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 On dit dans la rue... [Liam]

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Lisbeth de Brunante
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MessageSujet: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeVen 3 Aoû - 8:02


A l'intention de Liam d'Outrevent



Je dois te voir. C'est urgent.
J'irais en personne retirer une lettre de change demain.

L.


- Yseult ? J'aimerais que vous vous rendiez chez la fleuriste. Je souhaite égayer ces lieux de quelques bouquets.

Nul doute qu'une personne au fait de mes préoccupations se serait étonné de ce soudain désir d'égayer mes appartements de quelques bouquets. Rares sont ceux qui auraient pu comprendre ce brusque souci venant de moi. Et ma dame de compagnie en faisait partie. Que m'importent les regards surpris du restant des domestiques puisqu'elle prit sans tarder sa capeline pour descendre en ville, le morceau de parchemin contenant mes "instructions" serré dans sa main. A dire vrai, c'est davantage la personne à qui elle remettra ce message qui m'intéresse, bien plus que sa marchandise qui n'est à mes yeux que prétexte. Bientôt, ces quelques mots arriveront jusqu'à Liam sans crainte qu'il ne puisse être inquiété. Et demain je le retrouverai.

A cette pensée, l'agitation qui m'étreint depuis hier s'apaise en partie. Lui saura que faire. Il saura me conseiller et démêler les fils de la situation extraordinaire qui se présente à nous. Il est inutile que je m'en fasse davantage puisqu'il aura - comme toujours - un avis fondé et justifié sur lequel je pourrais me reposer. Pour autant, mes pensées n'en demeurent pas moins agitées et leur incessant va et vient m'accompagne toute la journée durant.



*
* *

D'un pas vif, je me fraye un chemin dans les ruelles de Lorgol, capuchon rabattu pour éviter d'être reconnue. A ceux qui s'interrogerait sur cette discrétion, je n'aurais qu'à répondre qu'au vu de ma destination, dévoiler mon visage ne serait guère prudent. Je ne doute pas qu'un quelconque malandrin, voyant une duchesse héritière se rendre chez un monnayeur, serait fort heureux de la délester des sommes tout justes récupérées par le biais de lettres de change. Aussi mon excuse est-elle parfaitement crédible, en même temps qu'elle m'offre l'opportunité d'aller voir mon frère - béni soit ce banquier qui soutient notre cause et nous assurera quelques instants de tranquillité, même en ignorant mon identité.

Accompagnée seulement de ma fidèle dame de compagnie, je pénètre dans la sombre boutique et décline, en quelques mots, le double objet de ma venue. Charge à Yseult de récupérer l'argent tandis que je rejoins l'étage que le commerçant me désigne. Là, derrière une sobre porte de bois m'attend Liam. Un premier geste me jette dans ses bras. Voilà un mois que nous ne nous sommes plus vus, depuis ce sanglant solstice qui a tant marqué les mémoires. Et bien peu de missives ont circulé entre nous. L'heure était à la méfiance, à la surveillance, chacun espérant percevoir chez son voisin la moindre trace de complicité à ces atroces évènements. La délation est, en notre corrompue Arven, mère de tous les privilèges. Nul ne l'ignore et je ne peux me permettre de devenir un objet de soupçons.

Doucement, je m'éloigne de lui, gardant ses mains dans les miennes. Bien que son visage soit tiré par la fatigue, signe que les rebelles eux aussi sont perpétuellement sur leurs gardes en ces temps sombres et troublés, il ne me semble pas en moins bonne forme qu'à l'ordinaire. Cette constatation me rassérène. Qu'importe tout le reste. Tant que mon frère continuera de se dresser contre la tyrannie, tout ira bien. J'ai bien des choses à lui dire et nous n'avons que peu de temps, aussi éludais-je les politesses de rigueur pour en venir immédiatement au sujet qui me préoccupe.


- As-tu entendu l'annonce du tyran ?

Bien sur que oui. Quelle résistance serait possible sans une parfaite connaissance du moindre des faits et gestes du peuple d'Arven ? Le réseau d'informateurs est dense et je ne doute pas que, bien que je sois l'une de ses principales sources de renseignements au palais, il soit déjà au courant des moindres rumeurs courant sur cette extraordinaire annonce.


Dernière édition par Lisbeth d'Outrevent le Sam 4 Aoû - 6:37, édité 1 fois
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Liam d'Outrevent
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeSam 4 Aoû - 4:32


A l'approche de la guerre des Roses...

Bien.

Lisbeth m'a contacté, nous nous retrouverons demain en un lieu dont nous avons l'habitude. Teodor, banquier qui a depuis longtemps rejoint notre camp, saura être discret et nous couvrira dans cette entrevue. Cette lettre ne me surprend pas. L'annonce, fraichement tombée, de l'usurpateur du trône n'est qu'une incroyable sottise. J'ai hâte d'en discuter avec elle et de démêler les intentions cachées que pourraient prendre cet acte. Le tyran n'en a-t-il donc pas assez de Gaetanne et des dizaines d'autres courtisanes qu'il doit prendre sans remords ?... Je ne savais pas cet immortel souverain en proie au doute. En deux siècles, il n'a pas daigné faire un seul enfant, ou du moins ses batards ont du mourir, car on en a jamais entendu parler.

