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 Un repos forcé qui n'a rien de reposant

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 Admin ♥ Pirate des tempêtes

Louis de Brunante
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MessageSujet: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeJeu 9 Aoû - 15:46

    Repos forcé. Interdiction de sortir du palais impérial. Visites régulières d'une gouvernante pour changement tes pansements, ainsi que d'un docteur pour vérifier que tout guérit convenablement. D'autres seraient contents de se voir ainsi traités aux petits oignons, logés dans une luxueuse suite du palais. Toi, non. Évidemment, diraient certains qui connaissent ton caractère parfois fort peu commode. Tout cela t'irrite, tout ce manège qui te change trop de tes habitudes. Tu préférerais encore soigner tes blessures en versant dessus de bonnes rasades de rhum, pour ensuite reprendre l'épée, plutôt que de devoir attendre que tout se remette en place. Non, tu n'es pas homme de repos et d'oisiveté et tu t'ennuies donc au palais.

    Heureusement pour toi et pour tous, tu as le droit de te déplacer à l'intérieur.

    La nuit est presque tombée lorsque tu sors de ta suite à pas de loups. La garde devant ta porte te salue, mais ne semble pas s'inquiéter de te voir disparaître. Ton bras est en écharpe encore et ton pas toujours incertain, comme si tu n'étais pas à l'aise sur la terre ferme. Les lampes des couloirs sont souvent éteintes, quelques-unes servant de veilleuses pour les derniers à aller se coucher. Tu croises le duc de Sombreciel et son regard inquiétant, son domestique chargé de lourds livres, quelques dames qui pouffent de rire en te détaillant. Tu n'as pas daigné te montrer au repas du soir, ni au thé servi dans un des nombreux salons dans la soirée, ni au court spectacle donné par un orchestre de Lagrance. Au palais, tu es un fantôme, une silhouette à peine vue au détour des murs. De toute façon, dans tes pantalons trop légers malgré le froid qui traverse les murs et tes chemises de lin frais, tu as toujours plus l'allure d'un domestique égaré. Tes pas te portent jusqu'aux cuisines, desquelles tu passes la porte avec curiosité. « Monsieur désire ? » C'est un serveur qui s'adresse à toi, s'inclinant longuement. Tu n'es plus habitué à autant de manières, ça c'est sûr. Tu passes ta main valide sur ta nuque, presque timidement. « Je me demandais si vous aviez encore un peu du ragoût de ce midi... Il était rudement bon et je ne suis pas allé au repas de ce soir, alors... Bien sûr, Monsieur. Nous vous remercions du compliment. Veuillez patienter quelques minutes, nos cuisiniers vous préparent un plateau. Un plateau ? Mais je ne... » Trop tard. L'homme est parti et quand il revient, quelques minutes plus tard, il te tend un lourd plateau. Lourd parce que portant un bol avec une généreuse portion de ragoût de viande, un demi-pain accompagné de beurre frais, une chope d'hydromel chaud aux épices et des biscuits, en plus de tes ustensiles. Tu bredouilles des remerciements et tourne les talons prudemment, les yeux fixés sur ton plateau, que tu tiens étroitement de ta seule main, l'autre côté appuyé contre ton torse. Tu peux entendre ton ventre gargouiller affreusement. Tu remontes les corridors sans bruit, mais c'est lorsque tu es à l'étage des suites que le malheur arrive. Une porte qui s'ouvre brusquement te fait sursauter et tu échappes ton plateau sur tes pieds, faisant voler le ragoût bouillant partout, éclaboussant tes vêtements et ceux de la personne devant toi d'hydromel et transformant ton repas en un gâchis splendide sur l'épais tapis.

    Et il fallait que la personne devant toi soit Lisbeth d'Outrevent.
    Quelle chance.


