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 D'amour et de colère

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Soprane Harpelige
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MessageSujet: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeVen 11 Juil - 16:26




12 juillet 804
D'amour et de colère
Prends soin de ce que tu ne veux pas que l'on te dérobe...


  •  Nom des participants : Hiémain & Soprane
  • Statut du sujet : Privé
  • Date : 12 juillet 804
  • Moment de la journée & météo : Début de soirée, il fait nuit et l'on voit les étoiles
  • Livre 3, chapitre 1





Dernière édition par Soprane Harpelige le Mar 5 Aoû - 8:27, édité 1 fois
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Soprane Harpelige
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeVen 11 Juil - 16:26

L'air de Lorgol est étrange. Je n'y ai pas mis les pieds depuis plusieurs mois - ma mission d'espionnage à la cour royale de Lagrance m'a tenue éloignée de la Cour des Miracles et de sa chaleur. Revenir en Cibella ne me fait courir aucun danger, les deux royaumes ont voué aux Dragons la même allégeance, mais l'on sent dans la capitale comme une atmosphère de lourdeur sous-jacente qui m'oppresse. Je me hâte le long des rues, et quand finalement je foule à nouveau les pavés de la Cour des Miracles, le poids s'allège sur mes épaules. Je suis ravie de retrouver ici des visages amis, ces gitans des routes comme moi, les voleurs de Lorgol, et tous ceux qui sont ici chez eux.

Alors que le soir tombe, l'on me presse de chanter pour les sujets du Fils des Ombres assemblés. Adossée au mur extérieur de la Tour des Voleurs, sous la lune de juillet qui se lève, Balthazar s'occupant de ma couvée caquetante, je cherche un instant quelle chanson choisir, avant d'opter pour l'une des dernières que j'ai composées. C'est une chanson d'amour et de royauté, évoquant une femme que nombre de Voleurs connaissent puisqu'elle fut jadis de ceux qui firent la grandeur de la Cour des Miracles.

Alors, pendant de longues minutes, les doigts sur les cordes de la harpe, je laisse parler l'Accord qui sommeille en moi, pour raconter l'histoire de Denys du Lierre-Réal, roi de Lagrance, et de Mélusine, la jolie fée solaire qu'il s'en est allé quérir là où l'or chaud des sables d'Erebor vient caresser les lascives effluves des parfums de Sombreciel. Et je chante, heureuse pour cette Voleuse destinée à devenir Reine, heureuse pour cette femme qui a su trouver l'amour sur les marches d'un trône après une année de solitude.
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Hiémain de Sylvamir
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeVen 11 Juil - 16:56

Les choses avaient beaucoup changée en à peine une année. Pourtant, cette même année, Hiémain ne pouvait pas vraiment dire l'avoir vu passé, occupé de toute part qu'il avait été par ses propres obligations. Fils des Ombres, il se devait de protéger Lorgol et la Cour des Miracles, et Baron de Sylvamir et récemment Sénéchal de la Couronne, il avait ses terres à remettre en ordre et aider à la régence de Nightingale. Ces derniers mois avaient été long en émotion et avaient mis à mal la patience légendaire de Hiémain. Et pourtant, il était parvenu à venir à bout de tout ce qu'avaient enduré Arven en ce même temps : la libération des dragons. Sans doute la pire chose qu'avaient connu le monde depuis des décennies, hormis peut être le règne d'Augustus qu'on venait à regretter. Malheureusement, Nightingale, source de leur pouvoir avec l'Académie, était tombée sous la puissance des ces créatures, tout comme Lorgol où le Roi des Voleurs avait du se hâter de revenir pour maintenir la force des voleurs. C'est ainsi que la capitale aux Milles Tours avait fini par se séparer en deux bords bien distinct où régnaient d'un côté les voleurs, et de l'autre Chimène d'Arven que l'on ne s'était pas vraiment attendu à revoir. Et malheureusement, un territoire qui avait fini lui aussi par s'allier aux dragons. Oui, ces derniers mois n'avaient pas été véritablement propice au repos.

Pourtant, en ce mois de Juillet fort agréable, foulant les pavés sacré de la Cour des Miracles, non masqué, seulement simple voleur qu'il était, Hiémain sentit le poids de sa charge s'apaiser quelques peu. Une respiration dans le vent frais de la nuit, il s'arrêta contre un mur pour écouter les doux chant d'une gitane, spectacle de la soirée comme on en voyait beaucoup au cœur du territoire des voleurs. C'était une douce musique, rassurante et chaude, dont les vibrations des cordes de la harpe raisonnaient dans le cœur et tendaient presque à apaiser les tourments. L'on écoutait avec calme et sérénité les paroles qui se murmuraient avec grâce sur les lèvres et s'évaporaient dans l'air. Puis tout à coup, l'on comprend le sens des paroles. Un sens... qu'on l'on voudrait bien oublier sur le champ. Hiémain, s'il garde le calme froid des Galliens sur le visage, ne peut s'empêcher de frissonner intérieurement lorsqu'il croise les mots de ce chant.

Mélusine.

Ce nom résonne comme un coup de fouet au cœur de Hiémain, quand il comprend les paroles. Une mélodie qui parle d'amour et de mariage à venir, de sentiments et de royauté. Est-ce chose possible ? Cela faisait bien longtemps que le jeune homme n'avait pas vu Mélusine, mais il ne s'était pas attendu à... enfin... pourquoi ne l'en avait-elle pas tenu au courant ? Lorsque Hiémain repris conscience du temps présent après s'être laissé emporté par le chant de la gitane, un nouveau poids vint se perdre sur ses épaules. Il n'était pas idiot, Mélusine l'avait oublié et s'était tournée vers quelqu'un d'autre. Il devait en savoir plus, savoir comment tout cela était arrivé. À la recherche dans ses souvenirs, le jeune homme était bien incapable de se remémorer quoique ce soit. Sans doute parce qu'il n'avait rien vu venir, aveuglé par bien d'autre chose. En lui, il peut entendre le murmure de Stellaire, sans comprendre le ton presque moqueur. Un ton qu'il se moque bien d'écouter. Silencieux comme les ombres, il approche de la gitane, délaissée par son public le temps d'une pause avant sans doute d'autres chants.