Etait-il jusque là trop fiers et sûr de lui pour penser utile d'avoir un héritier ? Les meurtres perpétrés en ce bal du soltice lui ont-ils fait peur ? A-t-il réalisé à quel point les forces unies contre lui se renforçaient jour après jour derrière la sombre banière de la vengeance ? Il lui faut un meilleur soutien du peuple. Il lui faut séparer ceux qui s'étaient ligués contre lui. Il lui faut prendre femme et mettre au monde un enfant pour paraître plus humain au yeux de sa cour. Il lui faut donner le nom d'héritier à des gens dignes de confiance pour assurer la succession de son règne.

Pourtant, ces étranges fiancailles sont pour lui un risque immense. Dans le lot des bien nombreuses prétendantes qui viendront à lui, nombre ne le feront que par désir du pouvoir, de la trahison, de la vengeance. S'il se trompe dans son choix, alors ce sera pour nous une nouvelle occasion de gagner du terrain. A bien y regarder, je ne vois pour nous qu'une bonne nouvelle à ce mariage soudain. Nous n'avons pas énormément de choses à y perdre, mais beaucoup à y gagner.

Nous verrons bien demain avec ma sœur ce que nous devons en penser. En attendant, j'ai d'autres problèmes à traîter. Une cargaison de vivres et d'armes doit être livrée ce soir à Lorgol, et la tâche s'annonce plus compliquée que d'ordinaire, les patrouilles ont été une nouvelle fois changées et renforcées par des troupes fraiches. A Lorgol, le climat, tendu, est clairement à la méfiance et tout les clans se préparent à ce que le pire arrive, d'un instant à l'autre.

* * * * *


Je me glisse dehors, serein et confiant. J'ai désormais l'habitude de cette cape d'un vert sombre que je porte souvent, capuchon rabattu, lors de mes sorties en ville. Elle m'offre cette anonymat si précieux dont j'ai constamment besoin. Souvent, j'emploie des souterains, des ruelles cachées, des passages discrets, si bien qu'il est difficile de m'apercevoir, de me reconnaître, ou encore plus de me suivre. Je me dois d'être prudent, surtout ces derniers temps : les gardes d'Augustus sont à tout les coins de rues, et, même si cela fait longtemps que je ne lui ai pas personnellement officiellement fait défis, mon nom est toujours très bien placé dans la liste de ses cibles.

Je ne voyage pas accompagné, mais je suis suivi, parfois de près, parfois de loin, par plusieurs hommes. Je sais que Kerig n'est jamais loin. Nous savons tout les deux le chemin que je prend, lui en prend un autre, toujours différent. Il me croise, à maintes reprises, mais jamais de près. Il veille sur moi comme un faucon tournant autour de sa proie. Je ne l'aperçois aujourd'hui qu'une seule fois. C'est presque devenu un jeu, pour nous. Il est doué pour passer inaperçu, et connaît si bien cette ville que je ne connais personne qui pourrait le coincer à Lorgol. Sa présence me rassure. Je me sais en danger, à chaque fois que je quitte ma tour, et je ne peux cacher que c'est extrêmement désagréable. Cela ne m'empêche pas, bien sûr, de me balader au nez et à la barbe du tyran – je ne vais pas rester cloîtré dans ma tour, tout de même ! - mais devoir se méfier d'une attaque à chaque coin de rue ne rend pas mes excursions des plus joyeuses.

Après une quinzaine de minutes de marche, et quelques détours forcés à cause de patrouilles, je me retrouve enfin à bon port. J'entre chez Teodor, tandis que Kerig doit être là, quelque part, à attendre avec quelques uns de nos hommes. Je suis confiant, et je monte directement à l'étage, ne laissant apparaître à Teodor que cette cape sombre qu'il n'a jamais vu et un signe de la main. Il est plus sûr pour lui et pour nous qu'il ne sâche pas qui sont les Rebelles venus discuter à l'abri de sa boutique.

Assis sur une table, au calme, j'attends là ma sœur. J'ai, par un fenêtre, une vue sur la rue, et j'en profites pour y jeter de temps en temps des regards et m'assurer que tout va bien. Cependant, quand ma sœur entre dans la pièce, je me rend compte que mes regards dehors n'étaient pas suffisamment réguliers. Je me lève et la salue du chef.

Sans préambule, elle me demande ce que je sais de l'annonce du tyran. Elle a l'air tendue, et se pose manifestement tout un tas de questions.


