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InvitéInvité | Sujet: Erreur sur le Guerrier ! Dim 6 Jan - 8:17 | |
| “Erreur sur le Guerrier !”
C'est pas le bon...
- Noms des participants: Aliénor de Bohémont & Melsant de Séverac
- Statut du sujet: Privé
- Date: Août 802
- Moment de la journée : Pleine après midi
- Saison 1, chapitre 5.
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Dim 6 Jan - 9:14 | |
| L'été était propice à de nombreuses joutes à Lorgol : tout était prétexte pour verser du sang, et regarder les hommes forts d'Arven suer sous les coups - certains se battaient même torse nu, histoire de s'attirer au moins les faveurs des dames : mais ceux-là mourraient bien vite, souvent, avant d'avoir pu en profiter. Les festivités auxquelles Melsant participaient, ce jour-là, étaient assez connues pour rameuter quelques dignitaires de la cour, et quelques vaillants combattants, raisons qui expliquaient principalement sa présence sur le sable. Le Séverac commençait à s'impatienter de lutter sans aucune rétribution conséquence sur son objectif. Il souhaitait, si ce n'était de survivre, de pouvoir encore une fois s'élever dans l'opinion d'un ou deux grands dignitaires, qui pourraient souffler ses louanges à Augustus et à sa nouvelle femme. Après deux démonstrations assez éprouvantes, Melsant - ou plutôt Tristan - s'était retiré dans sa tente, pour récupérer en énergie, nettoyer ses lames émoussées, et manger les victuailles que leur avait préparés les valets assignés à cette tâche. D'ailleurs, alors que le jeune homme enlevait sa cuirasse pour se détendre, son préposé arriva par les devants de tissus, embarrassé. Cet énergumène, fin, presque squeletique, au visage de fouine, avait le don d'agacer Melsant par sa seule présence et ses manières douteuses. - Sir Sombreval, une demoiselle demande à vous voir ! Couina-t-il, avec un air dégoûté, qui signifiait clairement ses tendances et autres sombres attirances. D'ailleurs, son regard glissant sur le torse du guerrier, il sembla plus guilleret, et releva le menton, avec une expression mi-envieuse, mi-fière. Je lui ai signifié que vous étiez occupé, mais... - Je ne veux pas de ce genre de compagnie, répondit instantannément le Séverac, sans ignorer le manège de son interlocuteur, le désapprouvant d'une mine sombre. Tu le sais pourtant. - Mais elle prétend être votre soeur, ajouta l'adolescent d'une voix plaignante. Sa soeur ? Le sang de Melsant ne fit qu'un tour, et il sentit son visage devenir livide. Sa soeur ? Comment était-ce possible ? Et quelle imprudence ? En une seconde, en un mot, le guerrier vit son projet s'écraser, ses ambitions se briser, sa réputation se révéler aux yeux de son pire ennemi. Que faisait Mélusine ici ? Il savait Mélisende incapable de pareille évasion, à moins que... La curiosité, et la panique, eurent raison du calme que Melsant avait montré jusqu'à cet instant. - Fais... Fais la entrer.Il se sentait soudain faible, impuissant. Qu'allait-il faire ? Son serviteur se fendit d'une rapide révérence, du plus au respect qu'il éprouvait qu'à une marque de noblesse pour son maitre, et disparut. Puis les rideaux bougèrent à nouveau, et la main de Melsant trembla sur le manche de son épée. ... Une inconnue entra dans la pièce mobile, fronçant les sourcils en même temps que lui, de surprise. Il y avait erreur sur la personne, très certainement. - Qui êtes-vous ? Tonitrua le faux Tristan, en se levant pour accueillir avec plus de colère encore la nouvelle venue, qui l'avait trompé sur son identité. Une chose est sûre, vous n'êtes pas de ma famille ! Railla-t-il en lorgnant sur sa toilette de Dame honorable.
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Lun 7 Jan - 3:36 | |
| Le sang. Le sable. La sueur.
Ces hommes qui luttent avec ardeur, parfois au prix de leur vie. Au nom de quoi ? Au nom de qui ? Tu n'es guère adepte de ce brutal divertissement qui s'achève bien trop souvent par le décès du vaincu sous les vivats de la foule. Et pourtant tu es venue, exposant ta peau de nacre à ce soleil estival dont tu te dissimules sous un pan d'ombre. Tu es venue, oui, mais pas pour le plaisir de voir s'affronter ces valeureux guerriers. Tu espères l'un d'entre eux, que tu guettes sans répit, ne te renfonçant dans ton siège pendant ces combats qui t'indiffèrent. Et soudain, il apparaît. Aussitôt ton coeur tressaille de le reconnaître, vêtu de ces si sobres vêtements qui mettent bien mal en avant sa noblesse. Qu'importe qu'à cette distance, tu ne puisses distinguer précisément les traits de son visage, tu sais que c'est lui. Et tandis qu'il dégaine son arme pour faire face à son adversaire, tu frémis de fierté et d'amour. De peur aussi, à l'idée que se pourrait être son sang qui bientôt s'épanchera sur le sol doré de l'arène.