Dernière édition par Louis de Brunante le Sam 23 Fév - 16:32, édité 1 fois
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Lisbeth de Brunante
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeVen 10 Aoû - 6:26

Une semaine à peine s'était écoulée depuis les sanglants évènements du bal du Solstice. Une semaine durant laquelle je n'avais pas décoléré. Je n'avais pas même répondu à la lettre de mon père, refusant de lui écrire tant que je ne serais pas capable d'exprimer mon ressentiment autrement que par la fureur. Mon silence serait tout aussi éloquent, j'en étais certaine. J'ignore encore comment je parviendrai à éviter cette union ridicule mais je n'épouserai pas ce simple marin. Je ne suis pas allée le visiter en ces appartements où il pense ses blessures. D'aucun diront qu'il s'agit là d'un manquement de la part d'une future épouse. Je n'en ai cure. D'autant qu'à mon grand désarroi, l'envie de le voir y succomber m'obsède de plus en plus. Je ne souhaite ni mort, ni violence. Je ne l'ai jamais souhaité. Les meurtres perpétrés lors du bal des Poignards m'ont horrifiée comme jamais auparavant et peuplent chacune de mes nuits en d'oppressants cauchemars qui m'éveillent continuellement. Pourtant, je sens grandir en moi le désir de le voir trépasser. Et cela me terrifie. Même en plein coeur du chaos, alors que les assassins de la Confrérie s'en prenaient à lui, je n'ai fait qu'espérer que quelqu'un lui vienne en aide. La vie est trop précieuse pour qu'on la fauche ainsi, fut-ce celle de l'homme qui prétend à ma main et mon duché. Alors pourquoi cette soif soudaine de violence ? Je ne parviens pas à me l'expliquer.

Assise sur le tapis devant la cheminée, menton appuyé sur mes mains jointes, j'observe le feu sans un mot, laissant libre cours à ces pensées obsédantes dont je ne parviens pas à démêler la source. Bien sur, j'ai mille raisons de haïr Louis de Brunante. Mais la puissance de la rage qu'il m'inspire me fait peur. Plus vite il quittera ce palais pour reprendre la mer, mieux je me porterai. L'idée soudaine d'aller rendre visite à Liam me traverse l'esprit. Peut-être saurait-il expliquer la soudaine intensité de mes sentiments. La démarche serait compliquée, surtout à cette heure, mais je ne peux supporter l'idée de demeurer dans cette confusion, de ne pas savoir si je serais demain capable d'assassiner de sang froid, tel le dernier exécutant de la Confrérie Noire. Nous sommes rebelles et nous avons de l'honneur. La seule pensée de pouvoir demain transgresser celui-ci, par la faute de pulsions incontrôlées, me fait frémir d'horreur.

Plusieurs minutes durant, réchauffée par le doux crépitement de la flambée, je reste silencieuse, indécise, pesant le pour et le contre. Je pourrais simplement lui écrire... Mais je ne souhaite pas attendre sa réponse. Je dois voir mon frère. Maintenant. Et cette décision brusquement prise ne souffre plus aucun retard d’exécution. Attrapant ma cape, je la drape autour de mes épaules sans quérir d'aide. J'ai préféré renvoyer les domestiques en début de soirée plutôt que de leur imposer le spectacle de ma rumination et de mes brusques sautes d'humeur. Je ne rabats pas encore mon capuchon. Il ne ferait qu'attirer sur moi l'attention. Avec un peu de chance, l'ombre des couloirs me dissimulera aux regards indiscrets et je sortirai du palais sans encombre. Dans le cas contraire, il me suffira de prétendre un quelconque besoin. Nul garde n'oserait me questionner plus avant sur mes motivations tant que mes pas épousent mes paroles.