« Bien entendu, je suis au courant. Tu as des échos des personnes qui pourraient vouloir y participer. J'espère que nous aurons la bas des femmes à mettre dans son lit pour prendre une plus grande part au pouvoir, même si je plains la malheureuse élue ! Je pense que Cyselle participera, mais je n'ai pas encore reçu de mot de sa part. Je parie pour Gaetanne, aussi, évidemment... »

Je regarde furtivement par la fenêtre.

« Qu'est-ce qui peut bien pousser le tyran à choisir une femme, et plus étrange encore, qu'est-ce qui peux bien le pousser à vouloir amener des Rebelles accéder au partage de son pouvoir ?... Je ne le comprends pas... Même si le bal du solctice a pu raviver en lui la peur de la mort, les conditions d'amnistie qu'il a posé sont... Troublantes. »

Oui... Troublantes. J'espère que ma sœur en saura un peu plus que moi sur les volontés du Tyran, et sur ce qui se passe à la cour. Les communications deviennent de plus en plus difficiles, et elle aura certainement beaucoup à m'apprendre.
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeSam 4 Aoû - 10:39

Il n'est pas toujours facile, en tant que duchesse héritière, de s'éclipser un moment du palais sans être remarquée. Et ce, d'autant plus en ces temps troublés. La moindre course, le moindre besoin n'expliquait généralement pas une incursion dans les ruelles de Lorgol. Au vu de nos titres et de nos fortunes, l'usage veut que les commerçants et négociants se déplacent pour venir nous proposer leurs marchandises. L'honneur qu'ils éprouvent de fournir la Cour et le prestige qu'ils en retirent auprès de leurs clients plus modestes leur constituent bien souvent des dédommagements appréciés au regard des difficultés engendrés par leur venue. D'autant que mes semblables aiment se montrer généreux et moi-même, j'apprécie de récompenser le travail d'un artisan. Dans ces conditions, difficile d'imaginer excuse convaincante pour partir arpenter les rues plus ou moins bien famées de la ville. Restent les questions financières et les oeuvres de charité. D'aucuns comprendront que je ne souhaite pas confier d'importantes sommes au premier serviteur venu. Aussi est-ce un prétexte fort à propos. Mais que je ne peux malheureusement pas renouveler à l'envie. Que dirait-on d'une héritière qui dilapide sa rente au point de partir en quête de liquidités chaque semaine. Quant aux bonnes oeuvres... Je dois avouer que je n'en suis pas une fervente bienfaitrice. Chacune de mes sorties prétendument dirigée vers les plus démunis de la capitale, n'a d'autre but que de me permettre des rencontres avec mon frère ou avec d'éventuels nouveaux partisans de la rébellion. Peut-être pourra-t-on dire que mes actions sont une autre façon d'oeuvrer pour le peuple d'Arven. Las, je ne peux être partout et c'est bien plus qu'une famille que j'aurais contribué à aider si nous renversons le tyran.

D'autant qu'aujourd'hui, l'occasion nous en est donnée. Si la nouvelle épousée était femme de notre camp, elle pourrait considérablement faciliter les actions de la rébellion jusque dans les sphères les plus intimes du palais royal. Sans compter les informations précieuses qu'elle pourrait fournir. Mais pour cela, encore faut-il que parmi les prétendantes se trouvent des alliées et que l'une d'elle accède au trône et à la couche royale. Il n'y aura guère à espérer pour elle. J'ignore ce qui peut pousser l'usurpateur à chercher épouse, lui qui peut s'assurer des faveurs de tant de courtisanes. Il est probable qu'un désir soudain d'héritier en soit la source. Mais même alors, la reine d'Arven ne sera rien de plus qu'une mère porteuse, qu'il répudiera dans l'année si aucune grossesse ne se profile. Inutile de croire qu'elle sera mêlée, de près ou de loin, à la politique des huit duchés. Ce ne sera qu'un objet de collection, tout juste bon à être exhibé aux yeux du monde, une ombre effacée.

Être auprès de Liam m'apaise. La nouvelle date d'à peine hier mais déjà il en sait bien plus que moi. Et ses réflexions sont allées bien plus loin que les miennes. Notamment en ce qui concerne les possibles prétendantes. Cyselle... Pour ma part, j'en doute. Bien sur, ce serait pour elle une position propice à se tenir au courant de tout mais j'imagine mal notre douce amie entre les griffes de ce tyran sanguinaire. Elle qui, plus encore que moi, abhorre le sang et la violence dont le tyran s'est fait un emblème. En revanche, Quant à Gaetanne... Je dois avouer que le sort de la favorite m'importe peu. Mais nul doute qu'elle fera tout son possible pour consolider une place qui pourrait bien lui échapper avec l'imminence de ce mariage. Ma connaissance de la cour me souffle quelques noms supplémentaires, dont je lui fais part sans tarder.


- Tu peux compter Pénélope de Flauvaire. Tu as déjà du entendre ce nom, c'est une intrigante de basse naissance qui espère depuis longtemps prendre la place de favorite. Après, il y aura probablement une grande majorité de jeunes filles qui se contenteront tout à fait des avantages que cela peut leur procurer matériellement, si ce ne sont pas leurs familles qui les poussent dans l'espoir d'un privilège quelconque.

