Silence. Les catacombes sont silencieuses, à peine le bruit rauque de mon souffle saccadé et le doux craquement des flammes de ma torche. Rien d'autre que la désolation, un silence de mort, entremêlé de la puanteur rance de l'humidité. En moi, je sens Dévouée guider mes pas vers l'avant, comme un pantin, vulgaire jouet entre ses griffes. Alors que je m'enfonce de plus en plus profondément dans les entrailles béantes des sous-sols du palais -Suis-encore sous le palais ? Où n'ai-je pas depuis des heures traversé la cité d'Euphoria dans le fin fond de es égouts ? - Questions sans réponses. Interrogations qui peuplent mon esprit. D'un geste presque machinal j'effleure mon ventre à peine arrondi du bout des doigts. Si je il est encore trop petit pour manifester la vie, je savais qu'il était là. Présent malgré moi, le fruit des mes entrailles. Enfant des étreintes forcées et de la soumission, de ma fierté abdiquée et de la liberté espérée. Son enfant. Mon enfant. Héritier de l'Empire dérobé d'un usurpateur découronné. Héritier de mon utopie d'espoir. Comme les deux faces d'une même pièces. Cruauté et Utopie. Lumière et Ténèbres. Deux courbes. Deux voies. Un seul et même enfant.
Soudain, un embranchement. Trois voies. Trois courbes. J'hésite un instant puis je sens mes pas me guider vers l'avant. Étrange sensation que de ne plus contrôler ses gestes, ses pas. J'avance lorsque soudain, j'aperçois un trait de lumière déchirant les murs sombres des catacombes, tandis qu'un fin courant d'air vient chatouiller mon visage. Alors que le sens Dévouée me guider vers la lumière, mes yeux tombent sur une grande plaine, au milieu de nulle part. Une chose est sûre, je ne suis point dans le palais d'euphoria. Devant moi, un groupe de sublimes chevaux aux couleurs chatoyantes, alezans brillants, noirs d'encre où gris argentés. Un instant, je reste là, les yeux fixés sur les sublimes animaux qui broutent placidement, mes lèvres s'étirant en un sourire devant un petit poulain bai qui tétait sa mère avec appétit. Soudain, un hennissement, strident. Puis devant moi, la silhouette musculeuse d'un à la robe isabelle se cabrant avec force, ses yeux d'ambre fixés vers moi d'un air menaçant. Non, je ne peux pas rester là.
Je me retourne rapidement puis continue mon chemin dans le sens inverse, avançant le long des catacombes humides en directions - je l’espérais - du palais de Somlbreflamme, j'avançais d'un pas rapide, ignorant ma torche dont la lumière vacillante commençait à défaillir, ignorant mon souffle saccadé et l'odeur rance qui régnait. Tout ce qui comptait c'était rentrer, je sentais dans mes pas rapides que Dévouée désirait plus que tout retourner la-bas. Les minutes passent. Lentes. Puis enfin, la lumière. Me voilà au point de départ, avant que je ne m'engage dans ces souterrains de malheur. Soudain je sens mes pas me guider vers l'extérieur du palais de Sombreflamme, en direction des jardins chatoyants et odorants.