi. Tu veux leur hurler de la laisser tranquille – c'est tout ce qu'elle désire. Tu te souviens de cette nuit passée, de cette nuit en compagnie de Svanhilde. Mais tu ne peux rien. Tu n'es que Castiel de Sombreflamme et dans tes bras, Sigal Nightingale se calme presque. C'est à cela que tu t'accroches. À cette enfant dont tu as juré de prendre soin avant que la Reine de Nightingale se sacrifie – et ce soir, c'est d'elle dont tu dois la protéger.


Dernière édition par Castiel de Sombreflamme le Lun 28 Oct - 16:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeSam 19 Oct - 4:16

Qu’est-ce que ?

Un homme vient d’entrer dans la salle, certifiant qu’il veut entrer dans la guilde, ou plutôt que quelqu’un veut l’y proposer. Je suis un peu stupéfait, je jette un regard du côté du couloir et y voit en effet une jeune femme que je n’ai jamais eu l’occasion de croiser. Je regarde ensuite le Fils des Ombres… Est-ce vraiment comme cela que l’on entre dans la Guilde ? Est-ce aussi simple… Aussi dangereux ? N’importe qui peut-il se présenter au Fils des Ombres dans sa Tour sur simple volonté d’un Voleur de la Guilde ? Sérieusement ? Je n’aurais vraiment jamais imaginé que ça se passe comme ça, dans une Guilde aussi secrète que celle des Voleurs… Même chez les Rebelles, nous avions bien plus d’étapes à franchir avant d’être intégrés à la Guilde, et il en fallait encore plus pour obtenir ma confiance, me rencontrer… Je questionne l’Ombre du regard…

Mais déjà elle a… Bougé ? A-t-elle seulement bougé ? Toujours est-il qu’elle se retrouve en moins d’un instant au pied de ce mage voleur imposteur qui vient de toucher le cristal. Il a manifestement fait quelque chose, mais je n’arrive vraiment pas à saisir quoi. Je l’ai juste entendu… Chanter ? Un instant seulement. Cela n’a duré guère plus qu’un instant. Mais déjà l’Ombre glisse une lame sur son cou, déjà le Roi de Sombreciel s’avance vers lui, déjà la température a-t-elle baissée d’un certain nombre de degrés. Je ne comprends pas franchement ce qui se passe ici. J’ai une sensation désagréable, l’air est étouffant… Mais je n’ai aucune idée de ce qu’a fait cet Answald Vifazur, qui est désormais prit d’un rire démoniaque qui ne fait qu’amplifier mon malaise.

Et puis voilà qu’un nouvel événement vient troubler cette soirée pour le moins étrange. Svanhilde, Astrée, Reine Noire, Reine Sacrifiée. Je me recule de deux pas, ce qui me place derrière tout le monde. Diantre, mais que se passe-t-il ? Je comprends seulement que cette… Créature qui vient de se réveillée n’a pas l’intention de nous prendre dans ses bras pour nous remercier de l’avoir sortie de son sommeil. Décidemment, Svanhilde n’avait pas l’air d’avoir envie d’être réveillée. Je me mords la lèvre, pourquoi ai-je participé à tout cela, déjà ?

Inquiet, je reste en retrait, met ma main sur mon épée. Ce qui se passe ici n’est pas mon affaire, mais ça pourrait clairement le devenir. Je suis prêt à défendre ces Rois contre la chose qu’ils viennent de réveiller, que nous venons de réveiller. Une femme se transforme dans un coin de la salle en ce Fou Noir que j’ai croisé un peu plus tôt… Le Fils des Ombres lui, devient être de lumière… Le Roi Blanc. Combien d’autres surprises devront nous affronter ce soir ? Qui dois-je craindre, à qui puis-je faire confiance ?

Je laisse Sigvald en première ligne, tenter de raisonner sa Reine. Cela me semble en effet le plus sensé, je ne me vois mal affronter cette Puissance sortie du fond des âges. Mais quoi qu’il arrive, je me tiens prêt. Ce soir, mon rôle n’est pas encore venu.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeJeu 24 Oct - 7:28

Un intrus, et cette jeune femme qui se dissimule dans l’ombre, que tu ne vois que trop bien, quoi qu’elle tente soigneusement de ne pas se faire remarquer. Tu sais que cela n’a pas échappé à Hiémain, pas plus que la fantaisie d’Aglaé qui mordait l’inconnu qui n’était pas le bienvenu, et son apparition rapide involontaire, sentant ton hostilité à son égard. Tu approuves son attitude, sa rapidité, à poser sa lame sur la gorge de ce mage imprudent, effronté. Que son sang coule ne serait que justice.