Pendant toute la durée de ce combat qui te semble ne jamais vouloir prendre fin, tu trembles. Tu vis, intensément, la moindre attaque, le moindre recul. Tu retiens ton souffle à chaque parade, te tend pour ne louper aucune feinte. Dans cette transe de spectatrice qui te prend, tu n'as plus guère de contrôle sur toi-même et seul ton masque parfait évite que tes émotions ne soient trop évidentes aux yeux des autres courtisans venus se divertir en ces lieux. Malgré tout, quand enfin tu le vois lever les deux bras au ciel, en signe de victoire, tu ne peux te retenir de te lever pour applaudir à tout rompre. Ce n'est pas sans raison que son nom et sa réputation sont devenus parmi les plus glorieux de cette guilde et cela t'emplit de fierté. Mais les battements effrénés de ton coeur ne sont pas dus qu'à ton soulagement. Il y a, au fond de toi, une part d'anxiété que rien ne pourra apaiser, sinon l'étreinte, les mots qui vous réuniront.
Ce n'est pas sans raisons que tu es venue ici aujourd'hui, n'est ce pas ? Pas seulement pour l'observer, de loin, comme tu le fais d'habitude. Cela fait maintenant plus de deux mois que tu as accepté la proposition d'Anthim d'Erebor. Que tu es... fiancée... Ce terme te semble encore bien difficile à croire, et pourtant, d'ici quelques mois tout au plus, tu seras duchesse héritière. Tu seras en mesure de sauver ton domaine de la déroute et de la misère quand bien même ne pourras-tu plus à vivre. Elles te manqueront, les hautes montagnes de Bohémont, les plages de sable blanc qui bordent la côte... Mais pourvu que ton peuple n'ait plus à souffrir, tu le supporteras avec dignité. D'autant que ton futur époux semble réellement désireux d'apprendre à te connaître et de préparer au mieux ton arrivée en ses terres, au point même d'avoir proposé que vos noces ne se tiennent qu'au printemps prochain. Mais en attendant... Tu ne peux déroger à cette visite que tu as depuis trop longtemps repoussé.
A peine le guerrier a-t-il quitté l'arène que tu t'échappes des gradins pour rejoindre les tentes où se reposent les combattants. Mais dans ce dédale de toile, tu ne sais où te diriger. Nulle indication ne te permettrait de savoir quel rabat il te faudrait soulever pour trouver ton frère et tu ne tiens pas à te retrouver nez à nez avec quelque homme torse nu qui te regarderait d'un oeil torve et rirait de tes inévitables rougeurs. Avec réticences, donc, tu finis par t'adresser à une personne présente, lui demandant seulement Alaric sans rien mentionner de ta parenté avec lui. Quelle idée passa dans l'esprit de ton interlocuteur au moment de formuler sa réponse ? Pensa-t-il que tu étais une simple admiratrice de la noblesse, venue s'encanailler en ces lieux ? Qu'il serait plus amusant - et intéressant - de te diriger vers un autre ? Ou était-il simplement distrait par la poitrine opulente de la femme qui approchait pour lui proposer une chopine de vin coupé d'eau ? Toujours est-il qu'en ce moment où tu entres timidement dans cette tente devant laquelle il t'a fallut montrer patte blanche, tu comprends bien que tu t'es fourvoyée. Ou que tu as été trompée, ce qui n'est pas franchement une meilleure perspective.
