Étonnante femme que Bérénice du Nénuphar-du-Lys, dont la présence inopinée à la cour d'Outrevent! ne cesse de surprendre.

Timide au premier abord, au deuxième également, c'est une dame au caractère que l'on pourrait penser placide et aucunement capable de faire des vagues. À bien des égards, elle correspond tout à fait à cette idée que vous avez d'elle. Elle se laisse difficilement approcher et n'ose pas aller vers les autres, sa confiance en elle étant faible. Elle sous-estime ses capacités, son savoir, tout ce qu'elle est, et se dévalorise constamment lorsqu'elle rencontre tous les merveilleux personnages éduqués qui vont et viennent à la cour royale. Bérénice est cela dit fidèle et lorsqu'elle se lie d'amitié avec un être, il est assuré qu'elle soutiendra cette personne coûte que coûte et sera présente pour lui. Sa patience en fait une oreille attentive, ainsi qu'un bon conseil, et elle sait que l'attente prudente est plus sage qu'une précipitation inconsidérée.

Elle qui a passé la très grande majorité de sa vie sous la forme d'une rainette est engourdie, depuis qu'elle est Familier et encore plus depuis qu'elle est humaine, de sentiments contradictoires, trop forts pour son enveloppe de jeune femme. Son émotivité pousse parfois ses réactions à leur paroxysme et ce qu'elle ressent est fort, rarement nuancé. Ainsi se révèle-t-elle impulsive, peu réfléchie lorsqu'elle a une idée qui lui semble soudainement merveilleuse et qu'elle ne peut attendre de réaliser, malgré toute la patience du monde. Ainsi se révèle-t-elle jalouse et envieuse, confrontée à des dames gracieuses, à de riches seigneurs et à un univers qu'elle ne comprend pas toujours dans toutes ses subtilités. Elle est donc aussi passionnée, investie dans tous ses projets, et son cœur est capable d'aimer et d'haïr à même intensité. Dans le monde de la royauté, elle est coquette, bien que peu vaniteuse, et est fascinée par son apparence humaine. Non pas pour une quelconque beauté, mais par l'étendue de tout ce qu'elle peut accomplir désormais et toutes les possibilités qui se présentent à elle.

De son passé de Familier de mage de Nightingale, elle a tiré une rigueur proverbiale qui la laisse très ordonnée, d'un côté, mais aussi très droite et très dévouée. Elle croit à la justice, à l'honneur, aux justes choses. Bérénice aussi une grande curiosité intellectuelle, qu'elle entretient par plusieurs lectures et des discussions où elle est incollable sur tout sujet historique – et où elle remporte modestement, avec quand même un sourire de malice, toutes les joutes. Ceux qui voient en elle une jeune femme crédule ont sans doute raison, mais ils se voient aussi déstabilisés de retrouver la sagesse d'une dame expérimentée dans ce même corps. Elle sait surprendre et elle n'a jamais dit son dernier mot.