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| Times of the assassins [PV Svania] | |
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InvitéInvité | Sujet: Times of the assassins [PV Svania] Dim 19 Juin - 10:09 | |
| Ce sont de beaux endroits, ces champs. Rien n'est plus tranquille qu'un chemin qui mène à une colline verdoyante, surmontée d'un grand frêne. De là haut, mon regard embrase toute la citée. Elle semble très éloignée. Pourtant, on n'en est pas si loin, à la réflexion : un peu plus de deux kilomètres. Rien du tout en fait.
Les paysans du cru passent sur le chemin, me saluent d'un geste. Un s’arrête pour discuter un peu. Pauvres gens. Ils n'ont pas conscience que si un garde, un soldat, n'importe qui, que sais-je, passait ici, ils iraient en prison immédiatement. Voir pire. Il ne fait pas bon de traîner avec Lord Baelish Winterfell, comte d'Anthenor. Enfin, je suppose qu'à présent, c'est juste Baelish Winterfell. Avec comme titre Traître au royaume, depuis que je n'ai plus de comté. Depuis que je me cache à Lorgol, et que Catharina est à Loeran.
Oui, je n'ai plus rien, je ne suis plus rien. Juste un homme qui lutte pour la liberté, et à qui, à cause de cela, on a pris la femme et les enfants. Enfin, pas Tristan, puisque lui, on ignore où il est...
Mais pour le moment, cessons donc de penser et concentrons nous sur ce qui va arriver bientôt. Ça fait deux ans que je suis à Lorgol, deux ans que j'attends mon heure. Maintenant elle est venue. Enfin. Dieu sait comment, j'ai réussi à contacter la confrérie Noire. Dieu seul sait comment, par les connaissances de connaissances d'amis qui font partie de la confrérie, j'ai réussi à faire passer un message à leurs dirigeants. Un d'entre eux accepte de me rencontrer. Miracle. J'ignore qui va venir.
Toujours, et encore, je soutiendrai la liberté, je lutterai pour faire tomber Augustus. Je savais ce qu'il en était en théorie, quand j'étais jeune. J'avais lu les méfaits qu'ils avait commis dans l'énorme Mondus Principus, le dernier livre d'histoire encore valable dans ce pays. Mais depuis ce temps là, je n'ai eu que trop d'exemples de ce que son régime à fait : ses serviteurs tuent, oppriment et détruisent. On m'a destitué de mon comté -maudits soient les Saldenow pour ce qu'ils ont fait- parce que j'ai dit haut et fort ce que tous pensent tout bas.
J'ai décidé de lutter. Je le ferais jusqu'à ce qu'Augustus meure, ou que moi je sois détruit. Mais je ne peux le faire seul. Voilà pourquoi je veux rejoindre la confrérie Noire.
Assis sous ce grand frêne, comme toujours habillé de noir, avec un pourpoint de cuir et des bottes de voyage, et mon épée Roseburn, j'attends. Je finis par allumer un vieille pipe en terre, assez longue, comme celle des marins du port d'Anthenor. Le tabac vient du Protectorat de Karsh. Bientôt, il faudra que j'en trouve à nouveau. Tout en réfléchissant, je laisse les volutes de fumée disparaître dans le ciel. Le tabac se consume sans que j'en tire une bouffée.
L'avenir est en marche, je le sens. Il ne reste plus qu'à l'attendre, et à le saisir au vol. |
| | | La Sombre Mère Messages : 1991 Je réside : Ni vraiment ici, ni totalement ailleurs... RegistreÂge du personnage: 24 ansTitres: Autres visages: Mélusine de Séverac ☼ Freyja de Brunante ☼ Lotte-Louison de la Volte ☼ Soprane Harpelige ¤ Chimène d'Arven | Sujet: Re: Times of the assassins [PV Svania] Dim 19 Juin - 10:39 | |
| Cette missive m'intrigue. Déposée dans le tronc creux qui sert de boîte aux lettres aux agents de la Main de la Nuit, relevée discrètement à intervalles irréguliers par les Écoutants, elle était scellée et à l'extérieur, on ne pouvait lire que ces quelques mots : « A l'Oracle ». Message transmis par l'un de nos fidèles agents à mon attention exclusive. Cette lettre, je l'ai lue, et une drôle d'émotion a saisi ma gorge. On m'y racontait l'histoire d'un noble déchu, connaissance vague d'un des agents, qui plaidait sa cause auprès de moi. Un noble déchu – mon esprit conceptualisa Liam d'Outrevent qui était dans une situation similaire, mais j'ai découvert au fil de ma lecture que cet homme-là était d'une autre trempe. Il semble en vouloir aux Saldenow – il me faudra lui apprendre que ni Chart ni Denise ne sont ses ennemis. Il veut agir. Saisir la lame rituelle et vouer son allégeance à la Main de la Nuit. Il veut embrasser les ténèbres et se fondre en elles, comme moi, comme nous tous.