Mais alors que tu t'apprêtes à faire demi-tour, confondue en excuses et en rougeurs, un souvenir, venu de ces années lointaines où tu étais promise à un jeune cadet de famille noble, te revient en mémoire et tes lèvres s'arrondissent de surprise. « Pardonnez cette intrusion, j'ai visiblement été mal informée mais... votre visage m'est familier. Ne seriez-vous pas... Melsant de Séverac ? » Peut-être tes yeux t'abusent-ils. Ou peut-être tes souvenirs de cet homme que tu n'as vu qu'à quelques rares reprises, sont-ils trop imprécis pourtant... Pourtant il s'agit bien là de l'ainé de celui que tu aurais un jour du épouser, tu en jurerais. Mais sous un tout autre nom semble-t-il. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Lun 7 Jan - 23:08 | |
| Heureusement pour la réputation de Tristan Sombreval, la jeune femme qui venait de pénétrer sa tente n'avait rien d'une ribaude, bien au contraire. Son port, ses atours, tout en elle évoquait un sang de haut nom. Indifférent aux jugements lorsqu'il était plus jeune, et honorait son véritable titre, Melsant était devenu bien plus soucieux des apparences, en revêtant l'identité d'un guerrier : une rumeur mal intentionnée aurait pu lui coûter ses efforts et l'éloigner à jamais des côtés d'Augustus. Mais puisqu'il s'agissait visiblement d'un malentendu, l'homme n'avait en aucun cas à s'inquiéter... Il allait laisser repartir l'inopportune, donc, quand les propos de celle-ci le glacèrent soudain d'effroi. Comment l'avait-elle appelé ? Il tenta de masquer son trouble, et se surprit à rire, crispé. - De Séverac ? Répéta-t-il comme s'il n'avait pas bien compris l'insinuation de la demoiselle. Vous m'élevez, ma Dame. La modestie n'allait guère à Melsant, dont la moue affichait imperceptiblement la frustration qu'il ressentait de devoir renier ses origines. Il n'était pas de la cour, certes, mais il était noble, et devait faire de constants efforts pour écarter ses habitudes, sa gestuelle raffinée, inculquée depuis l'enfance... Et d'un battement de cils, l'impertinente faisait tomber son masque si travaillé ! Maintenant qu'elle le reconnaissait, lui même commençait à avoir des réminiscences, des souvenirs de ces grands yeux bleus qui le dévisageaient sans gêne. Aliénor de Bohémont ? La promise de son frère avait à peine plus d'une dizaine d'années, la première et dernière fois qu'il l'avait vu, pour conclure l'accord entre leurs deux familles, dissolu plus tard. Il se rapprocha dangereusement de la demoiselle, se plaçant sournoisement, avec des mouvements souples et menaçants, entre elle et l'ouverture d'où elle était entrée, provoquant la catastrophe de quelques mots plus tranchants que des lames. Personne ne devait savoir, et Melsant devait s'en assurer. Pouvait-il faire confiance à une femme à peine sortie de l'adolescent, fiancée, à ce qu'il avait entendu, à un fidèle partisan d'Augustus ? Le jeu était risqué. - Mon nom est Tristan Sombreval, déclara-t-il, d'un ton qui ne laissait aucune équivoque. Vous feriez mieux de le retenir, car vous en entendrez parler. Cette fois-ci, il put enfin relever le menton avec orgueil. Le sous entendu était surement assez limpide... Mais Aliénor plierait-elle sous la crainte ? N'aurait-il pas été plus prudent de tenter de s'en faire une amitié par la tendresse de leur mémoire commune ? Par la ten-quoi ? Ce n'était clairement pas le style de Melsant, de faire dans les simagrés et la dentelle. La force semblait, pour lui, la meilleure réponse à tout problème. Il fallait espérer qu'il n'ait pas tord. En tout cas, il n'allait pas permettre à cette sournoise espionne de repartir sans avoir obtenu l'assurance de son silence. Il se pencha donc vers elle, imposant, pour bien lui faire ressentir, par une image concrète et évidente, le poids du secret qu'elle devait maintenant partager, contre son gré.
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Jeu 10 Jan - 7:00 | |
| Quel âge avais-tu la première fois que tu as vu ces yeux d'un bleu étincelant - la seule fois d'ailleurs. Neuf ans ? Peut-être dix ? Non, neuf ans... Tu te souviens de ce jour où, toute timide dans ta robe bleue, tu t'étais avancée au côté de ton père pour saluer élégamment la famille rassemblée de ton promis. Des regards intimidants de ses soeurs, dont la beauté t'impressionnait. Et du visage fier de son aîné. Tu n'avais pas trop de la présence rassurante de tes propres frères pour te rasséréner. Heureusement, ton fiancé semblait... beaucoup aimable et rieur. Peut-être était-ce du à son jeune âge et à son peu d'habitude de se tenir comme une grande personne mais toujours est-il que tu te souviens fort bien avoir songé que tu étais bien heureuse de te marier un jour avec un garçon comme celui là plutôt qu'avec son aîné qui t'effrayait presque.