« Bonsoir. Salut-il avec politesse, quoique froid comme la glace. Dites moi, vous qui chantez sur la Dame de Séverac, puis-je savoir depuis combien de temps nous a t-elle quitté et quand est arrivée la nouvelle de ses fiançailles avec le Roi de Lagrance ? »

A l'instant où ses mots touches l'air et s'échappent de sa bouche, Hiémain prend conscience de l'absurdité de sa propre réaction. Comprenait-il que la faute n'était au fond peut être pas seulement celle de Mélusine ?
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Soprane Harpelige
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeSam 12 Juil - 7:47

Je le connais, cet homme si froid qui s'en vient me quérir à la fin de ma ballade. Là où, dans l'assemblée, une larme ou deux s'en sont venues trahir l'émoi sentimental causé par mes mots et la belle histoire qu'ils racontent, je ne vois sur son visage qu'un courroux rentré, sourd, qui tempête et bouillonne en sourdine. Je le connais, oui, ce Gallien hautain aux yeux de glace, cet homme né dans la neige d'un perpétuel hiver, dans le royaume de la magie qui renaît. Je le connais - ô comme je connais la sombre légende de son sang, le crime inavouable de ses parents, et le cruel destin qui s'est acharné sur lui... Hiémain, membre du conseil restreint du Fils des Ombres, baron de Sylvamir - Hiémain le Maudit, Hiémain le second apprenti du Fils des Ombres, aujourd'hui Hiémain sénéchal de Nightingale et pilier de la couronne. Je m'étonne quelque peu de le trouver en ces lieux - d'aucuns penseraient que la protection de la princesse Sigal et du prince Sigred justifieraient sa présence continue à leurs côtés. Il est vrai également que le roi de Sombreciel prend grand soin de ses pupilles, et que Nightingale se gouverne à peu près seul depuis deux cents ans...

Ainsi donc, les rumeurs qui liaient à l'époque le baronnet déshérité à la gracieuse dame de Sinsarelle sont vraies. Nombreux prétendaient avoir aperçu la sombre chevelure de Mélusine sous les voiles erebiens de la femme qui accompagnait Hiémain sur les terres de Sylvamir il y a de cela déjà presque deux ans - je n'y avais jamais vraiment cru. Je l'ai connue, Mélusine, je l'ai côtoyée, ces longs mois de l'hiver 803 où elle restait seule à la Cour des Miracles tandis que Hiémain s'occupait de ses terres. Je l'ai un peu perdue de vue à l'été 803, lorsque les Dragons se sont libérés soudainement et que la Reine de Nightingale a disparu dans la foulée, bouleversant l'équilibre des pouvoirs en Arven tandis que tous les trônes tremblaient. J'ai été occupée de mon côté, chantant les mariages, les naissances, la joie et la mort - jusqu'à ce jour de novembre 803, où de retour à Lorgol, j'ai croisé le chemin de Mélusine.

Je l'ai à peine reconnue. Si pâle, si frêle - un vide béait au fond de ses prunelles, là où naguère une étincelle de puissance allumait son regard d'une force éternelle. J'ai chanté la merveille de l'Audacia, la figure de proue couronnée d'un arc crépusculaire, avec au dos un carquois dans lequel s'attardent les rayons d'un soleil millénaire - j'ai chanté la merveille de l'Audacia et du Fou Noir, j'ai chanté leurs retrouvailles. Je n'avais pas pensé que le départ de l'entité laisserait Mélusine aussi désespérée, creuse et éteinte, comme une coquille désertée.  

Seule.

Aux premiers jours de janvier 804, cela faisait presque deux mois que Hiémain ne lui avait pas adressé un regard. Je l'ai aidée à partir - moi la gitane des routes, j'ai délaissé ma mission quelques semaines, le temps de mener en toute sécurité Mélusine à Sinsarelle. Privée du Fou Noir, elle était de fait également privée de Fantasme, sa dragonne du Vol d'Or, et le voyage à dos de chameau fut délicat. A Sinsarelle, je l'avais remise à ses gens, qui prirent soin d'elle avec tendresse en l'absence de sa parentèle éparpillée aux quatre coins du monde. Et je suis repartie poursuivre ma mission, navrée au fond de moi de constater la solitude et la détresse de cette femme pourtant façonnée pour le bonheur. A Lorgol, je m'attendais à ce que Hiémain ne finisse par s'enquérir de son absence - et fin février, à mon retour, ce fut une accointance de Denys du Lierre-Réal qui m'interrogea sur l'endroit où Mélusine s'était enfuie. Je suis partie en Lagrance ensuite, espionner secrètement pour le compte du Fils des Ombres...

Je n'ai pas été étonnée de voir le roi s'absenter dès qu'il le put, en mars, pour s'en aller à Sinsarelle mander la femme qui occupait ses pensées - et j'ai été soulagée, immensément, de voir en avril revenir la suite royale avec Mélusine. Les semaines s'écoulèrent - la noble invitée reprenait des couleurs et de la prestance, même si le vide affreux laissé par le Fou Noir continuait à béer en elle pour qui savait déchiffrer le message dans l'encre claire de ses prunelles. Il y avait enfin quelqu'un qui s'occupait d'elle - quelqu'un qui l'aimait, et qui n'avait pas peur de le lui montrer. En juin, l'on annonça finalement que le roi de Lagrance épouserait la marquise de Sinsarelle, et le peuple tout entier chanta les louanges du couple royal qui s'aimait si visiblement.

C'est tout cela que je raconte à Hiémain de Sylvamir, avant de résumer d'une phrase l'essentiel de l'histoire.

"Vous l'aviez oubliée, Hiémain - elle est partie de Lorgol il y a sept mois en attendant que vous alliez la chercher pour combler la perte immense qu'elle ressentait. Elle vous aimait, alors - elle vous aimait terriblement fort. Mais vous l'avez oubliée, et c'est un autre qui est allé la chercher, un autre qui l'aimait tout autant qu'elle vous adorait, et qui l'a conquise parce qu'il n'avait pas peur de le lui montrer. Leurs épousailles ont été annoncées au début du mois dernier, elles se tiendront pendant l'automne."