Enfin prête j'entreprend d'ouvrir la porte de mes appartements. Et avant même que je n'ai eu le temps de comprendre quoi que ce soit, je sens la chaleur d'aliments venus asperger mes vêtements tandis que me fait face l'homme qui m'est le plus insupportable en ce palais voire même en tout l'empire. Une double vague de rage déferle dans mes veines provoquée par sa vue et par l'impossibilité de pouvoir visiter Liam sans avoir été vue d'âme qui vive. Une moue des plus méprisantes s'inscrit sur mon visage et l'étincelle de haine qui brille incessamment dans mon regard se fait plus vive. L'éclair d'un instant, je sens mon sang bouillir et l'image de cet importun transpercé par ma dague s'impose en mon esprit. Non, ce serait indigne de moi que de m'attaquer à un blessé qui n'ignore rien de mes capacités de combat. Je rejette de toute mes forces la pensée impérieuse qui m'assaille et, au prix d'un infini effort, je me détourne de lui pour retourner dans ma suite dont je claque vivement la porte. Peut-être est-ce le contre coup de la difficulté que j'ai eu à me détourner de la voix qui me hurlait de lui faire rendre gorge ou peut-être l'intense frutration de voir différée une étreinte à mon frère, toujours est-il que je m'affaisse silencieusement contre le lourd battant, glissant jusqu'à terre, retenant de justesse les larmes de dépit qui se frayent un chemin jusqu'à mes paupières.
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeVen 10 Aoû - 9:49

    Vos yeux se rencontrent. Si dans les tiens se lisent des excuses que tu n'as pas encore formulé à voix haute, dans ceux de Lisbeth brille une rage sans nom. Tu en prendrais peur, si tu n'étais pas Louis de Brunante. Tu n'as pas peur, ça non, mais tu ne bouges pas non plus. Vous êtes deux immobiles statues et lorsque la dame recule pour finalement te claquer la porte au nez, tu ne bouges toujours pas. Tu te rends compte que tu as retenu ta respiration pendant tout le temps que tu as été face à elle et tu laisses donc l'air s'échapper de tes poumons, en une longue expiration quasi douloureuse. Tu prends plus conscience de la chaleur de l'hydromel sur tes pantalons, de l'odeur des épices qui accompagne désormais ta personne, et de tout ce qui est à tes pieds. Une porte s'ouvre et une domestique sort précipitemment d'une suite, les cheveux un peu fous, alarmée par le bruit de la chute de ton plateau doublé de celui de la porte qui s'est violemment fermée. Elle te regarde, puis regarde le sol et revient finalement à tes yeux. Tu parles avec précipitation, avant de te pencher. « J'ai échappé mon plateau, je suis désolé, je vais ramasser. » Tu prends les couverts désormais vides et les poses sur le plateau inondé de nourriture, regrettant de ne pas avoir pu manger ton ragoût, ou même goûté ta boisson. « Monsieur, voyons, laissez, laissez. Vous n'avez pas été blessé ou ébouillanté ? Votre bras a-t-il été touché ? Non, tout va bien, mais j'insiste, c'est de ma faute. » Le regard que la femme te jette est si sévère que tu te tais et recules d'un pas, la laissant terminer de ramasser le bol, la chope et les assiettes. Le tapis est taché, mais tu ne doutes pas que cela partira. Si tu dois être le responsable du tapis éternellement taché devant la suite de Lisbeth... elle aura de quoi te le rappeler jusqu'à la fin de tes jours.

    Tu regardes la porte. Lisbeth. Tu devrais peut-être t'excuser, d'ailleurs. C'est elle qui t'a fait sursauter, mais tu as tout de même taché sa robe. Pas un instant ne t'effleure le questionnement de sa direction, où pouvait-elle bien aller alors que tout le monde au palais s'apprête à chercher le sommeil ?, tu te dis seulement que tu aurais pu être un peu moins maladroit.
    Facile à dire, avec un bras inutilisable.