Oui, tu t'en souviens... Et malgré le ton plaisant sur lequel il vient de lancer sa boutade, tu es persuadée que l'homme devant toi est bien celui que tu penses. Et non pas un simple roturier, enrôlé dans cette guilde de brutes pour le seul plaisir de faire valoir sa force. Que ce soit le chemin qu'il ait choisi d'emprunter pour sauver sa famille du déshonneur, tu peux aisément le comprendre - ton propre frère n'a-t-il pas lui même choisi cette voie ? Mais pourquoi dissimuler ainsi sa véritable identité. D'abord circonspecte devant son ton badin, tu n'as pas su réagir. Tu es restée là, indécise, à ne pas comprendre le sens de cette négation, tant tu es certaine de l'exactitude de tes souvenirs. Mais à le voir se déplacer jusqu'à l'entrée, te barrer le passage de son corps, la peur a remplacé l'incompréhension. Car son attitude n'est pas de celles dont se targue un gentilhomme. Non... Il émane de lui une aura sauvage, violente qui t'effraie autant qu'elle t'intrigue. Une aura qui n'a plus rien de comparable avec le jeune homme de noble naissance que tu rencontras brièvement il y a des années de cela.
Tu connais la peur Aliénor, n'est-ce pas ? La peur de perdre un être cher, toi qui en a déjà tant perdu. La peur d'apprendre un jour le décès de ton frère, sous les coups d'un guerrier un peu plus habile que lui. L'avenir t'inquiète également, par ses mystères, son incertitude. Et d'autant plus depuis ces fiançailles dont tu redoutes l'issue autant que tu l'espères. Mais là... C'est pour ta vie que tu crains. Car de l'attitude de Melsant ne laisse guère planer de doutes : oui cet homme serait capable de s'en prendre à toi, sans la moindre hésitation, s'il considérait que tu représentes pour lui un danger. Sans même t'en rendre compte, tu as reculé, tentant de mettre un tant soit peu de distance entre vous, jusqu'à sentir le bois de la table interrompre tes pas. Un instant, tu te demandes s'il serait judicieux d'appeler au secours. Le tissu de cette tente n'est pas épais et ton cri serait forcément entendu, quelqu'un pourrait venir te sortir de cette effrayante situation. Mais n'aurait-il pas le temps de s'en prendre à toi avant ? Pourtant, ce n'est pas cette pensée qui te retiens. Plutôt le désir de ne pas nuire à celui qui, en d'autres temps, aurait pu être un frère pour toi.
« Vous... Vous n'avez rien à craindre de moi. Je m'excuse d'être entrée ici, je me rends bien compte que je vous importune. C'était une erreur, laissez moi partir. Je vous en prie. »
Tu t'es toujours demandée quelle femme tu serais en de délicates circonstances. Et malgré ton envie de croire que tu serais de celles, héroïques, qui bravent l'adversaire la tête haute, dissimulant leur peur pour mieux s'en faire une force, tu te doutais qu'il n'en était rien. Visiblement, tu étais assez lucide. A te voir trembler ainsi comme une feuille, tu n'as guère l'air vaillante. Entre deux tremblements, tu t'efforces cependant de prononcer quelques mots de plus, espérons que ceux là te sauveront si les précédents ne font pas effet.
« Ne me faites pas de mal... Pour l'amour de votre frère. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Ven 11 Jan - 5:03 | |
| Comment avait-il pu en arriver à effrayer une jeune fille, juste pour accomplir sa quête ? Melsant, devant le regard implorant d'Aliénor, sentit sa détermination flancher. Il n'avait jamais fait de mal à une femme, cela allait sans dire, et il ne comptait pas commencer spécialement - sauf si elle frappait en premier, et encore. Que devrait-il faire d'autres, pour retrouver son héritage ? Le Séverac avait l'impression soudaine de se perdre dans un flot d'hésitations sombres et douteuses. Que lui arrivait-il ? Il risquait l'amour de son frère, en s'en prenant à une amie, pour récupérer un bijou de famille... Pas n'importe lequel, certes, mais la mission lui embrouillait l'esprit. Pour se rapprocher d'Augustus, il finissait par devenir comme lui : menteur, manipulateur, méchant... (ça commence tout par un M comme Melsant : coïncidence ? Je ne crois pas.) - Je... Je ne comptais pas te faire de mal, bafouilla-t-il, soudain incertain, avant de se ressaisir. Mais tu ne peux pas partir maintenant. La peur se lisait sur tous ses traits, irradiait de sa personne... Il ne pouvait pas la laisser sortir avec ce visage-là, comme s'il l'avait agressé et jeté dehors - même si c'était presque ce qu'il avait fait. Tournant en rond un instant, sans s'écarter de l'entrée, Melsant leva enfin les yeux vers elle, décidé à reprendre la situation en main. - Je