« Lugubre tentation emplit d'une sombre ivresse... mes sens se perdent un peu plus et succombes doucement à mes noirs désirs. Désirs souillés par de sanglants draps dont je me drape un peu plus chaque jour, mythique gorgone, me poussant le long de ce chemin sinueux. Avide de gloire, de reconnaissance, de gravir les échelons pour me rapprocher un peu plus de lui, je me sais capable de beaucoup choses, même des plus noirs dessins. Et mon âme, doucement, vacille. Lueur tremblotante, doucement, la flamme s'étouffe et se meurt entraînant dans son passage mon humanité. Goût amer, désespoir, je m'use et m'enivre de ce malheur si déchirant qui me poignarde et qui me pousse à me relever lorsque, fatiguée, mon échine se courbe, mon corps abritant un désespoir criant. Toutefois, loin de moi l'envie de me cacher à cette immense vague qui vient un peu plus chaque jour durement se briser contre les remparts de mon âme, l'emportant dans ces tristes remous. Et une étrange ivresse m'envahit tout en me faisant découvrir l'aspect le plus sombre de ma personnalité. Mais mon esprit, malade, fatigué, ne désire que renoncer, renoncer à cette déviante si avilissante que je suis et qui me poignarde et me grise.
Extatique, rien n'y personne ne me fera renoncer, me détourner de cette voie que j'ai choisi en reniant mes origines et ma famille si pieuse. Toutefois, malgré leurs coutumes et leur esprits étriqués dans la conception du mariage et de la famille, je ne peux renoncer à eux. Aussi, chaque jour, j'entretiens de longues lettres avec ma mère, lui faisant miroiter un mariage auprès de la haute noblesse, ces hautes sphères qui me m'attirent telle une vulgaire épingle attirée par l'aimant. Je me ferais même la catin du Diable pour y parvenir. Vulgaire traînée, chaste aux yeux des miens, jouer ce double jeu n'a pour moi rien de troublant et ne relève d'aucune difficulté car ici se trouve la vie dont j'ai toujours voulu. Gravitant autour de Augustus, malgré mon éloignement, ma dévotion lui est totale. Prête à beaucoup de chose pour son propre plaisir, je ne laisserai personne me faire barrage et m'empêcher d'obtenir ce pour quoi je me bat un peu plus chaque jour. Un combat qui est mien et dont les flammes de la convoitise ravage un peu plus mes ardeurs et pensées confuses.
Néanmoins, moi qui pensais le chemin facile, sans anicroche à part quelques bassesse de ma part, je me suis retrouver ce jour, dans l'incompréhension la plus totale. Qui aurait pensé que mes ancêtres de bouseux cachaient en eux un lourd héritage dont je répugne et tente de museler... la magie. Omniprésente en moi, je la sens et une part de moi semble ravit de pouvoir la posséder, de l'étreindre alors qu'une autre part de moi, la plus sombre et instable, la répudie. Je n'en veux pas, pas maintenant alors que je m'attèle à entrer dans la Guilde des Rebelles. Lourd héritage encombrant, faire taire et dissimuler cette magie m'en coute plus que je ne veux bien me l'avouer. M'entraînant dans d'étranges comportements, chaque jour, un peu plus, je sombre dans une douce psychose. Et je me fais mal. Ho oui ! Douce douleur qui me vrille les tempes lorsque je tente au maximum d'enrailler la machine et de bloquer violemment ce don qui ne désire qu'une seule chose ; sortir. Dans ces moments, lorsque la douleur se fait trop présent, je déraille et régresse, mon comportement d'adulte s'effaçant doucement pour laisser place à une gamine chouineuse et capricieuse au possible. Cet état ne dure qu'un temps, juste le temps de me soulager et de laisser de nouveau la magie parcourir mon corps, la laissant visible aux yeux de tous.
Une faiblesse qui m'insupporte. Je n'en veux pas. Ce don ne m'apporte que malheur, me laissant bien trop fragile lorsque je me refuse à lui. Mon rejet, il me le fait payer, violemment et durement, entretenant cette psychose nouvelle. Personne ne doit savoir, connaître mon secret et je m'enferme un peu plus dans la solitude qui doucement me tue. Préférant mordre que de l'avouer, je ne montre rien, restant cette sombre personne que je suis devenue, cette déviante perverse qui ne trouve son plaisir qu'en servant Augustus. »

UNDER CO