(c) Hollow art

Capricieuse • Fidèle • Susceptible • Passionée • Jalouse • Dévouée • Impatiente • Enjouée • Curieuse • Médisante • Aime les Arts, les ART (Après-midi Ragots-Thé), les lézards

Les mers sont aussi enivrantes que dangereuses, et beaucoup d'hommes se sont laisser fasciner par leurs mystères, au point d'en oublier toute autre vie. D'autres, avides d'or, de gloire et de femmes se sont convertis pour vivre sans subir la pression de la société et des lois. Différents chemins, un même but : la piraterie. But infâme. Tout homme naviguant sous le Jolly Roger savait pourtant ce qui l'attendait s'il se faisait attraper : "un saut dans le vide suivi d'un arrêt rapide", pour citer un célèbre Lieutenant (à l'époque de la phrase). Que de violence, de sang, d'alcool, de sexe, un monde d'adultes. Un monde dans lequel elle Geneviève aurait pu grandir et évoluer, devenant la plus grande boucanière du Royaume. A moins qu'elle ne fut tout simplement tuée dès son premier souffle. En effet, elle était née sur un navire, au beau milieu d'une attaque. For heureusement, on connaissait les dangers de la mer, et le bâtiment -terme nautique- était équipé pour riposter. Le combat fut long et difficile, tout autant que pouvait l'être le travail d'une femme qui accouchait, mais la victoire salua les efforts des hommes qui tâchaient de défendre leur Seigneur, sa Dame, et sa toute nouvelle fille : Geneviève Caroline des Armoises. Seule enfant que sa femme voudra bien lui donner, le choc de cette épreuve l'ayant considérablement affectée.

Plutôt que de prendre soin de son épouse, le seigneur des Armoises préféra s'abandonner dans les bras d'amantes< de tous horizons et de tous bords. Pourtant, avec des attentions, des gestes tendres, des mots doux, en somme de l'amour, il aurait très certainement pu apaiser sa femme. Ils auraient alors été un couple modèle, heureux, respecté. Le sourire de la Dame des Armoises n'aurait pas eu à être un masque. Prise de compassion pour sa mère, elle se mit à haïr ce comportement qu'on tolérait voir encourageait chez les hommes. Néanmoins, Geneviève ne put jamais apporter des mots de réconforts à sa mère, ni même lui témoigner de son soutien en lui prenant la main. Elle se faisait repousser à chaque fois, sans aucune explications. Elle supposa que c'était la honte qui provoquait ce comportement -ce n'était pourtant pas elle mais son mari qui était en tort !-. Jusqu'au jour où sa mère lui raconta. Geneviève venait d'atteindre les quinze ans. C'était une jeune fille d'une grande beauté, en pleine fleur de l'âge. La Dame des Armoises se dit qu'il était temps de la mettre au courant de certains secrets. Elle était désormais bien assez grande pour comprendre. La jeune fille fut d'abord prise de larmes, songeant qu'elle était la cause de tout. Rapidement sa mère la pris dans ses bras pour la rassurrer. Elle l'aimait C'était son enfant. Son unique enfant. Cette discussion changea les relations mère-filles entretenues par les deux femmes. Elles s'étaient désormais rapprochées, et la Dame se laissait parfois réconforter par sa fille dans les moments difficiles. Geneviève en vint rapidement à se dire que la source du problème remontait aux pirates. Ces êtres sans foi ni loi. Voilà qui ne faisait que renforcer ses valeurs.

Le lien unissant le Seigneur des Armoises à sa fille ne se résumait pas à la seule haine de cette dernière pour son comportement. C'était un peu plus complexe que cela. Geneviève était la seule héritière. Il avait beau avoir eu des fils, ces derniers n'étaient que des bâtards. Un seul enfant comptait : elle. Et comme Monsieur était très souvent absent -ses terres, ses sujets, son gibier, ses conquêtes-, il compensait en la couvrant de cadeaux. Une robe par ici, un cheval par là... Ce qu'elle voulait, elle l'avait. Sauf l'autorisation de monter en selle comme un homme. Un plaisir qu'elle avait finit par abandonner en grandissant car cela n'était pas "convenable".

Puis vint ce jour où elle dû partir à la Cour, suivant ainsi Denise Saldenow. Elle fondait de grands espoirs en cette aventure. Elle trouverait sûrement là-bas un beau parti. Un homme rien que pour elle. Un homme de qui elle serait la princesse, même sans réelle couronne. Geneviève avait beau être gentille, on l'avait toujours placée sur un piédestal, elle avait été gâtée par ses parents et chaque caprice ou presque lui était cédé. De plus, elle se savait belle. Sa peau diaphane contrastait avec le noir ébène de ses cheveux, non sans rappeler une princesse de conte de fée. Et l'on se perdait dans le bleu de ses yeux, qu'on y trouve l'océan, ou le ciel.

Mais cela n'était pas tout ! Cette fois elle allait être entourée de très beau monde. Son niveau d'entourage s'élevait d'un cran. Elle qui avait adoré colporter des rumeurs -fondées ou non- sur les habitants de son domaine allait réellement s'amuser sur ce tout nouveau terrain de jeu ! Elle continuerait d'espionner les domestiques, histoire d'alimenter en petits biscuits les discussions avec ses 'amies', mais aurait également à ce monde où la réputation fait la personne. Les chuchottages dans le dos, les regards en biais par l'arrière et les sourires par devant... Qu'il était agréables de les provoquer ! C'était si simple... On notait un détail, et il suffisait de se pencher vers sa voisine, éventail devant la bouche. La mèche s'allumait. Restait à savoir si elle allait s'éteindre ou atteindre le baril de poudre.