me souviens de toi, Aliénor de Bohémont. Je fus peut-être un Séverac mais... Alors qu'il allait avouer ses véritables intentions, un mouvement sur le bord de la tente le fit bondir. D'un brusque geste, il arracha presque le tissu qui couvrait l'entrée, et s'élança, posant la demoiselle en plan pendant quelques secondes à peine, ce qui ne lui laissait pas le temps de faire le moindre pas vers un échappatoire. Juste le temps d'attraper l'espion, et de le jeter dans la tente devant lui, pour reprendre sa position. - Sir Sombreval, je ne voulais pas écouter, je n'ai rien entendu... Geignait le pauvre garçon à terre, l'écuyer un peu trop curieux. Je vous jure... Melsant pesta, reprenant ses allées et venues face à ses victimes, soupirant de désespoir en pensant à l'insolvabilité de la situation. Il lui fallait tuer ce crétin, il n'avait pas d'autres choix. En la parole d'une lointaine presque parente, il pouvait presque croire, mais en celle d'un simple larbin d'Arven, il n'avait aucune confiance. Aussitôt qu'il le laisserait partir, il en serait fini de sa couverture. Le Séverac passa la main dans ses cheveux, tentant vainement de se calmer, et de trouver une solution aisée. Mais rien n'était facile, quand on vivait sous le joug d'un tyran dépourvu de pitié - il était obligé, pour l'atteindre, de se mettre à son niveau. - C'est ta faute, gamine ! Gronda-t-il en direction de la Bohémont, pour éviter de s'en prendre à lui-même. Je n'ai plus le choix maintenant... Et d'un coup, comme un félin s'abattait sur sa proie, et l'écrasait sans chance de survie, le guerrier tomba sur son valet, et lui tordit le coup aussi rapidement que s'il avait été fait de sable. Sa tête occilla sur le côté, vide de ne plus avoir de souffle. Il ne fit aucun bruit. Il était mort. C'était un homme, qui n'avait pas attaqué, qui était sans défense. Melsant savait que ce meurtre-là lui serait plus insupportable que tout ceux qu'il comettait dans l'arène. Avec toutes ces émotions, il en était presque arrivé à oublier la présence de la Bohémont, vers qui il leva les yeux, un instant perplexes, ou même tristes, d'en être arrivé à de telles extrémités. Il devrait la convaincre de garder ce secret-là, aussi. Son expression ne traduisait à présent ni violence ni compassion, mais juste un message impossible à dire à haute voix : que faire, maintenant ?
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Dim 20 Jan - 12:04 | |
| Dans le regard du guerrier, tu vois une ombre passer, furtive. Une ombre comme un doute, comme une hésitation. Tes mots semblent avoir eu un impact sur lui et pour peu rassurée que tu sois, tu sens pourtant que le danger vient de diminuer subitement. Tu reprends ton souffle, inspirant profondément et l'air pénétrant dans tes poumons t'apaise. Après avoir inconsciemment retenu ta respiration durant quelques bien longues secondes, oser respirer de nouveau te fait infiniment de bien. Pour autant, tu n'es pas à l'aise. L'idée que la fureur pourrait reprendre l’aîné des Séverac n'est pas loin. Mais pour le moment, il semble plutôt... dérouté. Presque penaud, aussi improbable que cela paraisse.
Très vite cependant, il se ressaisit, te toisant avec ce qui ressemblerait à de l’incertitude. Comme s’il ne savait plus attitude adopter face à toi, l’enfant innocente qui est venue, bien involontairement, mettre en danger son secret. Tu restes coite, n’osant rien ajouter de peur que la fureur ne le reprenne. Tout ce que tu souhaites, c’est pouvoir t’en aller au plus vite et oublier ce délicat moment. Son secret sera sauf. Jamais tu n’irais dire que tu l’as reconnu ici si c’est l’anonymat qu’il souhaite. Tu ne poseras pas même de questions malgré ton désir d’en savoir plus. C’est ce que tu t’apprêtes à dire, en réponse à son aveu quand un frémissement le fait se retourner. Tout d’abord, tu ne comprends pas sa volte-face soudaine. Bien que tu sois habituée au palais de Lorgol et aux milles chuchotements qui le parcourent, tu n’as toi-même jamais comploté, jamais rien dissimulé en dehors de ta détresse. Tu n’es pas accoutumée à guetter le plus infime signe d’oreilles indiscrètes. Alors ce n’est qu’au moment où le jeune curieux vient atterrir à tes pieds que tu te rends compte qu’il était là, dissimulé derrière un pli de la tente. Instinctivement, tu as reculé en retenant un petit cri de surprise. Il n’est pas question que ce garçon te touche, quelles que soient les circonstances or la distance entre ses mains et le bas de ta toilette élégante était bien trop petite à ton goût.
