Registre Âge du personnage: 23 ans Titres: Autres visages:
Sujet: Si tu n'veux plus rester dans l'ombre... Sam 29 Sep - 12:35
Si tu n'veux plus rester dans l'ombre Avant qu'un beau jour ne fondent Tous tes espoirs, Que tu n'te sentes un peu partout Étranger...
Une salle sombre.
De vieux meubles en bois usés par le temps, certains cassés depuis de nombreuses années. De la poussière, des toiles d’araignées. Un fin rayon de soleil qui vient éclairer une vieille étagère couvertes de petites fioles aux contenus douteux. Dans un coin, un petit bureau sur lequel viennent d’être placées quelques vieilles fioles remplies d’un liquide transparent, de quelques boites de carton poussiéreuses. Au centre de la salle, un petit mannequin en bois construit de bric et de brocs, tenant à peine debout, maintenu par des ficelles et des planches. De nombreuses marques de brûlure et de coups montrent qu’il a déjà beaucoup souffert avant d’être remis dans cette position. Sur le sol, quelques croquis qui traînent, des dragons dessinés avec beaucoup de précision, beaucoup de détails. Certains planent parmi les nuages ou les sommets de hauts pics, d’autres crachent les feux, majestueux et puissants, sur des armées entières de créatures quelconques, bien plus petites. Tous sont dessinés avec force de couleurs flamboyantes et éclatantes. Dans un angle de la pièce, une étagère semble avoir été nettoyée assez récemment. Des livres y sont entreposés. Beaucoup parlent de dragons, tous parlent d’histoire ancienne, d’Arven ou d’ailleurs.
Et à l’entrée de cette salle, moi.
Je me concentre, les yeux fermés, la tête baissée. J’essaye de calmer mon pouls, clarifier mes pensées. Je ne sais vraiment depuis combien de temps je me suis réfugié ici aujourd’hui, mais je sais une chose. Je veux y arriver. Je veux réussir cette nouvelle épreuve que je me suis fixée au début de la semaine. Sans faute, cette fois.
Quand enfin, je lève la tête. Je suis prêt. J’ouvre les yeux.
Un pas sur la droite, je me saisis d’une dague laissée posée sur la table. Un tour sur moi-même, je tire dans la foulée. Elle vient se planter droit dans le torse du mannequin. J’enchaîne. Je récupère la lame attachée à ma cheville, bondit en avant, légèrement sur la droite du mannequin. Roulade. J’entaille la jambe. Je me relève. Volte-face. Griffure du dos. Je plante son épaule gauche, repasse devant, récupère ma première dague. Je continue. Coup au visage, à la jambe. Ma lame s’échauffe entre mes mains, rougit. Les feuilles, autour de moi, commencent à s’élever du sol et à tournoyer légèrement, comme secouées par un tourbillon de vent alors que je marmonne entre mes dents les formules que j’ai apprise par cœur, lues quelque part dans l’un ou l’autre des livres dont regorge cette Académie.
Récupération d’une lame, coup à l’épaule, saut en arrière, envoi d’une dague au visage, glissade sous les jambes du mannequin, coup de coude pour déstabiliser le tout. Chute des morceaux de bois. Je plante mon couteau dans son dos… Qui s’enflamme au contact de la lame surchauffée.
Un instant, je reste ainsi, abasourdi. J’ai réussi.
L’agilité travaillée au cours de tant d’années de vols, alliée à la magie qui coule dans mes veines… Un jour, mes ennemis auront beaucoup à craindre… Mais en attendant de m’être décidé de l’identité de ceux-ci, je viens régulièrement dans cette salle, mon refuge, pour étudier, m’entraîner, rêver… C’est devenu avec le temps mon sanctuaire, un lieu où je peux être tranquille, faire ce que je veux sans me soucier des autres… Il est temps que je grandisse. Ces vols qui ont ponctués mon enfance ne m’apportent plus satisfaction, je connais tout ce que je peux atteindre, et je connais mes limites. Aujourd’hui, je ressens le besoin de passer à autre chose, de faire quelque chose d’autre de ma vie que de simplement vivre au dépend des autres et me moquer de tout ce qui vit. Aujourd’hui, j’ai découvert ces êtres si puissants qu’ils sont capables de tout, et qui pourtant ont la sagesse de ne rien faire quand ce n’est pas leur heure. Je veux les découvrir, je veux partir à leur rencontre, les connaître, eux, ainsi que leur passé. La vie n’est pas que ces instants mornes et simples que nous connaissons, ces rencontres dans la rue, ces bavardages inutiles, ces hypocrisies, ces mensonges, ces rires… Cela peut être tellement plus. L’histoire d’Arven est ponctuée d’évènements majeurs, de choses qui ont véritablement changé la face du monde. Demain, je veux participer à cette histoire. Le temps des futilités est passé, je me rend compte que je veux être plus que ce petit voleur que tout le monde déteste et voudrait embrocher pour tout ce que je leur inflige pour me sentir vivant…
Puis les flammes me ramènent à la réalité. Je me relève, vais chercher une des petites fioles que j’ai laissé sur la table, en verse le contenu sur le mannequin. Ce n’est que de l’eau, bien entendu, mais ça a le mérite d’être assez efficace.
Je souris. J’ai réussi. A présent… Il n’y a plus qu’à nettoyer tout ça.