Je suis curieuse. Je l'ai toujours été. J'en ai parlé avec Siegfried et Sigvald, j'en ai parlé avec Enguerrand et Jodhaa. Avec mon sénéchal et mon frère, avec mon tuteur et mon amie la plus proche. Le premier a voulu m'interdire de donner suite à cette demande, les trois autres m'ont encouragée : Sigvald avec ce sourire chaleureux qu'il ne réserve qu'à moi, Enguerrand avec son air malicieux et le nez dans les fleurs, Jodhaa avec une étreinte et un baiser léger sur ma joue. Leur confiance me réchauffe et m'apaise. Et j'ai décidé de rencontrer ce noble si étrange. Ma réponse est partie immédiatement trouver l'agent qui m'a déposé cette requête – de lui je ne connais que son nom de code, l'Azur. Mesure de précaution – nous ne signons jamais nos missives de nos noms.
Mon cheval galope dans la campagne. C'est bientôt l'aube : dans quelques temps le soleil se lèvera. Pour moi, la journée s'achève : je vis la nuit, et ce soir j'ai tué. Au matin, l'un des fournisseurs d'esclaves du palais sera trouvé mort dans son office, la gorge tranchée. Il a tenté de se défendre, mais je n'ai aucune pitié pour les marchands d'âmes, et ma lame a rapidement rempli son rôle. Je voulais me changer avant de rencontrer cet étranger, pour ne pas l'effrayer – mais j'ai changé d'idée. S'il aspire à nous rejoindre, il ne doit pas être rebuté par le sang qui m'a éclaboussée. Cela fait partie de ma vie, c'est là le chemin que j'ai choisi. Le sang est mon égérie. S'il veut en faire la sienne, alors il me rencontrera maculée de rouge, mon visage constellé de gouttelettes écarlates, mes mèches blondes striées de carmin. Certains ne le supportent pas, me voient comme une femme sans foi ni loi. D'autres, ceux qui me suivent au sein de la Confrérie, voient le poids que je porte, le fardeau sur mes épaules, le sang sur mes mains. Je damne mon âme pour sauver les Huit-Duchés. J'en suis venue à aimer tuer : cette sensation de vie quittant les tyrans me procure un sentiment de bien-être qui compense bien toutes les condamnations morales dont on peut me blâmer.
Mes réflexions m'ont emmenée aussi loin que les sabots de mon cheval. J'arrive près du lieu de rendez-vous. Je laisse Destrier à proximité, les rênes lâches de manière à ce qu'il puisse se libérer si besoin était, puis je dissimule ma chevelure sous un capuchon, et mon visage sous un foulard. C'est peut-être un piège, et si c'est le cas, il vaut mieux ne pas être reconnue. Prudente, j'étudie les alentours. Tout semble normal. Il m'a sûrement entendue venir : je n'ai pas cherché à me montrer discrète. Il sait qu'un dirigeant a accepté de le rencontrer : il ignore que c'est à l'Oracle en personne qu'il va avoir affaire. Aldaria, mon Familier bien-aimée, se dissimule dans les fourrés. Ses plumes blanches la rendraient trop visible sous l'éclat de la lune et ce genre d'affaires ne peut se régler que dans l'obscurité. Je sors du couvert des arbres, m'approche de lui : il est l'incarnation de la patience nonchalante. Je m'incline légèrement, un salut de la tête – après tout, s'il est noble, je suis duchesse, et peu prévalent sur moi, même s'il l'ignore encore. Même dépouillée de mes titres et de mes terres, même renégate et hors-la-loi, j'en garde cet orgueil de race que mon sang m'a insufflé.
« La Main de la Nuit vous salue, mon ami. Vous avez demandé à La rencontrer : je suis Ses yeux et Ses oreilles. Parlez : vous serez entendu. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Times of the assassins [PV Svania] Lun 20 Juin - 2:20 | |
| Un cheval. Avant meme de le voir, je l'entends. Lentement, je me lève. Tire une dernière bouffée de tabac.