Pourtant, malgré ton air hautain, tu ressens une certaine forme d’empathie pour lui, tandis qu’il se dépêtre dans ses explications. Il y a une minute à peine, tu étais à sa place, subissant les foudres de Melsant de Séverac – ou de Tristan Sombreval, peu importe son nom – et tu ne souhaites à personne de plier sous pareil courroux. Mais avant que tu aies pu prononcer le moindre mot, l’importun s’effondre au son d’un terrible craquement. Un cri d’horreur fuse, assourdissant, terrifiant. Tu ne comprends pas tout de suite que c’est de toi qu’il émane. De toi qui reste là, figée, à contempler le corps sans vie d’un garçon qui, il y a quelques secondes encore, était un être plein de vie et n’est désormais plus qu’une forme recroquevillée sur le tapis de sol. C’est la première fois que tu vois quelqu’un mourir, n’est-ce pas Aliénor ? Ta famille a été fauchée mais tu n’étais pas là pour les entendre pousser leurs derniers soupirs. Pas là pour tenir leurs mains et sentir toute chaleur humaine s’en aller. Pas là quand leurs yeux sont devenus vitreux, fixés sur une imperceptible éternité. Aliénor, petite fille choyée, protégée… Jamais ta mère n’a voulu que tu assistes à pareil spectacle, toi sa toute petite, sa seule et unique fille. Mais ta mère n’est plus là pour poser sa main devant tes chastes yeux au moment de la mise à mort. Et des combats de ton frère auxquels tu as assisté, il n’y eu jamais de mise à mort. Alaric est trop bon, trop clément pour prendre gratuitement la vie de son adversaire dans le seul but de plaire à une foule assoiffée de sang et de violence.
Tu as crié oui, en un réflexe incontrôlable mû par ta peur et ta stupeur. Que l’on puisse ainsi ôter la vie à quelqu’un te dépasse. T’écœure. Tu ne peux pas, tu ne veux pas comprendre ce qui peut justifier que l’on en vienne à de telles extrémités. Des larmes de terreur te sont venues aux paupières et tu sens bien que tu auras du mal à longtemps les contenir. Tu ne veux pas mourir. Pas tout de suite, pas maintenant, pas de la main d’un homme que tu as failli pouvoir appeler « ton frère ». « Laissez-moi partir. » Tu as essayé de mettre le plus d’assurance possible dans ces trois mots, dans ta voix que tu voudrais ferme. Mais elle tremble ta voix, Aliénor. Elle tremble autant que toi.
Dernière édition par Aliénor de Bohémont le Mer 30 Jan - 9:20, édité 1 fois |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Dim 20 Jan - 13:46 | |
| Il l'épouvantait, il le voyait bien. Melsant n'avait pu ignorer ses cris affreux, et il ne pouvait maintenant faire fi de sa mine livide, de son ton tremblant, quand elle lui ordonna de la laisser partir. Elle ne voulait surement pas ces mots menaçants, elle n'aurait pas osé sans doute, mais le Séverac en fut effrayé, car ils éveillaient en lui bien d'autres sentiments. Comment avait-il pu en arriver là ? A tuer si facilement, à se moquer des émotions d'une demoiselle qui allait en être traumatisée, à devenir un monstre. Il se reconnaissait à peine, dans cette froideur implacable dont il pouvait faire preuve pour protéger son secret. Il se faisait peur, dépassant toujours plus loin les limites qu'il s'était fixées, les limites du raisonnable qui caractérisaient sa famille, d'entre toutes celles de Sombreciel. Etait-il finalement atteint de folie, comme le Duc et ses esclaves ? Il se laissa retomber sur sa chaise, légèrement étourdi par son geste, sa simplicité mortelle, le peu de réflexion qu'il avait pris pour s'en décharger avec violence. Il se tint assis là un instant, en silence, assomé, secouant la tête sans pouvoir fournir réellement de réponse à celle qui l'attendait. Aliénor de Bohémont aurait pu être la femme de son frère, sa famille. Ses grands yeux montraient sans aucune retenue l'innocence qui régnait dans son âme, et qu'il n'avait pas su percevoir avant. Ses immenses prunelles d'un bleu profond étaient pourtant limpides. Mais sa brutalité, son manque de confiance paranoïaque avait aveuglé Melsant à la beauté de la vérité. Il devinait le mal, avant d'espérer rencontrer du bien. - Pars... Souffla-t-il donc, finalement, se voutant sur sa chaise sous le poids des responsabilités qui l'accablaient à présent. Qu'avait-il fait ? Son futur entier venait d'être compromis, ses longs mois d'entrainement, de patience, réduits à néant. Va-t-en. Elle allait colporter la nouvelle à son frère, répandre les informations... Il faudrait qu'il s'enfuit, il ne pouvait plus rester à Lorgol, pas si Augustus apprenait son titre. Déjà, son esprit tourbillonnait, envisageant mille façons qu'il aurait d'échouer, désormais, pas une de réussir. Aliénor ne lui devait rien, et si elle partait, elle n'aurait rien à lui devoir non plus. Il mit son visage dans ses mains, incapable de la regarder quitter la tente, emportant dans ses riches jupes son destin, sans même en comprendre l'enjeu. La fatalité s'était-elle encore mêlée des affaires des mortels, pour indiquer la mauvaise direction à la petite courtisane ? - Melbren, gémit-il entre ses paumes, en repensant à son cadet, dont il tenait très à coeur le jugement, pardonne-moi. Il l'avait trahi, de toutes les manières les plus horribles qui soient, en rejettant son amie, en la brutalisant, et en écrasant à jamais son seul stratagème pour récupérer leur héritage. Sa gorge était nouée de remords, et de culpabilité. Il se sentait perdu. - Pourquoi es-tu encore là ? Interrogea-t-il, méfiant, en relevant son regard torturé vers la Bohémont, qui n'avait pas profité de ce répit pour sauver sa vie des menaces qu'il avait proférées à son égard. Je ne te poursuivrai pas.