Mais tous sont distraits par la puissance soudain dévoilée. Noire. Violente. Virulente. Nul n’aurait pu prédire ce revirement, cette haine soudaine, qui emplit la pièce ? Les évènements te dépassent, prennent le dessus sur ta compréhension. Heureusement, Hiémain te demande à ailleurs, te confie une tâche, te donne une bonne raison de ne pas te confronter à cela. Tu ne sais pas qui est cette jeune traitresse, mais elle est l’une des vôtres, et rien que pour cela, tu ne peux la laisser à la merci des puissances qui se déchaînent à l’instant.

Suivez moi, et ne dites rien. Pas un bruit, pas un geste. Obéissez-moi, sans quoi je vous priverai de votre liberté de mouvements.

Cours, concis, et sec. Tu n’es pas à même d’être indulgent, pas à même de la laisser s’exprimer ou d’écouter ce qu’elle peut bien avoir à dire. Son procès viendra, son droit de parole arrivera. Elle répondra de ses actes, mais le temps n’est pas encore là. Sa vie n’est due qu’à l’injonction de Hiémain, de la garder en vie. Ce n’est pas le cas pour l’imbécile qui l’a convaincue de l’introduire dans votre Tour, et tu n’hésiteras pas à frapper, s’il tente de vous suivre pour sortir – il ne peut connaître le chemin pour sortir d’ici.

Tu sens tes membres qui s’engourdissent, tu sens le froid ambiant, et tu t’empresses de partir, prenant la fautive par le bras sans ménagement – elle aussi, serait congelée si elle n’était pas éloignée. Nul ne peut lutter contre ce froid surnaturel, qui émane d’un des mages présents, encore moins quelqu’un non doté de magie. Tu ne sais pas de qui il provient, mais ça n’est qu’un imbécile. Il veut causer la mort de tous, y compris de la puissance mortelle libérée du cristal ? Peut-être est-ce la solution, oui…

Mais déjà, tu t’en détournes, tu cesses de te questionner, alors que tu mets la jeune femme à l’abri, et attends. Attends qu’elle parle, attends que tout soit réglé dans la salle où le Cristal était abrité, attends que Hiémain arrive, que le Fils des Ombres s’occupe de celle qui a bafoué vos règles.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeVen 25 Oct - 14:27

Ordalie me brûle.

Ordalie hurle en moi, déchaînement sauvage de cette soif de sang barbare, primitive, ancestrale, appel de la violence qui voudrait me séduire et m'emporter. C'est tout mon être qui frémit dans son souffle, chaque fibre de mon corps, chaque parcelle de mon âme, chaque fragment de mon cœur qui frissonne dans son chant majestueux, qui résonne dans l'écho de ses cris que nul autre ne peut entendre. Ordalie réclame le prix du sang : l'arme s'enflamme, vibre, dans un tourbillon d'émotions et de sentiments que je ne suis pas prête à accepter, à concevoir, à tolérer. Je veux simplement laver dans le sang d'un autre ces larmes brûlantes qui défigurent mon visage – noyer dans l'agonie d'autrui les cris terribles de ma propre souffrance. Trop de poids, trop de responsabilités pour l'adolescente blonde qui aimait rire et qui dut apprendre à tuer pour une mission imposée depuis des temps bien plus anciens que sa propre naissance – trop de devoir, trop d'honneur à racheter, pour l'enfant orpheline à qui on demandait de tout sacrifier. N'ai-je donc pas assez donné ?

