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| Intransigeante amitié éternelle | |
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InvitéInvité | Sujet: Intransigeante amitié éternelle Lun 21 Jan - 13:29 | |
| “Intransigeante amitié éternelle”
Glace des origines et feu de colère
- Noms des participants: Avryn Mornoie & Thibalt d'Ambremont
- Statut du sujet: Privé
- Date: 29 août 802
- Moment de la journée : La nuit
- Saison 1, chapitre 5.
Dernière édition par Thibalt d'Ambremont le Mar 5 Fév - 15:18, édité 3 fois |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Lun 21 Jan - 13:30 | |
| La soirée a été rude… Dire que tu pensais pouvoir être tranquille. La surprise n’a pas été mauvaise, loin de là puisque tu l’as revue… Elle… Lisbeth d’Outrevent, la femme qui fait battre ton cœur avide de vengeance. Rien ne laissait présager que cette fois tu lui parlerais mais tu as craqué. Sans doute en raison du mariage approchant et de ta décision de ne plus jamais croiser sa route, cette même décision qui t’as amené à ne pas aller au mariage qui aurait lieu très bientôt. Tu reviens de la meilleure et de la pire soirée depuis que tu as été destitué de tes terres et que tu es parti avec Avryn sur les talons. Avryn qui avait refusé de te laisser partir seul. Tu espérais d’ailleurs ne pas la croiser. Non pas que tu ne comptais pas lui parler de ça car Avryn savait tout, égal à toi-même, une amie de valeur. De toute façon, Avryn savait dès que quelque chose clochait chez toi. Quand tu étais préoccupé, tu t’entraînais sans but, tu ne faisais que te défouler et parfois elle jouait le rôle de l’adversaire pour que ta rage puisse s’écouler dans un combat où ni l’un ni l’autre vous ne plieriez.
Tu as marché longuement pour au minimum te sortir le fantôme de sa main tenant la tienne et puis tu es revenu à la Tour des Guerriers faisant les cent pas un moment dans ta chambre à la lueur d’une bougie ou deux. Tu t’étais étendu, morose, tu ne portais plus que tes vêtements les plus légers. Nul besoin de te balader armé de pied en cape dans la Tour surtout si Idriss n’était pas dans les parages… Ce traître. Tu l’étriperais bien dans les formes mais il t’évite soigneusement quand personne n’est là. Il sait que tu lui ferais payer ce qu’il t’a fait. Tu finis par renfiler tes chaussures et descendre t’entraîner dans la cour. L’air est frais, vivifiant. Tu as besoin de te défouler et de revoir encore et encore tes passes d’armes, même quelques autres qui ne sont pas très loyales mais que tu te dois de connaître pour protéger au mieux les nobles qui te paient pour leur sécurité. Épée, épée courte, poignard, dague, couteau, tout y passe et tout est bon. C’est précisément ce moment que choisit Avryn pour se montrer et pour te toiser de ses yeux de glace qui te sondent jusqu’à l’âme. Tu sais qu’elle a compris que quelque chose n’allait pas mais au lieu de dire quoi que ce soit, elle continue de te regarder fixement pour voir jusqu’à quel point tu es en rogne contre toi-même et contre Arven tout entier.
