Douleur. Souffrance. Haine. Trahison. Envie de vengeance... Ce sont ces mots qui m'accompagnent depuis de longs mois, de longues années. L’espoir de voir un jour ces mots disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés ne sert strictement à rien. Ils sont en moi, et ils y resteront.
Le froid le plus total enveloppait mon âme depuis ce fameux jour, où croyant bien faire, les parents que je croyais miens m'avouèrent la vérité quant à ma naissance. Naissance tragique, car c'est sur les routes de Lagrance que mes parents rendirent leur dernier souffle. Attaqués parce qu’il ne pouvait être nul autre que la Confrérie Noire. J'exècre ce jour où les personnes en qui j'avais confiance m’ont trahie. C'est dans la douleur due à leur trahison que je m'enveloppais. La jalousie et la haine sont venues me tenir compagnie depuis ce fameux jour. Jalousie pour ma cousine, qui comparée à moi avait tout eu. Haine pour mon oncle et ma tante qui étaient empreints de noirs desseins et qui devaient être nulle autre personne que ceux qui avaient orchestré l'assassinat de mes parents. Nulle autre que ces personnes qui avaient hérité d'une jolie somme. Je les haïssais, je les haïssais tous ! Je ne pouvais plus vivre parmi ces personnes à qui je voulais du mal. Non, je ne pouvais plus. C’est dans les forêts de Sombreciel que je me réfugiais, m’appropriant une tour. Je commençais alors une vie de recluse. Loin des hommes, loin des traitres, loin des Angham… La douleur, le mal, les poisons, voilà ce que fut ma vie. Tout mon intellect au service du mal, faisant souffrir les autres comme j’avais souffert. Ils méritaient tous de payer ma douleur ! Le peuple d’Arven a payé. Payer avec les poisons et autres substances horribles que je leur avais préparais. Mort ! Désolation ! Souffrance ! Ces mots sonnaient en moi comme une délicieuse mélodie. Quoi de plus plaisant que de répandre le mal ? Quoi de plus euphorique que de voir la douleur se déverser ? Quoi de plus délicieux que voire ces personnes souffrir ? On me craint profondément, on a peur de moi et de la douleur qui suit chacun de mes pas.
Le prix du sang drapa entièrement mon être. Une vie pour une vie. La vengeance s'était déversée en moi comme un torrent lors d'une tempête. Comme un orage ma colère se rapprochait peu à peu, rapidement le bruit devint un supplice pour ceux qui avaient le courage d'entendre. Mort ! Criais-je au ciel. Il me fallait le sang des assassins de mes parents et par la même occasion du bonheur qui aurait dû être le mien. Douleur ! Criais-je. Et c'est cette douleur qui cacha ma colère. Souffrance ! Hurlais-je. Et cette souffrance deviendrait bientôt celle de ma cousine Asma. Trahison ! Criais-je. Et le pouvoir que me donnait cette trahison suffit pour noircir mon âme. Mais non, ce n'était pas mon âme qui était noire, c'était celle des Angham les vrais assassins. C'était celle de la Confrérie Noire qui méritait de payer. Ouvrant les bras, offrant mon visage au ciel un dernier mot s'échappa de mes lèvres en une annonce funèbre : Vengeance ! Le ciel me répondit en une sombre symphonie, la pluie commençait à couler le long de mon corps. Le tonnerre se mit à tomber, faisant un vacarme assourdissant quant à ma vengeance prochaine. Oui. Ma vengeance viendrait et elle serait terrible. Souffrance ! Décès ! Torture ! À ceux qui avaient osé me couper la route. À ceux qui avaient eu tort de me faire du mal. À ceux qui regretteront ma colère, ma haine, ma souffrance et mon envie de vengeance.
Des pouvoirs magiques étaient parvenus jusqu’à moi. Le pouvoir, je l’avais senti se déverser en moi comme la pluie qui glissait aussi surement sur ma peau. En même temps que l’espoir de faire enfin payer les Angham, un familier était venue à moi : une salamandre noir, aux pensées aussi cruelles que les miennes. L’heure de la vengeance était-elle enfin arrivée ?
Cela faisait désormais quelques semaines que j’étais arrivé à Lorgol. Beaucoup pourraient se demander la raison de ma venue, n’est-elle pas assez claire ? La vengeance m’appelle. L’ivresse de sang m’attend. La douleur m’honore. La moindre personne qui oserait barrer ma route vers cette vengeance ivre de sens. Une lame aurait tôt fait de trancher leur gorge. Oh... Leur gorge si blanche qui devant l'un de mes sourires tyranniques aurait la trace de ma lame, où un filet de sang s'y échapperait. Coule sang, coule ! Que coule ma vengeance ! Que coule le sang de ces traitres ! Que les rues soient jonchées de cadavres devant la fureur de l'orage ! Que la mort suit mes pas, emportant ceux qui me résistent ! Coule sang, coule ! Et que soit libérée l'âme de ces personnes qui m'ont trahi !