    La domestique s'éloigne avec le plateau, te laissant seul dans le couloir. Bon, tu ne risques rien à... enfin, oui, tu risques sûrement quelque chose. La fureur de Lisbeth. Rien de bien effrayant, somme toute. Et si on te demande ce que tu fais, tu pourras bien targuer que visiter ta promise t'est permis. Tu frissonnes en pensant à ce terme et tu frappes finalement à la porte. Pas de réponse. Tu recommences et te demandes si tu dois ouvrir la porte tout simplement. Tu as des manières, mais étrangement, en présence de la duchesse héritière, tu es un tout autre personnage. Peut-être parce que vos souvenirs de l'autre remontent à une époque où vous n'aviez pas à vous encombrer de politesses, où vos chamailles enfantines passaient bien avant les jeux de la Cour. Croiser le fer avec Lisbeth t'a guéri de toute envie d'être un homme du monde pour elle. Pourtant, tu n'ouvres pas la porte et te contentes de parler d'une voix bien audible, histoire qu'elle t'entende clairement. « C'est Louis. Un silence. Je suis désolé, Lisbeth. Je ne suis pas très adroit, avec un bras en moins, et j'ai été surpris de ta sortie de ta suite. Tu... tu n'as pas été ébouillantée, ou quelque chose comme ça, au passage ? » Tu as tenté quelque chose au hasard : maintenant, attendons de voir ce que ça te donnera.
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeVen 10 Aoû - 11:06

L'écho de voix dans le couloir me parviennent, en dépit de l'épaisseur de la porte. Et ce simple son à mes oreilles contribue à amplifier la rage incompréhensible qui m'habite. Respirant lentement, je tente d'évacuer cette violence qui m'emplit et me crie de m'en prendre à l'homme derrière la porte. Mais je ne le veux pas. Ce serait indigne. Mon honneur ne pourrait s'en satisfaire, pas plus que mon nom. Il me faut retrouver l'habituelle maîtrise de mes émotions dont je suis coutumière, ne pas prêter l'oreille à ces voix vengeresses qui hurlent en moi. Et après quelques inspirations supplémentaires, je me relève. Le calme que j'ai retrouvé n'est qu'une bien fragile coquille, toute prête à voler en éclat à la moindre contrariété. A gestes lents, j'ôte ma capeline. Je ne peux prendre le risque d'ainsi sortir après avoir été vue d'un délateur potentiel. Il ne me reste plus qu'à rejoindre le coeur des appartements et à prendre la plume. Mais avant que j'ai pu m'éloigner de l'entrée de ma suite, la voix de l'importun surgit devant ma porte se fait entendre.

Il s'agit d'excuses. Qui me rappellent les tâches qui sont venues maculer ma cape. Il me faudra l'envoyer aux lavandières. Je me concentre sur cette idée pour ne pas laisser resurgir la fureur exacerbée qu'il m'inspire. Bien sur, en duchesse héritière à l'éducation parfaite, je pourrais ouvrir et d'une voix polie, le rassurer sur mon état en même temps que je m'enquerrais du sien. Certaines pousseraient même la courtoisie jusqu'à lui proposer de faire quérir une collation en remplacement du repas épanché sur le sol. Mais je n'en fais rien. En sa présence, je me sens redevenir celle que j'étais il y a quelques années, pleine d'assurance et d'insolence, qui n'aurait pas hésité à le rabrouer. Il parvient à faire tomber les manières impeccables que le carcan strict de la cour m'a enseigné. Et la colère subite que je ressens à son encontre, pour exagérée qu'elle soit, ne plaide pas en sa faveur.

Finalement, c'est d'un ton des plus glacial que je réponds :
Je n'ai rien. Je vous remercie de votre solicitude, Marquis. Nul équivoque dans ma voix, dont le froid mépris contraste avec mon ton habituel. Et pas plus dans ma phrase. Je n'ai pas pour habitude de vouvoyer des gens que je connais depuis l'enfance, lui moins que tout autre. Pourtant, par ce vouvoiement, je veux qu'il prenne conscience de toute la distance qui existe entre lui et moi, entre un vulgaire marquis et une duchesse héritière. Je n'ai jamais été de celles qui prennent des poses savantes et se revendiquent de leur titre pour mieux être admirées. Je pense au contraire être remarquablement discrète en ce domaine. Par ces mots, ce n'est pas ma propre position que je veux mettre en avant mais la sienne. Lui, simple petit marquis qui a la prétention de vouloir m'épouser et dont l'arrogance m'insupporte au plus haut point.