« Bon sang Avryn, si tu as quelque chose à me dire… Parle ! Ne me regarde pas comme ça tout en te demandant quelle mouche m’a piqué ! » Vierge de Fer, froide guerrière de Tombeneige. Tu savais tout ça bien que le surnom de Vierge de Fer te fasse toujours ricaner sous cape. Qui donc avait pu lui trouver pareille surnom ? Tu savais qu’elle n’était pas des plus loquaces quand il s’agissait d’hommes mais tu savais également que comme toi, elle n’était pas étrangère au plaisir de la chair. Alor pour le côté vierge… Il fallait revoir ça. Cependant… si on mentionnait par-là l’instrument de torture, il n’y avait pas moins proche de la vérité. Car si elle ne torturait pas, peu d’hommes étaient capable de la battre et aucun n’aurait pu s’en sortir entier. « Alors Avryn ? Crache le morceau qu’on en finisse. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Lun 21 Jan - 15:10 | |
| Ah, Thibalt, ce cher naïf... Croyait-il pouvoir encore cacher quelque chose à Avryn? Elle n'avait pourtant rien dit, pas un mot. Elle ne s'était même pas montrée depuis l'aube, se contentant de pointer le bout de son nez à la nuit tombée, quand elle l'entendit retourner dans la cour. La chaleur du jour s'était estompée et l'air était doux, frissonnant dans une brise agréable, rendant enfin supportable le haubert et la tunique qu'elle portait en permanence. Assise dans un coin de la cour, elle avait vu y descendre Thibalt, avec le même air préoccupé que celui qu'il traînait depuis qu'il était revenu à la tour. Oh, Avryn connaissait bien son seigneur et elle était prête à parier sa main droite tant elle était certaine de devinver la cause d'un tel tourment. Même Idriss n'arrivait pas à le mettre dans de tels états de trouble, et ça n'était pas faute d'essayer! Constatant qu'il n'avait pas encore remarqué sa présence, elle se leva en silence, et s'avança jusqu'à l'endroit où la cour était la mieux éclairée par les quelques lanternes qui veillaient au milieu des nuées d'insectes. Sa silhouette fine se profila dans l'ombre dans un ruissellement de mailles brillantes, s'avançant vers Thibalt, qu'elle salua avec cette raideur noble, non dépourvue d'élégance, qui imprégnait chacun de ses gestes. Avryn n'avait pas la finesse nécessaire et encore moins l'empathie pour déchiffrer les gens d'un regard, mais il y avait au moins une personne qu'elle connaissait assez pour cela.
A la lumière jaune des lanternes, les yeux de la jeune femme s'assombrissaient, incertains comme toujours, hésitant entre gris et bleu, sombres ici, translucides là, plus durs et plus brillants que des gemmes pures. Elle fixa un moment Thibalt, le détaillant de ce regard perçant, tranchant, qui disséquait chaque chose sans états d'âme, y compris ceux de son seigneur et ami. Elle considérait les émois amoureux de Thibalt avec l'indulgence un peu amusée de celle qui se sait bien à l'abri de tout cela; ça n'était certainement pas à elle que ce genre d'ennuis arriveraient! Car à ses yeux il était bien question de ça, rien d'autre que des broutilles, de quoi se gâcher l'existence et s'attirer des complications. Rien de plus, rien de moins. Quand il rompit enfin le silence, rien d'autre qu'un rire cristallin, comme des glaçons entrechoqués, ne lui répondit dans un premier temps. Et puis, doucement, levant vers lui un regard où pointait un amusement de façade, Avryn eut un haussement d'épaules.
-N'est-ce pas plutôt à toi de parler? Répliqua-elle.
Et puis, sachant que le sujet ne prêtait guère à la plaisanterie, son sérieux lui revint comme une vague qui figea de nouveau son visage mince dans ce masque froid qui lui était coutumier.
-C'est à propos d'elle, n'est-ce pas?
Elle avait baissé la voix disant cela, mais l'endroit était désert et nul n'était visible aux alentours. Bien plus que quiconque, Avryn savait qu'il fallait garder les affaires de coeur au plus secret, surtout quand il était question d'une haute dame, qui s'apprêtait de plus à se marier... Patiente, la jeune femme tira à elle une caisse où elle s'assit. De la poche de sa tunique, elle tira une longue pipe en os où elle glissa quelques cristaux rosâtres qui crépitèrent dans le noir une fois embrasés. Attendant qu'il se décide à parler, Avryn attisa la braise d'un souffle puissant et puis laissa échapper de sa bouche un long nuage de fumée bleutée, au parfum entêtant.
-C'est écrit sur ton front, reprit-elle en continuant à l'observer de ses yeux sombres. Depuis que tu es rentré tu tournes comme un lion en cage. Je commence à te connaître, monseigneur, et crois-moi tu as bien plus à dire que moi.
Un sourire de glace étira brièvement les traits minces de la jeune femme, un sourire comme une lame de couteau dévoilée dans le noir. C'était toujours un peu pareil, toujours la colère, et puis l'impuissance devant les barrières qui se dressaient entre lui et sa dame. L'amour lointain d'un pauvre homme pour une grande dame, ça faisait très bien dans les livres et les contes, mais à le voir se ronger les sangs pour ça, Avryn croyait deviner que ça n'était pas aussi facile à vivre que le chantaient les troubadours transis qui grattaient le luth dans les cours des princes. Oh, oui, ça fait très bien dans les histoires, mais la réalité, ça, c'était bien autre chose. Souvent, Avryn regardait Thibalt, le regardait se débattre avec ce qu'il pouvait ressentir et s'interdire de faire, de dire, de penser même, et se disait que c'était bien là un bon exemple de ce dont elle ne voulait en aucun cas s'encombrer. Et quand parfois l'idée lui venait qu'un jour ce serait peut-être son tour, lui revenait l'expression de son visage quand il regardait sa damoiselle, et la colère, la frustration, les interdits, tout ce qu'elle sentait s'agiter dans le coeur de son ami et le ronger inexorablement. Non, vraiment, sans façon.
