Se diriger vers l’extérieur

Entrer dans la forêt

Écouter le Familier

Au cygne. Les serpents, ce sont des sales bêtes des sables, juste bonnes à être tuées, et le zèbre... c'est quoi, en fait, ce drôle de canasson ?

Il s'entraînait. En seul à seul. Un sac de sable suspendu et lui-même, dans une salle vide parce que la nuit est déjà avancée. Pour sa nouvelle place dans la garde, il devait garder la putain de forme et c'est donc sans relâche qu'il frappait. À tout le moins jusqu'à ce que brusquement, il ne soit plus dans la salle d'entraînement de la garde royale – mais dans un immense hall d'entrée. Abasourdi, l'homme porta la main à la garde de son épée. Réflexe, vous comprenez. L'endroit était magnifique, mais quelque chose ne lui plaisait pas ici. Quelque chose qui fit remonter un frisson de terreur sur sa nuque quand il vit quelqu'un d'autre passer, une personne accompagnée d'un animal domestique. Il n'était pas malin, mais même un garde pas fin-fin pouvait comprendre où il était. Au milieu d'une légende, d'un conte.  Au milieu de Dragonvale.

Il devait sortir d'ici.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Octavius repéra rapidement la porte vitrée menant à l'extérieur et sortit sans plus de cérémonie. Hors de question qu'il reste ici. Pas qu'il savait comment partir, mais – que le foutre du Destin le garde, il n'allait pas rester dans cette piaule remplie de magie jusqu'aux tourelles. C'est sans même prendre le temps de réfléchir qu'il se dirigea ensuite vers la forêt – en tentant de ne pas entendre les murmures qui atteignaient maintenant ses oreilles. Le guerrier sentait une sueur froide dégringoler le long de sa colonne vertébrale et ses doigts se resserraient sur la garde de son épée, qu'il n'avait pas osé sortir. Il était peut-être pas malin, mais il l'était assez pour savoir que Dragonvale VS Octavius, c'était pas lui le gagnant du duel. Faut pas le prendre pour plus débile que ce qu'il est. Pourtant, il n'eut pas le choix de ralentir son pas lorsque les murmures devinrent... il ne savait pas. Oppressants. Trop forts. Son souffle s'accélérait, son cœur battait trop vite. L'adrénaline de la bataille, mais sans celle-ci. Juste la cœur. Juste le sang qui coulait trop vite dans ses veines. Un son, un geignement plaintif parvint à ses oreilles, et il fut encore plus terrorisé quand il se rendit compte que c'était lui qui produisait ce bruit.
Quand avait-il eu peur pour la dernière fois ?
Une peur qui se modifia quand des formes animalières sortirent de la forêt. De terrorisé, d'une peur presque enfantine envers la magie, il devint plus calme. Les animaux parlaient, l'invitaient à rester, à L'écouter. Le Belliférien jeta un regard par-dessus son épaule, tentant de voir la sortie de la forêt. Rien à voir. Peut-être que s'il demandait à l'une de ces bestiasses....
… il était quand même en train de réfléchir à parler à quelque chose comme un chat ou un cheval.

Il s'assit prudemment sur le sol de la forêt, ses yeux bleus passant d'une créature à une autre. Il dû se retenir, d'ailleurs, de ne pas écraser la lame de son épée sur le cou spectral d'un serpent qui sifflait près de lui. Il détestait ces bestioles – des créatures bonnes à rien, juste à se cacher dans le sable pour mordre les enfants et les chatons. À Nimrod, son village natal, voisin d'Erebor, il y en avait en quantité phénoménale. De la même façon, Octavius se retint de chasser le canasson zébré qui s'était mis en tête de lui lécher l'oreille. Pas qu'il devait trouver qu'il goûtait particulièrement bon, plein de sueur comme il était. C'est plutôt un cygne, qui s'était installé sur sa cuisse, qui capta son attention. Il ne semblait pas aussi spectral que les autres. Plus vif. Octavius osa ouvrir la bouche pour parler, laissant une voix un peu chevrotante passer ses lèvres : « Vous... êtes... qui ? » Il vouvoyait un cygne. Peut-être parce que c'était la seule chose qui lui était venue à l'esprit. Bêtement. Ce balbutiement bêtement respectueux, trop nerveux, à l'adresse d'un cygne qui prit enfin la parole et se présenta. Arius. Arius, dont la mage était Svanhilde Nightingale.

Un poids dans son ventre. Il connaissait ce nom. La mage sacrifiée. Elle qui avait combattu contre son roi. Une bouffée de colère, qu'il réprima bien heureusement. Peut-être parce que le Familier semblait surtout triste. Pensif. Et qu'intuitivement, il savait qu'il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour que cet animal sache qui il était et ce qu'il pensait. Octavius ne savait pas que dire. Que ressentir. La peur s'était graduellement calmée, au fur et à mesure que le cygne parlait. Lui racontait, d'une voix apaisante, la légende la Rose Écarlate. Comme tous les enfants d'Arven, il en avait entendu parler, par la voix chantante de sa mère – mais jamais cette version ô combien différente de celle de sa jeunesse. Une version où les Dragons tenaient lieu de créatures viles et méchantes, où les humains, mages ou non, avaient réussi à les enchaîner, au prix de leur vie parfois. Amateur de récits guerriers, il se laissa porter. Frissonna quand le cygne parla des Dragons, lui confia de s'en méfier. De ne jamais les croire. Avant de lui confier une information qu'il n'oubliera jamais.

La Reine Noire.

L'information tourna dans sa tête alors qu'il remerciait le cygne, s'inclinant même devant lui en se relevant. Le remerciant de lui indiquer le chemin de retour, le remerciant de ce qu'il avait dit. Une information qu'il devait partager à celui qui était son maître, au risque sinon de ne rêver que de ça la nuit – au risque de ne plus jamais dormir, même.

Astrée d'Ibélène. Svanhilde Nightingale. La Reine Noire.

Ô Destin. Que devait-il faire ?