M'éloignant une bonne fois pour toute de cette porte que je préfère savoir close, je m'en retourne devant le feu, reprenant la position qui était mienne avant ce malencontreux face à face. Je ne suis guère en état d'écrire pour le moment, il me faut retrouver mon calme avant de tenter toute missive dont le contenu serait bien trop embrouillé pour que Liam puisse m'être d'une aide quelconque.
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeSam 22 Sep - 2:44

    Autant parler à un mur. Tu parles littéralement à une porte, d'ailleurs. Pas un son ne passe la porte, que le silence qui te rappelle que cette situation est pour le moins incongrue. Comme si tu n'étais pas en train de t'excuser à ta promise pour une maladresse sans importance, comme si vous ne vous connaissiez pas depuis longtemps. Toujours pas de réponse. Même pas de bruit. Tu t'en inquiéterais presque. Cela dit, c'est Lisbeth. T'inquiéter pour elle ? Ha ! Il pleuvra des poissons, quand tu auras l'once d'une inquiétude pour sa petite personne imbue d'elle-même. Tu te recules de deux pas et t'apprêtes à tourner les talons, laissant ta chère et tendre à ses sentiments probablement charmants à ton égard, quand la réponse vient enfin. Une réponse certes polie, mais glaciale. Tu t'en formaliserais presque, mais le vouvoiement dont elle a fait part t'empêche de bouger plus loin qu'où tu es.
    Ainsi donc, elle te vouvoie. Dame la duchesse héritière vouvoie ce pauvre marquis héritier que tu es. Tu ne pensais pas qu'elle ait pris de mauvaises habitudes des dames de la Cour, mais apparemment que côtoyer tant de faux-jetons lui a appris quelques choses. Tu retiens un juron de passer tes lèvres, et même un qualificatif fort peu aimable pour décrire Lisbeth. Qui est-elle, pour agir avec tant de froideur alors que c'est elle qui a souhaité ce mariage idiot ? Désiré étendre son domaine jusque dans les duchés voisins, profiter de la faiblesse de ton père face à ta mère et à ses désirs, profiter de ton absence et de ta parole ? Tu essuies tes mains sur la porte de sa suite sans aucune grâce, tachant le matériau sans te gêner. Et tant mieux si le tapis devant sa suite jamais ne soit complètement propre, suite à cet épisode : celui ne fera que lui rappeler comme elle s'est transformée en pimbêche idiote.

    Tu préférais la Lisbeth qui te défaisait en duel que celle planquée derrière des faux-semblants.
    Puis, de toute manière, que faisait-elle à sortir à cette heure-ci ?
    Ce questionnement s'impose brutalement à ton esprit. La première raison que tu vois est un amant. Parfait. Te marier pour avoir le contrôle de son duché, de tes terres, et aussi pouvoir continuer à fréquenter un amant sans être soupçonnée. Charmant. Tu serres les dents et les poings. Jaloux, toi ? Jamais.

    Tu recules finalement d'un autre pas et tu ne résistes pas à laisser passer un commentaire, profitant de l'absence de domestiques pour te laisser aller à un de tes loisirs préférés depuis que tu es jeune, soit provoquer Lisbeth (certaines choses ne se perdent jamais) : « Merci de ta sollicitude, ma chère. J'espère que celui que tu allais rejoindre à une si belle heure à droit à plus de considérations de ta part et que tu sauras lui faire pardonner ton regard de quelques attentions privilégiées. Après tout, si ce sont tes bassesses que je dois couvrir, une fois que nous serons mariés, autant me prévenir maintenant. » Risqué, ce commentaire ? Tu n'en as rien à faire. Insulter une duchesse héritière ? Non. C'est Lisbeth, ça ne compte pas après tout. Et puis, tu es plus connu pour ta franchise que pour tes grimaces d'apparat.