Je constate l'impact de mes mots, et un reste d'incrédulité m'aiguillonne. A mes pieds, un couac réprobateur se fait entendre - Roméo n'approuve visiblement pas l'attitude de cet homme froid, si hautain maintenant, par les Puissances...

"Je ne peux croire que vous n'ayez pas remarqué son absence depuis tout ce temps. Elle vous aimait si fort - ne ressentiez-vous donc rien d'autre pour elle qu'un orgueil de propriétaire aujourd'hui froissé par les nouvelles que je viens d'apporter ? C'est là ce que vous êtes devenu - un grand parmi les grands, vous qui régnez à tiers sur Nightingale ? Trop grand pour elle, trop important pour qu'elle soit digne de vous ? Elle va épouser un roi pourtant..."
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Hiémain de Sylvamir
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeSam 12 Juil - 14:27

Ce regard. Elle en sait des choses. Mais pourquoi ? Pourquoi lui ne savait-il rien ? Comment avait-il pu ignorer le Destin de la personne qui pendant de longs mois avait nourrit ses pensées ? L'évidence traverse Hiémain quand il se rend compte peu à peu de ce qu'il a raté. Il n'en connait hélas pas encore la teneur, mais le doute l'envahit, peut être les remords aussi, tout cela invisible sur son visage de glace. La colère gronde dans son regard, au même titre que la blessure profonde qui vient de s'ouvrir. Un signe de trahison, à nouveau, c'est ainsi qu'il le ressent. Pourtant, il ne parvient pas entièrement à blâmer Mélusine qui avait disparue depuis dieu sait quand. Avait-il été assez idiot pour laisser passer la chance à nouveau ? Il semblait bien, puisque les chants de la gitane ne paraissaient pas mentir. Bientôt auraient lieu des fiançailles entre la Dame de Séverac et cet homme que Hiémain méprisait depuis des années... Denys du Lierre-Réal. Ou plutôt... un menteur, un être détestable qui n'avait mérité qu'un bannissement et une vie de misère. Et pourtant, le voilà bien haut en Arven, s'appropriant une couronne qui n'était pas la sienne, mentant au monde et sans aucun doute à une femme qu'il ne méritait pas. Mélusine ne savait rien des intentions malhonnêtes de cet homme, et Hiémain ne pouvait croire qu'elle avait succombé si facilement aux avances de ce monstre. Denys... ah ! Un bien beau nom pour une raclure de bas étage. Clopin. Voilà quel était le vrai nom de ce voleur. Le Fils des Ombres ne pouvait que le connaître, après avoir été entrainé à ses côtés par l'ancien Roi de la cour des Miracles. Et si celui-ci n'avait pas laissé passer son égoïsme avant tout... Hiémain frissonna à la pensée que cet homme aujourd'hui aurait pu tenir en ses mains les clés de ce lieu sacré pour les voleurs. Mais il n'avait mérité que son dû, pour les mensonges et la traitrise honteuse qu'il avait osé commettre. Il aurait été si simple de briser le mensonge pour rétablir la vérité, les archives de la Cour des Miracles avaient bien assez de preuves là dessus.. mais Hiémain, malgré tout restait trop honnête pour briser ainsi une vie, malgré toute la rancune naissant en son cœur. Malgré la blessure qui venait de lui être infligée... Peut être qu'il était coupable du départ de Mélusine, mais surement pas le seul fautif.

Pourtant...

Les paroles de la gitanes résonnes comme le couperet de l'erreur irréparable. D'un coup sont exposées à Hiémain les causes de ce qui avait marqué le départ de la belle dame de Séverac. Quand avait-il commencé à l'oublier ? Comment cela avait-il pu arriver ? Il était d'accord pour dire que le travail sur ses terres et à la Cour des Miracles lui avait pris tout son temps, mais à l'inverse, il n'avait pas souvenir d'avoir été réellement dans les intérêts de Mélusine. Combien de fois avait-il envoyé de lettre sans recevoir de réponse de sa part ? À la réflexion, peut être s'était-il lassé de ne pas savoir ce qu'elle devenait ? Non, c'était faux... Elle avait toujours eut une place particulière dans son cœur, aussi froid et glacé soit-il. Et s'il n'avait pu s'enquérir d'elle, il ne l'avait jamais vraiment oublié. Jusqu'à ce que les mois passent. Silencieux. Et sans nouvelles, Hiémain avait fini par penser à d'autres choses. Mais eut-il l'idée qu'un seul instant elle l'abandonne ? Sans lui dire ? Sans lui faire part de ce qu'elle avait sur le coeur ? Car aux paroles de la gitane, elle l'avait farouchement attendue pendant de long mois... Pourquoi n'avoir rien dit ? N'avoir jamais prévenu de cette langueur ? Hiémain aurait sans hésiter abandonné ses obligations pour la retrouver et la rassurer, lui dire qu'il ne l'avait pas oublié. Mais... aucune nouvelles. Seule la solitude lourde et amère. Hiémain avait cru qu'à défaut de voir des sentiments réciproques de la part de Mélusine, il avait droit à son amitié. Sans doute s'était-il trompé sur toute la ligne.

« Vous l'avez oublié. »

Sans doute. Et au fond ce n'était pas vrai. Partagé entre deux sentiments contradictoires, Hiémain ne peut soutenir le regard de la gitane qui semble le foudroyer, porteur de reproche et juge des actions qu'il n'avait malheureusement pas fait. Mais cette femme n'avait qu'une part de l'histoire. Tout comme lui. Pourquoi, à l'écouter, semble-t-il être le seul à blâmer ? Mélusine n'était pas la seule à avoir aimée... Les mots traversent sa bouche, dans un souffle soupiré. « Je n'en savais rien, elle ne m'avait jamais fait part de ces sentiments qu'elle avait pour moi. Jamais elle n'a parlé pendant ces derniers mois de la détresse qu'elle avait de ne pas me voir paraître devant elle. J'ai... j'ai pourtant envoyé des lettres. Et aucune réponses ne me sont arrivées. Je ne pouvais que croire moi même qu'elle m'avait oubliée... » Il aurait été mentir que de dire qu'il ne l'eut pas oublié, tout comme elle même avait surement tourné une page en choisissant de disparaître de la Cour et de ne revenir que sous les traits de la fiancée d'un Roi usurpateur et menteur.

