L'après midi touchait à son terme. Bizarrement, la journée avait semblé si longue pour bien peu de personne, mais en y regardant mieux, Anthim d'Erebor avait l'air épuisé alors que le ciel portait encore sa couverture clair, signe que le soleil était encore brillant. L'aspect fatigué se montrait bien sur son visage qu'il tentait de cacher malgré tout, mais sa démarche restait fière, droite et sans bavure. Il n'avait pas l'intention de se laisser abattre par cet acharné de Castiel. Les coups bas semblaient être monnaie courante chez ce duc, mais une nouvelle fois, Anthim avait su se sortir de ce mauvais pas. Il n'avait cependant pas été facile de convaincre et un instant, le jeune héritier cru sa couverture arrachée et sa parole de moins grande importance que celle du duc de Sombreciel.

Pour comprendre l'état d'épuisement du jeune homme, il fallait remonter quelques heures plutôt, alors qu'à ce moment, le ciel venait tout juste de revêtir ses habits de jour. Anthim, duc héritier d'Erebor levé depuis déjà quelques heures se faisait plaisir d'arpenter les coins tranquilles qu'il connaissait, songeant à contacter Amaté, sa chère sœur qu'il n'avait revu depuis des années, lui semblait-il. Cependant, il était courant que les moments tranquilles, aussi rare soient-il, étaient destiné à être interrompues des pires manières qui soient. Anthim avait toujours su depuis son arrivée que Castiel le détestait, entretenait pour lui une haine féroce qui, même si le jeune héritier n'était pas porté dessus, c'était laissait insinuer à son tour chez lui. Depuis, toujours courtoisement, sans un mot au dessus de l'autre, les deux hommes se battaient. Silencieux regards animés de haine, paroles tranchantes mais subtiles. Mais il était clair que les choses, en ce matin calme, c'étaient aggravés. Lorsque Anthim avait vu cet homme venir à lui, le regard froid, inquisiteur, il lui avait semblé clair que le duc de Sombreciel, son ennemi, avait joué le coup bas.

L'héritier d'Erebor avait toujours eu une couverture impeccable, avait toujours su la tenir propre, éloignée de toute tache de souillure. Mais Castiel, par sa proximité avec Augustus avait sans doute réussi à remettre sa parole en doute. Pouvoir la rétablir risquait d'être un poil ardu, mais quand on savait l'habilitée d'Anthim, il n'y avait sans doute rien à craindre. Lui aussi c'était imaginé pouvoir en sortir facilement, mais en l'occurrence et vu l'état actuelle des choses, les gens se méfiaient de plus en plus.

Si encore cet interrogatoire n'avait pas duré en longueur, peut-être Anthim n'aurait eu cet air fatigué, mais en dépit de toutes ses preuves de sa fidélité offerte à Augustus, il en avait fallu beaucoup à son inquisiteur pour le laisser en paix. L'héritier d'Erebor n'avait pas craqué, il savait ce qu'était mentir à la perfection, jouait avec la manipulation, et qui plus est, sa vie en jeu, il n'avait pas dans l'intention d'échouer à réparer sa couverture entachée par les insinuations de Castiel. Personne n'avaient de preuve de son allégeance aux rebelles, et en tant qu'espion, il aurait été idiot de laisser des indices. Mais une chose avait clairement fait souffler le jeune duc d'indignation. Que l'on remette sa parole en cause, aussi fausse soit-elle, sans aucune preuve et de mobile plausible autre que la parole d'un fou drogué qu'était le duc de Sombreflamme, indignait assez Anthim pour qu'il finisse par s'énerver. C'est sans doute ce qui avait du convaincre au final l'inquisiteur qui après des heures à ordonner des preuves, explications [...] avait consenti à laisser le jeune homme partir en s'excusant expressément, de peur de subir des représailles. Oh non, les représailles ne seraient pas pour lui, Anthim avait déjà une cible en tête, et sans nul doute que cette cible, en apprenant que sa manœuvre avait bêtement échoué, continuerait d'entretenir une rage encore plus forte. L'héritier d'Erebor n'avait plus envie de jouer au chat et à la souris, si bien que maintenant, la guerre qu'il avait toujours mené silencieusement contre Castiel se découvrirait plus virulente. Toujours par de simples paroles, mais là où il n'avait pas joué le jeu avant, le jeune duc d'Erebor s'y mettait.

Épuisé mais aussi énervé, légèrement exaspéré, Anthim s'appuya sur un mur, un souffle lassé passa sur ses lèvres. Doucement, il glissa une main dans ses cheveux et soupira à lui même.

« Il n'est plus temps de jouer Castiel, je peux te l'assurer. »