Oh, Astrée – son tourment personnel s'entremêle à ma détresse, les cris désenchantés des lambeaux éparpillés de son être ajoutent leur plainte lugubre à mon propre hurlement chaotique. Tant de regrets, de honte, de culpabilité – Astrée a sauvé la terre d'Arven, Astrée a sauvé Ibélène, Astrée a sauvé la magie – mais Astrée a tué l'enfant qu'elle portait, Astrée a sacrifié les ordres perdus des magies disparues, et surtout, Astrée a trahi Hypérion. De la même manière que j'ai, moi, trahi Sigvald : en lui cachant le noir destin que nous nous étions réservé, en dissimulant notre sombre décision, ce choix de porter un terme à nos jours pour permettre aux autres d'exister toujours. Tromperie, mensonge, et dissimulation – ainsi sont les vies que nous avons menées, et les échos de nos décisions marquent nos chemins de leurs sanglantes empreintes. Comment pourrions-nous nous permettre de vivre encore, quand à tant d'autres nous avons apporté la mort ? Ni elle ne moi ne pouvons prétendre à l'impunité, nous le savons – et le prix terrible, nous l'en avons payé. Et quand bien même il aurait été compensé, dans son intégralité, comment pourrions-nous exister sereinement à présent ? Elle s'est sacrifiée, j'ai cherché la mort pour oublier – tant de conséquences affreuses, de promesses bafouées, de promesses rompues, de serments brisés... Qui donc saurait me pardonner... ?

Autour de moi, tout bascule, tout virevolte, plus rien n'a de sens. Appelé par la folie ambiante, répondant à ma soif de sang dévorante, le Fou Noir émerge de l'écrin qu'il s'est choisi, Vespéral en main, paisible et vigilant. Je le sens frémir dans la magie qui nous environne – le Courroux et la Fureur ensemble ravageront ces lieux si l'ordre est donné, je le sais... Je le veux. Tous les détruire, tous les anéantir – tout, plutôt que de subir leur regard, leur jugement, leur espoir. Ordalie se lève, chante sa mélodie funèbre dans l'air du soir – et soudain, le destin s'affole, le cours du temps bascule, le futur se scelle. Il est trop tard maintenant pour changer l'histoire. Le mage s'est avancé – sans même le regarder, Astrée et moi jointes dans notre ire sacrée abattons la lame de l'épée, de nos deux mains associées. Sa honte flamboyante dans la droite, ma désolation amère dans la gauche – Ordalie s'abat, oui, et dans un chuintement sinistre, elle tranche la chair, mordant profondément dans le coude au bout duquel se tend le bras qui voudrait nous blesser, et qui tombe à terre dans notre plus total désintérêt. Le voilà amputé, privé de son membre – peu nous importe de ce qu'il adviendra de lui ensuite, en vérité, tant son sort nous laisse de marbre. Ordalie veillera sur nous, nous le savons – nous sommes sereine. Apaisée enfin. Unie dans la glaciale détermination qui nous a submergée.

Nous sommes pardonnée.

Le Roi Blanc veille, dans sa lointaine dignité, et nous savons qu'il sera satisfait. Il est bien typique des Blancs de préférer une vivante souffrance au souvenir terni de la vie – il est bien d'eux de préférer la douleur de la vie au calme éternel de la mort. Sois satisfait, Obéron, le discret et le silencieux, soit fier de nous, car Vérité n'aura pas eu à sortir du fourreau – Ordalie chante en regagnant le sien, saluant sa sœur restée paisible, et nous inclinons la tête devant lui. Vespéral chante, lui aussi, alors que le Fou soudain apaisé rejoint ce Roi de jadis dans l'attente silencieuse et tranquille, alors que le mutilé disparaît totalement, tant nous ne lui prêtons aucune attention. Plus loin, le prince renié nous observe sans bouger, respectueux de notre choix et de notre angoisse, et nous l'en remercions d'une inclinaison de la tête. Le roi de l'esprit nous tourne le dos, pour sa part – protégeant de nous cette enfant blonde au regard si clair, il se détourne de notre courroux, de notre colère, pour s'en aller veiller sur les jours à venir d'un bébé qui n'est, en vérité, même pas le sien. Des autres, nulle trace : plusieurs se sont éclipsés, ne reste devant nous que le regard torturé de cet homme, à la fois le plus parfait des inconnus et le seule qui puisse importer désormais – et son regard brûlant, poignant, désespéré. Nous avons entendu son appel, nous avons perçu sa prière. Nous sommes pardonnée.

Le cygne se tait.