Tel que l'amnistie totale. Bien sur, il ne s'agit pas de rebelles ou d'assassins, cibles premières des gardes du tyran. Tout ce qu'ils espèrent c'est que leurs petits écarts soient oubliés. L'or, les privilèges, les terres éventuelles, les titres et les charges. Voilà qui intéressera davantage.

- Il ne pense pas voir des prétendantes lui étant résolument opposées se proposer. Cette amnistie ne lui coûte guère. Je côtoie suffisamment la Cour pour oser t'affirmer cela sans trop de risques de me tromper. Et de toute façon, qui cela intéresserait-il ? Il s'attend à n'avoir qu'à fermer les yeux sur quelques manquements à sa loi. La confrérie noire ne prendra certainement pas part à cette mascarade et l'identité de ses assassins demeure protégée. Quant aux rebelles... Tu en es le visage, la voix. L'exception qu'il ne s'attend certainement pas à avoir à pardonner.

La suite ne l’agréera guère, j'en suis consciente. Pourtant je continue, à voix basse, le fixant de toute l'intensité dont je suis capable tandis qu'il demeure obstinément à la fenêtre.

- Moi seule pourrait demander une telle chose. Te rétablir dans ton titre, dans tes droits.

Rien d'explicite. Mais il me connait bien trop pour n'entendre pas le sous-entendu dans ma voix. Liam, je ferais cela pour toi, j'en suis capable. Qu'importe que je me sacrifie, pourvu que tu soit restitué dans cette vie qui t'a été arrachée. Qu'importe que je devienne une ombre, pourvu que tu retrouves la lumière. Qu'importe que ma vie cesse, pourvu que tu sois toi-même, duc héritier d'Outrevent et non pas ce rebelle sans nom qui demeure cachée.

Oui, qu'importent ma vie et ma liberté. Toi seul compte. Et pour toi, j'irais tête haute proposer ma main à notre ennemi juré.
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Liam d'Outrevent
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeSam 4 Aoû - 11:44


Pénélope de Flauvaire. Je ne connais que de nom cette intrigante, mais à chaque fois que je l'entend, il est auréolé de méfiance et de mépris. Il ne sortira certainement rien de bon d'un mariage entre elle et Augustus. Il y aura certainement d'autres femmes de notre camp pour se sacrifier, mais si Cyselle n'y est pas, et je la comprendrais parfaitement, nous n'aurons pas grande chance de remporter la joute. Pour le reste, ma sœur a certainement raison, il y aura la bas beaucoup de filles cherchant simplement à tenter leur chance, acquérir le fameux titre. Elle m'apprend aussi l'ambiance de la cour, mettant fin à mes pensées sur de sombres intentions du roi, de piège via ses conditions étranges. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il a une idée derrière la tête, et je n'aurais de cesse de vouloir la déméler.

La confrérie noire, bien sûr, ne fait pas partie de ses filets. Peut-être une de leurs assassin se présentera-t-elle, mais ce ne sera pas sous son vrai jour, et même nous n'en saurons rien. Il faudra surveiller tout cela de près, toutefois. Quant aux Rebelles... Pardon ?

Je reste un moment interdit. Elle commence d'abord par dire qu'il ne s'attends pas à avoir à me pardonner. Evidemment ! Moi non plus, d'ailleurs. Puis elle continue, mais je devine déjà les mots qui vont sortir de sa bouche. L'idée même de ce qu'elle avance ne m'avait pas un seul instant traversé l'esprit. Ses yeux brillent et elle scrute mon regard, attentive.


« Jamais. »

L'idée même m'insupporte, comment pourrais-je laisser faire ça ? Pourquoi laisserais-je faire ça ? Il en est juste hors de question. Cela ne se peut pas. Elle ne présentera pas sa main à l'empereur, ni pour moi, ni même pour les Rebelles.

« Ne fais pas ça, surtout pas. Je ne veux pas qu'il me pardonne. Je ne reviendrais pas devant lui me traîner comme un chien implorant sa miséricorde. Je n'accepterais jamais de courber l'échine devant ce tyran, même pour Outrevent, même pour Arven. Cela n'aurait pas de sens ! Je n'ai pas fait tout ça, je ne lui ai pas craché au visage, je ne l'ai pas trahi, je n'ai pas pris la tête de la rébellion, je n'ai pas passé ma vie dans l'ombre de sombres ruelles pour abdiquer ainsi devant son prétendu pouvoir ! Je refuse toute excuse, toute grâce, toute indulgence ou absolution pour les actes que j'ai commis. Je les ai commis de plein gré et j'en suis fiers. J'ai renoncé à ma vie d'avant pour pouvoir mener ce combat, et l'abandonner aujourd'hui serait trahir notre cause ! Si j'abdique, je ne pourrais plus continuer à diriger les Rebelles, ils se retrouveraient trahis par leur chef, trahis par celui qui leur a tant promis. Liam d'Outrevent qui s'incline devant Augustus, ce serait la plus grande victoire que ce tyran puisse rêver, ce serait le symbole même de ses opposants plié à sa volonté. Ce serait notre fin, la fin des Rebelles, la fin de l'espoir. »

Je la regarde, incrédule.