Un rond de fumée naquit sur ses lèvres pâles et s'envola dans la nuit. ça n'était pas elle qu'on prendrait à ces choses là, ça non! |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Mer 23 Jan - 7:42 | |
| Avryn… Toujours là quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe. Tu avais l’impression qu’elle serait derrière ton épaule à jamais tant elle faisait partie de ta vie. Tu savais qu’elle ne manquerait sans doute pas de te faire remarquer ton propre état de nerfs. Elle n’avait pas vu ça bien souvent chez toi et certainement pas dans de telles proportions. Tu étais conscient que ça frôlait le ridicule. Tu n’avais aucune raison de te mettre dans un état pareil mais devoir tirer un trait sur la femme que tu aimais n’était pas chose aisée. Et toi, tu fixais Avryn, mi agacé, mi stoïque. Tu n’arrivais pas vraiment à te décider. Chose étrangement, ton agacement s’orienta vers des futilités. Son acharnement à porter son attirail même le soir venu. La nuit, ils étaient en général tranquille, ils n’étaient que très rarement mandater alors tu savais qu’elle pouvait ôter tout ça. Pourtant, elle s’acharnait à garder tout ça jusqu’à ce qu’elle ne disparaisse pour réapparaître le matin.
Tu avais parfois des difficultés à cerner ton amie. Tellement prompte à la bataille mais totalement incapable d’imaginer un avenir quelconque avec un homme. Non pas que tu trouvais cela indispensable mais laisser ta trace, à toi, ça te semblait indispensable. Que quelqu’un puisse un jour dire : « Cet homme était ton père. ». Oui, ça te semblait indispensable tout comme aimer te semblait vital. Trop de rage et de désir de vengeance te tueraient dans le cas contraire.
À moi de parler… À propos d’elle… Oh bien sûr que si. Tu en as des choses à dire et surtout à propos d’elle mais tu ne peux hélas pas en parler librement. C’est ainsi. Tu sais qui tu es, tu sais qui elle est et tu sais ce que tu risques à déballer tes états d’âme, même à Avryn. Oui, tu tournais comme un lion en cage, c’est vrai et oui, elle te connaissait bien. Peut-être trop bien. Mais à la mention du monseigneur, tu lèves les yeux au ciel, agacé. Tes terres ne sont toujours pas tiennes et tu restes un noble sans le sous ou presque.
« Il faut que tu te mettes en tête une bonne fois pour toute que je ne suis plus Seigneur de personne et que nulle terre ne m’appartient. Et ce, depuis plus de dix ans alors Avryn, de grâce, ça suffit avec les monseigneurs… Combien de fois devrais-je encore te le demander ? » Tu baisses d’un ton. « Un jour, je les récupérerais mais ça n’est pas encore fait. Et ce jour-là, il te faudra assurer tes propres terres également. En attendant… d’elle, il n’est pas question de parler et tu le sais. Il y a trop en jeu, il y a trop de risques et puis surtout, il y a son honneur et le mien. »
Tu avais décidé, de toute manière, d’éviter désormais de la croiser. Plus aucun mandat ne te serait transmis de sa part et tu le savais, elle te l’avait promis et tu avais confiance en sa promesse car tu avais confiance en elle. Elle était une femme de paroles et toi aussi. Tu ferais en sorte qu’elle t’oublie mais tu savais que quelque part, il y avait toujours trop de choses que tu ne pouvais prévoir, y compris ce que tu deviendrais dans l’avenir. Le Destin était une chose capricieuse.