Dans le silence profond soudainement tombé, là où une seule se dressait, toute de ténèbres couronnée, deux se tiennent désormais. Impérieuse et désolée, la sombre silhouette de noir voilée abrite deux âmes à nouveau – l'une jeune et sauvage, passionnée et barbare – l'autre ancienne et ensanglantée, meurtrie et dévouée. Deux reines pour deux couronnes, celle de Nightingale qu'elles veulent maintenant sauver, et celle d'Ibélène dont le souvenir intemporel sera préservé. Deux reines, deux âmes, deux souffrances – l'une a été pardonnée il y a bien longtemps, l'autre l'est juste à présent. Sans un mot, Astrée s'efface doucement, retournant dans cette part de mon être où elle dort si bien lorsque je n'ai pas besoin d'elle et que nul ne l'appelle, et Ordalie la suit alors que les voiles noirs s'estompent, se condensant souplement pour reformer autour de moi les pans sombre de ma tenue d'assassin, étrangement, alors que je portais en me sacrifiant une robe de cour bien différente de ces cuirs tachés de sang. Je ne peux le nier – me voilà, telle que je le suis, multiple et unique à la fois. L'Oracle de la Confrérie Noire, oui, le héraut des morts à venir, car tel est le rôle que mes ancêtres m'ont donné – Arius sous ma main signale la mage en moi, la tenante du savoir de Dragonvale, la gardienne de l'Académie – le sceau du Rossignol à mon doigt incarne Nightingale et son trône à relever. Mais le plus important, le plus essentiel, ô le titre le plus poignant, le plus angoissant, le plus terrible et le plus douloureux, c'est celui que je lis dans les yeux de cet homme qui me regarde, au fond de ces prunelles aussi claires que les miennes, dans les tréfonds de cette âme fidèle qui n'a traversé que le chaos et la peine pour venir me trouver – et me ramener, quand bien je m'y étais refusée. Cet homme insensé, cet homme incroyable, cet homme impossible – cet homme implacable, cet homme passionné, cet homme enflammé. Sait-il seulement à quel point son regard me fait peur, tant j'y lis de sentiments qui m'effraient, tant j'y pressens des engagements que je n'ai jamais eu l'idée d'exiger ? Sait-il, ô cet homme aimé, farouchement, sauvagement, irrévocablement chéri et choisi parmi tous les autres, sait-il combien je m'en remets à lui désormais ? Plus personne n'existe dans la pièce, même le temps n'a plus cours, comme s'il retenait son souffle dans l'attente des paroles qui franchiront mes lèvres, et je sens mon cœur battre à nouveau, puissamment, à grands coups réguliers, inondant mes veines du flot téméraire et tumultueux de mon sang retrouvé. Ma voix est rauque alors qu'elle passe entre mes lèvres desséchées – la vie est douloureuse à retrouver, mais je dois lui dire – il doit savoir, il doit comprendre, à quoi il s'est engagé.

« Astrée ne me quittera jamais – elle m'a guérie, elle m'a sauvée, elle vient combattre pour nous, lutter encore, et Ordalie a besoin de notre main pour la manier. Elle ne partira jamais. »

Si sèche, si froide – je ne sais pas comment lui dire, je ne sais pas comment lui expliquer. J'ai peur, si terriblement peur, ô douce mère – j'ai peur qu'il me fuie, qu'il prenne Sigal avec lui, et qu'il ne s'en aille vers son avenir auréolé de gloire – sans moi. J'ai peur, douce mère, ô Puissances qui veillez dans l'ombre – j'ai peur, si terriblement peur que mon frère ne m'oublie et ne choisisse de continuer sans chemin sans moi près de lui. C'est dans un murmure cassé que je finis par le lui avouer, oublieuse de tout ce qui n'est pas nous deux, et Sigal qui babille, apaisée, dans les bras de celui auquel je l'avais confiée.

