Explorer les alentours.

Vers les montagnes.

S'en écarter.

Je souhaite prendre à droite.

Mélisande, désœuvrée, vagabondait, ne sachant où continuer son périple à la recherche de sa sœur. Elle s’était, après avoir faussé compagnie à Melsant, rendue à Chamaar, avec l’aide de Patience, un dragon qu’elle avait entendue dans sa tête de la même manière que les voix qu’elle percevait depuis quelques temps, qui lui avait fait emprunter un portail pour s’y rendre rapidement. Là-bas, probablement par le biais des liens entre les deux domaines, elle avait appris que sa sœur était à Sinsarelle il y avait peu de temps. Elle n’avait guère pris le temps de se reposer et, à dos de chameau et avec l’aide des peuples du désert Erebien, s’était dépêchée sur les lieux. Quelle cruelle déception ce fut, d’apprendre que sa sœur était partie à nouveau. Que faire ? Où aller ? Comment la retrouver ? La retrouverait-elle seulement ? Elle savait sa sœur voleuse, du temps où elles étaient à Lorgol toutes les deux… Se pouvait-il qu’elle soit là-bas ? Ou était-elle allée à Euphoria ?

La jumelle n’en savait rien, mais elle devait essayer. Peu importait le temps et l’énergie que cela lui demanderait. Depuis qu’elle l’avait côtoyée dans ses songes, qu’elle avait pu lui parler, elle n’avait que cette obsession en elle – à coté de celle, sourde, et bien plus douloureuses, bien mieux enfouie, de tuer Augustus. C’est ainsi qu’elle passa à Euphoria et entendit les rumeurs sur le dragon dans le petit village de Fioline. Elle ne le connaissait guère, tout au plus de nom, mais cela l’intriguait. D’autant plus qu’elle entendait les dragons. Peut-être l’entendrait-elle ? Peut-être pourrait-elle transmettre ses demandes, si tant est qu’elles soient raisonnables, et même établir un dialogue ? Elle n’y connaissait rien aux dragons, et peut-être la naïve jeune fille se retrouvait dans cette idée, pas totalement anéantie par l’assassine ou la femme meurtrie et impitoyable ?

Elle n’en savait rien, n’y pensait guère à vrai dire, ce désir d’aider villageois et dragon à la fois étant inconscient, mais elle prit bel et bien la direction du village, non sans passer inaperçue à cause de ses vêtements Erebien – le seul moyen qu’elle avait trouvé de renier définitivement la jeune fille Cielsombroise qu’elle était – et du chameau qui évoluait à ses côtés. Elle ne réalisait même pas l’incongruité de son apparence, son côté inhabituel, et la folie d’avoir un chameau avec elle loin des déserts, dans un environnement qui ne lui convenait pas. Elle était bien trop obnubilée par moult choses pour ne serait-ce qu’y penser.

A l’approche du village, elle décida de s’éloigner de celui-ci, et d’explorer les alentours. Comment calmer les villageois, si elle ne pouvait confronter le dragon auparavant ? Et de toute évidence, ce devait être une bête imposante, incapable de se dissimuler dans une masure. Dans la même veine, et un peu par un attrait pour cette contrée qu’elle avait décidé de faire sienne totalement en reniant Sombreciel, elle fuit les vergers dans lesquels le dragon serait visible, et partir vers les montagnes… Erebor se trouvait derrière, et si elle s’y rendait, et abandonnait ? Mais non. Elle devait retrouver Mélusine. Elle seule comptait. Elle, et personne d’autre. Même pas Melsant. Si elle le retrouvait en chemin, tant mieux, si elle devait retourner seule à Lorgol… C’était sa destinée.

Elle mit longtemps à grimper, trainer un chameau dans les montagnes n’était pas chose aisée, après tout. Enfin, le paysage laissa voir un peu d’Erebor, mais aussi quelques buissons, au milieu desquels cheminait le sentier qu’elle avait suivi jusqu’à présent. Elle supposa qu’elle ne trouverait guère le dragon, exposé ainsi, et sortit du sentier. Ce qui ne lui fut que peu salutaire… Perdue, et avec un chameau paniqué, il y avait plus adéquat comme situation. Elle décida, arbitrairement et parce qu’il lui semblait qu’elle venait de là – à tort, à priori -, de partir à l’est, espérant qu’elle retrouverait le sentier. A tort, puisqu’elle finit sans savoir comment dans le village, où une femme marmonnant de manière confuse que l’alchimiste en saurait plus. La taverne n’était pas loin, mais Mélisande se méfiait comme la peste des hommes qui avaient bu, et pour y être à cette heure… Ce qu’elle craignait, et refusait de reconnaître, c’était que non maîtres de leurs mouvements, l’un d’eux veuille abuser d’elle. Cette possibilité lui donnait des sueurs froides. Elle se dirigea donc vers la maison de l’alchimiste.