« Tu ne le souhaites pas mais moi je te le souhaite… Un jour, tu rencontreras quelqu’un qui te fera perdre la tête. Si la chose est douloureuse, le voyage vaut le coup cent fois et cent fois de plus la douleur te rappelle à quel point c’est précieux. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Mer 23 Jan - 14:47 | |
| Avryn considéra un instant Thibalt de ses yeux de glace et puis souffla dans sa direction un nuage de fumée claire. Elle le connaissait assez bien également pour le faire réagir au quart de tour, avec le même détachement amusé qu'un gamin qui observe un petit animal se débattre face à ses provocations. Elle savait où appuyer, quel mot prononcer, pour obtenir l'effet désiré. Son sourire courut sur ses lèvres comme un reflet sur une lame.
-Je sais, Thibalt, je sais.
Une pause, elle lâcha un rond de fumée et leva vers lui ses yeux bleu sombre.
-Tout comme je sais être la seule personne à te considérer encore comme le seigneur que tu fus, et que tu voudrais bien que quelqu'un d'autre te considère de la sorte à ma place. Mais les choses sont ainsi faites et en ce qui me concerne, tu n'y peux rien et tu le sais.
Ce n'était qu'une question de temps. Depuis le premier jour de leur exil, Avryn avait toujours eu la certitude qu'un jour, justice serait rendue à son seigneur. Un espoir de fol, un espoir insensé et pourtant. La seule chose peut-être à laquelle elle tint plus que l'honneur de sa propre maison. Sa réflexion à propos des terres qu'elle aurait elle aussi la fit sourire; un sourire sec, un rictus étirant ses lèvres tranchantes dans un mouvement brusque, sans amusement. ça, c'était une autre chose...
Avryn baissa la voix dans un murmure.
-Je sais qu'il s'est passé quelque chose aujourd'hui.
Son regard soudain était acéré comme une pointe, et elle le fixait droit dans les yeux, avec tant de force que c'était soudain comme si elle arrivait à voir l'intérieur de sa tête. Oh, elle aurait bien voulu, ça lui aurait évité de parler, et de risquer de se trahir. Ici comme ailleurs, les murs avaient des oreilles, et ces oreilles allaient de paire avec des langues de vipères.
Elle n'ajouta rien de plus, parce qu'il n'y avait rien à dire d'autre. Elle savait, c'était tout, quoi qu'il se soit passé, le reste était de l'ordre du détail. Dans un sens, Avryn vivait beaucoup de choses par procuration, à travers ce que vivait Thibalt, mais à l'abris des turpitudes, des sentiments, des torsions internes de ces émotions trop violentes. De loin, protégée de ces tourments, c'était tellement mieux ainsi! C'est pour cette raison qu'elle lui rit au nez, littéralement, quand lui souhaita de vivre la même chose. Un nuage de fumée épaisse s'exhala de sa bouche, alors qu'elle levait les yeux au ciel. Le son de sa voix avait la froideur de la bise d'hiver, et cet éclat de rire résonnait avec autant de brusquerie que la gifle soudaine d'une rafale glacée.
-Je te vois sans cesse tourmenté et assailli par ce que tu ressens, et tu me souhaite d'en souffrir de même? Oh, mon ami, tu sais bien que je ne veux rien de ces choses là, pourtant. Quel que soit le bien qui en découle, je n'en veux point non plus.
Une pause, et elle tira vigoureusement sur le fourneau de sa pipe qui rougeoya dans les ténèbres.
-Et puis, reprit-elle avec un sourire mauvais, crois-tu vraiment qu'il existe un homme sur terre capable de me supporter?
Pour l'heure, la réponse était non. La réciproque était vraie, également, et il n'y avait guère que Thibalt qui sache approcher Avryn sans risquer quelques dommages... Et les temps pouvaient bien changer, la vieillesse venir et l'âge user sa colère, émousser sa froideur et lui faire rendre les armes, il y avait des choses qui ne pouvaient changer. Elle était ainsi faite, la Vierge de Fer et ça n'était pas un coeur qu'elle avait dans la poitrine, c'était une pierre, dans un bloc de glace. Elle ne se sentait tout simplement pas capable de ressentir ces choses dont parlait Thibalt, parce qu'elle n'était pas faite pour cela; il n'y avait pas de place dans son esprit de givre et de métal pour les élans autre que ceux, charnels et passagers, qu'elle pouvait éprouver de temps à autre pour quelque joli guerrier de passage dans son lit. Rien d'autre que cela et c'était déjà bien assez d'ennuis et de complications!
Un mince sourire se dessina sur la ligne dure de ses lèvres pâles.