Les paroles qui suivent sont propices à déplaire au Roi des Voleurs qui les accueille avec un regard sombre et glacial. Le ton cogne, cette suffisance et ce jugement réprobateur. Qui était-elle pour le juger ainsi, sans connaître la vérité complètement ? L'envie de répliquer à sa manière se précipita au cœur du Gallien, et ce fut l'apaisement d'Obéron en son sein qui calma le jeu qui aurait pu bien vite dégénérer.

« Je n'aime guère la façon dont vous parlez de moi. Je ne crois pas m'être permis de vous juger ainsi. Si Mélusine avait ces sentiments pour moi, pourquoi ne m'a-t-elle pas fait part au plus vite de ce qui n'allait pas ? Je ne l'ai jamais considéré comme un trophée que l'on se permet d'exposer à la vue de tous. Mélusine avait beaucoup d'importance pour moi, quoique vous puissiez en penser ! Et si elle avait vraiment eut ce même amour pour moi, elle ne serait pas partie avec ce Roi sans me prévenir de sa déception ! »

Sur la fin de ces mots, le ton de Hiémain avait monté crescendo, laissant paraître peu à peu les sentiments qu'il avait laissé enfouit en son coeur, lui gallien qui n'était que de glace et de froideur. À voix haute, il avait avoué clairement l'amour qu'il entretenait pour Mélusine, et s'il lui coutait d'avouer ce secret à une femme qu'il ne connaissait pas et qui se permettait de le juger, il n'avait nullement l'intention de revenir sur ce qu'il avait dit. Il était peut être réservé, mais pas moins sincère dans ce qu'il pensait. Et se rendre compte que Mélusine avait préféré partir sans un mot plutôt que de révéler ses pensées rendait la douleur de la trahison plus grande encore. Si elle n'avait été qu'un trophée comme le prétendait cette gitane, alors Hiémain n'aurait eut aucun mal à trouver rapidement une autre proie. Or ce n'était pas le cas... Car lui, même s'il se rendait compte que Mélusine l'avait remplacé, ne pouvait cesser de l'aimer.
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeMar 15 Juil - 16:05

Le baron de Sylvamir commence à s'emporter, et en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le chanter, Balthazar s'est mis à tourner autour de ses mollets, le bec en avant et l'air menaçant, le reste de la couvée devenue adulte rassemblée derrière moi, les plumes hérissées et l'œil frémissant de colère. Je devrais m'irriter, répondre à son indignation par la violence de ma réprobation, mais une part de moi est touchée par l'accent de vérité dans les mots de ce baron à l'âme si tourmentée. Je connais la mélodie du langage, la beauté des phrases, le mensonge qui souvent se glisse entre les intonations - les non-dits, la fourberie, le leurre et les faux-semblants. Je connais l'harmonie de la déception, je connais l'hymne de la trahison, et je ne les entends pas dans les paroles heurtées de ce Voleur qui me fait face. Jusqu'ici, je l'avais vu par les yeux de Mélusine, fier et farouche tel qu'elle l'avait décrit, indifférent à elle, préoccupé par son domaine, son royaume et la couronne à laquelle il avait déclaré allégeance, à la fois moins-que-rien et souverain par tutelle d'un royaume ancestral à la légende flamboyante.

Mais je vois dans son attitude autre chose qu'un orgueil blessé comme je le pensais. Je vois quelque chose de plus profond, de plus sournois, un sentiment lancinant refoulé mais pourtant bien présent. Un instant, je me mets à la place de cet enfant né de deux êtres dont l'union était réprouvée par la morale, un enfant né dans le péché et la honte, mais un enfant né de l'amour et qui en a payé le prix fort - un enfant auquel on a fait payer le crime d'amour de ses parents, un innocent pourtant - un enfant rejeté par les siens, un enfant auquel on a tout refusé, tout pris. L'enfant est devenu adulte pour intégrer la Cour des Miracles, l'enfant a été choisi par le Fils des Ombres, l'enfant s'est élevé haut - une reine couronnée de son propre lot de souffrances et de péché l'a reconnu comme digne d'elle et de sa couronne, il a retrouvé l'honneur de porter son nom et la souveraineté de ses terres... Et une femme l'avait reconnu digne d'elle, une femme l'avait choisi pour elle - une femme noble, admirée et courtisée, l'avait choisi entre tous ceux à ses pieds. Qu'est-ce que cela représentait, pour le baron décrié de Sylvamir, de se voir choisi par la populaire marquise de Sinsarelle, fille de Séverac, sœur de cœur du tout-puissant souverain de Sombreciel et admise avec honneur aux tables des régnants d'au moins quatre des royaumes d'Arven ? Et voilà qu'aujourd'hui il découvre qu'elle aussi l'a rejeté et laissé de côté, après lui avoir laissé croire qu'il pourrait tout avoir. Un instant, mon cœur saigne pour lui. Il ne voit que ce qu'elle était pour lui, sans imaginer un seul instant ce qu'il a pu être pour elle. Le lui dire, ou le lui cacher ? Lui délivrer la vérité et répandre du sel sur ses plaies, ou lui dissimuler ce qu'il en était et lui permettre de l'oublier ?

Pas de mensonge entre Voleurs. Le regard serein de Balthazar se pose un instant sur moi avant qu'il ne s'écarte de quelques pas, rabattant devant lui la masse plumeuse de ma couvée, occasionnant pendant un court moment un concert de caquètements contrariés, offrant à Hiémain l'intimité nécessaire pour absorber ces informations avec dignité.