La personne qui apparaît, je la connais. Je la reconnaîtrais entre mille, malgré le foulard qui masque son visage et le capuchon qui cache ses cheveux. Svanhilde Nightingale. Fille de Sigmund Nightingale. Je ne l'ai vu qu'un fois, il y a bien longtemps, lorsque mes voyages m'ont poussés jusqu'à Shivering Soul. J'avais vingt et un ans. Elle en avait six. J'observais cette petite fille avec curiosité. Il y avait quelque chose de père dans ses yeux bleus. Une fierté, une droiture, que je ne pensais retrouver que chez un adulte comme mon père, ayant déjà vu bien des choses destructrices. Quand son père m'avait demandé ce que j'en pensais, j'avais répondu : une guerrière. Étrangement prémonitoire. Et il y a toujours cette meme volonté terrible qui brille dans son regard. Cette femme est capable de grandes choses. Elle n'a rien à envier aux chevaliers, ni aux mercenaires. Je gage meme qu'elle a déjà tué plus qu'eux.
Allons, il est trop tard pour les souvenirs. Sans doute m'a-t-elle oublié. Se souvient-on d'un petit noble comme moi, alors qu'on ne l'a entraperçu qu'une fois, alors qu'on avait six ans ? Ridicule.
Elle m'adresse un signe de tete :
"La Main de la Nuit vous salue, mon ami. Vous avez demandé à La rencontrer : je suis Ses yeux et Ses oreilles. Parlez : vous serez entendu."
Je m'incline, plus profondément qu'elle. Les règles, je les connais. Je déteste m'incliner devant quiconque, simplement puisque je reconnais plus l'autorité de personne depuis qu'on m'a déchu. Réfractaire à tout ? Non. Seulement aux traîtres. Mais elle, c'est différent. Elle mérite le respect.
"Milady. On m'avait parlé d'un dirigeant : je ne m'attendais pas à rencontrer l'Oracle en personne. C'est un honneur pour moi de vous revoir."
Milady et milord. Ce sont les termes génériques utilisés pour désigner les ducs et duchesses, dans le duché d'Ansemer. Pour le reste de la noblesse, on emploie le titre exact. Quant à la dernière phrase, elle n'est qu'un rappel : si elle se souvient de moi, tant mieux. Sinon, ça peut passer pour une formule de politesse.
Mais nous n'avons guère le temps de nous attarder sur ces détails. Je reprends :
"Peut-etre vous a-t-on dit qui j'étais. Laissez moi cependant me présenter moi-meme. Je suis Baelish Winterfell, anciennement comte d'Anthenor."
Une pause. Je rallume ma pipe, unique moyen que j'ai de me concentrer. Plantant mes yeux dans ceux de Svanhilde, j'explique :
"Je suis venu mettre mon épée au service de la Confrérie Noire, si je peux être d'une quelconque utilité. On m'a tout pris, Milady. J'ai toujours refusé d'obéir à Augustus. Les Saldenow, qui lui sont fidèles, m'ont alors destitué. Ma femme et ma fille se sont réfugiées chez ma belle-famille, de crainte qu'on ne s'en prenne à elles. Je ne les ai pas vu depuis deux ans : trop dangereux pour elles comme pour moi. Je ne pourrais le faire que lorsque le traître sera tombé. Mon fils est parti sur les mers de l'ouest. Peut-être est-il mort ; je n'en sais rien, en fait. Je n'ai plus rien à perdre. Je n'ai pour moi qu'une volonté ardente de justice, car bien des fois j'ai vu les crimes d'Augustus, meme si j'ai lutté contre. En somme, je n'ai pour moi qu'un coeur et un esprit. Mais ce coeur et cet esprit là brûlent du désir de vengeance, et de liberté, pas seulement pour moi, mais surtout pour Arven."
Quel long discours ! Tout le contraste est là : bon orateur, je déteste prononcer plus d'une phrase. J'ai tenté d'aller droit au but, mais je suppose que dans mon discours, il n'est pas difficile de déceler les signes montrant que je n'aime pas prendre la parole.