« Je ne peux laisser faire ça. »

J'approche ma main de sa joue.

« Et pire encore, je ne peux laisser faire ça au prix de ta vie. Tu ne mérites pas ce sort. Tu ne pourrais tenir la place qu'il attendrait de toi. Il te détruirait. Outrevent même tomberait totalement sous sa coupe ou celle d'un rejeton mille fois maudit à la mort de notre père. Lisbeth... Tu ne dois pas le faire. D'autres que toi viendront peut-être profiter de l'occasion pour tenter certaines choses, mais pas toi, tu m'es trop précieuse, trop chère... Te voir entre ses bras serait pour moi peut-être pire encore que de te perdre... »

Je la regarde, si frêle, si fragile... Non... Jamais... Quel qu'en soit le but, quel qu'en soit les conditions. Déjà, Louis de Brunante me répugne, mais Augustus serait clairement un maris bien plus horrible, bien plus sombre, bien plus dangereux que le marquis. Ce mariage, définitivement, serait un effroyable désastre.
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Lisbeth de Brunante
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeSam 4 Aoû - 14:32

Oh cette violente réaction. Mais à quoi pouvais-je bien m'attendre. Je savais qu'il refuserait à grands cris, s'indignerait. Mais j'aime trop mon frère pour le laisser dans cette situation. Et surtout, je refuse de plier devant lui comme le premier de ses hommes. Oui, je suis rebelle, tout autant que lui bien que nos actions diffèrent mais je n'en demeure pas moins sa soeur et il y a longtemps que ses éclats de voix ne m'impressionnent plus. Je ne peux pas, je ne veux pas qu'il arrête son raisonnement au seul motif de mon implication. Un tel aveuglément sur les opportunités de l'accession au trône ne peut qu'être mauvais pour notre cause. Mais comment lui faire entendre raison alors que moi-même je ne ressens que confusément tout ce que nous aurions à gagner ? Ô Eimaren, si pour venger ta mort, il me faut en passer par là, donne moi la force de me faire entendre de mon frère.

- Ne rejette pas ainsi cette éventualité. Je ne te demande pas de laisser la tête des rebelles et encore moins de cesser le combat. Quelle incompatibilité y-a-t-il à être duc héritier d'Outrevent et chef des rebelles ? Nos ancêtres l'ont fait, pendant plus de deux cent ans. Toi aussi, tu pourrais agir dans le secret plutôt que visage à découvert. Nous n'aurions plus à nous cacher, je pourrais visiter mon frère en toute quiétude et non plus dissimuler mes visites dans la crainte de te voir découvert. Songe à ce qui aurait pu se passer si tu avais été découvert au Solstice d'hiver ? Quelle folie t'as pris d'ainsi venir jusqu'à Euphoria ? Je t'ai reconnu lors du bal Liam. Et en moins de temps que tu ne le penses. N'importe qui aurait pu comprendre, surtout après ton ridicule coup d'éclat. Que fera la rébellion quand son chef légitime sera mort de la main des bourreaux d'Augustus ? Ne vaut-il pas mieux que tu te ranges en duc soumis en apparence ?

Malgré mon désir de lui exposer clairement et calmement la situation et tous ces aspects qu'il refuse d'envisager, je sens, au fil de mes mots, mon sang s'échauffer, ma voix devenir plus dure. Non, je ne suis plus cette petite fille qu'il se devait de protéger et je peux, moi aussi, agir efficacement. Je peux décider de mon destin sans que mon père ni mon frère ne me dictent la conduite à tenir. Reculant pour rompre ce contact entre sa main et ma joue, je continue, sans baisser les yeux.

- Il ne s'agit pas que de toi Liam. Ni d'Outrevent. Tu dis vouloir préserver la rébellion, agir. Tu me parles d'héritage et de responsabilités. Mais qui a abandonné les siennes ? Je n'étais pas destinée à hériter du duché, je n'ai jamais désiré cette charge. Par ton retour, notre domaine ne tomberait pas dans l'escarcelle du tyran. Tu pourrais te marier, quitte à épouser Cyselle ou une quelconque alliée sure, engendrer un enfant qui serait à son tour l'héritier d'Outrevent et deviendrait, le jour venu, la tête de la rébellion. Car que deviendra notre cause si tu péris demain ? Personne ne saura unifier ces hommes et ces femmes comme tu l'as fait. Les bases que tu as posé sont suffisamment solides pour que tu puisses prendre du recul. D'autant qu'avec ma présence en de si intimes sphères, nous aurions peut-être bientôt l'occasion de passer à l'action.