Sans oublier ses devoirs et à qui elle devait être loyale, Geneviève se sentait désormais dans son élément.

Tout le monde dort au palais impérial de Lorgol. Tous ? Non ! Le corps d’une irréductible suivante résiste encore et toujours au sommeil. Malédiction ou instinct féminin ? Dans le doute, Geneviève préféra se lever et vérifiait que tout allait bien. Un dernier petit effort avant de pouvoir s’endormir tranquillement sur ses deux oreilles. Quelques pas étouffés sur le plancher lui permettent de se rapprocher de la suite de sa maîtresse. Aucun bruit suspect. Seulement le rythme lent et régulier de la respiration des endormis. Rassurée, Geneviève continua son petit tour avant de décider de retourner dans ses appartements. C’est alors qu’elle sentit une présence derrière elle. Une ombre file dans la nuit. Est-ce un assassin qui s’enfuit ? La suivante se retourna… Aucun signe d’une quelconque présence, pas même un rat. Elle était pourtant certaine d’avoir entendu quelqu’un. Elle ne pourrait se rendormir sans être certaine que sa maîtresse ne courait aucun danger. Elle décrocha un chandelier pour être armée et reprit le chemin de la chambre de Denise… Lorsqu’elle l’aperçut à travers la lumière orangée d’une bougie. Cela ne dura pas longtemps, mais elle était sure d’avoir reconnu l’homme. Ces traits, elle les reconnaitrait entre mille. Chart. Chart Saldenow. Elle se cacha derrière un pilonne, continuant d’espionner en tâchant de ne pas être vue. Précaution inutile pourtant, puisqu’elle était transparente et invisible pour lui. Que venait-il faire ici ? Ce n’était pas ses affaires… Mais voilà, s’il se passait quelque-chose, elle voulait être au courant ! Il y avait comme un parfum de secret, autrement dit des histoires à raconter. L’amour de Geneviève pour Chart l’aveuglait, à aucun moment elle n’envisagea ce que la réalité allait lui faire découvrir.
Elle se rapprocha un peu plus, glissant son regard à travers la serrure. Oh… Regardez-moi ce dos musclé, cette peau d’apparence délicieuse… Qu’il était beau ! … Attendez… Pourquoi pouvait-elle voir son dos… Et son … OH MON DIEU !

Geneviève recula d’horreur en mettant sa main devant la bouche, étouffant ainsi un cri qui aurait pu faire remarquer sa présence. Elle refusait de croire ce qu’elle venait de voir. Elle revint près de la porte pour y coller son oreille. Peut-être que quelques mots échangés entre sa maîtresse et son beau-frère lui indiqueraient la clé de tout ceci ! Ce n’était… pas possible que Denise trompe son mari ! Pas avec Chart ! Pas avec lui !! La suivante était-elle finalement endormie, en train de cauchemarder ? Elle se pinça… Aïe… Son cœur se mit à battre bien plus rapidement tandis qu’elle sentait un fourmillement s’emparer de tout son buste. Sa respiration en fut également affectée. Elle devint plus prononcée et plus irrégulière. Elle ferma les yeux, inspira et expira longuement mais le plus silencieusement possible. Elle tâchait de saisir quelques mots à la volée. Mais elle ne reçut que des gémissements laissant peu de place à l’imagination. Ce. N’était. Pas. Possible.

Nul besoin de plus de détails, elle avait compris. Il n’était pas étonnant que Chart Saldenow ne lui accorde aucun regard, son cœur était déjà pris. Mais était-ce cela qui la blessait le plus ? Comment sa maîtresse en qui elle avait tant confiance pouvait-elle agir de la sorte ? Elle trompait son mari ! Avec le frère de celui-ci ! Une femme pouvait-elle vraiment en arriver à de tels écarts de conduite ? N’avait-elle finalement aucune éducation ? Aucune fierté ? Quant à Chart… lui aussi avait des choses à se reprocher. Il ne faisait pas que coucher avec une femme mariée, il humiliait son frère ! Ces deux êtres apparurent à Geneviève dans leur horreur. Elle qui les estimait tant, voilà qu’ils dévoilaient leurs vrais visages. Les masquent tombent.

C’est en courant qu’elle revint à ses appartements, la respiration tremblante et les yeux humides. Elle n’avait pas pris autant de précaution qu’auparavant, les amants étant en pleine action, il était évident qu’ils ne remarqueraient rien. Elle se jeta sur son lit et pleura dans son oreiller, de sorte à n’alerter personne. Si l’eau –doux élément- qui s’écoulait de ses orbes d’azur trouvait sa source dans la tristesse, il n’en était pas de même pour le sel. En effet, ce sédiment lacrymal, très présent ce soir, se formait à partir de colère et de haine. Une goutte se fraya un chemin le long de sa joue et parvint à sa lèvre. Cette saveur, ils allaient y goûter. Tous les deux.

Du moins c’est ce que Geneviève se disait. Qu’en resterait-il au petit matin lorsque Chart la frôlera en passant au détour d’un couloir ou lorsque Denise réclamera sa présence en tous bons sentiments ? La violence de ses sentiments se manifestera-t-elle déjà ou bien parviendra-t-elle à rester loyale ? Pour l’heure, tout ce dont elle avait envie, c’était de vengeance. Elle avait besoin d’un plan. La nuit portant conseil, elle souhaitait s’endormir au plus vite. Mais elle n’y parvint pas. Son esprit était focalisé sur ce qui était en train de se dérouler à quelques pas d’elle. Dès qu’elle fermait les yeux, elle les voyait. Quelle horreur. Nul doute que cette nuit, elle ne dormirait pas. That night is too dark and full of terrors.