C'est la première fois que je parle autant de ce qui s'est passé. Je ne l'ai jamais évoqué avec Catharina, meme par nos lettres. Mais cette fois je n'ai pas vraiment le choix. Pour la convaincre, il me faut aller jusqu'au bout de l'idée que j'ai. Alors je continue :
"Je peux combattre, Milady. Je n'ai pas peur de tuer : je l'ai déjà fait, je recommencerais. Je n'ai pas peur de mourir non plus : on n'a peur de cela que lorsqu'on a quelque chose à perdre. Moi, je vous l'ai dit, il n'y a rien que je n'aime que je n'ai perdu. J'ai tenté de lutter, Milady. Mais que peut un homme seul contre Augustus ? Rien, ou peu de choses. Si je veux vous rejoindre, Milady, il n'y a qu'une raison à celà : c'est que pour mettre ce royaume sur la voie de la vérité, il faut commencer par le tromper. Parce que les ténèbres précédent nécessairement la lumière. Et que la liberté naît dans ces mêmes ténèbres."
Libre à elle de m'écouter, ou de décider que je suis fou. Moi, je ne peux faire qu'écouter, et attendre.
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| | | La Sombre Mère Messages : 1991 Je réside : Ni vraiment ici, ni totalement ailleurs... RegistreÂge du personnage: 24 ansTitres: Autres visages: Mélusine de Séverac ☼ Freyja de Brunante ☼ Lotte-Louison de la Volte ☼ Soprane Harpelige ¤ Chimène d'Arven | Sujet: Re: Times of the assassins [PV Svania] Sam 9 Juil - 6:04 | |
| - Spoiler:
[HJ : J'ai peur de m'être un peu emportée niveau longueur ôO Pardon !!]
Il s'incline. Plus bas que moi, avec cette nonchalance qui semble le constituer tout entier, mais tout de même, il me manifeste un respect que mes mains ensanglantées ne m'autorisent pourtant plus à demander. Une bouffée d'orgueil m'envahit et un sourire fugitif traverse mes lèvres, avant que je ne me concentre à nouveau sur la mission qui m'amène ici ce soir. Mon regard l'étudie. Je cherche un signe, un indice, que cet homme pourrait faire un bon Écoutant et rejoindre la Main de la Nuit sereinement. Il nous est déjà arrivé de perdre des postulants : nos activités sordides à la tombée du jour sont dangereuses et certains ne savent pas se protéger. Certains également ont craqué à la vue du sang, refusant d'assumer les conséquences morales de nos actes – le poids de la culpabilité, la responsabilité d'une vie fauchée. Celui-là, derrière sa désinvolture légère et fantasque, me rappelle par quelques aspects mon adorable professeur, Enguerrand Sigbelian. Je soupçonne qu'il cache lui aussi, tout au fond de son être, une froideur glaciale envers nos ennemis communs, et une résolution à toute épreuve.
Il me salue, gravement. Il sait qui je suis, visiblement. D'une main, je rejette en arrière mon capuchon noir, de l'autre j'abaisse le foulard tout aussi sombre qui dissimule mes traits. Inutile de nier. Je me demande cependant d'où lui vient cette connaissance : l'un des miens m'aurait-il trahi ? Ses mots ensuite me frappent comme une révélation. Oui, je connais cet homme : je le connais d'il y a longtemps, si longtemps... De Shivering Soul, ce cette époque reculée où mon père vivait encore et où parfois il recevait des étrangers quand il venait nous voir. De cette soirée où j'avais pu grimper sur ses genoux au coin du feu de notre demeure cachée, alors qu'il s'entretenait avec ces hommes graves par-dessus ma tête, des affaires de la Confrérie Noire. De cet homme d'une vingtaine d'années qui m'avait dévisagée avec curiosité, je n'avais retenu que l'aura subtile qu'il dégageait. Un avertissement, une mise en garde : le genre d'homme qu'il vaut mieux ne pas contrarier, car instinctivement l'on sent qu'il est de taille à vous le faire regretter. Et l'enfant que j'étais alors l'avait bien compris : sur un sourire timide, je m'étais blottie dans les bras de Père, puis dans ceux de Sigvald quand il nous avait rejoints.
