Tu ne savais pas quelle folie t’avait prise, de t’introduire dans les appartements du Roi de Sombreciel, dans l’espoir d’en savoir plus sur ces rumeurs un peu fantasques que tu avais surprises par hasard dans l’auberge où vous vous trouviez avec tes frères. Tu ne connaissais guère Castiel de Sombreflamme, pas plus que les disparues, à vrai dire, si ce n’était à travers les leçons de ton précepteur et les commérages à la cour d’Harmonie Viremont de Bellifère. La curiosité, malgré tout, s’était emparée de toi, et tu avais décidé d’en savoir plus.
C’est pourquoi tu étais entrée, de manière que tu espérais discrète dans le Château du Roi. Tu hésitais devant la direction appropriée, mais le jardin te semblait bien trop exposé, et les catacombes te donnaient froid dans le dos. Etait-ce mieux de pénétrer dans les appartements du Roi, alors même que cette idée te faisait rougir et ne te rendait certainement pas discrète ? Probablement pas, mais tu avais suivi ton impulsion et l’avais fait. Tu l’avais fait, et peu après tu avais entendu des pas, et la logique de construction de ces lieux ne t’apparaissait pas. Ô, quelle bêtise avais-tu donc fait ?
Précipitamment, tu avais pris une direction au hasard, qui s’avérait être le bureau du Roi, emplie de multiples objets tous plus attirants les uns que les autres. Tes yeux ne savent plus où se poser, tant il y a de merveilles à découvrir. Mais tu n’es pas là pour satisfaire l’envie dévorante de tout observer qui vient de naître en toi, mais bel et bien pour assouvir ta curiosité, dont tu as un peu honte, quant à cette rumeur intrigante.
C’est dans cette optique que tu vas fouiller la commode le long du mur, dans laquelle se trouve une foule d’objets tous plus normaux les uns que les autres – presque une déception pour toi qui t’attendait à trouver des choses à la hauteur de la folie que l’on prête aux Cielsombrois. Mais un coffret se démarque malgré tout, un petit coffret en bois qui pourrait sembler bien banal, mais dont le contenu ne l’est néanmoins pas.
Une fiole, contenant un parfum entêtant que tu n’associes pas, et un mouchoir tâché de sang aux armoiries de Flauvaire – tu ne connais pas les personnes à qui ces effets appartiennent, quoi que la rumeur veut qu’une dame de Flauvaire aie disparu dans les ruines du palais de Lorgol, mais cela signifie surement qu’elles se trouvent dans le château. Ta curiosité est partiellement satisfaite, et prenant soin de dissimuler ces deux objets afin que nulle personne ne t’accuse de vol, tu pars, au cas où l’on te retrouverait dans ces lieux où tu ne devrais pas être.