"Vous parlez de lettres restées sans réponse, mais elle n'a jamais rien reçu en retour de celles qu'elle vous a envoyées, Hiémain. Je l'ai vue plusieurs fois en remettre aux différents messagers passant par la Cour des Miracles, et jamais vous n'avez répondu. Pas un mot, pas un regard. Comment aurait-elle pu deviner la place qu'elle occupait apparemment dans vos pensées, si jamais vous ne le lui avez révélé ?"

Je lui parle comme l'on parlerait à un enfant, mais mon ton n'est plus accusateur. La pitié qui transparaît dans mes paroles lui fait peut-être horreur, mais dans ce cœur glacé qui se carapace d'une épaisse couche de gel pour ne plus être blessé, je devine une douleur profonde et sincère qui m'attriste, car je vois en elle la parfaite jumelle de celle qui empoisonnait chaque souffle de Mélusine avant que Denys du Lierre-Réal ne la ramène à son bras au pied du trône d'Edenia. Et je me rappelle du murmure de cette voix cassée de ne plus servir, tant elle passait de temps renfermée dans sa Tour de la capitale, attendant jour après jour un retour qui ne venait pas - je me rappelle de ce qu'elle m'a confié sur la route entre deux escales, je me souviens de ce que m'avaient raconté les gens de Sinsarelle en retrouvant leur maîtresse si éteinte.

"Pour elle, vous étiez important, Hiémain. Elle a grandi dans une famille aimante, choyée par ses parents, adorée par sa sœur et ses frères, avec en prime l'affection considérable de celui qui était alors seulement le duc héritier Castiel et qui règne aujourd'hui sans partage sur Sombreciel. Elle a tout perdu d'un coup : ses parents sont partis se faire pirates sur les mers du Sud, sa sœur dirige la Confrérie Noire dans l'ombre, son frère aîné défend Liam d'Outrevent à Souffleciel, et son frère cadet est loin de tout, à Dragonvale où il apprend l'art délicat de la magie. Elle n'avait guère plus que vous, Hiémain : toute sa vie, en dehors de sa famille, on l'a aimée pour ses richesses, pour son nom, pour ses titres, pour sa beauté - vous l'aimiez pour elle, pour son insolence oui, mais aussi pour tout ce qu'elle était d'autre, pour la Voleuse effrontée qui se cachait derrière sa noblesse, pour la douceur dont elle pouvait faire preuve lorsque quelqu'un d'autre se montrait fort pour elle et qu'elle pouvait se laisser aller, pour l'arc ancestral qu'elle maniait et l'être sauvage et fantasque qui vibrait dans son sang lorsque la magie l'appelait, pour la force de ses convictions qu'elle était libre de proclamer en votre présence sans devoir porter cette façade de dame bien élevée qu'elle en était venue à haïr au fil des années. Vous aimiez Mélusine telle qu'elle était, pas telle qu'elle paraissait, et c'est pour ça que vous étiez spécial à ses yeux, Hiémain : vous parveniez à voir par-delà les artifices et les masques coutumiers des cielsombrois, et en échange vous montriez à elle tel que vous étiez, vulnérable et abîmé par des années de solitude. C'est cela qu'elle aimait en vous : pas l'homme de pouvoir que vous êtes devenu, pas le Voleur réputé que vous êtes ici à Lorgol, mais cet homme meurtri qui n'avait pas peur de poser la tête sur son épaule en quête de réconfort, cet homme droit aux principes immuables qui savait pourtant la faire sourire dans les moments les plus sombres."

Un instant, je reprends mon souffle, emportée malgré moi par ma fougue de conteuse d'histoire, par ce pouvoir des mots tels que je les façonne dans mon art de chanteuse.

"C'est pour ça qu'elle est partie - parce qu'elle ne supportait plus le vide que vous avez laissé dans ces lieux qu'avant vous partagiez. Vous n'avez jamais remarqué cette manière qu'elle avait de toujours se tourner vers vous, dès lors que vous étiez dans la même pièce ? Même sans vous regarder, même sans vous toucher, il y avait ce frisson dans l'air, et les Accordés comme moi le sentaient, Hiémain. Savez-vous seulement qu'il y avait des chansons parlant de vous deux, de cet homme des glaces aussi froid que l'acier venu se réchauffer au flamboyant rayonnement de la fée solaire de Sinsarelle ? De ce Voleur adroit venu dérober le cœur de cette fleur sauvage de Sombreciel qui plongeait ses racines dans l'or profond des sables d'Erebor ? On chantait votre histoire, Hiémain. On la chantait loin - dans l'Archipel on la chante encore, dans ces tavernes pirates entre deux chopines de rhum, sur les ponts des navires - à la cour d'Augustus on la chante, en Outrevent, sur les routes et les chemins, dans les palais et les bosquets. C'était une belle histoire, et l'on avait envie d'y croire, parce qu'elle était belle, et que vous voir ensemble nous rappelait qu'il y avait encore de l'espoir, dans les ruines de ce monde en flammes. C'était rien, vous n'étiez au fond qu'un homme et une femme parmi les autres, mais vous aviez saigné, vous aviez pleuré, dans cette guerre insensée - et pourtant, vous étiez quand même là, l'un à l'autre. Elle vous aimait, Hiémain, elle vous aimait si fort que c'était une évidence, elle vous aimait d'autant plus qu'elle vous avait choisi parmi tous les autres, parce que vous étiez le seul digne d'elle, et qu'elle était faite pour vous tout autant que vous étiez celui qu'il lui fallait. Elle était brisée, cassée à l'intérieur lorsque l'Académie est tombée du ciel en fauchant dans la même seconde sa vie d'avant et ses rêves d'enfant, et vous aviez réussi à la remettre d'aplomb quand tout le reste avait sombré. Et quand elle a perdu le Fou Noir, Hiémain, quand elle l'a rendu à l'Audacia et qu'elle s'est retrouvée seule, elle n'avait vraiment plus que vous - et vous, vous n'étiez pas là. Vous n'êtes jamais revenu. De votre histoire il n'est finalement plus resté que des cendres - et quand Denys du Lierre-Réal a voulu les balayer, elle n'avait plus en elle de raisons de l'en empêcher. Il l'a rendue à la lumière quand elle a cru que vous l'aviez abandonnée aux ténèbres, Hiémain... Vous étonnez-vous à présent qu'elle en soit venue à l'aimer ?"