Baelish Winterfell. La rumeur m'est parvenue des déboires du comte d'Anthenor, dépouillé de ses terres et titres – à la demande de Denise et Chart Saldenow, agents rebelles, Liam d'Outrevent a envoyé des ressources et des protecteurs à la famille du hors-la-loi, dans le plus grand secret, et j'y ai adjoint l'un de mes Écoutants. On m'a rapporté la rumeur de la disparition du fils de Baelish : et deux autres de mes limiers sont partis à sa recherche, accompagnés par un espion sagace emprunté à Cyselle de Lagrance. Trois des guildes les plus fermées et déterminés de la capitale appuyaient le combat des Winterfell, et le comte légitime semblait l'ignorer. Il ne devait pas avoir beaucoup de contacts avec sa famille, en deux années d'errance : et sûrement sa sage épouse n'en touchait-elle nul mot dans ses lettres, par précaution. Ses paroles me plaisent. Je sens sa détermination, mais je pressens également un ennui. Il ne faut pas qu'il s'en prenne aux Saldenow – du moins pas aux deux qui luttent sur le même front que nous. Si jamais ils venaient à tomber... Non seulement j'aurais de graves ennuis avec Liam d'Outrevent et son esprit si rigide que j'en hurlais de frustration, mais la guilde des rebelles au grand complet déclarerait la guerre à Baelish.
« Je me souviens de vous, comte d'Anthenor, et j'ai su le sort de votre gracieuse épouse, de votre fille, et l'absence de votre fils. Avant toute chose, sachez que j'ai personnellement de leurs nouvelles, et ce régulièrement, par l'agent que j'ai placé à leurs côtés. La guilde des rebelles également reçoit des rapports à leur sujet. Les vôtres sont en pleine et parfaite sécurité. Par notre biais, si vous rejoignez les rangs de la Main de la Nuit, vous pourrez correspondre sans craindre que vos missives ne soient interceptées. On recherche actuellement votre fils sur les océans. Ce sont les Saldenow qui l'ont demandé : la future duchesse Denise, et son beau-frère Chart, appartiennent à la guilde des rebelles. Ils n'ont rien pu faire quand vos titres et droits vous ont été retirés, mais ils ont veillé à ce que les vôtres ne soient pas poursuivis. Oubliez donc cette rancune qui vous ronge, mylord : Augustus seul mérite d'être haï, les autres, même Dolph, ne sont que ses pions. »
Je m'approche encore. Quelques pas : nous sommes maintenant face à face. Il fait sombre, mais la lune brille suffisamment pour qu'il puisse voir le sang dont je suis entièrement maculée. Il doit voir, constater, comprendre – et accepter. Que nos propres luttes ne sont pas flamboyantes, à la pointe de l'épée : mais que nous sommes les émissaires de la mort, sournois et discrets, et que nous tuons dans l'obscurité. Que nulle gloire ne nous attend, nulle renommée : juste le dégoût et le mépris en souvenir de tous ceux que nous avons assassinés.
« Mon ami, comprenez : si jamais vous rejoignez la Main de la Nuit, il n'y aura pas de retour possible. Nous sommes les guerriers sacrifiés, nous sommes les lutteurs de l'ombre. Quand le tyran tombera, la Confrérie Noire restera toujours dissimulée, et ses Écoutants seront toujours aussi haïs, car on nous voit comme méprisables et sans honneur. Nous avons un code, nous avons des règles, et en vérité notre noblesse est bien supérieure à celle de nombre de nos détracteurs. Mais si vous embrassez notre cause, c'est à jamais. Le sang souillera votre âme, les morts pèseront sur votre conscience. C'est le choix que j'ai fait : sacrifier mon salut pour les Huit-Duchés. Arven sera sauvé : mais pas pour moi. Le monde que nous créons ne nous aimera pas plus que celui que nous détruisons. En avez-vous conscience ? Ce choix vous engage, pour l'éternité. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Times of the assassins [PV Svania] Mar 19 Juil - 5:35 | |
| Elle dévoile son visage, enfin. Gracieuse beauté aux yeux pales. La petite fille est devenue jeune femme, beauté magnifique ressemblant à sa défunte mère... Une drôle d'émotion me traverse la tête et le coeur. Est-ce parce qu'elle me rappelle que je n'ai pas vu Astoria depuis deux ans ? Est-ce parce que je sais que ma fille a elle aussi changé, et que je sais que je serais presque incapable de la reconnaître aujourd'hui, sans doute ?