Peu à peu des larmes de rage me montent aux yeux, difficilement contenues.

- Crois-tu que celles et ceux qui se sont sacrifiés n'avaient pas de proches pour qui ils étaient infiniment chers ? Pourquoi serais-tu le seul à ne pas faire prendre risque à ceux que tu aimes ? Comment veux-tu qu'ils te respectent alors que tu ne sais pas ce qu'ils éprouvent à voir tomber un parent, un frère, une soeur, un enfant ou même un être plus tendrement aimé encore. En leur refusant mon sacrifice, tu les prives d'opportunités uniques d'en finir bientôt et tu manques de respect à la mémoire de ceux qui ont combattu jusqu'au bout.

Je termine d'un ton amer.

- Et ne me réponds pas que par une union différente, je pourrais moi aussi donner un enfant à notre domaine et notre cause. Sous le joug d'un époux aussi stupide et ignorant que soumis au tyran, je n'aurais pas plus la possibilité d'expliquer à un enfant à venir le rôle qu'il devra un jour tenir. Il est trop tard pour cela Liam. Puisque la maitrise de mon avenir m'a été retirée, laisse moi au moins m'engager à corps perdu dans la cause que je crois juste et cesser ces faux-semblants dont je souffre quotidiennement à devoir te décrier.

Je ne peux guère m'éloigner davantage de lui. Sa proximité ferait faillir ma détermination, j'en suis bien trop consciente. Ses mots mesurés, pesés, sont capables d'ébranler la plus intime de mes convictions tant je crois en lui. Mais cette fois, je ne peux pas lui permettre de corrompre ma volonté. Il ne doit pas me répondre. Juste accepter. Aussi j'achève, la voix tremblante.

- Mieux vaut souffrir mille tourments que vivre ainsi, séparée de toi. Ma liberté n'est pas un lourd tribut à payer pour retrouver mon frère. Rend moi mon frère Liam...

Ces derniers mots n'ont été qu'un souffle, à peine un chuchotement tandis que je contiens tant bien que mal les larmes montées à mes paupières. Se rend-il seulement compte de ce que son absence me coûte ?
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeDim 5 Aoû - 11:29

« Ne lui demandes jamais ça, je refuserais. »

Ma voix est calme, plate. Je ne le ferais pas. Je ne le peux pas. Je ne veux pas aller me traîner à ces pieds. Je ne veux pas que ma sœur ailles devenir sa femme pour me sauver. Je reviendrais en vainqueur, ou je ne reviendrais pas. Le peuple ne pourrait comprendre. Je les ai dirigé, je ne peux les abandonner. Quoi qu'en dise Lisbeth, les Rebelles ont gagné en force et en puissance. Un camp entier ne peux se diriger de lui même sans personne à sa tête. Je ne peux pas démissionner aujourd'hui, ce serait les trahir. Comment leur faire savoir que ce n'est qu'un faux semblant ? L'information filtrerait forcément jusqu'à Augustus, et ce serait alors de nouveau un échec. Il est trop tard pour faire marche arrière. J'ai endossé cette responsabilité, il va me falloir la garder, jusqu'à la victoire.

« A moi aussi, ma vie d'avant me manque, crois le bien... Mais les Rebelles n'ont jamais été aussi forts. Des hommes unis derrière un mot, ça ne suffit pas. Nous y arriverons Lisbeth. Et un jour, je me retirerais du jeu, mais pas aujourd'hui. Il me reste encore beaucoup à faire. C'est à toi, pour l'instant, que revient la tâche de faire perdurer notre lignée... Je suis désolé... Je ne voulais pas t'abandonner, mais c'est trop tard... Et si demain, tu vas marier le tyran, cela n'y changera rien. Je ne reviendrais pas, pas comme ça, c'est impossible. Quant à toi, que ferais-tu de plus pour nous si tu devais partager le lit du tyran ? Il ne te laisserait guère plus de pouvoir qu'à Gaetane de Salvemont, sinon moins... Tu as déjà accès à beaucoup d'informations, je ne suis pas certain que tu nous aiderais plus à son bras. Et ce serait encore pire si en plus tu lui demandais de surcroît de me pardonner. Il ne t'accorderait plus aucune confiance, tu ne pourrais jamais me voir, tu ne serais alors qu'une reine d’apparat, et je ne suis même pas convaincu qu'il te garderait suffisamment longtemps pour te faire un enfant... »

Je suis désolé d'avoir à lui dire ces mots. Mais je me dois de la protéger. Et même sans cela, je ne puis la laisser faire. C'est impossible. J'aimerais pouvoir retrouver ma place, mais ce serait une énorme erreur pour nous tous, et ne ferait qu'empirer les choses, pour tout le monde. Non, nous devons continuer la lutte comme nous le faisons actuellement. Le doute n'est pas permis. Nous vaincrons où nous serons détruits, mais il n'est plus temps de reculer. Aujourd'hui, plus que jamais, il faut avancer et écraser ce tyran.