Dernière édition par Louis de Brunante le Sam 23 Fév - 21:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeSam 22 Sep - 3:21

Le contraste entre le froid d'une pièce et la chaleur brûlante de l'âtre a toujours su m'apaiser. Je ne pourrais le nombre d'heures que j'ai passé, les longues journées d'hiver, assise devant la cheminée de la grande salle du château de Souffleciel. Et sans doute, aujourd'hui encore, aurais-je pu retrouver un semblant de calme si ses mots n'étaient pas venus me frapper de plein fouet, brisant net mes tentatives de ne pas lui sauter à la gorge. D'un mouvement rageur je me relève et vient rouvrir cette porte. Il veut absolument engager la conversation ? A ses risques et périls. Le contact glacial de la lame de ma dague contre mon bras me rappelle perpétuellement combien le blesser à nouveau serait aisé.
Qui est-il pour ainsi oser parler de Liam ? Mes raisons de vouloir m'éclipse du palais me semblent si évidentes que pas un instant je ne songe qu'il ignore de qui il parle. Et moins encore je perçois le sous-entendu dans sa phrase. Jamais mon masque de froideur hautaine n'a été plus parfait qu'en cet instant où je le toise. Il a beau me dominer d'une tête, je vrille mon regard haineux dans le sien. Par Eimaren que notre différence de taille peut m'agacer - et ce depuis toujours. Enfant, je ne savais comment le compenser, si ce n'est par mon insolence pour mieux le faire enrager. Aujourd'hui je n'en ai plus besoin. Seul mon mépris transparaît, ce mépris qui lui rappelle que si nous avons en grande partie grandi ensemble, il n'est rien à côté de moi.

Mon mépris et ma rage. Cette rage envahissante que je ne parviens pas à contrôler et qui plus que toute autre chose, dicte ma réponse.


- Comment oses-tu ? Tu ne serais pas même digne de balayer le sol avant qu'il ne le foule.

J'ai bien d'autres choses à dire sur la grandeur et l'abnégation de celui que je m'en allais rejoindre. Mais la rage qui me tient me pousse à agir plus qu'à parler. D'un geste, je l'attire à moi avec une force que je ne me soupçonnais pas, le tirant hors de vue d'éventuels passants dans le couloir - bien que s'y dessinent nos ombres dans le halo lumineux qui s'échappe de la porte. Et ma dague vient caresser sa pomme d'Adam, fort désireuse de mordre dans cette peau hâlée. Pourtant je me contiens, mâchoire crispée et muscles bandés, luttant contre l'impérieux désir de voir couler son sang qui m'envahit. Et chaque syllabe que je prononce exige de moi des efforts considérables.

- Je t'interdis de parler de lui.

Ma voix est hachée. Et au prix d'une pulsion que je m'impose, je le repousse hors de mes appartements, dissimulant tant bien que mal le besoin de violence qui m'étreint en sa présence.
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeSam 23 Fév - 22:58

Tiens, cette fois, elle t'ouvre! Elle t'ouvre pour te dévisager avec un faciès de mépris et des yeux de haine, que tu confrontes de ta propre expression moqueuse. Tu as gagné, elle t'a ouvert a cessé de t'ignorer – par contre, quant à savoir de qui elle parle... Tu ne peux lire dans les pensées et tu ne sais donc quel homme elle évoque, quel homme si grand, si magnifique que ses mots ne font qu'étirer le rictus de mépris sur tes lèvres.

La surprise vient surtout lorsqu'elle t'empoigne et t'attire dans sa suite, te plaçant une dague sous la gorge. Tu frémis de rage, tu rêves de l'attraper à bras le corps pour la jeter au sol, mais ton état ne te le permet pas. Tu ne peux qu'attendre qu'elle abaisse sa lame, qui caresse ta douceur presque avec douceur, chaque mot qu'elle articule minutieusement faisant enfler ta colère.