-D'ici là, je préfère garder ma tête bien implantée au-dessus de mes épaules, je la risque bien assez souvent comme ça au combat. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Dim 27 Jan - 4:29 | |
| Avryn ne peut décidément pas s'empêcher de t'appeler Seigneur... C'est plus fort qu'elle mais quand elle dit que tu aimerais que l'on te reconnaisse de la sorte, c'est tout à fait vrai. Nightingale te manquait et tes terres également. Lorgol n'était pas chez toi et ne le serait jamais. Tu désirais ardemment tes terres, tu désirais la chute du tyran, tu désirais, malheureusement pour toi, que Lisbeth puisse t'aimer comme elle le désirait mais il n'en était rien. Tu soupiras tout en chassant cette infâme fumée qu'Avryn projetait vers toi. Quelle sale manie...
« Tout ça dure depuis tellement longtemps qu'il m'arrive parfois de me demander si je serais capable de gérer ce qui est mien. Quel seigneur ferais-je donc avec les armes à la main et en ayant attraper des manières qui laisse à désirer. Mais ce sont mes terres... Je n'arrive pas à envisager de ne pas les récupérer. »
Tu pensais de plus en plus à travailler autrement pour récupérer ton du. Tu étais sûr qu'il y avait d'autres moyens mais tu ne savais pas trop si les utiliser serait une bonne chose. Les Nightingale étaient toujours et au fond de toi, tu espérais que ton Duché se relèverait. T'en faire pour une femme n'était pas dans tes projets à l'origine et quelque part, tu t'en voulais bien qu'à tes yeux, elle avait pris la même importance, voire même plus, que tes terres. Mais en récupérant tes terres, peut-être aurais-tu une chance de pouvoir vivre à ses côtés... Peut-être... Ou peut-être pas. Plus rien n'était sûr aujourd'hui puisqu'elle se mariait sous peu. Tu rageais...
« Bien entendu qu'il s'est passé quelque chose Avryn ! Tu sais aussi bien que moi que je ne tourne pas comme un lion en cage sans raison. »
Tu étais posé en général, pas dans cet état de nerfs. Ce qui était sans doute le plus agaçant, c'était de voir Avryn s'en amuser. Elle était ton amie, c'est vrai mais son aptitude à rester de glace t'inquiétait parfois et t'agaçait aussi.
« Tu rates les plus belles choses en agissant ainsi mais fais donc ce que bon te semble... Quant à l'homme capable de te supporter et bien il doit très certainement exister. Il y a plus dur à vivre que toi très chère. »
Tu souhaitais sincèrement que cela lui arrive pourtant. Ça n'avait rien de mesquin ou d'égoïste. Tu savais que ces sentiments, bien que ravageurs, étaient une belle chose. Tu l'avais oublié avant de les ressentir à nouveau et cela n'avait rien de comparable à une nuit de plaisir dans les bras d'une femme. Mais sans que tu le saches, ces sentiments t'avaient changé d'une certaine façon. À une époque, jamais tu n'aurais céder, jamais tu n'aurais déclarer à Lisbeth que tu l'aimais, tu n'aurais jamais mis en danger son titre non plus. Peut-être étais-tu devenu plus combatif en la matière que tu ne l'as jamais été. Après tout, même si tes terres n'étaient plus tienne, tu avais été un seigneur et tu le redeviendrais. Les remords n'y changeraient rien, ce qui était fait était fait et il fallait que tu te rendes à l'évidence. Pourtant tu aurais aimé être un peu plus combatif encore, plus... désireux de ce que tu souhaitais vraiment. Faire passer tes désirs avant ton devoir avait toujours été un problème et pourtant, pour l'heure, tu aurais bien fait l'inverse sans aucune hésitation. Au moins ne devrais-tu pas assister à ce mariage...
« Avryn, un jour, tu y perdras la tête tant tu cherches à prouver ta valeur. La valeur peut-être prouvée de bien des manières et refuser un combat peut aussi en faire partie. Le jour où tu comprendras ça, tu auras gagné encore davantage. »
Tu le pensais sincèrement et tu espérais qu'elle arriverait à faire la part des choses. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Dim 27 Jan - 8:46 | |
| Avryn eut un sourire étrangement doux quand elle entendit Thibalt parler de ses terres. Ses yeux bleutés se fermèrent à demi, alors qu'elle aspirait avec force la fumée de sa pipe qui rougeoyait dans le noir. Il y aurait là toujours une source d'incompréhension entre eux. Il avait l'âme d'un seigneur, il était né pour cela et on l'avait élevé uniquement pour ce but. Pour preuve, il y songeait encore alors même que dix ans d'exil l'avaient poussé à des milliers de lieues d'un domaine qui n'était plus le sien depuis longtemps.