Quelques secondes de silence emportent avec elle les images gravées dans ma mémoire de cette femme d'une noblesse bien au-delà de ma naissance, si droite et digne, figée dans cette façade de sérénité qu'elle offrait à tous depuis des mois - et les larmes silencieuses qui dévalaient ses joues sans qu'elle ne tente même de les essuyer, comme si admettre leur existence l'aurait précipitée dans un gouffre de tourments qu'elle parvenait encore à éviter. Comme si, en refusant d'admettre l'ampleur de sa détresse, elle parvenait à annihiler sa souffrance - ô, quel courage dans cette femme brisée. Quel courage, et quel tragique désespoir, ô quelle intense agonie d'un cœur qui se croyait guéri...

"Je suis une ménestrelle, baron. Je fais les histoires, je fais les chansons, et pourtant - j'ai pesé ce soir chacun de mes mots. J'ai mal pour vous, si votre regret est sincère et votre peine réelle - j'ai mal pour vous, autant que j'ai mal pour elle."
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeVen 18 Juil - 12:15

Cela faisait bien longtemps que Hiémain n'avait pas laisser voir au delà du masque qui avait toujours caché celui qu'il était vraiment. Perdu sous les couches de glace que des années de solitude et de rejet avaient édifié, il s'était perdu dans une image qui n'était pas la sienne mais qui plaisait aux autres. Il avait toujours caché la faiblesse qui saignait en son cœur, cette blessure qu'il avait depuis l'enfance et qui n'avait jamais vraiment réussi à soigner complètement. Mais qu'importait les situations, les évènements avaient exigé de lui qu'il ne les laisse jamais paraître aux yeux du monde, et c'était sous la cape d'un homme fier et glacé qu'il c'était toujours montré. Et voilà que des mots, de simples mots, ceux d'une personne qu'il n'avait jamais rencontré jusque là, arrivaient à le toucher au plus profond de son être et réveiller cette ancienne plaie avec violence. Si la solidité du caractère de Hiémain n'avait pas été celle d'un gallien forgé au cœur des glaciers de Nightingale, celui-ci aurait sans doute craqué d'un nouveau poids sur ses épaules. Ce n'était pas l'envie qui manquait d'ailleurs, celle de s'abandonner à la torpeur, oublier, faire que ce moment n'avait jamais exister et revenir plusieurs mois en arrière. Mais les choses n'étaient pas aussi simples, et c'était l'heure d'assumer. Mais parfois, qu'est-ce qu'il aurait aimé fuir, ne pas être celui qu'il était, celui dont on attendait tant de chose et dont la déception aurait été plus que fatale. Elle l'était, telle en était la preuve avec Mélusine... Il avait échoué. Il avait échoué avec la seule personne à laquelle il tenait vraiment, la seule pour qui il aurait pu abandonner tout en un instant. L'amer goût de l'échec chatouillait la gorge de Hiémain, les paroles de la gitane chantaient à son esprit, celles-ci à la fois écoutées et presque oubliées. Ses pensées s'affolaient à l'écoute de toutes ces informations, entre l'indignation, l'impression que tout ça n'était arrivé que par sa faute alors que la donne n'était pas tout à fait vrai, et la malheureuse sensation que oui, si les choses en étaient c'était bien parce qu'il avait raté quelque chose d'important.

Pourtant.

« Non... c'est impossible, je n'ai rien reçu depuis des mois... »

Mais les mots n'ont pas d'importance. Ils se perdent d'un murmure incertain, celui d'une voix éteinte qui comprend, qui accuse le coup et qui pleure intérieurement de cette lumière apaisante qui vient de disparaître, et sans doute à jamais. Il se sent honteux, pitoyable, et le mur de glace qui tendait à le protéger s'effrite peu à peu, face à l'implacable vérité. Il sait ce qui en son cœur est vrai, il le sent, et c'est une tristesse sans pareil qui vient trouer cette âme depuis si longtemps tourmentée. Est-ce son Destin que celui de ne connaître le bonheur ? Il semblait bien. Hiémain l'avait touché du doigt avant de lui voir s'échapper, dans ces lettres sans réponses, dans cet oubli continuel, dans l'amer souvenir d'une femme qu'il avait aimé et qu'il découvrait aujourd'hui blessée et dans les bras d'un autre pour la consoler. Tant de paroles non dites et seule la tragédie reste.

Pourquoi n'avait-il rien dit ? Pourquoi garder pour lui l'amour qu'il avait pour Mélusine alors que celui-ci était criant, brulant en son cœur ? Sans doute la froideur de son caractère, cette façade glacée en toutes circonstances incapable de se prononcer sur les sentiments de son âme. Hiémain avait bloqué en lui ces choses depuis si longtemps qu'il en avait presque oublié le goût, jusqu'à le reprendre au contact de Mélusine, jusqu'à ce que sa lumière fasse fondre la neige en lui, illuminant d'un peu de bonheur jusqu'à ce que finalement l'espoir s'éteigne. Idiot. Il avait été idiot d'attendre et finalement de croire à l'oubli. Idiot oui. Comment reprocher à Mélusine ce qui était arrivée, elle qui n'avait fait que souffrir, certes comme lui, mais sans rien pour l'occuper sinon l'attente longue d'un retour qui n'est jamais arrivé ? Hiémain savait tout ce qu'on disait sur lui et la Dame de Sinsarelle. Il le savait parfaitement, sans oser croire que cet amour qu'il avait pour la jeune femme lui était partager. Comment le pouvait-il, lui qui n'avait eut de ses paires nobles aucune affection, qui n'avait accusé que le coup de trahison ou suscitant les intérêts de quelques curieux pour le bâtard incestueux qui avait repris les fameuses terres de Sylvamir. Il avait toujours su que Mélusine était différente, mais le passé avait toujours hanté Hiémain, le passé l'avait toujours bloqué, et aujourd'hui il en payait le prix fort pour avoir hésité. Finalement, peut-être méritait-il ce qui arrivait...