" Je me souviens de vous, comte d'Anthenor, et j'ai su le sort de votre gracieuse épouse, de votre fille, et l'absence de votre fils. Avant toute chose, sachez que j'ai personnellement de leurs nouvelles, et ce régulièrement, par l'agent que j'ai placé à leurs côtés. La guilde des rebelles également reçoit des rapports à leur sujet. Les vôtres sont en pleine et parfaite sécurité. Par notre biais, si vous rejoignez les rangs de la Main de la Nuit, vous pourrez correspondre sans craindre que vos missives ne soient interceptées. On recherche actuellement votre fils sur les océans. Ce sont les Saldenow qui l'ont demandé : la future duchesse Denise, et son beau-frère Chart, appartiennent à la guilde des rebelles. Ils n'ont rien pu faire quand vos titres et droits vous ont été retirés, mais ils ont veillé à ce que les vôtres ne soient pas poursuivis. Oubliez donc cette rancune qui vous ronge, mylord : Augustus seul mérite d'être haï, les autres, même Dolph, ne sont que ses pions. "
Elle sait. Elle en sait plus que moi sur ma femme et ma fille, et elle m'assure que j'ai le soutien de la Guilde des Rebelles, et de la Confrérie noire. Elles sont en sécurité. Elles vont bien. Soulagement immense. J'ai vécu en paria durant deux ans, échangeant uniquement de courtes lettres avec Catharina. Je ne savais rien. J'avais des alliés sans m'en rendre compte. Quelle situation improbable ! Plus étrange encore, elle me révèle que Denise et Chart font partie de la Guilde des Rebelles. Curieux, mais pas si étonnant. Je connais un peu le cadet des Saldenow. C'est quelqu'un de bien, et je l'ai toujours apprécié. Plus que Dolph. Quant à Denise...eh bien il ne faut guère être grand clerc pour comprendre qu'elle n'aime pas beaucoup son mari.
J'ajoute avec un sourire :
"Curieusement, ça m'étonne à peine de Chart et de Denise. Vous ne pouvez pas savoir, milady, à quel point je vous suis reconnaissant, à vous comme à eux, de m'avoir soutenu, sans que moi-même je le sache. Pour les Saldenow, j'ai toujours énormément de respect pour Chart. Quant à Lady Denise Saldenow, elle n'est pour rien à mon malheur. Même Dolph n'a fait qu'obéir aux ordres. Ils sont loyaux à Augustus, tout comme les Winterfell leur ont été loyaux jusqu'à ce que nos allégeances changent. Je ne lui en veux pas : peut-être aurais-je fait la même chose si au temps ou les Saldenow étaient rois d'Ansemer et les Winterfell leurs chevaliers-liges, ont me l'avait demandé."
C'est vrai. J'ai beau pester contre Océane et contre Dolph, dire que je les déteste et qu'ils ont volé mes terres, je ne leur en voue pas moins un certain respect, qui est ancestral et qui date du temps où Arven n'existait pas encore...j'en veux à Augustus. Pas à ceux qu'il manipule. Ceux là seraient presque à plaindre, si il n'y avait pas les 'injustices qu'ils commettent.
Svanhilde reprend la parole :
" Mon ami, comprenez : si jamais vous rejoignez la Main de la Nuit, il n'y aura pas de retour possible. Nous sommes les guerriers sacrifiés, nous sommes les lutteurs de l'ombre. Quand le tyran tombera, la Confrérie Noire restera toujours dissimulée, et ses Écoutants seront toujours aussi haïs, car on nous voit comme méprisables et sans honneur. Nous avons un code, nous avons des règles, et en vérité notre noblesse est bien supérieure à celle de nombre de nos détracteurs. Mais si vous embrassez notre cause, c'est à jamais. Le sang souillera votre âme, les morts pèseront sur votre conscience. C'est le choix que j'ai fait : sacrifier mon salut pour les Huit-Duchés. Arven sera sauvé : mais pas pour moi. Le monde que nous créons ne nous aimera pas plus que celui que nous détruisons. En avez-vous conscience ? Ce choix vous engage, pour l'éternité. "
Le choix. Evidemment, c'est clair. Evidemment, c'est difficile de choisir. S'engager dans la Confrérie Noire, c'était définitivement renoncer à la lumière pour s'enfoncer dans les Ténèbres.
Je murmure :
"Le mal qu'ont fait les hommes vit après eux. Le bien est souvent enseveli avec leurs cendres. C'est ainsi."
Je la regarde d'un air ferme et calme :
"Même si je contribue à sauver Arven, on ne retiendra de moi que l'homme qui a perdu le comté d'Anthenor. C'est tout. Si un jour nos terres nous sont restituées, elles le seront à mes enfants ou mes petits enfants. Mais moi, je ne crois pas. Qu'importe si ce monde ou celui que je construis me haïssent : avoir contribué à ce que tout change me suffit. Les mondes ont toujours détesté leurs sauveurs ; il en sera ainsi à tout jamais. Alors si c'est ainsi que l'histoire dois se finir, ou plutôt commencer, je suis prêt."
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