Entre les branches d’un grand chêne il virevolte. Agile, léger comme une plume, d’un coup d’aile il évite une haute masure, passe à deux griffes de la toiture. Peu de gens remarquent le profil effilé de ce petit éclair bleu qui survole ainsi leurs têtes. Lui a pourtant l’œil partout et prend aussi garde à son vol qu’il s’applique à repérer certains bijoux laissés sans surveillance. Les pies, à côté de lui, font pâle figure. Il est Diamant, et si son Mage a cessé peu à peu de voler pour s’intéresser à de bien plus gros oiseaux – maudits lézards à écailles, que leur trouve-t-il donc ? –, lui n’a jamais cessé de rivaliser d’audace pour récupérer tout ce qui pouvait passer à portée de ses griffes. Un coup d’aile, un demi-tour, sur un rebord de fenêtre il se pose en douceur.
Bien des histoires commencent ainsi. Un oiseau qui virevolte, survole une scène. C’est si beau un oiseau, si libre, si rapide. On aimerait continuer à le suivre, mais généralement les hommes s’en lassent, peinent à le faire. Mais cette histoire-là n’est pas celle d’hommes et de femmes, cette histoire-là, c’est la sienne. Celle de ce geai bleu qui observe la fenêtre d’en face, repérant les lieux rapidement de ses petits yeux noirs et perçants. Il semble n’y avoir personne.
Il s’élance. Trois coups d’ailes. Une telle facilité. Jamais Answald ne pourrait être capable des actes de son Familier. Trois autres coups d’ailes, griffes resserrées, bague attrapée. Trois derniers coups d’ailes, et il est déjà loin. Que peuvent les humains face aux oiseaux. Que peuvent ces êtres patauds face à l’agilité et la force des ailes ? Rien. Ils ne peuvent rien.
Diamant se pose, partage avec son Mage une brève image de la bague. Il s’installe sur le sommet d’un toit. Le soleil est haut dans le ciel. Aucun nuage à l’horizon. Peut-être serait-il agréable de faire un tour dans les hauteurs aujourd’hui… Ou aller chasser un moment dans la forêt. Libre. Juste libre, d’une manière que les hommes rêvent mais ne parviennent pas même à comprendre.