Mais la douleur n'en était pas moins cuisante, la peine n'en était pas moins présente. Il souffle, il souffre en silence, puis vient la réponse, creusé dans son cœur blessé, des mots saignés, vrais. A cœur ouvert, de toute façon, il n'était pas capable de mentir sur Mélusine.

« Elle a été la seule dans cette cour d'hypocrites à apprécier ma compagnie sans voir en moi l'affreuse vérité de mon passé. La seule à illuminer quelques peu mes jours dans un monde que j'ai toujours farouchement détesté. Oui j'aimais Mélusine pour ce qu'elle était, la beauté de son caractère insolent, cette manie qu'elle avait de me parler sans détour. Elle était la douceur du soleil quand je n'étais que la glace rêche de la nuit. Et elle a toujours su apaiser celui que j'étais réellement, elle a toujours su trouver les mots pour me faire voir le meilleur quand je ne voyais que le pire. Elle a toujours eut toute ma confiance, elle savait tout de moi comme je savais tout d'elle. J'aime Mélusine parce qu'elle a été le meilleur en moi... Et... et j'ai été idiot de toujours garder pour moi les sentiments que j'ai eut pour elle presque au premier jour de notre rencontre. J'ai été égoïste, de peur d'être blessé encore une fois, de retomber dans les ténèbres... je voulais garder ce bonheur insouciant encore un peu. Je... Non je n'ai pas voulu croire à ces histoires, à cette sensation qui nous frôlait quand Mélusine et moi étions proches. Parce que... parce que je ne suis pas le fier et puissant seigneur que je prétends être... Et je redoute toujours de perdre ce que j'ai en faisant le mauvais choix. Et malheureusement, sans en prendre un, j'ai fait ce que je redoutais. J'ai perdu celle qui était tout pour moi. »

La voix vacille mais ne se brise pas. Il reste un soupçon de glace, réchauffée par une colère sourde, un colère contre lui même, une colère pour avoir été aussi faible et d'avoir fuit de peur. La voix ne vacille pas, mais ce qui n'était jamais, Ô grand jamais, arrivé à Hiémain se produit. Une larme coula au creux de son œil, puis une autre, sans que le déclin ne s'arrête. Ses yeux de cristal, telle la glace, brillent de douleur, si sincère, reflet complet de la blessure de cette âme meurtrie et abandonnée. Le cœur blessé de celui qui dans l'ombre se cache sous les traits du Roi des Voleurs ne tient plus. Il se brise et saigne encore, et encore, et encore. Et rien ne semble l'arrêter, rien ne semble pouvoir soigner cette peine. Il ne le mérite pas, puisqu'il avait échoué seul. Il renifle, sa main vient trouver son visage, effaçant les larmes d'un mouvement entre rage et lassitude. Il avait si honte, et il avait si mal.

« Je regrette tellement que vous aillez eu à aider Mélusine alors que c'était à moi de le faire. S'il m'était donné une chance de la retrouver... mais comment puis-je prétendre à reprendre son cœur que j'ai brisé ? Alors qu'elle reprend goût à la vie auprès d'un autre qui a su la soigner ? Tout ça n'est que de ma faute, et je ne peux retirer à Mélusine le bonheur qu'elle semble enfin toucher auprès de Denys. Elle ne mérite pas de souffrir à nouveau. »

Qu'importe la véritable nature du faux Roi de Lagrance, s'il avait réussi à donner de l'amour et du bonheur à la seule femme que Hiémain n'ait jamais aimé, alors celui-ci était prêt abandonner. Il avait échoué pour lui même, Mélusine avait peut être encore cette chance après tout ce qu'elle avait traversé. Lui avait l'habitude des sombres tourmentes, il serait alors le seul à les assumer.
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeMer 23 Juil - 11:57

Tout autour de nous, l'air s'est chargé de tristesse. La nuit s'avançant, le silence est tombé sur la Cour des Miracles – les Voleurs sont très actifs sous la lueur de la lune, mais ils le sont en cachette, discrets et prudents. La nuit est là depuis plusieurs heures maintenant, et voyant que je ne reprends pas mon tour de chant, l'assemblée à la taverne a commencé à se disperser. Personne ne peut entendre nos échanges, et dans la discrétion de notre discussion, j'en viens à regretter ma hardiesse. Qui suis-je au fond, pour juger cet homme ? Qui suis-je donc, pour aviver ainsi sa détresse...

Je peux presque entendre, dans le silence qui peu à peu s'est installé, le chuchotement désolé de son cœur sur le point de se briser. Comme une plainte, humble et réservée, qui n'oserait pas se faire plus forte pour ne pas importuner – comme le soupir d'agonie, digne et résigné, d'un cœur trop éprouvé, sur le point de se rompre après avoir trop aimé. Ai-je raison de me mêler de ce qui ne regarde vraiment, au final, que la dame de Séverac et le seigneur de Sylvamir ? Une vague de compassion pour ma noble amie infortunée m'incite, cependant, à mettre la main un peu plus avant dans cet amas embrouillé de sentiments désordonnés. Il y a ce je-ne-sais-quoi, dans le maintien et la douceur caressante de Denys du Lierre-Réal, qui me laisse quelque peu mal à l'aise – une opacité terne au fond de ses prunelles, un plissement subtil de ses yeux quand il les pose sur les valets et les petites gens qui fourmillent dans les couloirs de son palais... Je ne sais pas si Mélusine est vraiment heureuse auprès de cet homme : son corps a repris des formes et ses joues des couleurs, mais son sourire n'atteint pas vraiment ses yeux, et je n'ai plus entendu son rire depuis plus d'une année maintenant. Je me rappelle d'elle au bras de Hiémain, ici ou là, et de ce que m'en ont raconté mes frères et sœurs des glaces : une femme forte, rayonnante d'un éclat de grandeur qu'elle n'a plus aujourd'hui. Et si... ? Et si...

Je le sens frustré, en colère contre lui-même, empli de rage et de désolation – il est temps, peut-être, que je lui apporte quelque consolation. D'une main, l'autre soutenant ma harpe, j'essuie du bout des doigts une larme qui lui échappe.

