(c) satin diary

Mon histoire n’a rien de commun avec ce que vous connaissez, du moins, j’ose l’imaginer. Nous sommes en l’an 778, un jour de mars, je viens de mettre la tête dehors, et je n’aime déjà pas ce qui se trame dans le coin. Oui, évidemment, à cet âge là je ne me doutais de rien. Mes parents ont eu la bonne idée de voyager à Sombreciel alors que ma mère était enceinte jusqu’au cou. C’est ainsi que je suis née dans ce duché plein d’esprits plus fous les uns que les autres. Pourquoi avaient-ils voulu quitté notre belle Châtaigneraie aussi ? Sans doute avaient-ils en tête de faire des affaires avec le dit duché, je ne le saurais jamais vraiment, mais en même temps ce n’était pas forcément ce dont j’avais besoin pour vivre. J’étais donc née dans l’euphorie la plus totale à Euphoria, la capitale de Sombreciel. J’aurais donc la marque de fabrique de ce duché sur le front alors que je n’y mettrais pratiquement plus jamais les pieds. J’ai donc grandie en Outrevent. Mes parents étant respectivement seigneur et dame de la Châtaigneraie, je faisais partie des nobles, je n’étais donc pas pauvre comme certains mais ça ne m’a jamais vraiment monté à la tête. J’aurais pu me dire que je pouvais tout écraser sur mon passage, mais malheureusement, ou heureusement, je ne saurais tellement vous dire, je suis une femme, autrement dit considérée comme une enfant par la majorité des personnes, surtout par les hommes bien que je sois tout à fait consciente de ce que je suis, mais c’est comme ça. J’ai donc deux grandes sœurs que j’apprécie. J’ai été bien élevée, par des parents aimants. Ma mère a toujours été d’une grande douceur et remplie de délicates attentions vis-à-vis de moi. Je pense que j’ai tiré ça de ma mère donc, car je suis aussi comme ça. Même si en grandissant, j’ai développé des traits de caractères différents d’elles. Toutefois, je connaissais mon rôle d’avance dans cette société où la femme n’est là que pour deux choses uniques ou presque : faire le sale boulot, et faire des enfants. Mes parents appartenant à la noblesse, j’étais vouée à épouser un homme de bonne famille et à lui donner des héritiers dans la mesure du possible. J’ai appris ainsi la musique ainsi que les arts. Je sais jouer de la harpe, diverses mélodies, des tristes ainsi que d’autres plus joyeuses. J’ai aussi appris à rester douce et calme en de nombreuses circonstances, même si dernièrement tout ceci et plus ou moins mis à mal.
Ainsi que je fus suffisamment grande, on m’envoya à la cour des ducs d’Outrevent. J’avais appris suffisamment de choses pour bien m’y tenir, mais j’ai eu pas mal d’appréhension à quitter le cocon familiale, mais c’était ainsi. Les jeunes filles nobles étaient en général envoyées à la cour de leur duché. C’est ainsi qu’à 14 ans, j’étais propulsée dans un monde que je ne connaissais pas forcément très bien mais qui serait mien, pour les années à venir. Je devins ainsi dame de compagnie de Lisbeth d’Outrevent. Elle était la duchesse héritière, et elle n’était qu’à peine plus âgée que moi, elle en avait 16 à cette époque là, c’était en 792 si je ne m’abuse. Ma vie allait à ce moment précis prendre un tournant que je n’avais pas forcément imaginé. J’étais déjà fidèle à Lisbeth que je considérais comme une très grande amie, j’avais beaucoup d’affection pour elle. Je fus aux premières loges lorsque son aîné se rebella officiellement devant la cour. Lisbeth resta alors à Lorgol pour représenter notre duché à la cour. Je devins alors sa suivante, et je restais donc moi aussi à la cour. Ce que je ne savais pas vraiment au début, c’est qu’elle avait les même idéaux que son frère aîné. C’est ainsi que nous avons rejoint la guilde des rebelles. Lisbeth le faisait de façon très discrète, il lui fallait être quelqu’un de bien devant les autres, ainsi, souvent elle disait détesté son frère pour ce qu’il avait fait alors que c’était bien l’inverse. Bien souvent, elle épancha son cœur contre le mien. La pression était forte, elle devait joué un jeu dangereux, tout comme moi qui l’avait suivi. Ainsi le jour, je faisais comme si de rien n’était, je jouais la parfaite suivante de sa duchesse, j’étais son amie sur qui elle pouvait compter. La nuit, je jouais mon rôle pour la guilde des rebelles, je devenais simplement Yseult Sombréclat, le « De la Châtaigneraie » disparaissait pour ainsi dire, je n’étais plus vraiment une noble. Il semblerait que je ne sois pas faites pour combattre véritablement contre un adversaire, sans doute étais-ce le fait que je ne sois nullement entraînée pour cela, mais aussi le fait que je sois une femme, un vase plus faible que les autres. Mais je ne m’arrêtais pas à cela, je savais que j’avais un rôle à jouer dans la guilde, alors j’observais, toujours, je guettais le moindre mouvement suspect, et même dans une nuit noire, j’arrivais à voir des choses qui se remarquaient à peine. Nombre de fois également, j’ai servi un alibi à ceux qu’on pouvait accuser d’être ailleurs que là où ils devaient être. J’aime également me déguiser, m’infiltrer là où a besoin de moi, mon physique aidant bien souvent à cela. Mais ces derniers temps, il y a énormément de sang qui coule sur le sol, et cela me traumatise véritablement. Je n’aime pas cela. Je suis répugnée à l’idée de voir ces combats où l’adversaire fini à terre, sans vie. Je suis ainsi sujette à des crises d’angoisse et seul Lisbeth arrive à m’apaiser dans ces moments là. Je parais calme, mais en moi dors une âme qui a été récemment traumatisée, une âme qui n’arrive nullement à cicatriser tellement la blessure est rouverte en peu de temps. Que puis-je y faire ?