-C'est bien pour cela que seigneur, tu l'es toujours à mes yeux, Thibalt. Rien ne pourra t'enlever ça, tu es né ainsi et c'est ainsi que tu mourra, avec ou sans tes terres.
Ce disant, son sourire s'était évanoui et elle le fixait dans les yeux d'un regard ferme et décidé; il y avait la lumière, là, celle de la confiance qu'elle avait en lui et qui durait depuis si longtemps. Il avait la noblesse dans le sang, et c'était bien plus qu'un titre qu'il avait porté. Qu'importent les armes et les manières, au diable tout cela! Thibalt méritait plus que tout autre de voir revenir en sa possession les terres qu'on lui avait enlevées et elle plaçait beaucoup d'espoirs en cette rébellion qui s'agitait en ville comme les remous annonciateurs d'une lame de fond. Son propre domaine, la terre de Tombeneige, elle n'espérait même plus la revoir depuis qu'elle avait apprit que son cadet avait fait allégeance à l'empereur. Aussi, elle espérait pour un autre, et se battrait pour lui comme elle se serait battue pour retrouver son bien, parce que c'était à présent tout ce qui lui restait.
Avryn haussa un sourcil quand il lui rétorqua vivement, et ne put s'empêcher, comme toujours, de le décortiquer d'un regard acéré, déchiffrant ses réactions, le ton de sa voix et l'expression de son regard. Cette fois il était bien plus troublé qu'à l'ordinaire après une entrevue avec sa dame. Quelque chose de grave, ou d'important s'était passé mais il serait difficile de lui faire cracher le morceau à l'abri des oreilles indiscrètes. Elle ne voulait pas le mettre en danger en exigeant une confidence de trop, aussi ne demanda rien d'autre, et se contenta de l'observer avec attention. Elle savait fort bien que son seigneur n'aimait pas ce comportement qu'elle avait si souvent, à observer avec tant de détachement grouiller l'humanité et ses déboires sentimentaux comme on observe le comportement des insectes dans un bocal. Mais elle se sentait si peu concernée qu'elle ne pouvait rien faire contre cela.
Un rire acerbe lui échappa ensuite, alors que des fumerolles s'exhalaient de sa bouche entrouverte. Les plus belles choses hein? Pour l'heure, ces belles choses, elle ne les regrettait pas le moins du monde, surtout quand elle voyait son ami s'y débattre avec tant de difficultés, parfois...
-Les plus belles choses hein? Ricana-elle. Oh, je n'en doute pas. Mais je laisse cela à d'autres qui le..." Méritent" plus que moi.
Un autre sourire lui vint.
-Oh, je crois volontiers qu'il existe des êtres moins faciles à vivre que moi, et qu'ils restent bien où ils sont! Et puis tu connais les hommes, je les effraie. Tu es le seul à me respecter, et je crains que tu ne le reste encore longtemps.
Avryn disait cela sans une once de regret dans la voix, et c'était plutôt de la colère, l'amertume de vivre dans un monde où, parce qu'elle était née femme, elle ne pouvait jouir du même statut qu'un homme alors même qu'elle se montrait en chaque instant aussi forte, sinon plus, que ses confrères. Tant qu'elle ne trouverait pas quelqu'un qui, comme lui, l'amènerait à baisser les armes en lui montrant que le combat n'avait pas lieu d'être, Avryn resterait enfermée dans son armure de glace, quitte à gâcher toutes les chances qu'elle aurait d'être un jour heureuse. Egale, sinon rien, et peu de gens avaient l'air décidés à comprendre, hélas. Les paroles de son ami firent écho à ses pensées et elle leva vers lui un regard qui s'était égaré, pensif, rempli d'une sourde colère devant l'injustice de sa situation.
-J'ai dû me battre chaque instant de mon existence pour vivre de la manière dont je l'avais décidé. Je continuerai à le faire tant qu'on ne reconnaîtra pas que je peux avoir autant de valeur que n'importe lequel des hommes de la confrérie.
Il n'y avait pas de lassitude dans son regard, juste toujours la même froide détermination qui était la sienne depuis si longtemps et que Thibalt avait sans doute apprit à connaître.
