L'étincelle, c'est la foi. C'est cette douce chaleur au creux du ventre, ce souffle réconfortant qui enveloppe et étreint comme une caresse un soir d'hiver. C'est la confiance aveugle et le dévouement obstiné, c'est la loyauté immuable née du respect – l'étincelle, c'est la foi. Parce qu'il est bon parfois de m'en remettre totalement entre les mains d'un autre, parce que c'est bon de lui confier mes peurs et mes doutes, mes errances et mes blessures de l'âme, mes cicatrices si laides qui érodent le cœur et usent l'espoir, petit à petit, sous leurs noires griffures. M'abandonner et lâcher prise, laisser faire la main du sage qui guide et dirige, qui aide et conseille. L'étincelle, c'est la foi – c'est ce choix délibéré de fermer les yeux et d'abdiquer ma méfiance, ma muraille, ma carapace, mes faux-semblants et mes sourires de travers, mes dérobades confortables et mes rires qui sonnent faux. L'étincelle, c'est la foi – c'est accepter de laisser couler mes larmes, accepter ma propre faiblesse, et le besoin de poser parfois la tête sur une épaule accueillante.
L'étincelle, c'est le respect. C'est l'admiration sans bornes de l'enfant pour l'adulte qui étonne et émerveille, c'est la reconnaissance de la sagesse aux yeux du néophyte, de l'expérience au regard de celui qui n'accomplit que ses premiers pas hésitants – l'étincelle, c'est le respect. Parce que j'ai besoin d'un héros, d'un modèle – parce que l'être humain ne peut survivre sans idéal, parce qu'il est bon de choisir à qui vouer mon admiration. Parce que j'aime lever les yeux vers l'étincelle et la regarder briller, discrète mais éclatante, loin là-bas parmi les ombres. Parce qu'il est bon d'admirer de loin et de vénérer sans honte, de défendre ma foi et d'affirmer mon choix, parce que l'étincelle a mérité mon respect. Parce que j'aime lever le regard vers elle et découvrir des étoiles dans mes prunelles, pare qu'il est bon de voir que dans ce monde il est possible de trouver quelqu'un digne de mon admiration. L'étincelle, c'est le respect – c'est l'acceptation pleine et entière ce qu'elle est, avec ses défauts et ses qualités, parce que c'est ce qui la rend admirable. Parce que j'ai décidé d'être l'élève et j'ai choisi le plus digne des professeurs.
L'étincelle, c'est la gratitude. C'est le merci qui s'esquisse derrière chaque sourire, c'est l'affection née des petits présents du quotidien, des compliments, des louanges, des reproches, des réprimandes. C'est la richesse née des mois écoulés et des conseils prodigués, des conversations anodines, des élans du cœur. C'est cet attachement de la marginale pour celui qui m'a tendu la main, la chaleur du regard qui m'accepte sans me juger, la promesse informulée que demain tout ira bien même si ce soir les larmes coulent en me crucifiant un peu plus à chaque instant. L'étincelle, c'est la gratitude des fous rires et des sourires, le remerciement pour chaque parole échangée, pour chaque silence aussi profond que les plus recherchés des discours, pour le soutien discret, pour l'épaule solide, pour le tact et la discrétion, pour l'amitié offerte sans exigence, sans contrepartie. L'étincelle, c'est la gratitude, pour le plus beau des cadeaux, et pour tout le reste donné librement – pour cette voix grave et calme, digne et tranquille, qui sait apaiser et réconforter sans rien dire.
L'étincelle, c'est la confiance. Parce que l'étincelle brûle haut et clair, qu'elle est fiable et solide, et qu'il est bon de m'en remettre à elle totalement. Parce qu'il est doux d'oser sans craindre, de m'ouvrir sans me blesser, de me confier sans souffrir. L'étincelle, c'est la confiance – c'est la sérénité des maux allégés et des angoisses repoussées, c'est l'appui du sage. C'est m'en remettre au jugement d'un autre, me voir par ses yeux, vouloir son estime. C'est me battre chaque jour pour en être digne. C'est la confiance pour un père sans que je n'en sois la fille, la confiance pour un ami sans que je ne fasse partie de sa vie. C'est aussi un peu la jalousie d'avoir confiance en un maître dont je ne suis pas la seule élève. Il est dur de partager tant mon affection réclame de l'attention. L'étincelle c'est la confiance, oui – parce qu'elle a toute la mienne et que j'aimerais, un jour, mériter la sienne.
L'étincelle, c'est l'amour. Je l'aime, mon étincelle – et aimer ne suffit pas, c'est tellement plus que ça. Aimer ne peut résumer, aimer ne peut raconter – aimer ne fait qu'esquisser, aimer ne peut qu'effleurer. Je l'aime car d'autres mots me manquent, je l'aime comme un père, comme un frère, comme un ami, comme un fils parfois, quand je sens l'étincelle fatiguer et s'épuiser. Je l'aime et pourtant, c'est le mot le plus mal choisi, car je ne fais pas que l'aimer, je la respire, je la vis. Je chante sa légende et je pleure ses tourments, je vibre dans son regard, j'existe dans le son de sa voix. Par lui j'avance, par lui je grandis – il est l'étincelle qui allume ma flamme et qui la fait brûler, haut et fort. Petite, timide étincelle au firmament, fragment éphémère d'humanité, infime parcelle de savoir, étincelle bien-aimée qui réchauffe et rayonne. Clairvoyante et solennelle, subtile étincelle, sublime étincelle. Mon éclat d'éternité.
Oh Capitaine, mon Capitaine...