« S'il te plaît, Lisbeth, je ne vais pas t'ordonner de ne pas y aller, mais si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour moi. Je préfère de loin te savoir marié à Louis de Brunante qu'à Augustus. Je ne veux pas te perdre, Lisbeth... Et tu le sais autant que moi, j'ai déjà beaucoup perdu... »

Pas une perte de plus... Si elle devait se marier avec l'empereur, je ne sais comment je vivrais ce désastre...
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Lisbeth de Brunante
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeMer 8 Aoû - 6:16

Un refus. Sans plus de formes. Et je ne connais que trop la détermination qui se lit dans ces yeux. Nul doute que si je venais implorer la grâce de l’empereur à son égard, il la rejetterait en un énième affront. Une voix me souffle que je n’ai aucune chance de le convaincre. En dépit de tout, il est et restera un Outrevent, qui jamais ne pourra jamais se satisfaire d’un retour dans de telles conditions. Ni sa fierté, ni l’honneur de notre lignée ne pourraient s’en satisfaire. Et au fond de moi, je ne peux ignorer la douleur que me procurerai l’image de mon frère, agenouillé devant l’usurpateur, implorant un pardon qui humilierait à jamais notre nom. Et qui m’assure qu’il retrouverait sa position ? Bien sûr, son titre lui serait rendu, mais à quel prix ? La cour ne saurait accueillir à bras ouvert un rebelle déclaré, de peur de voir la méfiance d’Augustus se tourner vers elle. Y serait-il seulement accepté ou devrait-il demeurer cloitré dans nos terres d’Outrevent – certes magnifiques mais dont les frontières si elles lui étaient infranchissables, ne seraient que de nouveaux murs pour l’enfermer.

Pourtant, ce ne furent pas là ses arguments. Ce ne furent tout simplement pas des arguments qu’il m’exposa mais des regrets. De la fatigue. Et ce qui ressemblerait presque à de la lassitude. Nul autre que moi ne se doute de l’épuisement qui étreint parfois le cœur du chef des rebelles, lui qui se donne sans compter. Et percevoir cette faiblesse qu’il dissimule si bien au commun de ses hommes me brise le cœur en même temps que me vient l’envie irrépressible de lui être un soutien stable. Je n’ai guère l’habitude de cette attitude chez un ainé qui de tout temps, m’est apparu infaillible, invulnérable. Aussi je sais que notre discussion est terminée.

Lui qui a pris la tête de la rébellion avec une abnégation sans bornes, laissant derrière lui une vie d’aisance et de responsabilités. Lui qui se bat quotidiennement pour qu’un jour Arven soit libre. Lui ferait tout pour m’épargner le plus infime malheur, au point de risquer sa vie à Euphoria, pour seulement s’assurer de ma sécurité. Comment puis-je souhaiter le faire souffrir plus encore ? Ma colère est retombée, laissant la place au remord. Et si je ne m’avance pas pour le serrer dans mes bras, ce n’est pas faute d’en avoir l’envie. D’une voix basse, je réponds :


- J’aurais pu faire bien plus qu’elle. Gaetane de Salvemont est bien trop timorée pour oser quoi que ce soit. D’une voix à peine éclaircie, je reprends, mais puisque c’est là ton souhait, je ne saurais ’aller à ton encontre. Sois tranquille Liam, je n’épouserai par le tyran.

Rajustant ma cape sur mes épaules, je le regarde un instant encore. Mais avant que je ne lui annonce devoir m’en aller, avant qu’une trop longue visite en ces lieux n’inspire soupçons à mon égard, je précise, d’une voix à la fermeté inébranlable.
- Je n’épouserai pas de Brunante non plus. Jamais.

J’ignore comment je pourrais me déroger à ce mariage. Mais j’y parviendrais. Il le faut. M’approchant une dernière fois de mon frère, je me décide à une courte étreinte, lui laissant le loisir de me la rendre avant mon départ proche.
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Liam d'Outrevent
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeDim 12 Aoû - 8:09

« Nous verrons, ma sœur, nous verrons. »

Ses mots me rassurent. Savoir qu'elle ne tentera pas de participer à cette mascarade réchauffe un peu mon cœur. Je ne veux pas la perdre. Elle est, au monde, la personne à laquelle je tiens le plus. Je ne sais si mon refus est fondé ou non, mais toujours est-il que je sais que je ne sacrifierais pas mon honneur et ma liberté pour retrouver ma place. Ma dignité, pour sûr, ne s'en remettrait jamais. Je n'ai nulle envie de retrouver ma place en ces conditions. Plutôt mourir que de me traîner aux pieds de celui que je combat depuis maintes longues années. Non. Ce n'est pas encore aujourd'hui que ferais une telle chose. Je ne suis pas encore bon à mettre à la poubelle ou à me ranger. Il ne sera pas dit que les Outrevents ont plié le genou devant Augustus plutôt que de le combattre. Notre nom ne sera pas traîné dans la boue par ce souverain maudit. Jamais.