-J'accepterait de reconsidérer ma décision le jour où je trouverai quelqu'un capable de me traiter comme son égale, reprit-elle avec un petit hochement de tête, comme une concession.
Seul son seigneur arrivait à arracher d'elle ce genre de paroles; personne d'autre ne pouvait les entendre, en vérité, comme beaucoup de choses qu'elle ne disait qu'à lui seul. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Intransigeante amitié éternelle Lun 28 Jan - 14:49 | |
| Tes terres… Bien peu de choses pouvaient t’en détourner. Lisbeth le pourrait, tu en es bien conscient mais tu n’en étais pas si sûr. Voilà bien plus de dix ans que tu les avais perdue ou plutôt, qu’on te les avait prise par un tour de passe-passe scandaleux. Pourtant, tu y pensais encore à tes terres… Et si on pouvait t’en distraire provisoirement, cette préoccupation te revenait toujours en tête comme un boomerang. Rien, ni personne ne pourrait t’en distraire éternellement. Avryn n’avait donc peut-être pas tort… Mais tu n’étais pas né ainsi, on t’avait adopté et élevé dans cette optique. Tu avais toujours conscience de la chance que tu avais eue et surtout de l’amour de tes défunts parents. À trente-trois ans, tu te préoccupais toujours de ce qu’ils pouvaient bien penser de toi et c’était entre autre pour ça que tu récupérerais tes terres, leurs terres et ce… quel que soit le prix à payer.
« Peut-être Avryn… Peut-être. Nous verrons ce que le Destin nous réservera et ce que la Fatalité nous préparera. »
Tu étais bien conscient qu’Avryn te suivrait quoi que tu décides de faire et c’était aussi pour ça que tu prenais bien garde à tes décisions. Car quoi que tu fasses, elle te suivrait et pourrait dégringoler avec toi. Son allégeance envers toi était risquée et bien qu’elle le sache certainement, tu te devais d’être à la hauteur.
Visiblement, Avryn ne partageait pas ton avis sur les belles choses qu’elle ratait et tu t’en étais bien douté. Avryn était de glace et ça n’avait rien de nouveau mais tu avais toujours souhaité qu’un homme soit capable de briser cette carapace qui n’en était pas forcément une. Tu espérais qu’un jour, on la traiterait en égal, comme tu le faisais mais ça n’était pas gagné, tu le savais aussi bien qu’elle. Peut-être devrais-tu arrêter de lui parler de ça mais en tout cas, tu n’en démordrais pas, elle ratait énormément de choses à agir comme elle le faisait. Toi-même, tu en ratais alors que tu étais moins renfermé qu’elle.
« Je sais… » Le mot sur lequel elle avait insisté voulais tout dire. « Si seulement tu te délestais de tout ça. » Il montra l’armure d’un geste désinvolte. « Tu effraierais sans doute moins la masse. »
Et ça, tu en étais tout à fait convaincu. Mais extraire Avryn de son accoutrement était une cause perdue à propos de laquelle tu ne t’avancerais jamais. Au fond, tu n’étais pas son frère, son père ou qui que ce soit d’autre. Tu étais son ami, elle faisait bien ce qu’elle voulait de tes conseils… parfois peu avisé dans certains cas.
« Je le conçois parfaitement Avryn. Et un jour, je suis persuadé qu’on te reconnaîtra en tant que tel. Dans le cas contraire, ils comprendront leur erreur, comme tout un chacun. » Tu souris quand elle céda un peu de terrain, c’était déjà ça. « Bien… On avance un peu au moins. »
La conversation avait cela de bien, c’est quoi moins, vous dériviez vers d’autres sujets. Sujets qui ne concernait en aucun cas Lisbeth ou son mariage prochain. Ta frustration s’évacuait peu à peu… Il n'empêche que tu étais exténué, tu avais besoin de te reposer. Tu ne serais pas au mariage mais ça ne t'empêchait pas d'avoir quelques mandats possible et tu avais besoin de garder tes forces. Tu te devais de ne pas te laisser abattre. Tu étais Thibalt d'Ambremont.
« Je te laisse Avryn et par pitié, prends du bon temps pour changer un peu. » Sur ces mots, tu te dirigeas tout droit vers ta chambre pour une nuit de sommeil sans doute légèrement agitée ou alors sans rêve. Tu verrais bien... |
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