Tu la repousses dans ses appartements alors qu'elle t'en sort – tu attrapes sa main qui tient sa dague, tordant son fin poignet, et sans que tu saches comment, elle te balaie d'un coup de jambe et tu tombes au sol, entraînant la jeune femme dans ta chute. Le poignard planté dans le tapis, vos deux mains dessus, vos regards qui n'expriment que rage et colère. Vous vous relevez comme un seul homme et tu frappes le poignard du pied, l'envoyant voler plus loin. Tu es tombé sur ton bras blessé, tu as mal, mais tu ne le sens pas. Ta main valide attrape son menton entre tes doigts, le relevant vers toi, le serrant sans douceur. Tu siffles entre tes dents, si près de son visage que tu pourrais la mordre : « Parler de qui, petite sotte ? Ton amant de minuit ? L'Empereur lui-même, peut-être ? Ton pouce vient caresser ses lèvres furtivement, juste une seconde, alors que tu rapproches entre ton visage du sien, tes insultes passant encore tes lèvres : On m'a dit que tu étais devenue une parfaite petite poule de la Cour, peut-être que tu es prête à jouer le jeu au point de te glisser entre ses draps. Je suis sûr que ça décoincerait le balai que tu as dans le cul. » Tu lâches son menton et abat ta main sur ses fesses avec force, la repoussant encore de ta main valide. Tu veux te battre. Tu y es prêt.

Tu ne penses pas un seul mot de ce que tu dis. On t'a dit bien des choses, des choses que tu refuses de croire. Tu refuses de croire que Lisbeth, enfant revêche et adolescente furieuse, soit devenue une femme soumise, répondant à tous les désirs de la Cour. Puis, en ce moment... ce n'est pas ça du tout. Dix ans plus tard, il n'y a que les centimètres de plus, les années, mais rien de réellement changé entre vous. Cette bataille, cette rage, cette haine : c'est Lisbeth que tu as devant toi, avec toi, dans cette suite qui pourrait être le théâtre de votre bataille.
Quoique coincée, tu le penses vraiment. Un petit peu. C'est une Outreventoise, quand même.
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeDim 24 Fév - 16:05

Je vais le tuer.
Je vais tuer ce marin, ce rustre, ce moins que rien qui ose ainsi m'insulter. Suggérer que je puisse avoir ainsi bradé mon honneur ! Poings serrés pour résister à l'impérieuse envie qui me crie de l'étrangler, à la rage qui hurle dans mes veines en réclamant son sang. L'idée de reprendre ma dague qu'il a envoyé valser m'effleure mais il me faudrait pour se faire lui tourner le dos et c'est inconcevable. Ne jamais tourner le dos à l'ennemi... Mais je ne suis pas démunie pour autant. Si cet imbécile fieffé pense que ne dissimule qu'une lame dans les plis de ma robe, il en sera pour ses frais. A plus forte raison alors que je m'apprêtais à sortir seule dans les rues sombres de Lorgol.

La gifle est partie.
Pour ce geste intolérable qu'il vient d'oser, cette familiarité insupportable.
Plus violente et féroce qu'aucune autre auparavant. Au point même que je sens une sourde douleur se répandre dans mon poignet. Mais je n'en ai cure. La trace qui déjà apparaît sur sa joue vaut bien toutes les douleurs d'Arven. Chien d'ansemarien, marin sans manières ni honneur. Que n'a-t-il été emporté par les flots dès sa première traversée, Arven ne s'en serait que mieux portée. Et moi avec. Il n'y aura guère de gens pour pleurer pareil pleutre.

« Sa couche vaut bien mieux que la tienne ! Il te faudra en prendre ton parti de Brunante. Jamais je ne serais à toi, tu m'entends ? JAMAIS ! » J'ai hurlé ce dernier mot, incapable de retenir mon cri de haine. Plutôt mourir que me soumettre à lui. Plutôt que de le laisser me toucher.
Et au lieu de le détromper sur mes relations avec le tyran, aussi avilissante que soit cette idée, je vais le laisser l'imaginer. Se penser cocu avant même le lien de soie ne peut que blesser son orgueil démesuré. N'est-ce pas, de Brunante, que cette pensée t'insupporte...


