Après concertation, nous allons enquêter dans les jardins !

On est d'accord pour aller dans Le Jardin Noir ! =D

On suit les araignées (beurk, sales bestioles).

On va vers le mur.

Après être restés cachés dans les appartements du palais détruit à Lorgol suffisamment de temps pour que Mélisande exècre cette vision, Melsant lui avait annoncé qu’il n’avait vu aucune trace de Mélusine, qu’il cherchait, mais qu’il avait en revanche entendu des rumeurs – inquiétantes ou rassurantes, il n’avait su le dire à sa sœur -, et qu’il pensait que leur prochaine destination devait être Euphoria. Mélisande était fébrile à cette idée de rentrer dans un endroit si proche de leur domaine, tout en sachant qu’elle ne pouvait de toute évidence pas s’y rendre. Parce qu’il était plus urgent de retrouver Mélusine, d’abord, mais aussi parce que ce secret qui la pesait et l’anéantissait, quoi que moins depuis que son frère le savait, teintait de douleur ces lieux qu’elle avait tant aimés.

Elle secoua la tête, et revint à la réalité. Melsant et elle étaient dans le palais de Castiel, leur Roi qu’ils connaissaient bien pour avoir grandi à ses côtés. Elle ne savait où aller, s’en remettant totalement à Melsant pour prendre les décisions. Aussi, lorsqu’il suggéra de vous rendre dans les jardins, elle acquiesça et le suivit. Pénétrer au cœur même du palais n’emballait guère la jeune femme, de toute façon.

Le sombre d’un des jardins attira Mélisande, cette dernière sentant en son cœur résonner la complainte de ces fleurs sombres, sombres comme elle depuis bien longtemps. Elle était émerveillée par ce jardin, mais nullement terrifiée comme beaucoup pourraient l’être s’ils savaient comme elle la légende qui allait de pair avec la couleur de toutes ces fleurs. Cependant, cela faisait bien longtemps que le sang n’effrayait plus Mélisande. Un assassin, qui craignait le sang ? Cela aurait été, somme toute, bien ridicule.

Elle s’apprêtait à en cueillir une, lorsqu’elle vit une famille d’hérissons, et une longue ligne d’araignées qui s’éloignaient au loin. Un regard avec son frère lui fit comprendre qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes, et que les hérissons n’avaient que peu d’intérêt. Elle partit donc en compagnie de Melsant à la suite des ignobles créatures, ayant pour seule envie de leur marcher dessus. Les deux Séverac les suivirent, jusqu’à ce qu’elles se scindent en deux, comme si elle proliféraient suffisamment pour se diviser ainsi.

Melsant émit l’hypothèse d’un passage secret derrière un mur sur lequel elles étaient toutes agglutinées, et tous deux s’approchèrent donc, manquant de prudence. Mélisande était la plus proche, quand un craquement se fit entendre. Si Melsant eut le réflexe de reculer, Mélisande se prit une gargouille de pierre sur la tête, chutant sur le sol, bloquée par cette satanée gargouille.

Mélusine, Mélusine.
Melsant se répétait inlassablement ce nom dans son esprit, comme une formule magique qui aurait pu les conduire à elle, en pénétrant dans le palais de Castiel, à couvert, tenant fermement la main de son autre sœur - il ne tenait pas à la perdre en cherchant la première.
Mélusine, Mélusine.
L'espoir ténu qu'elle fusse encore envie le tirait par les tripes, jusqu'à trahir son propre seigneur en fouillant sa demeure, le soupçonnant par là de dissimuler de terribles secrets... Une partie du guerrier culpabilisait de tant de méfiance, mais l'autre était trop férocement attachée à ses cadettes pour laisser passer la moindre occasion de fouiller chaque parcelle d'Arven où elle eut pu se cacher - en vie, dans l'idéal.
Mélusine, Mélusine.
Mélusine n'était pas à Lorgol. Melsant avait retourné chaque pierre de la ville, pendant un mois entier, jour et nuit parfois, sans déceler la moindre trace de la sournoise voleuse.
Elle était par conséquent, peut-être, à Euphoria.
Si leurs hypothèses se révélaient fausses, les Séverac poursuivraient leur périple plus loin, jusqu'à qu'ils soient réuni. Mélisande avait besoin de sa jumelle, plus encore que lui : le terrible secret qu'elle lui avait avoué le hantait encore, et il savait pertinemment qu'il ne remplacerait jamais les mots qu'auraient pu lui donner son autre, pour la consoler.

- Par ici, déclara-t-il en tirant Mélisande dans les jardins, sans qu'elle ne lui omette la moindre résistance. Méli ? Il la rappela doucement à la réalité, voyant qu'elle divaguait dans une observation fascinée des plantes lugubres de Castiel.

D'étranges créatures se promenaient comme eux, à l'abri de la nuit, et aux hérissons maladroits, Melsant préféra la ribambelle d'araignées, plus vives, et peut-être plus aptes à les mener vers un passage dans le mur, où ils pourraient les suivre.
Malheureusement, il n'eut pas le temps de connaitre leur itinéraire, qu'un crissement dangereux se fit entendre derrière lui. Le Séverac sursauta, réalisant que sa soeur, à quelques pas de lui, était aussi dans la parfaite trajectoire de la gargouille, qui venait de se décrocher de la palissade de pierre.
Melsant se précipita, mais trop tard. S'il évita surement un coup mortel en poussant Mélisande au sol, il ne put cependant retenir la pierre qui s'écrasa sur le crâne de la demoiselle, l'assommant immédiatement.

- Oh non ! Non, supplia-t-il, horrifié par le sang qui apparaissait insidieusement dans la chevelure sombre de la Séverac. Méli !

Il regretta aussitôt l'impulsion ridicule qui l'avait conduit entre ces murs, pour mettre en danger celle qu'il était sensé protéger... Le sort s'acharnait décidément contre les siens, le laissant toujours témoin impuissant des pires catastrophes.
Il vérifia le pouls de l'inconsciente, ayant déjà remarqué avec soulagement que son corsage se soulevait au rythme de sa respiration. La blessure était néanmoins trop grave à ses yeux pour qu'il ne panique : chargeant son précieux trésor dans ses bras, serrée contre lui, il s'empressa sortir de l'enceinte de la bâtisse, et de disparaitre dans les rues obscures, vers un lieu plus accueillant où il pourrait la soigner.
Aucun guérisseur n'avait intérêt à lui refuser une audience, qu'importe l'heure avancée de la nuit dans laquelle il le sommait de prodiguer ses meilleurs talents.
Et il se tiendrait à son chevet, ne tolérant aucune distraction, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement remise.