Mais les choses sont encore plus difficiles depuis quelques mois. Pourquoi cela ? Et bien, si vous le voulez bien, je vais vous raconter plus en détails les derniers évènements. Nous sommes en octobre 801 lorsqu’un évènement inattendu se produit en Lisbeth. En effet, ces pouvoirs semblent s’être manifesté alors que cela ne pouvait pas être possible, du moins, elle ne m’en avait jamais parlé, et vu sa réaction, elle n’était pas non plus au courant. Nous sommes ainsi revenues en Outrevent durant deux mois environ, pour faire le point. Cette parenthèse nous fit du bien, cependant, nous avons du rentré à Lorgol pour le bal du Solstice d’hiver. En effet, ce jour là était un jour particulier pour elle mais elle ne le savait pas et moi non plus. Ce fut un grand changement puisqu’elle serait à présent fiancée avec Louis, du moins l’annonce de leurs fiançailles fut annoncée alors qu’elle n’en savait rien. Un choc pour elle comme pour moi. Pourquoi ne lui avait-on rien dit ? Je ne comprendrais que plus tard que la lettre qui devait lui l’annoncer s’était finalement perdue dans les méandres du duché … Mais cette soirée a été une véritable torture pour moi. En plus de cette annonce surprenante, il y eut une attaque de la Confrérie noire. Des morts et des blessés un peu de partout jonchait le sol, cette vision d’horreur de fit faire des cauchemars, je ne serais plus là même après avoir vu tout cela, tellement c’était horrible. Son futur fiancé avait été assez salement touché le pauvre. Je ne le connaissais pas tellement, mais bon, la vie est souvent difficile, surtout dans ces moments là, ou comment une fête normalement joyeuse avait tourné au carnage. J’avais déjà vu beaucoup de mauvaises choses avec la guilde, mais là c’était véritablement terrifiant. Lisbeth aussi avait été énormément touchée par cela, j’ai essayé de la réconforter, parce que je comprenais vraiment ce qu’elle était en train de vivre. La duchesse pourtant en veut toujours à la confrérie, et ne veut pas se marier avec son futur. Un mariage arrangé de la sorte ne fait jamais vraiment plaisir, mais c’était pour ainsi dire la coutume. Pourtant, elle ne semblait vraiment pas vouloir de Louis, ce serait d’autant plus difficile pour elle mais je serais là. Je savais pertinemment qu’il m’arriverait la même chose dans un an ou deux, si j’étais encore de ce monde. Parce qu’avec tout ce qui arrivait dernièrement, je me demandais bien si j’allais survivre à la coupe d’Augustus. En effet, Lisbeth ne voulant pas se marier avec Louis décida sur un coup de tête de devenir l’un des prétendantes de l’empereur. Durant un mois, elle fut enfermée dans le palais avec toutes les autres. Je n’avais pu être présente à ce moment là, et je m’en voulais. Lorsqu’elle s’était porté prétendante, je n’étais pas avec elle. J’ai rongé mon frein durant ce mois, c’était pour ainsi dire la première fois depuis presque 10 ans que je n’étais pas avec elle. Ce ne fut pourtant pas tout puisque lorsqu’elle sortit, elle était très fatiguée. J’ai essayé de l’aider mais elle décida de s’enfuir loin, sans véritablement tout me dire vers la mi-mars. Elle n’y avait pas vraiment réfléchie, elle voulait partir loin de Lorgol à Souffleciel. Elle n’y était pas vraiment puisqu’elle visitait le pays avec Louis, mais la version officielle veut que si puisque je m’y suis rendue pour corroborer les faits. Cela aurait été bizarre que je reste à Lorgol alors que ma duchesse était là-bas. Pendant environ deux mois, je n’ai pas eu de nouvelles. Un dicton disait que lorsque nous n’avions pas de nouvelles, c’étaient de bonnes nouvelles qu’il y avait pour la personne mais j’aurais préférée être tenue au courant un minimum. Puis j’ai reçu cette lettre me disant de revenir sur Lorgol. Nous nous sommes retrouvées dans une petite auberge à quelques kilomètres de la ville. Et nous sommes revenues ensemble comme si nous ne nous étions jamais véritablement quittées. Ma vie suit donc son cours, mais je me demande bien ce qu’il va nous arriver dans les jours, les semaines, les mois à venir. Je pense que nous n’avons pas finies de connaître de nombreuses péripéties.

Mon caractère est quelques choses de difficile à cerner je pense. A part Lisbeth, qui me connait mieux que personne, on ne saurait dire beaucoup sur moi. Je suis quelqu’un de très discret, j’essaye de l’être en tout cas. Pourtant, je rêve d’une vie meilleure que celle que je vis parfois. Je veux dire que si j’avais à refaire tous les faits et gestes de ma vie, je referais la même chose mais parfois, je rêve d’une vie moins mouvementée dirons-nous. Je rêve aussi parfois que je suis une pauvre femme, non pas une noble, je rêve aussi que je n’ai jamais connu Lisbeth dans mes plus grands cauchemars. Cependant, quand j’ai quelques choses en tête, je ne suis pas quelqu’un qui lâche facilement l’affaire, je suis tenace, perfectionniste, cela ne peut pas ne pas se faire. Cela se fera et de la meilleure des manières possibles. Parfois, je me dis trop idéaliste quand je pense à Augustus. Il ne devrait jamais avoir eu son diplôme, cela aurait réglé tellement de choses. Parfois je me dis que la femme devrait être maîtresse du monde, que cela serait plus simple pour tout le monde.