« Et je ne partirai pas non plus, si tu veux toujours de moi. C'est pour toi que je reviens, c'est pour toi que j'accepte la torture, le souvenir de la mort et la douleur encore, la peine, les regrets et les remords – je les accepte de mon plein gré, mon frère, ô mon aimé, car Svanhilde appartient à Sigvald, et que si Sigvald absout, alors Svanhilde est pardonnée. Je te voue ma vie, mon existence toute entière, le moindre de mes jours – si je peux choisir encore à quoi prétendre, je ne désire plus que ton amour. Le Destin m'a meurtrie, détruite, brisée, vaincue – montre-moi, mon frère, que la vie vaut encore la peine d'être vécue. »

Près de moi, lové contre ma cheville, Arius lève la tête, et je reprends conscience de ceux qui nous entourent. Sigal est mieux entre les mains de Castiel pour le moment – je reste focalisée sur Sigvald, alors que mon Familier émet une trille chaloupée à l'adresse du faucon perché sur les solives, dans l'ombre de la tour. Il ne peut pas s'envoler pour le rejoindre, il l'appelle – reflet parfait de mon angoisse, alors que je suis suspendue aux lèvres de mon frère. Que va-t-il décider ?
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeVen 25 Oct - 17:48

Tu observes cette Reine qui à tes yeux n’est pas ta femme. Tu comprendras plus tard que désormais, les deux entités sont liées mais pour l’heure, tu regrettes infiniment de ne pas avoir laissé son repos à Svanhilde, tu en veux à Sage de ne pas avoir respecté ses dernières volontés… Triste destin, avenir immonde, que l’on te rende à vos anciennes vies, que l’on rende son sourire à Svanhilde ta douce et belle, calme et tranquille… Heureuse… Mais tout cela est terminé, tu le sais. Tu reconnais le désir de sang dans son regard, les ténèbres, la rage, le sacrifice.
Ta fille est en sécurité dans les bras de Castiel, tu sais qu’il la protégera. Tu sais qu’il l’aime autant que tu l’aimes. Tu n’as pas peur quand tu vois la lame se lever et frapper. Tu ne sourcilles pas quand la lame entaille brutalement la chair, qu’elle découpe l’os. Le sang, tu le connais, tu le faisais couler différemment mais le résultat était toujours identique. La mort. Cette blessure infligera un état de choc, c’est presque certain… Mais ce mage, cet imbécile mérite son châtiment, qu’il l’endure. Tu n’es pas un mage, ni un protecteur aujourd’hui, tu es bien plus.

Selar de son perchoir choisit veille, guette, comme toi d’une certaine manière. Son attention passe d’Arius à Castiel, de Castiel à Sigal, de Sigal à toi, de toi à Svanhilde, de Svanhilde à Arius. Il est le reflet de ton questionnement et de ton absence de sentiment face à ce qu’elle vient de faire.
Mais l’arme est remise au fourreau et les ténèbres entourant ta sœur, ton aimée se dissipe. Astrée laisse place à Svanhilde et tu peines tant à croire qu’elle est face à toi. Par la Sombre Mère… elle… t’étreint le cœur. Resplendissante.
Pourtant, tu ne parviens pas à réaliser qu’elle est là, face à toi, pour toi. Jusqu’à ce qu’elle parle… Astrée l’a sauvée… Bien, tu devras faire avec cela, tu devras faire avec ce que tu sais. Tu choisis tes mots. Ne rien dire qui dépasserait ta pensée, ne rien dire sous la rage qui bouillonne encore dans tes veines.

« Qu’Astrée reste tant qu’elle ne te reprend pas à moi. Car je le jure, celui qui t’arrachera à moi souffrira mille morts. Que les Puissances m’écoutent bien, même elles ne seront pas à l’abri de ma vengeance. » Menacer les Puissances n’étaient peut-être pas la meilleure de tes décisions mais leur… impact n’était plus à prouver après tout. « Je veux toujours de toi. Je suis resté pour toi, toujours. Dans la Vie et dans la Mort. Je ne t’ai jamais jugée, jamais crucifiée. Tu es la pureté que je ne serai jamais. » Tu poses ta main sur sa joue, ton front contre le sien. Tu oses la toucher, la retrouver. « Nous avancerons ensemble, avec notre fille qui a besoin de nous. Pour elle, pour nous, essayons malgré ce que nous avons vécu. Elle ne mérite pas de grandir sans nous. » Il murmure à son oreille, nul n’entend si ce n’est elle. « Ensemble… à jamais et au-delà. »

Et Selar déploie enfin ses ailes pour te rejoindre, pour vous rejoindre. Visible de tous, il ne se cache pas, se posant au sol, face à Arius. Les mots qu’il adresse à Svanhilde et Arius sont simples. « Nous pardonnons même si nous n’avons rien à pardonner. » Qui mieux qu’un familier connaît le cœur de son mage ? Tout est calme, le froid intense a disparu, étouffé par la présence de ta sœur, par son cœur qui bat et son regard fixé sur toi.