« Serait-ce donc enfin le temps où la glace fond, baron ? D'aucuns prétendaient que vous étiez reclus dans un éternel hiver, mais je saurai répandre la nouvelle d'un printemps tardif, si toutefois la volonté vous venait de vous en aller porter vos pas au cœur des vergers pour y reconquérir la femme promise à y régner... »

Je ne veux pas lui donner d'espoir factice – mais s'il reste une chance à cet homme amer de retrouver ce qu'il a perdu faute d'admettre à quel point il y tenait, alors j'ai envie de lui venir en aide. J'ai pitié pour lui – pitié, et espoir aussi. En tant que gitane, je dépends de la Cour des Miracles, et il est vrai que Mélusine en a écrit quelques lettres de gloire. La ramener au bercail serait bénéfique aux Voleurs tout comme à Hiémain, alors... Alors, je peux concevoir de lui prêter la main.

« Je ne veux rien vous promettre. Je ne peux pas parler pour elle. Mais je vous donne un conseil, en tant que femme, et en tant que gitane : si vous la voulez, battez-vous pour elle. Elle le mérite, et rien n'est jamais joué. Donnez-vous une chance d'être heureux, Hiémain, si vous la voulez vraiment... »
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeMar 5 Aoû - 6:39

Cette sensation était pour Hiémain à la fois dérangeante et presque nouvelle, ce sentiment d'être sans masque et de dévoiler son véritable visage pour la première fois entièrement devant quelqu'un. Depuis son plus jeune âge il avait apprit à garder pour lui tout ce qu'il pouvait ressentir, portant un regard méfiant sur toutes les personnes qu'il côtoyait. Il n'avait jamais voulu prendre le risque qu'on puisse le dénigrer plus encore qu'on ne le faisait déjà et souffrir inutilement, lui qui en son cœur n'était de toute façon que bris et solitude. La glace gallienne, celle qu'il avait pourtant rejeté en quittant Nightingale, c'était insufflée lentement en lui pour consolider ses plaies et enfermer son cœur dans un hiver dont il ne souhaitait pas se défaire. La vie à la Cour des Miracles, si elle avait changé bien des choses pour le jeune homme, lui apportant une famille et un regard qui n'était pas méprisant, n'avait jamais pu retirer cette couche glacée installée depuis longtemps. À la réflexion et face à cette situation, il songeait bien qu'il n'y avait eut que peu de personne capable de voir en lui de cette manière, faisant fondre quelque peu cette glace. Son Maître, l'ancien Fils des Ombres en faisait partit, lui qui avait toujours eut pour Hiémain cette figure de père, et Mélusine. Oh Mélusine, elle qui avait changé tant de chose, qui avait toujours sut être là pour lui et parler sans détour, parfois même avec virulence quand la situation l'exigeait, mais qui avait toujours été plus honnête et vraie. Sa Mélusine qu'il avait abandonné. Et pourtant... était-il possible qu'on lui accorde une dernière chance ?

« Si il m'est permis de me présenter à Mélusine sans la blesser, je m'en irais de ce pas la retrouver en Lagrance et me battrais pour elle. Je compte bien rattraper ce temps que j'ai laissé filer, et je ne ferais pas cette nouvelle erreur. »

Peut-être n'était-ce pas seulement la conviction de Hiémain qui se mêlait dans ces paroles, mais sans doute aussi une touche d'espoir, bien qu'il savait ses chances maigres. Et pourtant, s'il savait à juste titre que rien n'était acquis et que les choses ne seraient sans aucun doute pas faciles, il comptait bien reprendre sa chance et ôter à Denys la femme qu'il avait toujours aimé. Cette enflure ne méritait aucunement Mélusine, et Hiémain savait bien assez de chose sur lui pour savoir qu'il n'était qu'un menteur et manipulateur rancunier. Il ne pouvait imaginer une seule seconde que celui-ci porte une véritable affection à Mélusine. Oui à cette nouvelle conviction se mêlait bien autre chose, cette certitude que Denys du Lierre-Réal ne devait pas avoir ce qu'il voulait...

« Soprane, je ne saurais comment vous remercier de ces précieux conseils que vous m'avez donné. Si il y a quoique ce soit que je puisse faire pour vous, je ne doute pas que vous saurez où me trouver. Si je puis vous donner à mon tour un conseil, lorsque vous retournerez auprès de Mélusine, méfiez-vous de Denys : il est loin d'être ce qu'il prétend. »

Qu'importe que ces conseils paraissent comme les mots du concurrent jaloux, Hiémain ne pouvait pas laisser cette femme s'aveugler dans les manières parfaite de ce menteur passé maitre en l'art de manipuler. Clopin n'en était pas à son premier coup d'essai et c'était bien ce qui l'avait compromis la première fois.
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MessageSujet: Re: D'amour et de colère   D'amour et de colère I_icon_minitimeMar 5 Aoû - 8:25

Très bien. Hochant gravement la tête, j'accuse réception des avertissements délivrés par Hiémain, qui ne font que renforcer mes propres suspicions. Ce Denys a quelque chose d'étrange que je ne m'explique pas – quelque chose de doucereux, d'hypocrite, de mensonger, qui met mes sens en alerte. Je ne sais vraiment quoi penser de lui, et cela m'inquiète un peu pour l'infortunée dame de Sinsarelle.

« Je m'en retourne à ma mission, en ce cas, et vous souhaite de réussir dans la vôtre, Hiémain. Que la grâce des chemins vous préserve dans vos errances. »

Le saluant d'un ample mouvement du bras à la manière de ceux des routes, je hisse souplement la harpe sur mon épaule et rassemble d'un appel bref ma couvée plumeuse. La route m'attend, au lever du jour – une bonne nuit de sommeil, et je retrouverai les chemins fleuris de Lagrance. J'ai une chanson à répandre, un hymne à composer, qui célèbre la fonte des glaces et le réveil d'un cœur que l'on croyait mort et qui n'est qu'endormi – une histoire que mon art va devoir répandre dans tout le royaume des Jardins. Bonne chance à toi, Hiémain...



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