Elle me parle aussi de Louis de Brunante. Et je la sais déterminée à tout faire pour annuler ces fiançailles. Nous en avons déjà parlé et nous avons tout les deux du mal avec le choix de notre père. Nous suspectons une manipulation du Marquis pour venir à la tête d'Outrevent. Tête brûlée comme il est, c'est bien probable...


« Il y a encore beaucoup à tirer au clair par rapport à ce Louis de Brunante.. Ne prenons pas les choses trop vite et trop à cœur, au risque de nous tromper profondément. Si père estimes qu'il est un bon parti pour toi, il a peut être raison, au fond... Même si je n'apprécie pas son choix, il nous faut l'écouter. Il est notre père, nous nous devons de lui obéir. »

Je sais que c'est dur pour elle, et c'est dur pour moi aussi. Je voudrais la garder pour moi pour toujours, ne plus avoir à jouer cette horrible comédie et être ainsi constamment séparés, je voudrais rester avec elle, retourner à Outrevent, et mener là bas une vie heureuse et tranquille. Pourtant, je sais au fond de moi que ce mariage est nécessaire et n'a que trop tardé. Lisbeth commence à vieillir, tout comme moi, et il serait largement temps de nous ranger et d'avoir des enfants. Je sais toutefois que je lui en demande bien trop, que c'est à cause de moi qu'elle est en cette délicate position...

L'empire d'Augustus a tout bousculé, et aujourd'hui rien n'est comme cela devrait être. Je ne peux même plus rentrer calmement en mon duché voir mon père sans risquer d'être pris par des agents d'Augustus, alors de là à me marier... Mais bientôt, nous déferons le tyran, notre nom brillera à nouveau de toute sa renommée, et la vie reprendra son cours. Nous devons l’espérer. Nous devons y croire.

Je sert brièvement Lisbeth dans mes bras, en un dernier au revoir. J'espère que nous nous reverrons vite. En attendant, il va nous falloir, chacun de notre côté, trouver des prétendantes à proposer au souverain. Personne, bien entendu, ne sera forcé, mais j'espère ardemment que certaines des nôtres sauront faire preuve de suffisamment d'abnégation et de ferveur pour aller au devant du souverain.
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MessageSujet: Re: On dit dans la rue... [Liam]   On dit dans la rue... [Liam] I_icon_minitimeVen 17 Aoû - 4:37

Le soulagement est perceptible dans sa voix. Et elle se propage jusqu'en mon coeur. Savoir ce que sera ma ligne de conduite quant à cette annonce, en accord avec mon frère, m'apaise. Je ne sais si notre décision est la bonne. Mais au moins me permettra-t-elle d'envisager les jours à venir avec davantage de sérénité. Mes récentes et régulières sautes d'humeur m'inquiètent suffisamment pour que le poids de ce problème enfin réglé ne me libère pas. Il est bon de pouvoir compter sur lui en toutes circonstances. C'est sur un sourire que je serais partie si ses dernières phrases ne m'avait atteinte de plein fouet. Comment peut-il ainsi donner crédit à notre père en une telle folie ? Accepter d'être ainsi remplacé par un nobliau incompétent à la tête de nos terres ? Comment, après m'avoir suppliée de ne pas épouser le tyran, peut-il m'encourager vers cette union qui serait mille fois plus avilissante ? Et comment peut-il m'enjoindre à l'obéissance, lui qui est passé outre les injonctions à la prudence et au silence de notre père pour entrer à corps perdu dans la rébellion ?

Non. Jamais je n'épouserai ce simulacre d'époux que l'on veut me faire accepter. Si mon père et mon frère ont à ce point perdu le sens des réalités qu'ils puissent envisager sans ciller ce vulgaire petit marquis comme futur duc d'Outrevent, je ne le permettrai pas. Je m'opposerai à cette union par tous les moyens en ma possession.
Nulle réponse ne vient. Je n'ai rien à redire qui ne puisse se contenter de quelques mots. Et je n'ai déjà que trop tardé. Mais alors que je m'apprêtais à sortir, une étincelle glaciale vient habiter mon regard. Une étincelle qui, bien mieux que des mots, lui exprime toute ma colère de le voir ainsi embrasser l'avis inconsidéré de nos père et tout mon refus. Il l'ignore mais ces quelques paroles qu'il a cru bon d'ajouter viennent de raviver en mon coeur la rage sans limites qui m'étreint chaque fois qu'il est question de mon "promis". Peut-être est-ce là ce qui précipitera bientôt une décision imprévue qui me conduira à renier la parole que je viens de lui donner. Mais à l'instant où je le quitte, le coeur lourd de ce qu'il vient de me dire, moi-même je ne pourrais dire ce qui me viendra à l'esprit dans quelques jours, alors que je m'avancerais comme prétendante au trône du tyran.


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