Et tu prends conscience que… sans Liam, tu aurais abandonné… sans Castiel, tu aurais tourné le dos à la vie… sans Mélusine, vous n’auriez jamais pu venir… sans le Fils des Ombres, tu n’aurais pas mérité ton aimée… même sans cette abruti et la traîtresse des voleurs, tu n’aurais probablement pas pu la sortir de son écrin de paix.

Ta dette est immense… Un a un tu regardes les rois, couronnés ou non et Mélusine, fidèle sœur de Castiel… Mais il te reste une chose à faire.

« Il en reste un à sacrifier cependant… » Ton regard se pose sur ce mage imbécile, cette fois, il est seul à ressentir l’atmosphère se refroidir.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeLun 28 Oct - 16:34

Dans l'air, ton chant se mêle à celui du cygne, et à celui de l'épée. La chose vibre encore plus fort au fond de toi, mais tu la repousses. Non. Ton esprit troublé s'éclaircit, alors que tu te concentres uniquement sur les yeux de Sigal, sur son visage qui a retrouvé un certain calme. Dans ton dos, la magie hurle et la Reine Noire abat son courroux sur celui qui ne devrait point être ici. Ta voix chante Ibélène de la Lune, tes ancêtres et ceux de Nightingale. L'odeur du sang. Épaisse. Tu la sens sur ta langue. Ô Castiel, tu es double, tu es multiple, et une part de toi se réjouit de cette lame qui a tranché la chair sans hésiter, jouit de ce parfum qui embaume désormais la pièce. Mais la part lucide de toi veut s'en écarter et encore plus écarter le poupon que tu tiens fermement contre toi. Sigal a tant vu, trop vu. Dos à tout ce qui se passe, tu n'en devines pas moins ce qui s'est passé. Tes pupilles se dilatent, ta respiration s'accélère. L'animal se meut dans ton corps, le Sombre qui vibre et exulte, la Noirceur qui foisonne en ton intérieur – à cet instant retenue, cloisonnée, par le Clair. Non, Castiel. Ce soir, cette nuit, tu resteras dans la lumière.
Tu reprends ton souffle. Tu recommences à resirer. Ton cœur reprend son rythme. Le chant du cygne arrête – et seuls tes mots s'entendent, dans un murmure. Ils n'ont pas besoin de musique. Sigal gazouille joliment et lève la main pour attraper une mèche de tes cheveux courts. Les enfants de Nightingale parlent dans ton dos, vibrent et s'aiment, et dans ton cœur vibre une joie certaine. Svanhilde, revenue. Blessée, incertaine, hésitante, déchirée, revenue.

C'est seulement lorsque Sigvald répond que tu te retournes enfin. Seulement lorsque leur doux moment est terminé et que tu sens l'atmosphère se refroidir, à défaut de ta peau, cette fois. « Le sang a déjà chanté, mon ami. Pour cette intrusion dans cette tour, pour cet affront aux Voleurs, nous ne sommes point ceux à qui revient le droit de punir cet importun, mais bien au Roi des lieux. » Chanté. Étrange choix de mot, pour ce bras coupé, ce sang répandu au sol. Mais ta voix est posée, claire, porte. Si ton Familier était visible, ce serait le chat persan que tous verraient et non pas la noire panthère. Sigal t'apaise. Tu as vécu dans la haine et la tristesse tant de jours, n'était-il pas tant que tu reviennes à autre chose ? Tu tournes la tête vers le Fils des Ombres. Vous êtes certes rois et reine, mais en cette tour, vous n'êtes que des invités.