« Maintenant, sors d'ici. Tu m'indisposes. » Rien d'autre dans ma voix qu'un ordre ne souffrant aucun refus. Je l'ai suffisamment vu pour ce soir et à subir sa présence, je crains de n'être plus capable de me contrôler, de ne plus pouvoir réfréner les pulsions sanglantes qui m'habitent. Derrière lui, la porte ouverte me rappelle qu'à tout moment, un domestique appelé en urgence pourrait passer et nous voir. Et puisque mon ton s'est fait plus impérieux que jamais, nul doute qu'il tentera de le contester, de s'imposer.

De ma seconde manche à glissé un autre poignard. Qu'il essaie...
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Louis de Brunante
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MessageSujet: Re: Un repos forcé qui n'a rien de reposant   Un repos forcé qui n'a rien de reposant I_icon_minitimeLun 25 Fév - 2:22

Tu as mérité ta gifle. Tu n'es que peu aussi hargneux, surtout envers une femme... et tu n'as jamais été aussi crû à l'endroit de Lisbeth. Aussi hypocrite, d'ailleurs.
Tu n'en es pas moins fâché. Fâché de cette gifle qui a sifflé dans l'air et de la brûlure sur ta joue, fâché de ce qu'elle insinue – toi, jaloux? Tu le nierais même devant ta mort. Jaloux de ce tyran, jaloux d'avoir une harpie entre ses draps? Jamais. Plutôt mourir que de devoir toucher Lisbeth d'Outrevent. Femme ou non, si tu la touches, ce sera uniquement pour la frapper. Pour te battre avec elle, pour qu'elle ravale ses paroles de catin, de moins que rien, qu'elle apprenne que des deux, tu es le plus fort.

Chose que tu désires apparemment faire, levant ta main valide au lieu de quitter la suite d'Outrevent, alors que tu as été très aimablement convié à le faire. Une nouvelle lame se place sous ta gorge, mais tu attrapes la brune à bras le corps, d'un seul bras, et vous chutez encore. La lame arrive juste à côté de ton visage, l'Outreventoise est tombée sur toi, et ta propre main enserre sa gorge... quand un domestique aux cheveux blancs parfaitement coiffés, un haut-gradé de sa profession vu ses habits, arrive dans la chambre, alerté par le cri précédent de Lisbeth et le bruit de la bataille. « Sire? Madame? Tout va bien? » Vous vous regardez et tu ne sais ce que vos têtes esquissent comme geste, un oui mêlé d'un non, quelque chose qui laisse le domestique avec un regard soupçonneux. Vos vêtements tachés, le poignard au sol plus loin, la marque de la main de Lisbeth imprimée en rouge vif sur ta joue, vos expressions franchement peu amènes, l'autre poignard planté à côté de ton visage, Lisbeth sur toi que tu tentes de maîtriser d'une main... enfin, toutes ces raisons de ne pas vous croire, peu importe ce que vous avez exprimé. « Sire, vous feriez mieux de retourner à votre chambre, je crains que vous battre avec votre fiancée n'est pas une activité convenable à faire au milieu de la nuit, ou peu importe le moment. Madame, Votre Grâce, relevez-vous, je vous prie. » D'une ruade, tu renverses la jeune femme sur le tapis et réussis à te relever. Le domestique te jette un œil mauvais et te laisse partir, après un dernier regard meurtrier à ta fiancée qui se lève elle-même du sol. Tu vas devoir refaire tes pansements, disons que cette petite bataille n'a rien fait pour améliorer l'état de tes blessures... et tenter d'évacuer ta colère d'une façon ou d'une autre. D'évacuer cette déferlante de rage, ce goût du sang sur ta langue.

Tu hais Lisbeth d'Outrevent. Plutôt mourir que de devenir son époux.
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