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Mer 30 Jan - 9:19 | |
| Tu ne peux pas partir ainsi. C'est au dessus de tes forces. Ce n'est pourtant pas la peur qui t'empêche de sortir de cette tente comme si rien ne s'était passé. Bien au contraire, la terreur que tu ressens aurait plutôt tendance à te faire t'envoler bien vite loin de ces lieux. Mais tu en es incapable. Tu as esquissé un mouvement pourtant, prête à t'enfuir sitôt qu'il t'en a intimé l'ordre. Ou était-ce une permission ? Mais à le voir ainsi s'affaisser, tu demeures immobile, ne pouvant laisser derrière toi un homme dans pareil état. Tu n'es pourtant pas connue pour ton altruiste, toi la petite fille gâtée et parfois égoïste. Mais cet homme là... Cet homme aurait pu être ton frère. Il te rappelle tes frères que tu t'imaginais inflexibles avant que la maladie ne les emporte. Alors non, tu ne prends pas tes jambes à ton cou, incapable d'abandonner à sa douleur l'aîné de ton ami.
Mais à quelle douleur ? Tu as bien du mal à comprendre quels regrets peut ressentir un homme tel que lui, qui tue sans remords ni hésitations. Ce n'est certes pas pour la mort du jeune garçon dont le corps sans vie gît sur le sol et que tu ne peux t'empêcher de voir malgré tous tes efforts pour détourner les yeux. Alors pourquoi semble-t-il si... ému. Presque brisé. A pas lents, tu t'es approchée de lui - réduisant de fait la distance qui te sépare de la tenture d'entrée de la tente. Mais plutôt que de sortir, plutôt que de laisser cet instant affreux derrière toi, tu le regardes. Silencieuse jusqu'à ce qu'il t'apostrophe avec dans la voix une telle sécheresse que tu en sursautes de nouveau. Et que lui dire ? Tu ne veux pas mentir, dire qu'il n'est rien que Melbren ne saurait pardonner, mais qu'en sais-tu ? Tu imagines mal ton ami comprendre que l'on puisse ainsi ôter la vie sans plus de raisons ni de cérémonie. Et ignorante comme tu l'es de ce qui conduit un homme de noble lignée à se faire passer pour un vulgaire mercenaire, tu ne peux qu'imaginer qu'il y a certainement d'excellentes raisons qui te sont inconnues. Et veux-tu vraiment en savoir plus, au fond ? Es-tu certaine de vouloir savoir ce qui peut transformer un jeune homme aimable en meurtrier assoiffé de sang ? Peut-être pas, non... Mais tu ne peux pas non plus te contenter de lui tourner le dos en espérant que tout cela ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir que tu t'efforceras d'oublier. Melbren compte trop à tes yeux pour que tu abandonnes son frère à pareille détresse.