Tes pas te portent vers le couple blond de Nightingale. Vers Svanhilde, plus précisément. Celle dont tu as dérangé les songes, celle sur qui tu as veillé, celle que tu as visité des nuits et jours durant, celle pour laquelle tu as veillé sur son enfant et son royaume. Doucement, tu lui tends Sigal – sans dire un mot. Tu n'as rien à dire. Tout se lit dans ton sourire. Heureux. Vrai. La flamme est revenue. Les morceaux se recollent peu à peu. Sigal n'est pas ta fille, mais l'amour que tu lui portes n'en est pas moins fort. C'est à sa mère que tu la confies, sans craindre. Finalement, tu parles, une fois la petite entre les mains de sa mère. Doucement, malicieusement. « Votre couronne est déjà entre les mains du roi de Nightingale, mais voici son trésor le plus précieux. » Un quart de tour, tes yeux noirs se posent sur Joséphine, ton amie, avant que tu t'avances vers elle pour lui tendre ton bras galamment. « Joséphine, nous retournons à Euphoria. Nous en avons tous deux besoin. » Oh oui. Sombreciel vous attend et tu as besoin de cette amie.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 5 Nov - 15:40

Mon bras est tombé au sol, et je hurle à la mort rien que de le voir étendu là à mes pieds. J’ai perdu un bras. La Magie pourra-t’elle me le rendre ? Chaque question en son heure.

Pourquoi n’ai-je pas disparu. Armure est là, présent dans ma tête. Pourquoi ne m’a-t-il pas aidé ? Pourquoi a-t-il laissé survenir cette terrible mutilation ? N’avait-il pas lu mon plan dans mes pensées ? Voulait-il tant rester plus longtemps ? Voulait-il m’enseigner quelque chose ?

Chaque question en son heure.

Je relève la tête en revenant au silence. Mon visage respire la haine la plus profonde et la plus terrible. Mes yeux son rouges de sang, des étoiles noires papillonnent devant mes yeux. Je ne m’évanouirais pas. Je suis trop fort pour m’évanouir. Je crache sur le sol. Je crache du sang. Me suis-je mordu dans ma douleur ? Qu’importe. Ma main valide récupère sur le sol le poignard que j’ai laissé tombé.

Qu’importe que je meure. Qu’importe que je ne parvienne à rien de plus. Que le Sort les emportent tous. Ils méritent tous la venue de la Mort. Je m’apprête à lancer mon arme...

Mais l’ombre est déjà sur moi.

Elle m’enveloppe. M’étreint.

Puis vient la lumière.

Une vive lumière qui m’éblouis. Je ne vois plus rien. Plus rien que du blanc.

Du blanc partout.

Je ris. Un rire d’une force incroyable qui se répand dans l’air immobile sans jamais trouver d’échos. Un rire dément. Un rire fou qui s’étend jusqu’aux frontières de l’infini.

Je suis mort. Je suis enfin mort.

Alors ce sera cela, ma fin ?

Et c’est sur cette pensée macabre que je m’effondre inconscient dans la neige glaciale, formant une unique marre de grenat sombre autour de mon corps immobile.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 5 Nov - 15:44

Il fait froid. Très froid. Trop froid.

Reculé dans un coin de la pièce, je sens mes sens s’engourdir alors que je regarde la scène d’un air vide. Qu’importe la Reine Sacrifiée qui s’énerve, qu’importe le Roi de Sombreciel qui s’en va avec l’enfant, qu’importe ce mage qui perd son bras... Qu’importe tout le reste. Je ne ressens plus rien. Je suis complètement congelé. Des flux étranges que j’arrive à sentir avec un sens qui m’était jusque là inconnu m’oppressent et viennent compresser mon estomac gelé.

Je lutte contre le froid. Je lutte contre ces sensations étrange... Je lutte pour me battre contre ces choses insensées, contre cette réalité qui dérape dans cette Tour... Mais ils sont plus forts que moi. Je suis à bout de force... Je...

J’ouvre les yeux. Je m’aperçois que je suis à genoux, les mains sur le sol. Je secoue la tête. Il ne fait plus froid. L’atmosphère est moins oppressante. Je me redresse, relève la tête. Je suis toujours dans la Tour des Voleurs. Le Fils des Ombres est dans un coin de la pièce, là où se trouvait plus tôt le mage. Svanhilde et Sigvald se font face. Ils semblent ne plus régner entre eux cette tension incroyable. Certaines autres personnes sont partis. Le Roi se Sombreciel est à leurs côtés.

Je me relève maladroitement, titube légèrement. Je retrouve peu à peu mes esprits. Je ne sais pas si mon attitude a été remarquée mais je ne tiens pas à en faire étalage. J’ai du m’évanouir un bref instant... Manifestement vraiment très court. Je recule d’un pas et pose ma main sur un meuble pour m’y tenir. Un repère stable. Fiable. Je prend une grande respiration, me calme, appui ma deuxième main le long de mon corps pour en faire cesser les tremblements.

