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Le nom que l’on porte dans ce monde est souvent synonyme de fierté et d’honneur, ou de rejet et de haine. Le mien est auréolé de gloire. Pourtant, c’est toujours avec ce sentiment de dégoût que l’on me regarde…
Je suis la fille d'Hjalmar Nightingale, général d’Augustus lui-même. Et malgré cela, les mauvaises langues ne cessent de siffler à ma présence, car j’ai le déshonneur d’être née d’une courtisane. Je n’ai pas connu cette femme, morte en me donnant naissance, mais elle était, il parait, fille d’une ancienne famille d’Erebor. Ainsi donc, je suis le fruit de l’union charnelle inadéquate entre le sang pur des anciens dirigeants et le sang du petit peuple. Ma bâtardise m’est encore aujourd’hui reprochée, et elle ne cesse d’alimenter ma haine envers ces vipères de la cour.
J’ai grandi parmi les riches, goûtant avec plaisir à l’ivresse de l’or, de la soie, de la nourriture. Reconnue par mon père, j’ai eu une place à la cour, au plus près des biens-nés. J’ai pu apprendre la harpe, noble instrument dont le son est rapidement devenu mon meilleur ami. Plus jeune, je me souviens avoir admiré ces grandes dames à la beauté à couper le souffle, à envier leur prestance et leur apparente douceur. Les remarques désobligeantes telles que « Tiens, voilà la bâtarde » ou encore « Viens donc, enfant de putain » ont pourtant rapidement fait cesser mon enthousiasme. La réalité de la cour m’a cependant vite appris à faire bonne figure et à faire semblant de ne rien entendre. J’ai donc mûri avec le sourire aux lèvres et la haine au cœur. Isolée par mon statut, j’ai compris que la seule personne de confiance était moi-même. J’admire cependant mon père, pour son courage et sa patience face à ces commères qui n’atteignent qu’à peine la noblesse de son sang.
Je connais mon histoire et celle de ma famille. Je sais que les Nightingale furent les nobles les plus respectés de ces terres. Certes, ma famille est aujourd’hui encore respectée, mais je supporte de moins en moins voir mon père considéré comme un sous-fifre de bas-étage, alors que nos ancêtres ont apporté à Arven la puissance et la sagesse des dragons. Et moi-même, bien que bâtarde, ai sans doute un meilleur sang que certaines. Seulement voilà, il y a l’Empereur. Mon maître, comme il se plait probablement à m’appeler, et celui qui a balayer en quelques meurtres ma famille du pouvoir. Trop inquiète de sa réaction, je garde tout de même le sourire, courbant l’échine à ses moindres désirs. J’ai bien conscience de mon statue d’esclave, mais je ne peux m’empêcher d’admirer et de craindre l’Empereur. Un bon toutou, cette bâtarde, dirait-on.
Je n’ai découvert mes pouvoirs que récemment. Apeurée à leur apparition, j’ai préféré disparaître de la cour pendant un temps, prétextant un mal rare et contagieux. Découvrir que l’on peut aisément deviner le devenir de certaines choses et le futur de certains actes et assez déroutant. Ma première vision m’a fait subir de nombreuses nuits de cauchemars, persuadée qu’une fois découverte, mon cadavre irait rejoindre une fosse commune quelconque. Je m’y suis désormais habituée, mais toujours avec cette crainte de trop voir et de ne pas assez faire. J’ai évidemment décidé de garder tout cela secret, même aux yeux de mon géniteur. Prudence est mère de sureté et je ne suis pas assez bien placée pour me permettre de me faire remarquer. Ainsi, pour oublier, je me suis penchée plus que jamais sur la pratique de mon instrument favori. Une fois rentrée au palais, j’étais aux ordres de Cyselle de Lagrance, nouvellement Impératrice. Fille de putain, voilà le nom dont elle m’affable. Je n’ai pourtant pas dit mon dernier mot. Je sais que cette héritière trop bien née manigance quelque chose, et je serais la première à le découvrir, ce qui bien sûr attirera l’attention d’Augustus et pourrait éventuellement me donner un vrai statut.
Au-delà de mes activités quotidiennes d’observation, de détraquage et de machiavélisme, je sais que j’ai des cousins, quelque part dans ce vaste monde. Des sang-purs, au moins pour la fille. Je n’ose encore me présenter à eux. Après tout, je ne suis que bâtarde, et le fait que l’on me rappelle sans cesse ce statut suffit à me faire craindre leur réaction. Surtout qu’ils combattent l’Empire et son chef, selon certaines rumeurs. Un alignement que je ne veux me permettre de prendre. Je ne veux pas quitter ce lieu où malgré tout, je me suis fait une place pour courir le risque d’être seule face à une montagne.

Adelheid n’a d’innocent que son visage d’enfant. Longtemps humiliée par de nombreuses personnes, elle a rapidement créé une carapace entre elle et le monde, se montrant charmante et naïve, alors que son cœur est froid et cruel. Bien sûr, elle ne prendra aucun plaisir à voir quelqu’un souffrir le martyr, mais elle aura tendance à se repaître d’une chute sociale. Tout ce qu’elle dira semblera cependant fait de soie et de velours. Mais sous cette apparente douceur, elle cache quelques piques acérés qui peuvent en faire taire plus d’un. Malgré cela, elle n’est pas méchante et ne cherchera pas forcément à nuire à autrui. Au contraire, tant que la personne est de rang inférieur, ou qu’elle peut lui apporter soutien et présence, elle sera une vraie perle. Elle a pourtant du mal à se faire des amis à cause des faux semblants qu’elle a subit. De nature intelligente, elle réfléchit beaucoup au moyen de faire retrouver à sa famille sa splendeur d’antan. Elle sait très bien que l’empereur est l’obstacle le plus important sur cette voie, mais à beaucoup trop peur d’éventuelles représailles en cas d’échec. Et elle ne veut pas s’éloigner de sa seule famille. Intuitive, elle devine aisément le cœur des gens, sans réussir à forcément mettre de mots sur ce qu’elle croit savoir. Bien qu’elle pense être quelqu’un de mature et réfléchi, elle garde un peu sa naïveté de jeune adulte et ne verra pas forcément le monde de manière objective. Son don l’aide fortement à se faire une idée plus impartiale de ce qui l’entoure, et au fur et à mesure de sa progression, elle s’interroge de plus en plus sur le chemin qu’elle doit emprunter. Suivre son père, qui lui-même ne sait plus très bien où il en est, ou alors prendre vraiment les armes contre le tyran qu’elle respecte et craint, faisant fi de toute peur ? Quoi qu’elle choisisse, elle est prête à faire mordre la poussière à quiconque se dressera sur son chemin. Sa bâtardise est pour elle une honte qu’elle ne peut effacer mais elle est beaucoup trop fière pour laisser paraître une telle faiblesse.
Au niveau de ses goûts, Adelheid préfère de très loin la viande saignante à tout autre plat. Elle a les sucreries en horreur mais accepte bien la cuillère de miel dans son thé au citron. Elle aime les robes souples et légères et ne portera de corset que sur demande expresse de l’empereur, qui a sans doute mieux à faire que de s’occuper de la garde-robe de la demoiselle. À vrai dire, elle a une peur panique pour les corsets après avoir failli être étouffée par deux ‘camarades’ malveillantes. Elle aime le feu, la chaleur, tout en supportant le froid. Piètre brodeuse, elle excelle dans l’art de la harpe et chante juste à défaut de chanter merveilleusement.