Alors pour une fois, tu prends ton courage à deux mains et tu t'approches, consciente qu'il pourrait, d'un seul geste, mettre fin à ton existence. Et si un part de toi te rassure, te disant que tu n'as plus rien à redouter de lui, tu n'en es pas vraiment convaincue. Pas du tout, même. Pourtant te voilà devant lui, lissant tes larges jupons pour pouvoir t'agenouiller devant lui. Tu n'oses pas le toucher - il y a des gestes que tu ne seras jamais plus capable de faire à son égard, fut-ce lui prendre la main. Mais tu le regardes, cherchant dans tes pensées affolées, assez de présence d'esprit pour construire une phrase cohérente. Et c'est avec difficultés que tu commences ta phrase. « Vous... Vous savez, vous avez raison. Je ne suis... qu'une enfant. Une "gamine". » Une moue apparait, reflétant bien ce que tu penses de ce qualificatif, en dépit de sa justesse. « Mais je n'en suis pas moins capable de comprendre qu'il y a parfois des choses qui nous poussent à agir... autrement que comme nous le voudrions. J'ignore ce qui vous a conduit ici, dans cette arène, vous qui devriez être le seigneur des terres de Séverac. Mais s'il existe une raison, une seule, pour que vous ayez fait ce choix, je me dois de le respecter. Et ce même si je ne la connais pas. Mon avis n'importe pas. Je me tairais. » De balbutiants, tes mots sont devenus plus assurés, se bousculant aux portes de tes lèvres sans ordre ni logique. Tu ne sais pas trop si tes paroles ont été claires tant elles sont le reflet de tes pensées chaotiques mais au moins pourra-t-il lire dans tes yeux bleus l'étendue de ta sincérité. Tu tentes d'oublier le corps étendu derrière toi pour ajouter :
« Pour l'amour de Melbren. » |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: Erreur sur le Guerrier ! Ven 15 Fév - 4:22 | |
| Melsant n'était pas un philosophe, et les travers de l'humanité ne l'intéressaient pas, psychologiquement parlant. Pourtant, il avait été initié aux lettres, et il comprenait. Il saisissait la morale, ses ambiguités, il entendait aisément les discours politiques, et les méditations des sages. Seulement, émettre un avis sur ces questions-là relevaient parfois de plus de réflexion qu'il ne voulait en donner : il avait peur, parfois, d'interprêter ses propres gestes d'une façon qui puisse le décevoir, ou l'effrayer. Aussi, il n'aimait pas les jugements de valeur, il préférait agir que tergiverser sur des choix qu'il n'avait finalement pas. Et en quelque sorte, Aliénor se chargeait de transcrire ce que ses mains avaient fait, implicitement. Il secoua la tête, soulagé qu'elle puisse le déculpabiliser, mais attéré aussi qu'après tout cela, elle ait encore la délicatesse de prendre sa défense et de justifier ses crimes, alors qu'il l'avait malmené. Elle semblait trop douce pour survivre, presque, dans un monde comme celui d'Arven, sous la tyrannie d'Augustus. Mais peut-être que c'était au contraire une force de caractère, sa propre carapace, pour se protéger. - Nous devons tous nous battre, de manière plus ou moins détournée, déclara-t-il donc, pour lui répondre, dans une sorte de compliment déguisé. Il sous entendait qu'elle était également sur ce champs de bataille immense, impalpable et pourtant inévitable. Qu'y faisait-elle, elle ? Quelles étaient ses armes ? Ne nous encombrons pas de regrets. Regrets, souvenirs, qu'importe. Les sentiments qu'ils éveillaient étaient un fardeau, dont il venait d'éprouver tous le poids, en tuant devant des yeux innocents. En aurait-il été affecté, si elle n'en avait pas été témoin ? C'était sa présence, et toute la mélancolie qu'elle évoquait, comme une aura autour d'elle, qui le déstabilisait. Un mort n'était rien de plus, tant que personne ne le comparait à d'autres temps où il ne fut pas que cela. Enfants, ils avaient profité de leur bonheur immaculé, ils avaient ri et couru dans le domaine comme si jamais aucun nuage n'aurait pas l'assombrir. L'union de la demoiselle avec son frère, désormais, aurait paru incohérente, bancale, s'il avait été proposée en d'autres circonstances. Melbren était maintenant un élève de Dragonvale, qui l'aurait cru. Son amour importait-il encore à Aliénor, si elle savait à quel point il n'était plus le gentil garçon à qui elle s'était promise. Il haussa donc tristement les épaules à son implication. - Les secrets seront révélés un jour... conclut-il, en se levant, pour lui ouvrir la porte de sortie. En attendant, il y a de bonnes raisons pour qu'ils restent des secrets. Il l'invitait à partir, à présent, en paix. Ils seraient peut-être aménés à se recroiser, et elle lui aurait pardonné - si elle n'apprenait pas qu'il avait failli tuer son frère, dans son ascenssion vers Augustus, sous cette fausse identité. Melsant soupira, en la laissant s'en aller. Il y avait encore beaucoup à faire, et des dangers à écarter : ce qui venait de se passer ne devrait jamais plus se reproduire, au risque de voir tout son plan basculer, au risque de voir sa famille définitivement détruite, sans secours.
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