Gravir les majestueux escaliers

Suivre le papillon

Suivre le papillon malgré tout

Tout brûler sauvagement, parce que vous êtes Roi, quand même, et que ça ne se fait pas de dévorer un Roi. JE SUIS ROI DE SOMBRECIEL, PLANTE IGNARE.

« Mais faites attention ! Pour l'amour. La servante balbutie des excuses. Envoyez-moi Ariadne, je ne comprends même pas pourquoi c'est vous qui me soignez. » La jeune fille s'excuse une nouvelle fois et s'incline, avant de te laisser seul. Tu t'observes dans le miroir de ta suite, grimaces. Ta dernière aventure t'a laissé joliment marqué et l’œil au beurre noir qui défigure ton visage n'a toujours pas désenflé. C'est que ce gueux d'Erebor frappe fort, malgré son physique de chat malingre... et que cette servante n'est pas foutue d'appliquer un onguent sans aggraver les choses.
Un instant ton reflet mécontent dans le miroir.
Un instant un hall d'entrée à la décoration riche et magnifique.
Quoi ?
Tu n'oses pas bouger, tout d'abord. Comment es-tu arrivé ici ? Et quel est le 'ici' en question ? Dragonvale. La voix de ton Familier, à la fois enthousiaste et respectueuse. L'Académie. Aussitôt, ta bonne humeur revient. Tu n'as jamais été invité ici, comme mage – et tu n'as pas désiré y entrer non plus. Tu as un royaume à gouverner, à mener dans la lumière. Tant pis pour la magie qui brûle en toi, inconstante et vive, conviction et feu qui se mêlent, se confondent, te consument. Tu sauras être un souverain et un jour, peut-être, sauras-tu être un mage. « M'accompagneras-tu, Ætheris? Je crois que tu as besoin de découvrir seul, Castiel. La première fois est toujours la plus surprenante. » Subitement, il est à tes côtés, chat blanc et moqueur, indolent. Puis, il n'est plus. Ses mots résonnent. Découvrir seul. Tu gravis l'escalier sans plus attendre, accompagné en pensées par ton Familier. Une ascension que tu découvres excitante, tu as déjà hâte de savoir tout ce que recèle cet endroit, quand elle est brusquement interrompue par la pire chose existante (rien de moins).

De l'eau.

Tu pousses un étrange cri, plutôt un miaulement courroucé qu'un réel cri, alors que la cascade inattendue te mouille de la tête aux pieds. Une sensation que tu détestes, profondément, et le grondement furieux que tu entends est bien le tien. Tu cherches d'où vient cette... averse impromptue, et seule une porte se présente à toi. Située à hauteur. Ça viendrait de là ? Tu n'as pas vraiment envie de savoir. Et si tu te retrouvais encore mouillé ? Tu secoues vivement la tête, comme un gamin, à cette idée, et tu vas justement pour quitter quand tu vois un papillon. Doré. Aussitôt, une flamme d'intérêt s'allume dans tes yeux. L'or est le matériau favori des Cielsombrois et tu ne fais pas exception. Pas étonnant que tu te décides à suivre le papillon, curieux, hypnotisé par sa couleur. Par ses reflets étincelants. Tu le veux. Tu ne te vois pas, mais tu as les pupilles dilatées, le corps tendu, comme un animal prêt à attaquer. Un chat prêt à bondir. Tu n'as d'ailleurs cure de la plante qui te taquine le pied. Tu veux ce papillon. Et tu continuerais bien de ne pas te soucier de cette plante, si elle n'était pas aussi... forte, et... envahissante, et... TOUT AUTOUR DE TOI. Les lianes s'enroulent autour de ta personne, tu perds le papillon des yeux et tu chutes au sol.
Tiré vers une plante. À l'air vorace. Dans la TERRE. Et la BOUE. Toi, Castiel de Sombreflamme, Roi de Sombreciel, une PLANTE  a décidé de te manger, sans même te consulter, toi ou tes conseillers, au préalable.

MAIS QU'EST-CE DONC QUE CETTE PLANTE INFÂME ?

Une vague subite de colère – qui fait flamber la plante. D'un coup. Tu entrouvres la bouche, un peu surpris du cri que la plante pousse, mais tu n'arrêtes pas les flammes. Tu ne les arrêtes pas tant que tes bras et tes jambes soient libres. Seulement, tu n'as pas le temps de te lever et de partir que tout le sol se désagrège sous toi. Et que tu tombes. Un cri de surprise et lorsque tu arrives enfin au sol, c'est bien après avoir dégringolé tu ne sais combien d'étages et plusieurs coups. Un grognement de douleur en te relevant, tes doigts replacent les mèches de tes cheveux. Et tes vêtements sont roussis. Un petit reniflement de dédain. Un autre habit de gâché. Tu devras le jeter. Ariadne devra trouver quelque chose pour le remplacer. Au moins, cette plante a bien compris que tu n'étais aucunement un en-cas approprié pour une créature aussi basse et méprisable.
Une fois cela pensé et décidé, tu t'attardes à la pièce où tu es. Une pièce étrangement où une rosace désigne huit niches vers lesquelles tu t'avances pour les observer. Une pierre de métal dans la première niche. Une main tendue, mais tes doigts touchent seulement la pierre. Étrange. Une épée ouvragée. Un anneau doré – tu fronces légèrement les sourcils. Une rose de cristal. Un cor de guerre. Une ancre. Une fiole de cristal. Et... « Sigal. » Tu tends une nouvelle fois les mains, pour la prendre, mais elles ne rencontrent que le mur. Elle est là sans être là.

Deux mots résonnent au fond de toi. Le Pacte.
Tu comprends.
Et tu as peur.
Tu as peur alors que tu es de retour à Lorgol. Sigal. Une relique. Non. Vous... personne ne pourra. Jamais. Personne ne touchera à Sigal. Tu te l'es promis. De ton âme, tu l'as promis. Et Sigvald, Ô... Tu t'assis sur ton lit, dans la tour de Sombreflamme de Lorgol, le visage entre les mains. Tu ne sais pas comment tu feras. Ce que tu feras. Mais tu vas devoir le faire.