Tout va bien. Ce n’était qu’un délire passager. Tout va bien.

Mais je crois que je me sentirais tout de même mieux quand je serais loin de cet endroit étrange où bien trop de choses se trament et défient la raison.
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MessageSujet: Re: Le Cristal de la Discorde    Le Cristal de la Discorde  I_icon_minitimeMar 5 Nov - 16:31

Grand Roi, range toi, la Reine devant toi ne tuera pas. Seul le sang coulera, et lavera sa haine, purifiera sa colère et son dégout pour enfin renaitre. Il ne faut que ça, et cela suffit. Obéron n'aura pas besoin d'intervenir. Le froid ne mord pas sa peau, il passe outre, il regarde seulement d'un œil silencieux le massacre sous ses yeux. Cris de souffrance, ballottement de l'âme, l'importun est puni, il mérite ce qu'il vient de subir. Le Roi Blanc n'accordera pas son aide à un vendu au dragon, même si cependant sa vie avait du être en danger, il l'aurait épargné, sortant de son fourreau Vérité. Mais ce n'est plus nécessaire. Le sang macule le sol, et le Fils des Ombres reparait dans les ténèbres qui le soutiennent alors que la lumière vient de le quitter. Nulle couronne sur le front, seul le capuchon de sa cape masquant son visage nimbé dans la nuit. La colère de Hiémain n'est cependant pas guérie, et la punition ne suffit pas, seule la mort le fera payer de s'être ainsi cru capable de triompher de la Cour des Miracles et la tour des voleurs.

A nouveau, son bras se fait rapide, alors que dans la folie de ce qu'il lui reste de vie, le fou d'Answald relève le bras, son arme prête à s'échapper de ses doigts pour se loger dans quelques chairs. Hiémain réagit trop tard, et le couteau lancé ne fait pas que frôler son épaule, mais dessine une plaie sur celle ci. Son mouvement ralentit il manque lui même sa cible, sa propre dague battant l'air là où, quelques secondes avant se tenait la gorge du mage. Il s'était échappé. Et il avait osé faire couler le sang du Roi des Voleurs. La chasse était ouverte, ainsi soit-il. Answald Vifazur était désormais un homme mort, sa tête serait recherchée par tous les voleurs et gitans, enfants des routes et des ombres. Nuls repos ne sauraient lui être accordé jusqu'à ce que sa tête trône à ses pieds.

Las, faisant fi de la douleur de son épaule, il se tourna vers ses invités, qui juste avant avaient retrouvés leur calme et leur identité. La Reine Noire avait rendu à Svanhilde le contrôle, entamant quelques retrouvailles avec son frère et amant. Le Roi de Sombreciel s'était joint à eux pour rendre l'enfant, et finalement décider de partir. Voilà qui était une bonne idée. Il n'y avait de toute façon plus rien à faire ici maintenant. Sa promesse avait été réglé, il estimait même avoir donné plus qu'il n'aurait du. Son regard se posa sur chacun d'entre eux, des Rois et Reines à l'héritier déchu, à Joséphine et finalement Mélusine, pour finalement lever la voix.

« Ce qui a été volé a été rendu. Mais des affaires me pressent désormais, cet homme doit être retrouvé au plus vite. Souverains et prince, descendez les escaliers de la tour, mes hommes vous attendent pour vous ramener à l'entrée. Puissent les Puissances veiller sur vous, et vous apporter un peu de félicité dans ces ténèbres. Partez maintenant, avec toute mon amitié. »

Sombre et secret, Hiémain attend que chacun sortent enfin. Et quand la porte se ferme et que les bruits de pas résonnent dans les escaliers, il peut enfin se permettre de retirer sa cape et révéler son visage. Seule Mélusine est encore présente. Seule Mélusine peut voir ce visage. Et seule Mélusine compte à nouveau aux yeux du roi. Mais hélas, il a d'autres choses à penser, comme par exemple, faire soigner son bras avant que celui ci n'en vienne à s'infecter.

Les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu. Et c'est avec plus de problème encore que Hiémain ressort de cette histoire, avec la sensation âpre que ce n'est pas fini.


HRP : Alors en soit, le rp est fini. Si certains veulent reposter après, c'est comme ils veulent Wink
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