Je profite de son absence pour visiter son antre ^^

La pièce du fond.

S'approcher de l'armoire.

Jeter un œil par les vitres.

Les propos hésitants de la badaude qui passait par là ont intrigué Mélisande, qui a préféré le silence provenant de la maison de l’alchimiste que le raffut qu’elle s’imagine provenir de la taverne. Imposante, d’une manière assez surprenante en comparaison avec les autres habitations bien plus mesurées, elle donne à la Cielsombroise la sensation de se faire écraser par elle.

Toute à ses observations sur la différence entre les habitations, et à ses pensées sur la nécessité de se présenter pour affronter le propriétaire des lieux, ou à tout simplement espionner bien que ça ne soit pas son fort, son attention est détournée par le grincement familier d’une porte peu entretenue et peu usitée qui s’ouvre. L’alchimiste, ou quelqu’un qui se trouvait chez lui du moins, s’en va, de manière sournoise, par une porte dérobée. L’idée la dérange, lui donnant froid dans le dos – personne n’agit ainsi, s’il n’a rien à cacher, n’est-ce pas ?

Prenant son courage à deux mains, et jugeant qu’il ne peut rien lui arriver s’il n’est pas présent, Méli se précipite dans la demeure à l’aide de la porte qui se referme sur elle, dans un son qui ne contribue guère à la rassurer. Peu illuminée, à l’aide d’une très faible lumière qui passe discrètement par les fenêtres, Mélisande a du mal à observer la pièce. Mais plus sa vue s’habitue, plus elle distingue un lieu où rien ne semble sortir de l’ordinaire. Trouvera-t-elle quelque chose ici, à la vue de tous ? Elle en doute, bien que la meilleure cachette soit considérée être celle que l’on a sous les yeux et que l’on ignore en conséquence. Elle aura bien le temps de revenir observer cette pièce s’il le faut.

Se dirigeant donc vers la pièce du fond, elle n’est pas déçue. L’ordre et la propreté, le rangement, de la pièce précédente sont de toute évidence un leurre. Ici traine mille objets, et la folie de Mélisande se retrouve dans cet enchevêtrement de choses diverses et variées, alors que la jumelle se détend imperceptiblement. Des bocaux, qui la rebutent légèrement sans qu’elle ne parvienne à en identifier le contenu, mille et une fioles aux couleurs plus belles les unes que les autres, mille poudres envouteuses… Peut-être pourrait-elle vivre ici, pour toujours, dans cet univers de désordre si enivrant ?

Mais il n’est guère le moment de penser à de telles choses. Savoir qui il est. S’il est aussi louche que le sous-entendait la femme. Plus que l’attrait des lieux étranges dans lesquels elle se trouve, la peur de l’homme qu’il est est puissante. Elle n’a, malgré leur beauté, qu’une confiance modérée en ces alambics aux mille couleurs, envoutants, mais probablement dangereux. Elle préfère s’aventurer du côté de l’armoire, pour découvrir ses secrets. A première vue, tout danger est enfermé, sous bocal. Elle ne risque rien, à observer, à tenter de lire des papiers. Si seulement l’armoire n’était pas si imposante… Avant de tenter n’importe quoi, la jeune femme s’approche, et tente d’observer par les vitres – crasseuses -, afin de voir où chercher réellement, et surtout que chercher. Peut-être aura t’elle un indice, et peut-être ne tentera t’elle pas d’ouvrir au hasard.

Il ne lui faut guère de temps pour distinguer, entre des objets peu intéressants ou qui ne se démarquent pas du moins, un éclat, un bel éclat brillant, qui lui semble surnaturel. Peut-être est-ce l’atmosphère, peut-être est-ce le lieu, ou tout simplement le manque de lumière, mais cet éclat attire son œil. Elle se baisse, pour mieux l’observer, et distingue une vitre brisée. Quelle aubaine ! Passant sa main dedans, se coupant sans même s’en rendre compte, elle saisit l’objet et le sort délicatement – il s’agirait de ne pas faire trop de bruit, ou renverser l’armoire sur elle par mégarde. Mais quel est donc cet objet surprenant ? Tu aurais juré, bien que tu n’en aies réellement pas vraiment vu, qu’il s’agit d’une écaille. Mais une écaille de taille démesurée. Se pourrait-il que l’alchimiste cache un tel secret, et qu’il soit en contact avec le dragon ? Se pourrait-il, tout bonnement, qu’il soit de mèche avec lui ? L’écaille bien en ta possession – tu ne vas pas laisser une telle preuve sur place, après tout -, dissimulée où toi seule pourra la trouver, tu sors par le chemin que tu avais emprunté pour entrer, soulagée de ne pas tomber sur l’alchimiste au même moment.